
756 V O Y
Shaw (Thomas). Profond dans la géographie
ancienne & moderne , très-habile dans i'é-
tude des monumens antiques , ce voyageur célèbre
a parcouru les vaftes contrées de la Barbarie
& du Levant. Son voyage, qu'il a publié en
anglais en 1738/renferme des détails infiniment
précieux fur l'état aétuel de ces pays, de favantes
differtâtions fur la pofition des villes & la fitua-
tion des provinces mentionnées par les anciens
géographes, fur les,traces & les ruines qui en
exiftent encore aujourd'hui, &c. Au milieu de
ces profondes recherches , Shaw s'eft auffi appliqué
à la recherche des productions naturelles dans
les trois règnes : il cite avec détail la plupart
dés plantes céréales, comeftibles, médicinales >
les fruits, les légumes dont les Arabes font ufage 5
il a donné, à la fin de fon ouvrage , un catalogue
revu par Dillen, d'environ neuf cents plantes récoltées
dans le cours de fes. voyages , mais pref-
que fans détail.
Sloane (le chevalier), né en Irlande, paffa
vers l'année 1688 dans la Jamaïque^ après avoir
étudié la ,médecine à l'école de Montpellier/ il
fut nommé à fon retour premier médecin du roi
d'Angleterre, & ptéfident de la Société royale
de Londres. Les plantes de cette partie de l’Amérique
qu'il vifira, n'étoient prefque point encore
connues à cette époque} il en publia Je catalogue
avec des defcriptions particulières pour les plus
rares. L'ouvrage le plus intërefiant dont il enrichit
la fcience eft fon Hiftoire des plantes de la Jamaïque
, écrite en anglais, en deux volumes in-
folio. On y trouve un grand nombre d'ârbres &
de plantes fort curieux, dont plufieurs ne font
pas encore bien Connus : fes defcriptions manquent
fouvent de précifion & de détails fuffifans.
.11 y a ajouté près de fix cents-figures allez bonnes,
_foï;| utiles à ceux qui font des recherches dans les
mêmes contrées. Plumier lui a confacré le genre
£loanea> adopté par Aublet, mais qu'il ne faut
pas confondre avec le Jloanea de Linné : ce dernier
êft V.qpeiba de Marcgrave ,& d'Aublet.
Smeathman , Anglais diftingué par des con-
noifîances très-étendues en hiftoire naturelle,
principalement en botanique 5 il a voyagé longue
ms dans l'Afrique & dans..plufieurs de fes îles,
où il,a recuéillidiô très-grand nombre de plantes
nouvelles, dont plufieurs fe trouvent mentionnées
dans cet ouvrage. .
SOLANDER. ( Voyei FoRSTER.:)
Sonnerat. Cet intérefifant voyageur, joignant
à’de s. cpnnotffances très-étendues en hiftoire, naturelle
. zèle & le gqùt des obfervations, partit de
Paris en r 768. avec le titre de commjflaire de la
marine. Lié d'^amilié avec Comnaerfon, il parcourut
avec lui, pendant refpace 4e l.ro^s ans »
V O Y
les îles de France & de Bourbon, celle de Ma-
dagafcar, & c. : il fit enfuite le voyage de l'Inde,
des Philippines, des Moluques & de la Nouvelle-
Guinée j il revint en France en 1773, rapporta une
colle&ion confidérable en différens genres d'hif-
toire naturelle, qu'il dépofa au cabinet du Mu-
féum, & donna en même tems au public l'hiftoire
de fes voyages, dans laquelle fe trouve la def-
cription d'arbres précieux des Indes, l’arbre-à-
pain, le mufcadier, le giroflier, &c. ainfi que
celle de plufieurs oifeaux, parmi lefquels fe trouvent
quatre efpèces nouvelles d’oifeaux de paradis.
Il repartit pour l’Inde en 1774, étant chargé
par le gouvernement de continuer fes recherches
dans les pays qu'il alloit viliter de nouveau : il
paffa à Ceilan , de là fut à la côte de Malabar,
féjourca à Mahé, & , après avoir parcouru les
Gates, il remonta la côte jufqu’à Surate & dans
le golfe de Cambaya } il paffa enfuite à la côte de
Coromandel, où il féjourna, puis fucceffivement
à la côte de l’Eft, à la prefqulie Malaye & en
Chine.
