
mentionnés ci-dëfîus ; -elles ont prefque toutes
été découvertes & envoyées par des voyageurs
mentionnés dans cette notice confactée à leurs
travaux.
W é5t . ;( ÿ o y * i Roh r.)
Wiiii/FMïT ( Pferre-Remi ). Qu’il me foit permis
de jeter quelques fleurs lur la tombe d’un jeune
homme de-la plus grande efp'éranc'e, & que la
mort a moifionhé tous un ciel étranger, dès Tes
premiers pas dans une carrière qu’il eût parcourue
avec dtftinétion pour l’avancement des feiendes.
Né à Nancy en 1762 , élevé par un père
rfefpeétabie , d'un profond favôir, qui vient ré-
denimeht d'être-enlevé aux fcrences naturelles
qu’il a cultivées avec diftindtion pendant le long
cours de fa v ie , le jeune WiRemet fut profiter
de Ce ‘précieux avantage. Ses progrès dans les
belles-lettres furent rapides ; ils "ne de furent pas
moins dans les différentes parties de d’hrftoire naturelle
: mais d’étude des plantes :le féduifit davantage^
elle foîfoit fes délices. ’Il vint àxParis en
3788 : les riches colle&iôns qu'il y parcourut ,
L’acciiëil qii’il reçut dés favans de ‘c'ette capitale ,
les 'eitcdurageniens qu’ ils lui donnèrent -, enfl.vm-
tnèrcnt fon imagination; 'il‘né rcfpiraplus que
pour 1ès fciencès-, & jugea -que le pfus fûr moyen
d’y foire Hé nouvelles découvertes , étoit celui
deVifirer dès contrées éloignées peu connues,
d’en’ëmdre'r les produétiolïs. L’bCcafion dé facif-
fofre fés délits né tarda point à fepféféntèr. 'Les
âmb'affadeurs envoyés par Tippoo-Saïb étaient
ildfls à ’Paris. On 'pafloit de'leur retour dànsl’ln'de.
il âccép’ta âiiprês 0’étrxle titré de chirurgien,
& dés 'àcfco'myagna Jà leur départ. Quoiqué'd’un
tefripëiàmeTït 'Un péu cféliCat, Î1 Hüppoita -CeWe
fijrtgue ffavërlêe-aVec courage. Il'régretta beaucoup,
en paffätit taux filés du Oip-Wrt-, de fie
pôav'oir vîfitér'cèlie de Saim- Y'a’go 5 mai's'l’éntYée
eh fiic interdite à'tôtfS (feux de ia'fuite dcs'ambaf-
fedëUrs indiens. Le ^aiffëàü qüi ‘les p'Orfoit, 'ne
nfètuila que dans 'lé pbrCtfed ile îüàùrice. A la'vue
de certe terré fiikhe'en végétaux, -de’jëtinè Wil-
fëtftét'étbit 3u 'corribfevieCes VèélfX. 'Irsfèrftbrëfia
de h p#réêüfiry!& fd’y YUcneiltif »toutes 1feS plafltféS
qni 's’offri rèttt à fès rédltYéhès. fil 'les ciafîa*, ;èïî
détefftiin-aiès gfedfës & iês-'ëlpècéS ,p ajoofo’beaü-
COlfp 'd'obfèrVatiôhs 'partfculrèrés , foi'tfés •'laplu-
purt Yur 'dés 'mi'Vifors V/vailS , '& les adréffa 'à
M. ftliilîn, avëcVqüèl il é t o i t fié’tftafrvirié. 'Ce
f iVàiit ^ftitr&bfe -a vôùtu ’dêptffs4hèftc/rer & 'pCrpé-
rtiër' h'méltiOlre de fertrarfti/èn pUblfânt fès ftfa-
fttJlcHfsfOtts le ifofn d‘'fitrb'arillynrrha'ü?iÛatUïyn^xte
fon àufeür aifroit pubèàüddifp'élëhdre’^«: péi?tèc-
trdh'îrërélit» fut v'éc'u *à' i’eUWi 'Ö e fc e tt é p réflvtë ré
réçolre. - 1 . •
- Ii -‘fut ffeçu IVëc ^ëaUCOUp' ft e t d ft fîdétatf0n par
M .G è fé , tfiré&éUr du’jaYdih btftaniqüè'dê1fuie ;
par'M. Börde, Védëdttffràbçais*, &-'pàr )e,d6x5téifr
Stadtman. Ils augmentèrent fes richéffes botaniques
en lui offrant les plantes de leur herbier, qu’il
, n’a voit pu trouver vivantes dans l’île.
