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partit pour Madagafcar, 8c aborda fur la côte occidentale
, qu'il parcourut l'efpace de vingt lieues.
Avant d'aller dans le centre de l'île il vouloit
avoir établi fur la côte un jardin pour ÿ cultiver
•les jeunes plants qu'il y enverroit. Ayant trouvé
près de Tamatade un terrain favorable à fes vues ,
il fe mit à le défricher. Les Madégafies qu'il em-
ployoit, travaillant trop lentement à foo gré , il
fe mettoit lui-même à l'ouvrage avant le jour 3 &
ne quittoit qu'après le coucher du foleil. ‘Ses
amis j connoiffant le danger du climat, avoient
voulu le détourner de fon projet ; ils lui avoient
furtout recommandé d'éviter la fatigue, 8c de ne
point féjourner dans les plaines voifines de la mer >
mais il prétendoit s'être fait un tempérament qui
rélîftoir à tout, 8c il ne voulut jamais s’aflujettir à
aucune précaution. Sa fanté ne fut point altérée
pendant quatre mois } mais au bout de ce tems *
comme il fe difpofoit à partir pour le centre de
l'île 3 il fut attaqué de la fièvre du pays , qui l'emporta
au fécond accès : il étoit encore dans la force
de l'âge.
Michaux avoit laifie des amis dans tous les pays
où il avoit vécu : fon nom y fera conlervé d'autant
plus long-tems 3 que partout il eft attaché à .
des fervices rendus. Depuis la Floride jufqu'au
Canada il a introduit des plantes nouvelles 3 8c
Von ne voyagera ni en Perfe 3 ni en Afrique , ni
dans le vafte continent de l'Amérique feptentrio-
nale, fans trouver quelque famille qui ne dife :
Voila des arbres que nous devons a André Michaux.
En France , le Jardin des Plantes de Paris, ceux
dè MM. Ceis & Lemonnier, offrent un grand
nombre de plantes qu'on doit à fes recherches > il
a répandu parmi nos cultivateurs une foule d arbres
, dont il a envoyé une grande quantité de
graines. Ces arbres à peine connus font aujourd’hui
très-multipliés , & deviendront bientôt une
grande'richeffe pour le fol de la France, ou ils
réufïîffent en pleine terre : de ce nombre font le
noyer pacanier ( juglans pacane A i t .) , dont le
bois eff très-beau pour faire des meubles, 8c dont
la noix donne une huile excellente j. le cyprès
chauve ( cuprejfus difticka Linn. ) , qui vient fi bien
dans les terrains inondés où. d’autres arbres ne
peuvent croître, & qui eft employé à divers u(a-
ges j. une nouvelle efpèce de tupélo ( nyjfa caro-
liniùna Laro.) /très-propre à faire des moyeux de
roue) ; le quercitron ( quercus tïncloria Bartr. ).,
fi recherché pour h tannerie 8c la teinture ; le
chêne vert de Caroline {quercus virens. Ait )■ > qui
prend un accroîffement rapide dans les plages lâ-
bloneufes, expofées aux vents orageux de l’O-
çéan , où prefqu’aucun arbre ne peur exifier, &
dont le bois eft excellent pour la conftruétion des
navires 5, le cirier de Penfilvanie1, qui pourroit
féconder les landes marécageufes des environs
de Bordeaux j. des frênes , des érables , des tulipiers
, &c. qui dans certains terrains font bien
préférables, aux arbres indigènes* & peur leur
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beauté, 8c pour les ufages auxquels ils peuvent
être employés } enfin, plufieurs plantes qui font
des objets de commerce, telles que l'anis étoilé
& le jalap. L'adminiftration du Muféum d’h'ftoire
naturelle de Paris, fentant le prix des fervices
qu’André Michaux a rendus aux fciences naturelles
, 8c en particulier à cet établiflement, a
arrêté que fon bufte feroit placé fur la façade de
la ferre tempérée, avec ceux de Commerion, de
Dombey & des autres voyageurs qui ont enrichi
fes collections. ( Voye^ Annales du Muféum 3
vol. 3. Notice fur André Michaux par M. Deleu^e,
pag. 191.)
Michaux ( F. A .) . Né d’un père qui avoit
confacré fes jours à la recherche & à la culture
de tous les végétaux utiles, M. Michaux fils,
animé du même efprit, fe propofa d’achever ce
que fon père avoit commencé } il l’avoit fouvent
aidé dans fes recherches, 8c, pendant fes longs 8c
pénibles voyages, il lui avoit confié le foin du
jardin botanique qu’il avoit établi à Charleftown.
