
tubercules peu faillans, & qui Te trouvent niches
dans le tiffu même de la feuille.
» Relativement à la manière dont ces capfules
fe détachent de la plante qui les a produites , on
obferve une différence allez grande entre les espèces.
Dans les unes, les gouffes ou les tubercuks
qui renferment les capfules font naturellement
munis d’orifices, tels que les capfules peuvent en
fortir à leur maturité fans deftruétion du tiffu.
Dans d’autres, les capfules font nichées dans l’intérieur
de la feuille, & n’en peuvent fortir que
par la deftru&ion de fon tiffu. Cette derniere -
configuration a lieu dans toutes les plantes rapportées
par Linné au genre des ulva ; elle fe retrouve
dans quelques efpèces de varecs, tels que
le fucus crifpus. Cette manière divtrfe dont les
capfules fortent de la plante rend raifon d’un fait
bien connu ; c’eft: que les ulves ont fouvent leurs
feuilles percées de trous affez réguliers ; ces trous
ne tiennent pas effentiellement à la fineffé de leur
tiffu, car on les retrouve dans des efpèces coriace
s, telles que Y ulva crifpa ; mais ils font dus à ce
que le tiffu même de la feuille s’eft détruit dans
les lieux où étoient les fruits, & a ainfi permis,
leur diffémination.
» Déjà, d’après les différences que je viens
d’indiquer dans la ftruéture des fruits des algues
marines, on auroit pu y établir quelques genres,
mais cette clarification auroit été néceffairement
incomplète à caufe du grand nombre des efpèces
dont la fructification eft encore inconnue.
» Nous ne connoiffons encore qu’ un feul fait
relativement à la germination des algues marines.
M; Stackoufe rapporte que les graines du fucus
canaliculatus, placées dans de l’eau de mer qu'on
renouveloit toutes les flx heures, ont germé au
bout d’une femaine, & ont commencé par former
un difque orbiculaire, analogue à celui qu’on obferve
fréquemment à la bafe du fucus loreus. On
voit que cette observation s’accorde, du moins
dans lescirconftances qui nous font connues, avec
la théorie établie^ci-deffus. Nous devons cepen-
dant regretter que Stackhoufe n’ ait pas décrit avec
plus de détail cette germination , & n’ait pas dit
en particulier fi les graines qui ont germé, étoient
renfermées dans des capfules, & fi ces graines,
en germant, ont paru fe dépouiller d’une enveloppe
propre. Il paroît au refte que, dans plufieurs
cas, ces graines germent dans la gouffe même du
ficus qui leur a donné naiffance. On obferve fou-
vent des gouffes du fucus veficulcifus & du fucus
frratus qui font ainfi vivipares.
» Ce feroic ici l’occafion de déterminer fi ces
grains régénérateurs font de véritables graines,
c’eft-à diie , fi elles ont été fécondées. J’ai déjà
prouvé plus haut que les prétendus organes mâles
décrits par Réaumur ne peuvent remplir cet emploi,
& tput tend au contraire à faire penfer,
avec M. Correa, que s’il exifte dans les varecs
un fluide fécondateur, il eft renfermé dans les
mêmes gonfles que celles où nous trouvons les
graines. Il fuffic, pour arriver à ce réfultat, de
jeter les yeux fur la manière dont s’opère la fécondation
des plantes 5 elle s'effectue au moyen du
pollen , lequel eft de nature telle que les globules
s’éclatent d’eux-mêmes dès qu’ils ont le contait
de l’ eau ; c’eft ce qui fait que les pluies continues
font fi dangereufes pour la fécondation. J’ai effuyé
de faire fleurir fous l’eau des jacinthes , qui,
comme on fait, s’ y développent fans difficulté.
Leur.floraifon n’a pas paru fouffrir de ce changement
de fituation ; mais ayant obfervé leurs .anthères
au microfcope, j'ai vu que le poll:n en
étoit entièrement avorté & dénaturé. Tontes les
plantes aquatiques dont la fécondation eft prouvée
, ont été munies d’une ftruiture particulière
defti née à éviter cette influence de l'eau fur le
po’len : les unes, telles que les moujfes, les vallif-
nerïa , les potamogetons, &c. s’élèvent à la furface
de l’eau j les autres, qui font retenues au fond de
l’eau, ont les organes des deux fexes enveloppés
ou enfermés dans une fpathe ou une coque pleine
d’air, comme on le voit dans les pillulaires, les
murfilea , les \ofiera, &c: Si l’on parvient à prouver
qu’il exifte une fécondation dans les plantes marines,
c’eft certainement dans cette dernière claffe
qu’il faudra les ranger.
