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a confacré le genre Hernandia , adopté par
Linné.
HüMBOLDT. ( Foyei BONPLAND.)
Jacquin (Nicolas). Le nom de ce célèbre
profeffeur fera toujours prononcé avec reconnoif-
îance & vénération par tous ceux qui s'intéref-
fent aux progrès des fciences. M. Jacquin fut envoyé
dans fa jeuneffe, par l'empereur d'Allemagne
j aux îles Antilles de l’Amérique. A fon retour
en Europe en 1762, il publia les plantes qu'il
avoit découvertes dans cette contrée. Quelque
intérêffant que foit cet ouvrage, il n'étoit que
l'annonce de ce que l’on pouvoit attendre d’un
profeffeur auffi zélé pour les progrès de la botanique.
M. Jacquin a rempli fa noble & longue
carrière par la publication fucceffive d’excellens
ouvrages , tels que YHortus vindebonenjis, le Flora
auflriaca , plufieurs volumes d'obfervations botaniques,
YHortus fchoenbrunnenjts, &c. ; & malgré le
grand âge de ce favant refpeétable, il fort encore
tous les jours quelque nouvel ouvrage de fa
plume. L'exaditude des figures, les détails de la
frudification, qui les accompagnent, la précifion
des defcriptions, ne laiffent rien à defirer, & ont
fervi de type à beaucoup d'autres ouvrages du
même genre , publiés par les favans de l'Europe.
Le genre lacquinia lui a été confacré par Linné.
Jussieu (Jofeph de). Il étoit frère du célèbre
Bernard de Juflieu. Réuni aux académiciens chargés
d'aller au Pérou pour mefurer fous l'équateur
un degré du méridien, il s’embarqua avec eux en
1735 j il toucha dans fa route à la Martinique &
à Saint-Domingue, d'où il fit un premier envoi de'
plantes fèches & de graines au Jardin des Plantes
de Paris. Après avoir enfuite traverfé l'ifthme de
Panama, il s'embarqua pour Guayaquil, fe rendit
par terre ,à Quito, où devoiem commencer les
premières opérations de la mefure du degré du
méridien. Après avoir aidé par fes connoiffances
en mathématiques les académiciens chargés de ce
travail, il les quitta pour aller à Loxa obferver
le quinquina , en diftinguer diverfes efpèces , &
tirer de la meilleure un extrait précieux, qu'il fie
paffer à fon frère ; il y joignit un grand nombre
de graines & de plantes intéreffantes, la plupart
inconnues, recueillies dans le Pérou, & que
M. Antoine de Juffieu fon digne neveu pofïède
dans fes herbiers.
Kalm. Ce favant, né en Suède , publia en
1753» fous le titre A\Iter amerdcanum, un ouvrage
très-utile pour la botanique par les obfervations
importantes qu'il renferme. L'aureur* plein d’ar- |
deur pour la connoiffance des plantes, avoit beaucoup
voyagé dans l'Amérique feptentriotiale,
ainn qu'en Angleterre 8c dans le nord de i'Eiiv
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rope. Linné a confacré à fa mémoire le genre
Kalmia.
Koempfer ( Engelbert). C'eft un des voyageurs
les plus diftingués par fes travaux, fes recherches
& le long féjour qu'il fit en pays étranger : il employa
environ dix ans à parcourir les plus belles
contrées de l'Afie, traverfa 1a Ruffie, s'embarqua
fur la mer Cafpienne, paffa en Perfe, puis en
Arabre, de là dans l’Indouftan ; fe rendit au Coromandel
, vilita l’ïle de Java , Sumatra, le royaume
de Siam, le Japon, où il féjourna deux ans j
il forma des collections immenfes en objets d'hiï-
toire naturelle, & particuliérement en plantes,
dont il delfina lui-même une grande partie. Mal-
heureufement il perdit dans un naufrage prefque
tontes fes collections & fes manuferits, il ne fauva
que quelques fafcicules d'un ouvrage qu'il a publié
fous le nom d'Amcenitates exotica en 1712.
On y trouve des notions très-importantes fur
beaucoup de plantes économiques, telles que le
thé du Japon, Vajfa fetida, le fang-de-dragon, les
dattiers & beaucoup d'efpèces du Pérou. Linné
lui confacra un genre de la belle famille des
balifiers , fous le nom .de Koempferia le zé-
doaire.
