
voyage les détails que nous lui avons demandés.
Bachelier. On a dure que ce fut lui qui le
premier apporta en France, en 1615, le marro-
nier d'Inde (tfculus hyppocaflanum) , à fon retour
du Levant. Çe bel arbre croît Spontanément dans
T Afie : il fut tranfporté de Conftantinople en Angleterre
vers l'an 153*0, & de là à Vienne vers 1588.
B AN CK s. (Voyei FoRSTER. )
Barrelier (Jacob) étoit natif de Paris ; il
s'engagea de bonne heure dans l’ordre des Dominicains.
Paffionné pour la recherche des plantes,
il trouva moyen de voyager pour cet objet en
Efpagne, en Italie & dans plulîeurs contrées de
la France > il facilita finguliérement l’étude de la
botanique, furtout à l’époque où il vivoit, par
treize cent vingt-quatre efpèces de plantes qu'il
fit graver, avec la defcription de chacune d’eîles.
Ce travail forme un volume in folio, qui fut publié
en 1724 par les foins de M. Antoine de Juf-
fieu. Piumier a confacré à fa mémoire le genre
barleria, que Linné a confervé.
Barrere (Pierre) précéda Aublet de quelques
années à 1 île de Cayenne, ou il étoit paflfé
en qualité"de médecin, & avec l’intention d’y
étudier les plantes & les autres productions naturelles.
Ses recherches lui ont fourni le fujet de
plufieurs Mémoires intérefîans fur la culture de
quelques plantes économiques , telles que le rocou,
l'aloès-pitte, le caféyer, la canne a fucre : il
expofe les différons produits qu’on peut jén retirer,
& les procédés qu’on doit y employer. Barrère
a auffi donné un Ejfai fur l'hiftoire naturelle de la
France équinoxiale , en 1741. Le catalogue par ordre
alphabétique des plantes qu’il cite, fe borne
principalement'à celles employées dans les arts
du comme médicameris. 11 fe Sert en partie de la
nomenclature de Plumier, 'en partie de la fienne
propre, pour les efpèces qu’il regarde comme
nouvelles : il eft un des premiers qui ait parlé du
fimaruba, de l’ipécacuanha avec quelques détails,
du ferolia (bois marbré) & de plufieurs autres.
Cet Effai devoit être fuivi d’un ouvrage plus
étendu, mais que l'auteur, n'a pas eu le tems de
publier,
Bartschius (Jean). Ce jeune homme a été
moiffonné à la fleur de l’âge dans une terre étrangère,
qu’il n’étoit allé chercher que par amour
pour l’hiftoire naturelle. Le célèbre Linné reffentit
les plus vifs regrets de fa perte : lui-même nous
apprend, dans fon Flora fuecica s tout ce que les
fciences naturelles pouvoient efpérer du zèle &
de l’âélivité de Bartfchius. Né en Pruffe , àKoe-
uigsberg, il avoit été très:jeune reçu docteur en
médecine. Linné le rencontra en Hollande. L'a-,
ménité de fon caractère, fes manières aimables,
un extérieur plein d'agrément & de douceur, lui
attirèrent l'amitié du naturalise fuédois : il lui
infpira une vive paffion pour les infeétes, & fur-
tout pour les plantes j il fit dans cette étude
des progrès fi rapides, que peu poffédoient au
deffus de lui l'art d’en décrire même les parties
les moins fenfibles.
„ Une place de médecin ordinaire de la compagnie
hollandaife étant venue à vaquer, Boerhaave
la prop.ofa à Linné. Ce grand-homme, que la
Nature deftinoit à fuivre une autre carrière, n'ofa
point accepter une place qui l’eût forcé de quitter
un pays froid dans lequel il avoit vécu, pour
aller habiter la zone torride. Boerhaave lui donna
une preuve de fa haute eftime, en le priant de
nommer lui-même à la place qu’il refufoit. Son
choix tomba fur Bartfchius : celui-ci accepte avec
tranfport , s’embarque pour. Surinam , l'efprit
agréablement occupé de la riche moiflon qui l ’at-
tendoit dans ce climat brûlant. Les talens, les
qualités douces & aimables de Bartfchius furent
pour lui autant de titres de profcription auprès du.
