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polypétalées , de la famille des violacées , qui a
quelques' rapports éloignés avec les ciftes , & qui
comprend des herbes dont la tige eft quelquefois
ligneufe; les feuilles alternes, rarement oppo-
féesftipûlacées; les pédoncules axillaires, uni-
flores.
Le cara&ère effentiel de ce genre eft d’avoir :
Un calice a cinq folioles ,* cinq pétales inégaux , le
fupérieur très fouvent.prolongé en éperon a fa bafe ;
. cinq etamines libres , adhérentes par leurs anthères y
unfiyle ,• une cap fuie a trois valves ; une feule loge.
C a r a c t è r e g é n é r iq u e .
Chaque fleur offre :
i°. Un calice perfîftant, divifé en cinq folioles
droites, ovales-oblongues, aiguës, prolongées au
deffous de leur bafe.
■ 2°. Une corolle compofée de cinq pétales ordinairement
inégaux j le fupérieur plus grand,
très-fouvent prolongé en éperon à. fa bafe;les autres
oppofés par paire.
5°« Cinq étamines ; les filamens diftinds ; les
deux fupérieurs prolongés en appendices qui pénètrent
dans l’éperon ; les anthères rapprochées
ou foudées entr’elles, membraneufes à leur fom-
met.
4°. Un ovaire libre, furmonté d’un ftyle fili-
.forme , ■ fai liant entre les anthères , terminé par
un ftigmate fimple & réfléchi, ou droit & en entonnoir.
Le fruit eft une capfule ovale, trigone, à une
feule loge , à trois valves.
Les femences nombreufes, attachées le long du
milieu des valves ; le périfperme charnu ; l’embryon
droit j la radicule inférieure.
Observations-. . Les violettes d’Europe ont un
port & des caractères fi bien prononcés, tant dans
la forme de leurs fleurs, que dans les autres parties
de la fructification , qu’il eft facile de recon-
noître qu’ elles appartiennent effentiellement au
-même genre ; leur calice à cinq folioles prolongées
en appendice à leur bafe ; leur corolle à cinq
-pétales-inégaux, très-ouverts , dont le plus grand
ie termine a fa bafe par un éperon ; les étamines .
réunies par leurs anthères , tandis que lés filamens
font diftinds ; une capfule à une loge, à
trois valves : ces attributs forment un enfemble
qui rapproche en un même groupé toutes les
plantes qui en font pourvues ; mais un certain
nombre de violettes exotiques, tarit de [’Amérique
que des Indes , ont offert des différences qui
Paru fuffil antes pour les féparer d’un genre
déjà très-nombreux en efpèces. C’eft celui que j
M._Ventenat a établi dans le Jardin de la Malmai-
V I O
fon, fous le nom ionidium, & qui diffère de celui
des violettes, en ce que les plantes qu’il comprend,
n’offrent point dans les folioles de leur calice
, de prolongement à leur bafe , mais qu’elles
font immédiatement inférées par leur bafe fur le
pédoncule. Les anthères ne font ni rapprochées
ni conniventes. Les pétales, quoiqu’irréguliers,
font ordinairement dépourvus d’éperon. Ce:genre
formera la dernière divifion des efpèces dans le
tableau que je vais préfenter.
Parmi les efpèces contenues dans ce genre, les
unes font dépourvues de tiges, & leurs feuilles,
ainfï que les pédoncules, partent immédiatement
du collet des racines; d’autres ont des tiges Amples
ou rameufes : toutes les feuilles font pourvues
de ftipules à la bafe de leur pétiole. Ces fti-
pules font membraneufes ou en forme d’écailles
dans certaines efpèces; foliacées, dentées ou pin-
natifides dans d’autres; très-courtes, fubulées
dans quelques unes , particuliérement dans celles
qui compofent le genre ionidium. Le ftigmate offre
auffi quelques différences : il eft aigu & courbé
dans les unes ; droit & en forme d’entonnoir dans
les autres ; enfin les fleurs font droites ou inclinées
fur leur pédoncule. 'Toutes ces différences ont
été employées pour établir des foufdivifions qui
donnent plus de facilité pour diftinguer & recon-
noître les efpèces. L’ ordre dans lequel- M. de Juf-
fieu a rangé ces efpèces, les foufdivifions qu’il a
employées, d’après la forme des ftipules, rapprochent
toutes ces efpèces d’une manière plus naturelle.