M. Sonnerat, jugeant qu’il pouvoit encore porter
plus loin fes obfervations dans l'Inde, & fuivre
le travail qu'il y avoir commencé, repaffa à la
côte de C o rom an d e lp en d an t deux ans, parcourut
les provinces du Çarnate, de Tanjaour .&
du Maduré.
La guerre, peu de tems après, interrompit f?s
recherches. Se trouvant chargé de l'infpeéiion &
du détail des hôpitaux, des magafins du Roi &
du port pendant le fiége de Pondichéry, il fut
obligé, après, la capitulation que firent les Français
dans cette place, de repaffer en Europe } mais
avant de rentrer dans fa patrie, M. Sonnerat fé-
joiirna quelque tems à l'Ifle-de-France, à Mada-
,gafcar & au Cap de Bonne-Efpérance : il parcou-
roit tous ces pays en obfervateur éclairé, & raf-
fembloit une collé&ion des objets qui pou voient
lui rappeler & confirme/: fes obfervations> il a
.rapporté avec lui une fuite très-intéreffante d’objets
d’hiftoire naturelle, plus de trois cents oifeaux
d’efpèces différentes , cinquante quadrupèdes,
une belle fuite de papillons & d’infeétes, des
poiffons, des reptiles, un herbier confidéra.ble,
& des échantillons de différens bois.
Quand, avec de pareils matériaux, on a le talent
de les décrire avec ordre & précifion, &
qu'on peut y Joindre des obfervations fur les
peuples chez lefquels on a voyagé, & avec lefquels
on a vécu , il eft impoffible de ne pas contribuer
au progrès des fciences, & de ne pas ajou-
, ter de, nouveaux faits à l’hiftoire de l’efprit humain.
M. Sonnerat a rempli ce but dans la publication
de fes voyages .; il nous a. fait connoïtre
tout ce qui peut le plus nous inte^efferf fur la
prefqu'île de l'Inde, rhiftoire de fes révolutions,
fa topographie;, fon commerce, fes moeurs, les
coutumes, les languis, les arts des Indiens, l’état
v o Y
où ils ont .porté les fciences, leur fyftème d’àftro-
nomie, leur mythologie & leur religion * il traite
auffi de l’état des fciences & des arts chez les Chinois,
des moeurs des Pcgouins-, & de leur commerce
avec les nations européennes j il préfente
enfuite des obfervations particulières fur l’île de
Madagafcar, fur le Cap de B0nne-Efpérance., fur
les îles de France & de Bourbon, des Maldives,
de Ceilan} fur Malacca, & fur les archipels des
Philippines & des Moluques. Enfin, dans chacune
de ces contrées, il réunit toutes les obfervations
d’hiftoire naturelle qui peuvent y avoir rapport.
M. Sonnerat profita de fon féjour en France
pour rédiger une partie de fes nombreufes obfervations,
& partit de nouveau pour les Indes. Cet
infatigable voyageur peut être placé au nombre
de ceux qui, depuis plus de trente ans, ont le plus
enrichi la botanique. Quoiqu’il n'ait fait connoT
tre par lui-même que très-peu d'efpèees , on peut
juger, d'après celles qui fe trouvent décrites pour
, la première fois dans cet ouvrage, & dont il avoit
remis des exemplaires à MM. de Lamarck, de
Julfieu, &c. de la richeffe de fes collections.
Linné fils lui a dédié le genre Sonneratia, décrit
dans cet ouvrage fous le nom de Blatti, ,
SpARMAN. FORSTER.)
Swartz. Ce célèbre botanifte féjourna environ
quatre ans dans les contrées méridionales de
l'Amérique, vers l’an 1786., dans la yue d'étudier
la belle végétation de .ces riches & inépuilables
provinces. Ses principales recherches1 fe firent
dans la Jamaïque , Jk il, les étendit dans la plupart
des îles adjacentes. I?eu après fon retour, il publia
le prodrome des plantes qu'il y avoit obfer-
vées} il vient récemment d’enrichir la fcience de
fon Flora Indi& occidentalis. Quoique le..même pays
eut été en partie vilité avant lui par des favans très-
diftingués, tels que Plumier, Sloane, Browne,
Jacquin, &c. M. Swartz a fait connoïtre dans fon
ouvrage beaucoup de genres, & furtout d’efpèees
qui n'avoient pas encore été obfer.vées ; il a, pour
un grand nombre d'autres, rectifié quelques erreurs
, levé des doutes , ajouté à des defcriptions
imparfaites. Cet ouvrage eft enrichi, pour les
genres nouveaux, de gravures d ms lefquelles.font
développés les. caractères génériques de chacun
d'eux.