i Une réception bien différente, & qui le pénétra
du plus vif chagrin, l’attendoit à Pondichéry,
Le gouverneur de cette ville, nommé Conwai,
le traita avec une dureté repouffante , l’accabla
d’injures humiliantes , & lui défendit de refier
plus d’un jour dans Pondichéry. Un jeune homme
fans expérience, abandonnant pour la première
fois fon pays natal , jeté fur le vafie théâtre de
l’Univers, eft loin d’imaginerpouvoir rencontrer,
fiirto'ut dans des hommes apparteîians auX nations
polies, une barbarie, une férocité dé Caractère
qui humilié lés grands 'Calens , aigrit & déchire
l’ame, & repouffe toute idée libérale & bienfai-
f.inte. Lejeune Willemet fe retire l’efprit altéré,
le défefpojr dans le coeür : ces difpofitions morales
, cette efpèc'e de maladie de l’ame fe joignant
atix inftuencés d’un climat brûlant, enflammèrent
fon fahg , détruifirent rapidement la fanté;
il füoeomba à fes maux dans une dès villes du
rOj'fi’ume de Tippoo en 17.90. La botanique perdit
en lui un de fes plus rélés partilans , qui s étoit
annoncé avec un zèle fi aéfif, qu'il n’eut point
tardé à devenir le rival d<.-s Tournefort, des Pal-
las-, des Commerfon , &c.
Après avoir expofé les avantages que les feien-
ces , aitifi que la Société x, pouvoiëht reiî'rér des
voyages entrepris -par dés 'naTu ratifie s ■ éclairés ;
après avoir fait-cofinoître là plupart de ceux qui
fe font difiirfgués dans oëtYe qéniblë'carrière , je
dois auffrpr'éfénter quelques’réftexions fui la manière
lia plus propre à Vémplir ces »grandes »enfre-
prffës ; ‘afin 'qtf à fön -retour le Vdyàgéür n’ait
point-1 f e rëpfocherdfovdir 'négliigé des V-éèher-
ches & dés obCervâtioris qu'il n'ëfi p’:us jén Ifon
pouvoir de -rëpàter.
'C ’éft parttculiërémént d'atisila première jëiînfeffe
qiife fe déVéidppe la pafiton dès voÿa'ges ; c}ëft à
éêt'â’ge qtre'l’irhâgtndtion-, éx*dltëé*paTr les'gcdnd s
bëàutês'dài tabfëau fie flà Naliurë ^ 'eft'fûfôépcibfe
8&s ‘-pills Vivés 'ébrteèptiôrts-; c^éfi^ -qu’ ilne
^n1pà^iënfë'ciYibfitë'tmvr^■ îenré, tin »jgUtfe-höirütie
brûlant -du dèfir dè^la-fitTisfaite. i Le ffpèébâCle de
PUrtHërs eft 'cdrifmim *à to us i es-hotn'me's -, Sc ’le
drôft-'.dë^fopriété ffë-'pëüt KerflëVer à äÖciYn d’éiix.
C’ëft pour eritrér'én :pbffèffiôh 'de;»fès tiehëffës,
c’ èfi poureii'foifè’jèûir'fés'fèmblâblfes-vque'lè na-
füforîfïe éft r'ptilfF.fmfhêiVt1éXcifé ‘àitx Voyâgës de
löng d à t f f s .
'Gërte'léh^blefèrfitfiatiéh', te'dëVoûmenr d 'tlh
géiWe -de ’vie -huffi''pérâb'îfe -, lpëUt ^ëfirïdiîffe à'dë
tPësug Wnde s ' chôfés' *lfe ■ jélïrfe ‘cèéür1 Habs deq-uél >i l
fe fdit Perftir; m'ais^sRl^eff beatj de i;s’yra:bârfdOn-
fiér ,'il êft W#d rë'-plils1 >prddètit dette’le ’fèlre-’qiie
Ibrfbti’oh é fi1 pà Cvértu» à-Ye •'degré» d-Ji^fVfuftibn -pro-
f i e A «Un 'âffürêr -1e‘füdéès. fil féut,ipt)Ur -'Cx3lfe‘fibs
connoiff^nce^préliminaires, fans lefquelles un obr
fervateur peu exercé co,urr;a, ri,fque de s’égarer au
milieu des objets- nombreux qui doivent être (quitus
à fes recherches. Il eft ençore des difpofitions
indifpenfables , tant du co-tps. que del'efprit, fans
lefqudles le voyageur ne pourra rien exécuter de
grand, ni prendre une opinion juifs de tout ce
qu’il verra.
U eft bien difficile à celui qui eft né foible , à
celui qui eft accoutumé à un genre de vie»trop délicat,
ou énervé par les plai.firs, de fitpporcer les
fatigues in réparables d’un long voyage, ou de fe
livrer aux recherches qui doivent en être le fruir.
Il faut pour cela un tempérament vigoureux > une
fanté robufte, un corps, exercé i la fatigue , un
courage qu’aucun obftacle ne rebute, qu’aucun
danger n’épouvante ; il lui faut renoncer à ces
douces habitudes contrâmes dès l’enfance, &
qui fe convertiffent avec le tems en befoins pref-
qu’indifpenfables il n.e doit pas s’attendre à trouver
partout de grandes routes, des chemins hantas
ombragés, des lieux de délaffement, des
hôtelleries , des çhaifes de pofte, des, aubergifies
attentifs & obligeans. Des dangers de toute efpèce
menacent le voyageur, tant fur la terre qu'au milieu
des eaux ; il les évitera en partie s’il fait nager
, diriger un bateau, conduire une voiture,
bien monter à cheval, le panfer, le foulagerclans les
maladies auxquelles il eft le plus fujet en route.