La communication qu’il a bien voulu me
donner de fes manufcrits & de fon herbier, àinfi
que la per mi filon de profiter de fon travail, réunies
aux communications amicales de MM. Des-
fontaines & de Lamarck , m’ont procuré la facilité
de donner beaucoup d’ex te n fi on à ce genre,
& de faire connoïrre un a fiez grand nombre de
.nouvelles efpèces. Néanmoins plufieurs de celles
rapportées aux ionidium auroient befoin d’être
examinées vivantes ou en meilleur'état de deflàc-
cation, ayant été fouvent obligé de me déterminer
pour leur afiigner une place, plutôt d’après
leur port, que d’après lés caractères de leur fructification
, difficile à bien obferver fur des individus
incomplets ou altérés.
M. de J il fii eu , dans fes Familles naturelles y a voit
d’abord placé les violettes ; dans la famille des
ciftes ; il a cru depuis devoir les regarder comme
formant une famille particulière-, à laquelle viennent
fe réunir les ionidium, les piriqueta , les tachi-
bota , &c. Cette famille porte le nom de Violacées
(violacés, ) dans le Tableau du règne végétal
par M. Ventç.nat. M. de Lamarck lui a donné celui
de Calcaracees. EJe fe dillingue de celle
des ciftes par-fa corolle irrégulière, quelquefois
a deux lèvres ; par fes étamines égales en nombre
à celui des pétales, & dont fort fouvent les anthères
font conniventes. Le fruit eft une capfule
v i o
à une feule loge, à trois valves; les femences ont
l’embryon droit & non courbé. Les plantes qu’elle
renferme, font la plupart herbacées, quelquefois
ligneufes ; les feuilles plus fouvent alternes qu’op-
pofées., accompagnées de ftipules à leur bafe. j
E s p è c e s .
* Efpèces dépourvues de tiges. Stipules membraneufes.
i. Violette découpée. Viola pinnata. Linn.
Viold acaulis, foliis multifidis , laciniis lobatis. ■
Willd. Spec. Plant, vol. i. pag. 1161. n°. 3.
Viola pinnata , acaulis , foliispinnatifidis. Linn.
Spec. Plant, vol. 2. pag. 1323. — Miller , DiCt.
n°. 6. — Gmel. Sibir.vol. 4. pag. 101. tab. 49.
fig. 4.
Viola pinnata. Decand. Flor. franç. vol. 4.
pag. 802, & Synopf, Plant, gall. pag. 399.
n°. 4454-
Veronica acaulis , foliis multifidis , obtufidis.
Hall. Helv. n°. 561.
Veronica martia , inodora , folio inftar petrofe-
lini eleganter infelto.. ACt. Nat. C. vol. 3. n°. 3*
Viola montana , laciniato folio. Cluf. Hift. pag.
3°5>- _
Viola acaulis , foliis palmato-multifidis & laci-
niatis. Mifcell. Taur. vol. 3. pag. 181. tab. y.
fig. 2.
Viola alpina , folio in plures partes diffeBo. C.
Bauh. Pin. 199.;— Tourne!. Inft. R. Herb. 420.'
Viola montana, folio multifido. J. Bauh. Hift. 3*
pag. 544. Icon.
