
'recueillies. Linné lui a dédié le genre Am-
manhia.
G r q n o v e . ( Voye£ Ra n vo l f e .)
G uilan din (Melchior) j né en Prude. Il vécut
long-têms en Italie, & voyagea en Grèce,
dans le Levant, dans une partie de l'Afie & de
l’ Afrique. lj> fe propofoit aufiî de paffer dans les
Indes j il s’étoit déjà embarqué pour exécuter ce
voyage, lorfque des pirates attaquèrent vers les
côtes de Sardaigne , le bâtiment qui le portoit.,
réduifirent Guilandin en efclavage, le conduifi-
rent chez les Barbarefques. Il fut racheté par le
célèbre Faloppe. Guilandin donna des Commentaires
particuliers, un ouvrage fur les noms des
plantes , intitulé de Stirpium aliquot nominibus , &
une Differtation fur le papyrus. C ’eft à lui que
Linné a confacré le genre Guilandina.
Ha r t o g iu s . Élevé au milieu des belles plantes
qui compofoient le jardin botanique de Leyde, il
ne pouvoit refter indifférent aux charmes féduii’ans
de leur étude : il s’y montra fi habile, qu’il fut
choifi pour le voyage de Ceilan après la mort de
Herman > il s’arrêta au Cap de Bonne-Efpérance. Entraîné
par fon a&ivité, il s’ayance.dans des plaines
défèrtesi, pénètre àudacieufement dans des forêts
uniquement fréquentées par les bêtes féroces j
il faillit être vi frime' deJa témérité : un lion fuL
rieux s’élance vers lu i} il eft prêt à le dévorer,
lorfqu’il reçoit la mort d’un coup de fufil lâché
par l’efclave qui accompagnoit Hartogius. Il quitte
le Cap de Bonne-Efpérance, fe rend à Ceilan, y
forme un herbier confidérable qu’ ii fait paffer à
Vôfliùs 1 8c quifervit par la fuite à Burmann & à
Linné pour compléter la Flore de Ceilan. Hartogius
mourut très-jeune , aux Indes , peu d’années après
fon arrivée dans ces centrées. Thunberg lui a dédié
le-genre Uartogia t que quelques auteurs ont regardé
comme une efpèce de fckrebera.
Hasselquist, né à Toernvall, dans la Gothie
orientale, de parens morts dans i“indigence, eut
lui-même vécu dans l'obfcurité'fans le fecoursd’un
de fes oncles, qui l’envoya au collège avec fes én-
fans. Privé de bonne heure de fon fécond père , il
fut obligé de faire l’école pour vivre , en attendant
l’âge d’entrer dans l ’univerfîté d’ LJpfal, où
le befoin le réduilît à donner des leçons pour des
honoraires très-modiques , fàcrifiant fes autres
momens à fuivre les leçons des profefïeurs, fe livrant
plus particuliérement à l’étude de la médecine
& de l’hiftoirè naturelle. Il devint l’élève du
célèbre Linné, & lui ayant entendu dire, dans une
de fes leçons , queia Pa-leftine étoit une des contrées
dontl’hiftoire naturelle nous étoit encore inconnue,
Haffelquift conçut le prôjet d’en faire lé
voyage* & même, s’il étoit néceffaire, de l’entreprendre
à pied , fans s’effrayer de fon peu de for-
| tune, des dangers qu’il auroit à^effuyér , de la
: foibleffe de fa fanté 8c d’un crachement de fan g
auquel il étoit très-fujet. Il fe livra auflitôt à l’ë-
tùde de l’arabe 8c des autres langues orientales,
obtint quelques fecours pécuniaires, mais très-
modiques , eu égard au voyage qu’il a 11 oit'entreprendre,
8c s’embarqua pour le Levant vers la fin
de 1 7 4 9 . Il débarqua à Smyrnê , fe rèndit dans la
Natolie, parcourut le mont Sipylus, pàffa enfuite
au Caire par la voie d’Alexandrie & de Rofette.
Il partit du Caire en 1751 , prit fà route par Damiette
, Jaffa 8c la TeH-e-Sainte } il alla à Jérufd-
lem avec les pèlerins, de là à Jéricho , au Jour-
dain , à Bethléem, à Acre, à Nazareth , dans la
Tibériade, à Cana en Galilée, à Tyr, àSidon, 8cc.