• p Le feul fait avéré qui paroiffe en oppofition
avec la loi que je viens d’annoncer, eft la.fleu-
raifon de la renoncule aquatique , obfervée par
M. Ramond au fond d’un lac des Pyrénées. Mais
j’obferverai que les graines de cette renoncule
n’ont point été femées , & qu’on ignore par con-
féquent fi elles étoient fertiles ; que lors même
qu’elles auroient germé, on n’en pourroit pas conclure
rigoureufement qu’elles ont été fécondées ;
car d’autres faits tendent à faire penfer que, dans
certains végétaux, comme dans les pucerons chez
les animaux, une feule fécondation peut fuffire
pour plus d’une génération. Comment, en effet,
expliqueroit-on autrement les faits finguliers at-
tcflës par Spallanzani, de diverfes plantes, dioï-
ques, qui ont donné des graines fertiles quoique
privées de fleurs mâles.
» De tout ce qui a été expofé précédemment,
il fuit la confirmation de la non-exiftence des
vaifleaux dans les algues, l’impoffibilité d'attribuer
la fécondation aux poils qui naiffent fur les varecs,
la néceffité d’admettre que le fluide fécondateur,
s’il exifte, eft renfermé dans les gouffes des varecs.
Il eft prouvé de plus que la manière dont l’eau
pénètre & circule dans les varecs, n’a aucun rapport
avec les lois de cette introduction ik de la
circulation dans les autres plantes; qu'au contraire
la dëcompofition du gaz acide carbonique paroît
y fuivre des lois analogues ; que , dans quelques
cas, ces plantes abforbent l'oxigene de l’air, &
qu’enfiu
qu’énfin les organes pris jufqu'ici pour des graines
font de vraies capfules.
E s p è c e s .
* Feuillage plane b large.
I. VAU.ec trompette. Fucus huccinalis. Lion.
Fucus ftirpe fifiulofâ; fronde pinnato-palmatâ ,co-
riaceâ ifoliolis enfiformibus, intcgerrimis. Lmn.Mantiff.
pag. 31 z, tx Syft. Plant, vol. 4. pag. 576.
n°. 56.
Arundo indica fluicans. C. Bauh. Pin. 19*
Vulgairement la trompette de Neptune.
Ce varec eft le plus gros. le plus élevé que nous
connoiffions i mais comme il ne croît que dans les
profondeurs de l’Océan , il n’a encore ete que
médiocrement obfervé fur des individus jetes fur
les côtes par les vagues.
Il paroît, par la forme de fes feuilles, fe rapprocher
un peu in fucus digitatus; mais fes folioles
font rétrécies à leur bafe, Se point lacimees. Ses
racines font fibreufes , dures, ligneufes ».oljes pro-
duifent une fouche droite, coriace, cylindrique,
dure , prefque ligneufe, fiftuleufe , très-épame,
nue, qui s’élève jufqu’à la hauteur de trente pieds,
étroite à fa partie inférieure, où elle eft à peine
de G groffeur du pouce , & parvient infenfible-
ment, à mefure qu’elle s eleve, a celle de la cuiîfe
& plus ; tronquée , ouverte , bordée au fommet
Je dégarnie de feuilles dans les jeunes individus ;
mais enfuite ce fommet fe relferre, fe ferme,
s'alonge , devient plus aigu , plane , lancéolé,
comprimé, point fiftuleux ni perforé, & alors fes
bords fe garnirent de feuilles latérales & terminales
, dépourvues de côtes longitudinales, de
confiftance coriace , épaiffe, plus tendre à leur
partie fupérieure, très-nombreufes, (effiles, longues
d’un pied & demi & plus, à plufieurs divi-
fions prefqu’ailées ou palmées , lancéolées, enfi-
formes, très-glabres, rétrécies à leur bafe, aiguës
à leur fommet, très-entières à leurs bords, munies
quelquefois de deux ou trois petites dents. La
fruâîficatîon n’a pas été obfervée.