gouverneur de Surinam, homme féroce, qui l’accabla
de fa haine & de fes perfécutions. Ce malheureux
jeune homme, furchargé d’ennuis , de
dégoûts, abandonné à lui-même, réduit à l’indigence,
fon tempérament altéré par la chaleur du
climat, toutes ces caufes réunies abrégèrent fes
jours en moins d'une année. Linné a confacré à la
mémoire le genre bartfia,
Bélon (Pierre), natif du Mans, eft parmi les
Modernes un des plus anciens voyageurs. Sa paffion
pour la recherche des produ&îons de la Nature
le porta à entreprendre, vers l’an 1546, un
voyage dans les îles de la Grèce & le Levant : il
vifita le mont Athos, l’île de Lemnos, la plupart
de celles de l’Archipel, les villes les plus célèbres
de i’Afie & de 11 Syrie, St paffa de là en Égypte,
dans l’Arabie.' De retour dans fa patrie après
trois ans d’abfence, il publia des obfervations,
qui renferment non-feulement beaucoup de particularités
très-curieufes fur les moeurs, les habitudes
des habitans de ces différentes contrées,
mais encore beaucoup de recherches fur les antiquités,
fur les animaux &r lés plantes qu’il y a
obfervés. Il s’eft particuliérement attache à nous
faire connoître les arbres réfineux & conifères,
leurs produits naturels, & l’ufage que l’on en fait
dans les arts 5 il étoit encore occupé à rédiger fes
obfervations lorfqu’il fut aflafliné à Rome par une
troupe de brigands, Plumier lui a confacré le
genre btllçniQ, confervé par Linné.
Boccone (Paul), né à Palerrae en Sicile, en
l’année 1633, religieux de l’Ordre deCîteaux,
paffionné pour les plantes, s’apperçut de bonne
heure que* pour les bien connoître^ il falloit,
autant éjM étoit poftîble, les obferver plutôt
dans leur état naturel que cultivées. Dans cetce vue
il parcourut une partie de l'Europe, la France,
l’Allemagne, l'Angleterre, vifita l'île de Corfe,
celle de Malte, la Sicile, &c. ; il décrivit, mais
un peu vaguement, celles qu'il jugea être les plus
rares, & y ajouta des figures médiocres, deffinées
d’après des plantes fèches, ainfi qu’on le voit dans
fon Aiufeum & dans fes Icônes rariorum plantarum
Sicilis, Meliu, &c. Tournefort lui a confacré le
genre bocconia, qui a été confervé par Linné.
Bonpland & Humboldt. Ces deux célèbres
voyageurs, réunis par un vif amour pour les fcien-
ces phyfiques & naturelles, dignes l’un de l’autre ■
par ces qualités'du coeur, qui feules rapprochent
l’homme de l’homme, ont exécuté en commun
dans les deux hémifphères, depuis 17559 jufqu’en
1804, dans une étendue de plus de neuf mille '
lieues, un des plus grands voyages que jamais :
particulier ait-entrepris à fes frais, & l un des
plus utiles aux progrès des fciences. Après avoir
fait pendant huit ans des recherches phyfiques
en Allemagne, en Pologne, en Angleterre, en
France, en Suiffe & en Italie, M . Humboldt vint |
à Paris en 1758, Sc fe propofa de faire avec le
capitaine Baudin le voyage autour du Monde.
Comme il fe difpofoit à partir pour le Havre avec
M. Bonpland, la guerre qui recommença avec
l'Autriche, & le manque de fonds, engagèrent le
Directoire à remettre le voyage de Baudin à une
époque plus favorable. M. Humboldt, qui avoit
long-tems auparavant conçu le projet de faire a
fes propres frais une expédition aux tropiques,
prit dès-lors la réfolution de fuivre les favans de
l’Égypte. La bataille d’Aboukir^ayant interrompu
toute communication directe avec Alexandrie,
fon plan étoit de profiter d’une frégate de Suède
qui rnenoit le conful de cette nation à Alger, de
fuivre de là la caràvanne de la Mecque, & de fe
rendre par l’Égvpte & le golfe Perfique aux Grandes
Indes 5 mais une guerre inattendue, qui éclata
en 1798 entre la France & les puifiances barba-
refques, ainfi que les troubles de 1 Orient, empêchèrent
M. Flumboldt de partir de Marfeilie , ou
il attendoit inutilement depuis deux mois. Impatient
de ce nouveau retard, mais toujours ferme
dans le projet de rejoindre l’expédition d’Egypte,
il partit pour l’Efpagne, efpérant palier plus^ facilement
, foüs pavillon efpagnol, de Carthagène à
Alger ou à Tunis : il prit la route de Madrid par
Montpellier, Perpignan, Barcelone & Valence.