Labat , de l’Ordre de Saint-Dominique, a
vécu pendant plufieurs années en Amérique. Quoiqu'il
ne puiffe être placé parmi les botaniites ,
néanmoins il s'eft rendu utile à cette fcience par
l'étude qu'il a faite de plufieurs plantes répandues
dans le commerce, employées en médecine ou
dans les arts : il cite un grand nombre d’expériences
qu'il a employées pour s’affurer des avantages
qu’on pouvoit retirer de beaucoup d'arbres,
de leurs fruits, de leur bois $ il nous a lai lie
des détails fort étendus fur le cacaotier, fur le
roucou, fur le cotonier, le gingembre, le tabac
, &c. Ses obfervations font répandues dans
fon Voyage aux îles Antilles3 en huit volumes. Le
Père Labat avoit également féjourné en Elpagne,
en Italie, dans la Calabre. La relation de ces
çiifférens voyages contient également des chofes
aflez çurieufes fur la vigne, fur plufieurs fortes
de vin, fur le fafran, le diClame, la manne de la
Calabre, le figuier, les oignons de la Sicile, &rc.
S’il y a dans fes ouvrages quelques affertions
hafardées, il y en a auffi d’utiles & de fort inté-
reffaiates.
LabillAR-DiEre ( Jbcob-JuJien de ) , membre
de l'hafthut national, s'étoit livré dès fa plus tendre
jeuneffe à l'étude de l’hiftoire naturelle. Per-
fuaffé que c'eft dans le grand livre de la Nature
qu'on doit étudier fes productions & fe former
[une idée jufte de fes phénomènes, il deliroit ardemment
de pouvoir fe livrer à l'intéreffante carrière
des voyages, qiv'il a parcourue en effet avec
honneui: & au grand profit des fciences naturelles.
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A peine eut-il fini fes études en médecine, qu*il
fit un voyage en Angleterre, où il paffa dix mots,
& où il apprit la langue du pays, fi utile pour
cmx qui fe deftinent aux voyages de long cours :
il fut accueilli à Londres avec d’ftinCtion par l’honorable
préli ient de la Société royale, fir Jofeph
Bancks *, il employa la plus grande partie de fon
tems à vifîter les principaux jardins de Londres, fi
riches en végétaux exotiques.
Ce voyage fut fuivi peu après d’un autre dans
les Alpes en 1786. Ces hautes montagnes, expo-
fées à des températures fi différentes » lui offrirent
une prodigieufe variété de végétaux intéreffans 5
il parcourut les chaînes montueufes du Dauphiné,
de la Savoie & du Piémont. M. Villars, ce favant
botanifte, familiarife depuis long-tems avec les
plantes alpines, lui en facilita la recherche 5 fer-
vice qu’il a rendu depuis avec tant de complai-
fance à beaucoup d'autres naturaliftes , & dont je
lui dois pour ma part une vive reconnoiffance.
M. de Labîllardière trouva à Turin les mêmes
fervices auprès de MM. Bellardi & Baibis.
Ces premières courfes ne firent que lui donner
plus d'ardeur, & enflammer fes defirs pour parcourir
des contrées éloignées ôc peu fréquentées 5
auffi fon féjour en France ne fut pas de longue
durée. Eh 1787 il témoigna à M. Lemonnier, ce
puiffant & digne protecteur d'une fcience qu'il
profeffoit avec tant de célébrité, le projet qu’il
avoit de parcourir une partie de l'Afie mineure,
afin de tâcher d'y reconnoître les plantes dont
les médecins grecs & arabes nous ont laiffé des
defcriptions, quoique fort incomplètes. M. Lemonnier
lui fit obtenir une million- du gouvernement
pour fe rendre dans le Levant, & y faire des
recherches pour les progrès de la botanique.