: Il vifita enfuite les îles de Chypre » de Rhodes, de
.Chio, 8cc., d’où il revint à Smyrrte, chargé d’une
j quantité incroyable de curiofitês qu’ ii avoit recueillies
dans les trois règnes de la Nature, tant
dans le Levant que dans l’Égypte. Il n’ att?endoit
plus qu’une commodité1 favorable pour retourner
dans fa patrie 5 mais ép'aifé par les fatigues qu’il
avoit fouffertes dans fes voyages, par les chaleurs
de la Paleftine , il fût attaqué d’üne fièvre lente ,
de crachement de fang, d’une difficulté de refpi-
rer, qui terminèrent fes jours au moment où il
ïallôit jouir du fruit de fes travaux, qui peut-être
|euffent été oubliés fi Linné ne fe fût chargé'lui-
même de les faire connoître, d’après un ordre du roi
de Suède. « Je fus étonné, dit cet auteur célèbre,
de voir tant de curiofitês réunies , entr’autres les
colleélions des plantes de la Natolie 8c de l’Égypte,
de la Paleftine, de Chypre, 8cc. ; les pierres 8c
les différentes fortes de terres des endroits les plus
remarquables de l’Égypte 8c de la Paleftine j les
: poiffons (les plus rares du Nil > les ferpens venimeux
d’Égypte ; les infeétes les plus rares ; les dro-
; gués d’Orient ; les momies d’Égypte ; les manuf-
crits arabes , 8cc. Linné a’ confacré à fa mémoire
un genre de plantes de la famille des ombelli-
fères , fous le nom d‘ Hajfelquitjia.
H e b enstreit. ( Voy ei L udwig . )
Herm an (Paul) fut un des botaniftes les plus
diftingués dudix-feptième fiècle. Né à Halle dans la
Haute-Saxe , en 1640, il fe livra à la médecine à
caufe des rapports de cette fcience avec la botanique
qu’il avoit étudiée dès fon enfance, 8c dont
il faillit être viétime dès l’âge de dix ans, étant
tombé dans l’eau en cueillant des plantes aquatiques.
Il paffi dans la Belgique vers l’âge de trente
ans, fe lia d’amitié avec les botaniftes les plus célèbres
de fon tems, s’attira l’eftime 8c la confidération
des princes 8c des grands qui fe plaifoient à
réunir dans leurs jardins les plantes des pays étrangers.
Sa réputation 8c le defir de pofféder les productions
végétales: de Tîle de Ceilan, le firent’
choifir par les adminiftrateurs de la compagnie des
Indes
Indes orientales pour premier médecin de c e t t e
compagnie dans leurs pofleffions, ^ ‘
Herman accepte, cet emploi avec l’enthoufiafme
d'un jeune homme qui ne voit dans cette carrière
épineufe, que les jouiffanees attachées au plaifir
des nouvelles découvertes. Il ne s'éloigne de fa
patrie, que pour lui être plus utile. Le vaiffeau
fur lequel il- s’étoit embarqué , fut obligé de relâcher
au Cap de Bonne-Efpérance. Quel bonheur
pour Herman de pouvoir imprimer fes pas
fur une terre étrangère, qu’aucun bocanille n a-
voit encore vifitée ! quelle jouilfance lorfque, feul
8cen peu de jours, il y recueille, dit Linné, plus
de plantes nouvelles, qu’ ii n’y en avoir de connues!
Il découvre des rochers 8c des montagnes
couverts de plantes grades, d’aloés, de melem-
bryanthemum, de ftapélies, de craffula, de tétra-
gones , 8cc. Il pénètre dans des forêts toutes ;
brillantes par l’éclat de l’or 8c de l’argent qui décorent
les feuilles des nombreux ptotéaj il fe promène
dans de vaftes plaines revêtues de fuperbes
bruyères variées à l’infini de borbonia, de blæria,
de pænea, &c. Les buiffons 8c les bois font com-
po(és d'une foule d’arbrifleaux jufqu’alors inconnus,
de jolis phylica, de pafferin'es, de myrfinites,
de tarchonanthes , d’antofpermes, de royènes,
d’hallcria, 8cc. , tandis que dans les prés naiffent
à l ’envi les géranium , les ixia, les lobélies , les
hémanthes, les félagines , les immortelles , les
ftebées, Sec. La plupart de ces plantes qui brillent
aujourd’hui dans nos parterres 8c dans nos jardins,
nous les devons en partie à Herman, qui en fit paffer
les femences .dans la plupart des jardins de
l'Europe. Peut-on oublier ion nom quand on parcourt
dans les ferres ces belles fuites d’aloés, de
craffula 8c de plantes graffes , fi admirables par
leurs formes 8c la beauté de leurs fleurs. ^
Cette brillante moiffon étoit plus que luffifante
potir immortalifer fon nom ; mais une autre non
moins riche, plus intéreffante encore, l’attendoit
à l’île de Ceilan. Il arrive au milieu de ces contrées
parfumées par les plus précieux aromates , 8c embellies
parle luxe des pius belles fleurs de l'Inde.