Lès nouvelles de i’Oiie* t devenoient de jour en
jour plus affligeantes 5 la guerre s y faifoit avec un
acharnement (ans exemple : il fallut enfin renoncer
au projet de pénétrer dans l’Indollan par 1 Egypte.
Un heureux concours de circonlfances dédommagea
bientôt M. Humboldt de l’ennui de tant de
retard. En mars : 799, la cour de Madrid lui accorda
la permifflon la plus ample de pafler aux
colonies efpagnoles des deux Amériques , pour y
faire toutes les recherches qui pourroient être
utiles aux progrès des fciences.
M. Humboldt, après avoir réfidé quelques
mois à Madrid & à Aranjuez, partit de l’Europe
en juin 1799, accompagné de fon ami M. Bonpland
, qui réunit des connoiffances très-étendue s
en botanique & en zoologie. Ces deux voyageurs,
munis de recommandations de la cour d Efpagne,
s’embarquèrent fur la frégate la Pi^arro, de la
Corogne, pour les lies Canaries : ils touchèrent
à l’île de la Graciofa , près de celle de Lancerotte>
& à Ténériffe, où ils montèrent jufqu’au cratère
du pic de Teyde, pour y faire l’analyfe de 1 air
atmofphérique & des obfervations géoiogiques fur
les bafaltes & les fehiftes porphyiitiques de i’A-
frique'j ils arrivèrent au mois de juillet au port de
Cumana, dans le golfe de Cariaco, célèbre par les
travaux & les malheurs de l’infatigable Loetiing >
ils vifitèr.ent la côte de Paria, les millions des Indiens
, Chaymas & la province de la Nouvelle-
Andaloufie, pays des plus chauds , mais des plus
„ fains de la terre, quoique déchiré par des trem-
blemens de terre affreux & fréquens, ils parcoururent
la province de la Nouvelle Barcelone, yene-
zuela & la Guiane efpagnole. Après avoir fixé la
longitude de Cumana, de Caraccas & de plufieurs
autres points par l’obfervation des Satellites de
Jupiter, après avoir herborife fur les cimes de
Caripe & de la Sylla de Avila, couronnées de
befaria3 ils partirent de la capitale de Caraccas en
février 1800 pour les belles vallées d’Aragua, ou
le grand lac de Valence rappelle le tableau de celui
de Genève, mais embelli par la majefté de la
végétation des tropiques.
Depuis Portocabello ils fe portèrent au fini,
pénétrant depuis les côtes de la mer des Antilles
jufqu’aux limites du Bréfil vers l’équateur j ils tra-
verfèrent d’abord les v ait es plaines de Calabozo>
d’Apure & du Bas-Orinoco , les Ilanos , délerts
comparables à ceux d’Afrique. Le fable, teir.blable
à l’hotizon de la mer, y montre partout les phénomènes
de réfra&ion & de Soulèvement les plus
curieux : fans graminées dans les mois de féche-
reffe, il cache des crocodilles & des boas engourdis.
Le manque d’eau, l’ardeur du foie il & la
pouffière foulevée par les vents brui ans, fatiguent
tour-à-tour le voyageur qui fe dirige par le cours
des ait res ou par quelques troncs épars de mau~
ritia & &embothrium , que l’on découvre de trois
lieues en trois lieues.
A Saint-Fernando d’Apure, MM. Humboldt
& Bonpland commencèrent une navigation pénible
de près de cinq cents lieues nautiques , exécutée
dans des canots, & levant la carte du pays
à l’aide des montres de longitude , des latèlhtcs
& des diftances lunaires \ iis descendirent le Rio-
Apure, qui débouche dans L’Orénoque. Echappés
I aux dangers immine iis d’un naufrage près de i’ile
* de Pananuma, ils remontèrent ce dernier fleuve