M. de Labîllardière s’embarqua à Marfeille,
& dirigea fa route vers la Syrie j il s'arrêta dans
l’île de Chypre, où les ravages effiayans de la
pefte ne lui permirent pas de faire un long féjour,
pas plus qu'à Alep, ainfi que dans les bourgs
qui conduifent à la ville d'Alexandrie-, La guerre
que les Turcs eurent à fourenir dans ce même
tems fut un nouvel obftacle à fes recherches. Il
fut plus heureux fur les montagnes & dans les
déferts de la Syrie ; il parcourut le Mont-Liban ,
y vifita.ces cèdres tant vantés, dont il ne refte
qu’environ une centaine d'individus, quelques-
uns des plus gros ayant jufqu'à neuf pieds de dia
mètre. Tous les ans, les prêtres maronites vien-
vent y célébrer la fête de la transfiguration : la
nuit fe paffe, au milieu des illuminations, en
dünfes 8c en repas.
C’eft fur le Liban que M. de Labîllardière découvrir
la plupart des plantes rares ou nouvelles
qu'il a rapportées de ce voyage, telle qu’une,
nouvelle efpèce d'aftragale qui fournit de la gomme,
& qu'il a nommée aftragalus gummifera ; il a
également vifité les environs de Damas , i'île de
Candie, & , à fon retour, les îles de Corfe & de
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Sardaigne. On peut juger des richeffes de fes découvertes
par les deux premières décades qu'il
en a publiées, renfermant des plantes prefque
toutes nouvelles, la plupart intéreffantes par leur
port & l’agrément de leurs fleurs : plufieurs fe
font déjà acclimatées dans nos jardins
M. de Labillardière étoit occupé à la rédaction
de ce beau travail lorfqu'il fut nommé par le
gouvernement, en 1791, pour aller à la recherche
de laPeyroufe, fur un des vaiffeaux commandés
par le général d’Emreeafteaux. Ce voyage étoit
bien capable de tenter un naturalifte auffi ardent,
auffi éclairé que M. de LabiÜardière. lion
goût pour les voyages n’avoit fait que s'accroître
, & trois mois de navigation dans la Méditerranée
, lorfqu'il pafl’a dans l'Affe mineure, lui
avoient fervi d’effai pour un voyage de plus long
cours j auffi il faifit avec avidité l'occafion d'aller
parcourir les mers du Sud. De nouvelles terre s
alioienr ajouter à nos connoiffances des produits
nouveaux, qui pouvoient contribuer à l’avancement
des fciences & des arts. M. de LabiÜardière
fentpit que s'il en coûte beaucoup pour fatisfaire
cette paflion d’étudier la Nature dans des contrées
éloignées, les produits variés d’une terre nouvelle
dédommagent amplement de toutes les fouffran-
ces inévitables dans les grands voyages. M. Louis
Ventena$, viétime de fon dévoûment, & M. Def-
champs, botaniftes très-inftruits, étoient de la
même expédition. M. de Labillardière a donné,
dans la relation de fon voyage, le nom de toutes
les perfonnes qui fe trouvoient fur les deux vaiffeaux
deftinés à ce long & périlleux voyage. « Il
eft fâcheux , dit-il, d'ajouter à cette lifte, que
fur deux cent dix-neuf perfonnes parties de Breft,
il en étoit déjà mort quatre-vingt-neuf avant mon
arrivée à l'Iile-de-France î mais il faut obferver
que nous avions perdu peu de monde dans le
cours de la campagne, & que ce ne tut qu'à notre
long féjour dans I’île de Java, que nous dûmes
cette effrayante mortalité.
Les premières recherches de M. de Labillar-
dière eurent lieu à Sainte-Croix de Ténériffe : fl
en parcourut les environs avec intérêt, trouvant
à chaque pas des plantes rares,.& qui le dédonv
mageoient de fes fatigues ; il vifita le pic, en recueillit
de plus rares encore, & qui peuvent fournir
des faits très-curieux par les localités qu’elles
occupent,. Les mêmes recherches fe renouvelèrent
au Cap de Bonne-Efpérance. Il féjourna au
Cap de Diémen, où il fit une ample moiffon de
plantes nouvelles î il paffa de là dans la Nouvelle-
Calédonie. Ce voyageur & fes compagnons coururent
de très - grands dangers fur les récifs des
terres arfacides & des îles de la Tréforerie : leur
pofition devint encore plus dangereufe fur les bas-
fonds de l’île de Bougainville : ils mouillèrent en-
fuite au havre Carteret, firent diverfes excurfîons
dans les terres environnantes, paffèrent le canal
Saint-Georges, eurent diverfes entrevues avec les