Nous fournies également redevables à Patrice
Browne, Anglais de n ai flan ce, d'un très-bon ouvrage
intitulé Hiftoire civile & naturelle de la Jamaïque
,.* il y fait connoïtre un très-grand nombre
de plantes rares, recueillies peniant-fon féjour en
Amérique 5 il les a accompagnées de très-bonnes
figüres. Cet; ouvrage a été publié en 1756. Jacquin
lui a confaçré fe genre Brownea3 adopté par Linné.*
T hieR.y de Menonville. Qui pourroit croire
qu'un homme va quitter Ton état, fes foyers.
v q y 75-7
s'êxpofer à perdre la liberté ou la vie, pour la
conquête d'une feule plante? Mais fi cette plante
doit enrichir fa patrie, fi elle peut augmenter les
richeffes de l’État avec fon induftrie, cet homme
eft un fage , digne de la reconnoiflance & de la
vénération publiques. Je viens de peindre en peu
de mots le courageux Thiery de Menonville, qui
fe dévoua aux plus grands dangers pour aller conquérir
au Mexique cet infeCte précieux, connu
fous le nom de cochenille, & la plante qui le nourrit.
Né à Saint-Mihiel en Lorraine, Thiery avoit
été aeftiné par fes parens à l ’état eccléfiaitique}
mais fe refufant à leurs vues , il fut obligé d'em-
brafler la profeflion d’avocat, qui n'étoit pas .plus
dans fes goûts. Bientôt ce penchant fecret qui
l’appeloit à la contemp:atmn de la Nature, l’emporta
fur toute^ autre confidération. Il fe rend à
Paris, devient l’élève de MM. de Juflieu, & s'en
fait distinguer par fon enthoufiaftne pour d'étude
des plantes. Les avantages que.la foci^té peut
retirer de la plupart d’entr'eli.es, fixèrent principalement
fon attention : il parcourt par la penfee
toutes celles qui font répandues dans le commerce’}
fes idées fe réunifient fur le nopal.(caclus,)
& l'inleéte qu’il nourrit. L'Efpagne étoit feule
en pofîeflïon de cette riche production, qu'elle
tire du Mexique. Th.iery çonnoît quelle peut être
aifément cultivée dans nos îles de l'Amérique,
dont la température-fe trouve très- convenable
à cet infeCte & à la plante qui lui fert d'aliment.
Auffitôt fon ame eft em.br a fée par le noble defir
de fetvir utilement fa patrie, & de délivrer la
Franck du tribut qu'elle paie à l’Efpagne pour
fe procurer une denrée dont elle fait une très-
grande confommatipn. L’entreprife offroit beaucoup
de difficultés, & Thiery lui-même la regar-
doit comme la plus hardie 6c la plus intéreflan^e
que l’on puiflè exécuter} mais ces difficultés donnent
une nouvelle activité à fon zèle. M. de Réau-
mur avoit autrefois propofé au régent de France
( le duc d’Orléans) de tranfporter la cochenille
dans nos poifeftions de l ’Amérique.: cette propo-
fition avoit été très-appiaudio} mais alors il ne fe
trouva perfonne d’aflez hardi pour entreprendre
le.voyage du Mexique, & tenter un larcin auffi
périlleux. Thiery ofe feul s'en charger : il fait
part de fes projets au gouvernement français} il
en reçoit de.s promefles encourageantes, & des
lettres de recommandation pour les adminiftra-
teurs de Saint-Domingue, où il devoit d'abord
fe rendre. 11 arrive dans cette colonie en 1776, la
parcourt en obfervateur éclairé , & y apperçoit
les terrains les plus arides couverts de caëtus ;
il en conçoit l'efpoir féduifant de réalifer fes vues
par la culture du nopal} il ne tarda point à s’embarquer
pour le Mexique. S’il étoit fecrétement
protégé par le gouvernement, il ne pouvoit agir
publiquement en fon nom. Thiery , réduit en
quelque forte au rôle d’aventurier , n’en pourfuit
pas moins fes projets avec confiance & intrépi