Cette plante croît dans l’Océan, fur les rochers
profondément enfevelis dans les eaux, au-delà du
Cap de Bonne-Efpéiance. ( Defiript. tx Linn.)
1. V arec bulbeux. Fucus bulbofus. Linn.
. Fucus fronde palmatâ , luciniis enfiformibus , Jli-
pite piano3 radiée infiato-bulbofâ. Tranf. Linn. vol.
3. pag. XJ3- n°. 17.
XJIva fronde palmato-digitatâ , fegtnentis enfiformibus
, ftipiie piano , radice infiato-bulbofâ. Decand.
Flot, tranç. vol. z. pag. 16, & Synopf. Plant, gall.
^ ^ Botanique. Tome VIII.
Fucus ( polyfehides ) , fronde fpiraliur convolutâ,
apice palmatâ , primordialibus ovato - lattceolatis ,
fimplicijfîmis. Netk. Meth. Mufc. pag. 58.
Fucus polyfehides. Lightf. S cor. pag. 93 6. —
Stackh. Ner. B rit. pag. 6. tab. 4 .— With. vol. 5.
pag. 244.
Fucuspalmatus. Gmel. Fuc. pag. 202. tab, 30.
Fucus arboreus , polyfehides , caule piano & tor~
tuofo. Réaum. Aft. Academ. Parif. 1712. pag. 21.
tàb. 1. fig. r. — Guett. Stamp. pag. 400. n°. 14.
1 Fucus bulbofus. Hudf. Angl. pag. J79.
Fucus (hyperboreus ) , frondefimplici,palmatâ;
caule Lo'ngijfimo. Gunn. Flor. 61. f. 3. ?
Ce varec, qui ta eft peut-être, d’après l’opinion
- dé quelques botaniffes » qu’une forte de monftruo-
fité du fucus digitatus, en différé finguliéremenc
par fon port, par les bulbes de fa bafe & par une
grandeur extraordinaire, s’élevant quelquefois jufqu’à
la hauteur de douze à quinze pieds. Il offre
à fa bafe une forte de bulbe épaiffe , concave, ru-
berculeufe , comprimée dans le centre, qui pouffe
de groffes fibres tortueufeV-, cartilagineufes, en
forme de crampons par lefquels elle adhère aux
rochers au fond de la mec : il s’ en élève une tige
fort haute, épaiffe, large, légèrement comprimée,
un peu renflée dans fon milieu, prefait’ailée, fur-
tout à fa partie inférieure, ou découpée en lanières
arrondies;, un peu crépues. Elle fe dilate à fon
fommet en une grande feuille très-large, épaiffe,
coriace, tranfparente, de couleur brune ou d’un
vert-olive, fans nervures ni fru&ification apparente,
divifée profondément en plufieurs fegmens
étroits, alongés , irréguliers , fimples ou. à fouf-
divifions plus étroites, aiguës, entières à leurs
bords.
Cette plante croît dans l’Océan : on la trouve
jetée fur le rivage , mais plus rarement que le varee
digité. (V .y .)
Obferv citions. M. Paliffot de Beau vois a décrit,
dans fa Flore f O w are & de Bénin , un > ulva qui fe
rapproche beaucoup de cette efpèce, qui en diffère
par une confiftance beaucoup plus mince,
membraneufe, & dont le feuillage fe divife ordinairement
en deux longues lanières à fon fommet.
Il i’a caraétérifée ainfi qu’il fuit :
Ulva ( bulbofa ) , radice bulbofâ , rufâ , infra,
appendiculatâ ; appendicibus ramofîs ; fronde viridi-
complanatâ, fimplici aut divifây elpngatâ aut cunel-
formi. Palilf. Beauv. Flor. d’Ôware & de Bénin,
pag. 20. tab. 13.
Elle eft remarquable par fa racine femblable à
une bulbe garnie en déflous de plufieurs attaches
qui fe bifurquent & fe divifent a leur extrémité :
cette racine eft d’un brun-rouge. Le feuillage eft
membraneux, coriace & vert, tranfparent, tantô,t
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