Les difpofitions de l’efprit font encore plus
néceffaires que celles du corps : il faut que le
voyageur apprenne à bien voir, à voir avec dif-
cernement, avec réflexion, à confidérer les objets
fous leurs differentes faces > il n'y parviendra qu’au-
tant qu’il aura un jugement fain , des paffions douces
, une ame pure, des connoiffances a.cquifes
par l’étude & la méditation, & l’habitude d’ob-
ferver la nature & les hommes. Rien ne lui feroit
plus nuifible qu’un penchant violent au libertinage
& à la débauche. L’homme n’exifte pas fans paffions
: celle qui doit dominer dans l ’ame du voyageur
, eft la noble ambition des découvertes &
des connoiffances utiles. Si quelqu’autre paflion
venoit troubler la férénité de fon ame, la paix de
fon coeur ; fi elle s’emparoit de fon jugement, il
deviendroit malheureux , & manqueroit infailliblement
le but de fon voyage. L’expérience nous
apprend que quiconque voix les objets, le coeur
occupé d'une paffion étrangère, Les voit prefque
toujours mal. Il les voit avec légéreté, avec dif-
traétion.
Les profondes,affrétions, particuliérement celles
du coeur, jettent notre ame dans un état d’abattement
& de langueur, furtout lorfque nous
fommes loin de l’objet qui l’occupe. Nous portons
partout avec nous un fentiment de trifteffe & de
mélancolie, qui nous rend infupportable tout ce
qui ne prend pas le caractère de nos penfées. Un
peuple qui n’eft que gai, nous le jugeons volage
& léger > s’il eft férieux, nous le taxons de mélancolique
m^is fi l'objet de nos defîrs fe trouve
dans le li.eu que nous habitons., uès-lprs ÇQfiÇ
change d,e face, tout s’embellit à nos yeux. Il ratu;
donc que , pour bien vo;i r , le voyageur apprenne
à vaincre fes paflion* j il doit fe méfier de fes
afffc&jons, puifque prefque toujours nous ne jugeons
que 4’après elles, & qu'un changement dans
notre fituation en apporte un dans notre maniéré
de voir.
Une imagination trop ardente peut aufti nous
jeter dans bien des. erreurs : on l.es évitera toutes
les fois qu’un jugement fain en réglera les mou-
vemens- L’imagination doit mettre on adlivite
toutes nos facultés intelLéhielles., mais elle ne
doit jamais agrandir les, objets à nos yeux. II fuHft
de les voir tels qu’ ils fout, de les voir avec le
coup-d’oeil févère de l'o.bfervation ; autrement fi
nous appercevons quelques hommes errer dans le
lointain fur les montagnes des terres magellani-
ques, nous les prendrons pour des géans ; ou fi
l’orang-outang fuit dans les forets a notre approche
, nous croirons ayoïr découvert le véritable,
homme fauvage.
Les préjuges nationaux font une autre fource
d’err-eurs qui nous font mal juger les peuples que
nous vifitons. Nous taxons de Baibares & de mal?
heureufes les nations qui n’ ont pas les mêmes
moeurs, les mêmes habitudes que nous , qui ignorent
ces inventions du luxe auxquelles nous attachons
le bonheur de notre exiften.ee. La hutte
baffe & enfumée d’un fauvage, fa vie errante, fa
nourriture fimple 8c groflière, ne nous offrent qu.e
l’image de la mifëre & d’une exiftence pénible :
nous ne faifons pas attention que nos idées ng
font pas les fiennes; que fous fa hutte il eft Iibre^
indépendant ;^qu'il eft exempt de cette foule de
befoins factices dont nous fommes les gfdaves : il
eft à demi nu ; mais, exercé à la fatigue , il a fortifié
fon corps contre les intempéries de l’air :
l'idée de l’avenir n’empoifonne pas lès jouiffances1
préfentes ; il eft exempt de ces paffions dévorantes
qui embrâfent notre coeur, & font très-fouvent
le malheur de notre vie. Pour bien juger i'homme,
quel qu’ il foit, il faut néceffair.ement fubftitu.er fe^
idées aux nôtres, autrement noijs ne le verrons
jamais tel qu'il eft.
Je n’ai préfenté ici ces réflexions que parce que
les recherches des naturaliftes fe bornent rarement
aux feuls objets d’hiftoire naturelle, mais qu’ils
les étendent encore à tout ce qui peut intéreflèr
leur curiofité. Eh ! quoi de plus digne de Leur
attention,que les moeurs, les ufages, le gouvernement
des nations qu’ils vont vifiter ? Aufli la
plupart de ceux qui nous ont donné l'hiftorique
de leurs voyages, ne fe font point bornés à la
fimple defcriptlon des productions naturelles ; ils
nous ont encore entretenus de détails fort inté-
reffans fur la topographie, fur la température &
les phénomènes de 1’atmofphè.re, fur l’état des
fciences & des arts, fur le degré plus ou moins
D d d d d 2