La plupart des relations que l'on nous a données
des Etats-Unis d'Amérique font prefqu’exclufive-
ment relatives aux États atlantiques : il y eft rarement
queftion de ceux qui font fitués à l'oueft des
monts Alleghanys. Des notions particulières que
le jeune Michaux avoit acquifes fur ces contrées,
lui firent naî;re le defîr de les vifirer lorfque l'oo
cafion s’en préfenteroit $ elle s'offrit au mois de
juin 1802. Il part pour Charleftown, d’où, après
un féjour de plufieurs mois, ii s’embarqua pour
New-York} il fait des excurfions botaniques dans
le New Jerfey, le long de la rivière du Nord, y
obferve plufieurs efpèces intéreffantes de chênes
8c de noyers j il y détermine d’une manière plus
exaCte le quercitron ( quercus tinftoria )., cet arbre
fi intéreffant pour la teinture, 8c dont il envoie
les glands en abondance à la pépinière de Trianon
& à M. Cels, où ils ont tres-bién levé j il fait
auflî mention de fix belles efpèces de noyers,
dont il a rapporté les noix fraîches,, qui ont bien
levé , 8c qui paroiffent n'avoir pas encore été décrites
; il fe rend à Philadelphie, 8c va vifirer dans 1rs environs le fuperbe jardin de M. W. Hamilton,
où il admire un grand nombre de plantes exotiques,
8c principalement de la Nouvelle-Hollandes
il part pour les contrées de l’Oueft, arrive à Lan-
caftre, à Colombia » à Carlifle , traverfe les monts
Alleghanys, obferve les principales rivières qui
y prennent leurs fo.urces, les villes fituées tur
leurs bords ; s'embarque fur l’Ohio, fe rend dans
le Kentucky. Partout il obferve avec beaucoup de
fagacké l;a nature du fol, fa culture, les végétaux
qu’il produit, les arbres qui compofent les forêts,
& dont il note les plus intérelïans} les rapports
commerciaux entre les différentes contrées, l’état
de l'agriculture & de la ci vili-fation }, il diftingue,
ainfi qu’on le fait dans le pays* les terres en trois
• cl ailes* 8c dont on apprécie le degré de fertili té
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d’après les différentes efpèces d’arbres qui y croif-
fent. Dans les terres de la première clafîè , la
maffe des forêts eft compofée des arbres fuivans ;
favoir : les cerafus virginica ; juglans oblonga ; pavia
iutea } fraxinus alba 3 nigra , c&rulea; celtis foliis
villofts ; ulmus vifeofa ; quercus imbricaria ; guilan-
dîna dioica ; gleditfia triacanthos ,* annona trilo-
ba3 &c. : ces trois dernières efpèces furtout dé- .
notent les terres les plus riches. Dans les parties
fraîches 8c montueufes , 8c le long des rivières
dont les bords ne font pas efearpés, on trouve
encore le quercus macrocarpa , dont les glands font
de la grofTeur d’un oeuf de poule j Vacer faccha-
rinum3 1 e fagusplvatica, ainfi que le platanus occi-
dentalis ; le liriodendrum tulipifera , le magnolia
acuminata3 qui tous trois acquièrent jufqu'à dix-
huit 8c vingt pieds de circonférence.
Dans les terres de deuxième dalle fe trouvent
\e fagus cafianea , le quercus rubra , le quercus tinc-
toria , le laurus fajfafras , le diofpiros virginiana ,
le liquidambar ftyraciflua, le nyjfa villofa. Celles de
troifième claflè, qui pour l'ordinaire font aridés
& montagnenfes, ne produifent guère que des
chênes noirs 8c rouges, des chênes-châtaigners
de montagne ( quercus prinus montana ) , des pins ,
8c quelquefois des cèdres de Virginie.
Le noyer pacanier (juglanspacane) r.e fe trouve
pas avant l'embouchure des rivières Cumberland
8c Tenneifée : on en apporte quelquefois
les fruits au marché de Lexington. Cet arbre ne
croît pas non plu^ à l’eft des monts Alleghanys.
Le lobelia cardinalis croît abondamment dans tous
les lieux frais 3c humides, ainfi que le lobelia
fiphitinca : celle-ci eft plus commune au Kentucky,
^ que dans les autres parties des Etats-
Unis. Le laurus benjoin s'y trouve auffi en quantité.