Cette yioletté a de grands rapports avec le viola
pedata ; elle en diffère par les découpures de fes
feuilles plus nombreufes , conniventes à leur
bafe: fa racine eft épaiffe, alongée , cylindrique,
garnie de fibres particuliérement à fa partie inférieure
; elle produit quelques feuilles toutes radicales,
longuement pétiolées , parfaitement glabres
, planes, qui fe divifent d’abord en trois ou
cinq lobes profonds, divifés eux-mêmes , prefque
jufqu’à leur bafe , en lanières étroites , linéaires.
inégales , fouvent lobées , ou dentées à leur bord
extérieur; les pétioles droits, filiformes, longs
de deux à quatre pouces.
Du centre des feuilles s’élèvent plufieurs pédoncules
appuyés- fur les racines , tantôt aufli
longs que les pétioles , tantôt de moitié plus
courts, (impies, uniflores, jnunis , vers leur partie
fupérieure, de deux braCtées linéaires, termi-r
nées par une fleur petite , inclinée, de couleur
violette, fouvent à demi avortée ; les pétales inégaux
; le fupérieur plus grand & prolongé en un
Botanique. Tome VU/.
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éperon un peu crochu. Sa capfule eft grande,
ovale, divifée en trois-valves en forme de carène,
contenant plufieurs femences fphériques , d’un
rouge-brun.
Cette plante croît dans les Alpes de l’Europe,
dans le Piémont, dans la Sibérie, if ( V. f )
2. V iolette à feuilles digitées. Viola pedata.,
Linn.
Viola acaulis , foliis pedatis, fep temp art itis. Linn.
Syft. veget. pag. 802; n°. 2. — Gronov. Virgin,
pag. 13y. — Willd. Spec. Plant, vol. 1. pag. ixéo.
n°. 2.
Viola pedata, acaulis, foliis fabpedaio-muldpar-
titis i laciniis litieari-lanceolatis, edentulis ,• calicis
laciniis linearibus, acutis. Mich. Flor. boreal. Amer,
vol. 2. pag. 1 yi.
Viola multifida. Miller, DiCt n°. y.
Viola foliis palmatis. Gron. Virg. 1. pag. 107.
Viola virginiana , tricolor , foliis multifidis, cau-
liculo aphyllo. Pluken. Aimag. pag. 388. tab. 114.
fig. 7, & tab. 134. fig. 3.
Viola mariana , folio digitato. Petiv. Sicc. 20.
Cette plante eft baffe ; fes racines fibreufes : il
s’en élève plufieurs feuilles longuement pétiolées,
larges, ouvertes en éventail, qui fe divifent, juf-:;
qu’à leur bafe, en cinq ou fept découpures inégales,
linéaires-lancéolées, étroites, rétrécies à
leur bafe, à peine aiguës à leur fommet, entières >
quelques-unes munies de deux ou trois dents à leur
partie fupérieure. Du collet des racines pouffent
des pédoncules droits, (impies, alongés, terminés,
par une feule fleur, affez femblable à la penfëe.'
Les divifions de fon calice font linéaires, aiguës.
Cette plante croît fur les montagnes, en Amérique,
depuis la Nouvelle-Angleterre jufque dans
la Caroline, if
3. V iolette palmée. Viola palmata. Linn.
Viola acaulis , foliis p almatis, quinque lobis , dénotât
is indivififque. Linn. Syft. vèget.. pag. 802. —■
Gronov. Virgin. 135. —• Wüld.Spec. Plant, vol. 1.
pag. 1159. n°. 1.
Viola foliis palmatis, finuatis , ftolonum renifor-
mibus. Gronov. Virgin. 1. pag. 182.
Viola acaulis , pubefcens , foliis ha ftato-lobatis ,
palmaiifve y lobis fubdentatis. Mich. Flor. boreal.
Amer. vol. 2. pag. iy i.
Viola virginiana , platani fere foliis parvis & in-
canis. Pluken. Mantiff. pag. 187.
Viola alba, folio fecuris romana effigie 3 fioridana^
Piukeii. Aimag. pag. 129. tab. 447* ftg. 9.
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