A peine peut-il y reconnoïtre quelques-unes des
plantes qu’il avoit obfervées en Europe. Il y voit
des forêts compofées de bananiers, de palmiers}
il y fait connoiffance avec tous les végétaux qui
fourniffent à l’Europe toutes ces réfines, ces aromates
portés à un fi haut prix j ces plantes médicales,
qui jufqu’alo'rs n’étoient connues que par leurs
produits 8c par des dénominations infignifiantes.
C’eft là qu’il apprend à qutls arbriffeaux, à quelles
plantes il faut rapporter le bois de Campêche, le
Dois de couleuvre, la noix vomique, la caffe, les
myrobolans, le tamarin, le curcuma ,1e galanga,
le coftus, le gingembre, le cardamome , la noix
d’acajou, le zédoaire, le cathédu,le fang-de-dra-
gon, la gomme gutte , 8cc. Dans les prés, dans
les campagnes, végétoit une immenfe quantité
de belles plantes, très-communes, qu’on pouvoit
botanique. Tome VIII.
à peine rapporter à quelques genres connus. On y
diftinguoit les népanthes, les croton, les aca y-
pha , les jatropha , les beaux ciérodeniron , les
jufticia, les achyrantes , les cerbera, les ponte-
deria, les gloriofa, les éranthèmes , 8ec. Herman
formoit déboutés ces plantes une collection
précieufe ; il avoit deffiné les plus rares, 8c en
fai (oit paffer tous les ans les femences en Europe.
La plupart font aujourd’hui cultivées dans les bof-
quets, dans les parterres 8c dans les jardins botaniques
des contrées méridionales.
Il avoit paffé plufieurs années à Ceilan lorfqu il
fut rappelé en Europe pour occuper à Leyde la
place de profeffeur au jardin botanique de cette
ville. Il ne tarda point à en faire un des plus riches
jardins de l’Europe. Il s’occupoit, pendant
les courts inftans que les fonéhons de fa place lui
laiffoient de libres, à rédiger fes obfervations , 8c
à difpofer pour l’ impreffion le catalogue des plantes
qu’il avoit recueillies au Cap de Bonne Efpé-
rance 8c à 111e de Ceilan } mais une mort prématurée
Te ni-.va aux fcienccs.en 1695. Il ne nous
refte de lui que quelques ouvrages qu il n eut
point le tems déterminer,
Jean Burman, non moins zélé pour l’étude des
plantes , 3c qui poffidoit l’herbier que Paul Herman
avoit envoyé de Ceilan à Commelin, 8c celui
qu’Hartogius avoit fait paffer du même pays à
Voifius, s’efforça de réparer la perte que les
fciences venoientde faire, en publiant le Thésaurus
£eylanicus , enrichi de bonnes figures. Linné,
à l’aide de ces ouvrages 8c de plufieurs autres,
a in fi que d’un bel herbier que Guntherus lui avoit
envoyé des Indes, compofa une Floré particulière
de 1 île de Ceilan. lia confacré un genre à lamé-
moire d’Herman , fous le nom d‘Hermannia.
Hernandez (François)., Juger du mérite des
anciens auteurs d’après l’état adtuel de nos con-
noiffances , ce feroit mécorînoître leur mérite , 8c
refufer à leurs efforts la reconnoiffance qu’ils méritent.
Hernandez, médecin efpagnol » voyagea
dans le Mexique, où il fut envoyé par Philippe II,
roi d’Efpagne, qui lui fit compter pour ce voyage
environ fix cent mille livres de notre monnoie.
Hernandez en profita pour faire exécuter à grands
frais un nombre confidérable de defiins des plantes
nombreufes qu’ il avoit obfervées. On prétend
qu’ils furent preîque tous confumés dans un incendie
confidérable : d’où il eft réfulté que le
fruit de ces immenfes recherches ne nous valut
que l’hiftoire d’environ fept cents plantes , que
Columna publia à Rome en i6i8,long-tems après
la mort de l’auteur , fous le titre d‘Hifloire naturelle
du Mexique. Les deferiptions font courtes ,
trop vagues} les figures très-médiocres, la plupart
incomplètes. Les plantes y font diftribuées
en fept claffes, à peu près dans l ’ordre adopté,
par Diofcoride, c’eft-à-dire, d’après leurs qualités
» leur grandeur, leur durée. Plumier .lui