Quoique le ginfeng ( pan.ax quinquefolia) ne foit
pas une plante particulière au Kentucky, il y eft
cependant a fiez multiplié ; il fe trouve depuis le
Bas-Canada ,-jufque dans l’État de la Géorgie} ce
,qui comprend une étendue de plus de cinq cents
lieues. Ce fut un millionnaire français qui le premier
découvrit le ginfeng au Canada. Lorsqu'il fut
conftaté que cette plante étoit la même que celle
qui croît dans la Tartarie , 8c dont la racine a des
qualités fi précieufes aux yeux des Chinois, elle
devint un objet de commerce avec la Chine. Dans
K s premiers-tems qui fuivirent fa découverte,
cette racine fut vendue au poids de l’or ; mais un
commerce fi avantageux ne fut pas de longue durée.
Le ginfeng exporté de l’ Amérique etoit fi
mal préparé, qu’ il tomba à vil prix , 8c que le
commerce en ce fia prefqu'entiérement j cependant
, depuis quelque tems , il s'eft un peu relevé,
8c fi les Américains ont été fi long-tems privés de
ce commerce lucratif, on ne peut l'attribuer qu'au
peu de précautions qu'ils.mettent, foit à la récolte*
foit à ,1a préparation du ginfeng.
L’agriculture, le commerce , les fciences 8c les
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arts font redevables à M. Michaux d’un grand
nombre d’obfervations importantes, qu’il a con*
lignées dans fon Voyage a touefl des monts Alleghanys.
Ses connoifiances, fon efprit obfervateur ,
fon activité & fon dévoûment pour le bien public
le rendent digne de fuccéder à un père dont
la mémoire fe confervera à jamais dans i'efprit
de tous ceux qui aiment 8c cultivent les fciences
naturelles.
Molina. Ce favant eftimable nous a donné un
Effai fur l'hifioire naturelle du Chili, qui n’eft qu'un
extrait d’un grand nombre d'obfervations qu’il
avoit recueillies par lui-même dans le Chili, 8c
que fes moyens ne lui ont pas permis de publier
aune maniéré plus étendue. Cet ouvrage, quoique
fans figures, renferme la defeription de plufieurs
genres 8c efpèces de plantes nouvelles, la
plupart aflez bien caraélérifées pour être reconnues.
11 s’eft borné à ne préfenter que celles qui
font le plus utiles 8c le plus en ufage dans le pays.
Le Chili, riche en productions minérales de toute
efpèce , ne l'eft pas moins en végétaux. Les plaines
, les montagnes , font couvertes d'arbres,
dont la plupart ne perdent prefque jamais leur
feuillage , 8c chaque faifon produit des végétaux
de la plus grande beauté. « Le Père Feuillée, dit
notre auteur, n'a donné que l'hlftoire des plantes
qui croifîent fur les bords de la mer 8c dans des
endroits marécageux qui en font peu éloignés :
tout l'intérieur de ce beau pays refte encore à
vifirer par un habile botanifte, & je fuis perfuadé
qu'on y découvriroic un grand nombre de plantes
inconnues. »
Nicolson , religieux dominicain, profita d’un
féjour de près de quatre ans qu’il fit à File de
Saint-Domingue , pour étudier les productions
naturelles de ce pays. Il nous a donné, dans fon
EJfai fur Chifioire naturelle de Saint-Domingue , fe
catalogue par ordre alphabétique au moins de quatre
cents plantes, qu'il cite avec renvoi par leurs
! noms vulgaires français , créoles ou caraïbes, en
les rapportant aux~genres 8c quelquefois aux efpèces
auxquelles il croit qu’elles doivent appartenir.
Le Père Nicolfon étoit plutôt un amateur
zélé, qu'un botanifte exercé , ainfi qu'il l’avoue
lui-même} aufii ne cite-t-il les noms de Linné que
pour un petit nombre de plantes, 8ç leur application
11'eft pas toujours très-exaCte 5 mais les noms
vulgaires qu’il y joint, les deferiptions qui les accompagnent,
le lieu natal qu'il a foin d'indiquer,
les propriétés dont elles jouiflent, les ufages auxquels
on les emploie, fcfni autant de bons renfei-
mens qui peuvent être très utiles aux botaniftes
qui vifitenr ces mêmes contrées. Il y a dans ce
catalogue tntéreffant beaucoup d'efpèces qui ne
font point encore bien connues , 8c qui méritent
de l’être par leurs propriétés utiles. Elles font pré-
fentées de manière à pouvoir être reconnues, &