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meaux & de fes fleurs, par la forme de fes feuilles.
Quoique très-inférieure au bambou pour la hauteur
, fes tiges n’en font pas moins étonnantes ,
comme graminée , par leur élévation , par leur
force, leur épaifleur; elles fe divifent à chaque
noeud en rameaux prefque verticillés. Les feuilles
font roides, entières, alongées, plus étroites que
celles du bambou , rétrécies & non arrondies à
leur bafe * très-aiguës à leur fommet, rudes à leur
face fupérieure & fur leurs bords.
. Les fleurs font fituées à l’extrémité des rameaux, J
difpofées en panicules > les épillets fefliles, alternes
ou quelquefois réunis plufieurs enfemble, ovales ,
comprimés j un peu obtus. Les calices renferment
cinq fleurs imbriquées ; chacune d’elles compofées
de deux valves inégales 5 l’extérieure plus grande,
un'peu concave, aiguë.
Cette efpèce croît à la Cochinchine & dans les
Indes orientales. T? ( V. f in herb. Desfont. )
c. V ouloü champêtre. Bambos agreftis. Lour.
Bambos floribus htxandris , paniculâ fpicatâ, fpi-
culis congefiis , ramis culmi inftrioribus fpinofijfimis >
calicibus unifions. Lour. Flor. cochinch. yoI. I.
pag. 72. n°. 6. Sub arundine.
Arundarborfpinofa t bulu-baduri3 telay te ta. Rumph.
Herb. Amboin. vol. 4. pag. 14. tab. 3.
Ses tiges font ligneufes , très-dures, un peu
cylindriques, tortueufes, hautes de trente pieds,
de la grofleur du bras, pleines ou très-peu fiftu-
Ieufes ; les articulations faillantes, peu diftantes 5
les rameaux nombreux, alternes 5 les inferieurs
plus touffus, arqués, entre mêlés, Amples ou médiocrement
rameux , munis de plufieurs épines
fortes, éparfes, recourbées. Les feuilles font
d'une grandeur médiocre , linéaires-lancéolées ,
éparfes , rétrécies vers leur gaîne en une forte de
pétiole grêle & alongé.
Les fleurs font difpofées, à l’extrémité des rameaux
, en une panicule droite, compofée d’épillets
courts, ferrés-, prefque fafciculés. Les anthères
font très-longues, prefque fefliles ; l’ovaire
accompagné à fa bafe de deux petites écailles lanu-
gineufes ; un ftyle furmontë de deux ftigmates 3
une femence folitaire & alongée.
Cette plante croît par toute la Cochinchine,
fur les montagnes, dans les lieux arides & dé-
ferts. U
La dureté des tiges de ce bambou , leur longue
durée, les rendent propres à divers ouvrages des
champs. On en forme des haies, des paliflàdes hé-
riflees d’épines & d’un difficile accès.
6. V oülou fans épines. Bambos mitis. Lour.
*~Mambos floribus hexandris ; panieulâ epeciâ coarc-
V O U
tatâ ; fpicis longis , imbricatis ,* culmo iqualijflmo ,
inermi ; calicibus unifions. Lour. Flor. cochinch.
yol. I. pag. 73. n°. 7. Sub arundine.
Arundarbor fera , bulu fwangi. Rumph. Herb.
Amboin. vol. 4. pag. 16. tab. 4.
Ses tiges font dures, ligneufes, cylindriques,
égales dans toute leur longueur, hautes d’environ
quarante pieds, noueufes ; les articulations fort
diflantes, à peine faillantes ; les rameaux point
épineux à leur fommet, & fouvent fortant plufieurs
enfemble du même point. Les feuilles font
alternes, allez grandes, lancéolées, ftriées, am-
plexicaules.
Les fleurs font réunies, à l ’extrémité des tiges,
en une panicule droite, ferrée, prefque fimple,
compofée d’épillets imbriqués & alongés. La corolle
eft compofée de deux valves prefqu’égalës ;
deux autres écailles intérieures, très-courtes, un
peu velues 5 fix étamines > un ftyle terminé par trois
ftigmates alongés & velus.
Cette plante croît dans les lieux cultivés, dans
les champs, parmi lés haies, à la Cochinchine. T?
( Defcript. ex Lour. )
Ses rameaux^ divifés en lanières, font employés
pour la fabrication de plufieurs petits meubles, de
vafes, de paniers, de corbeilles très-élégantes.
* Efpeces douteufes ou moins connues.
* Bambos ( arundo maxima). Lour. Flor. coch.
vol. 1. pag. 74.
Arundarbor maxima. Rumph. Herb. Amboin.
lib. 6. pag. 12.
Cette efpèce de bambou, au rapport de Lou-
reiro, eft celle qui a les plus grofles tiges, & qui
s’élève le plus. Ses rameaux, nombreux & tér-
minés en une pointe épineufe, la font paroître
toute hériflee d’épines. Elle fe rapproche beaucoup
du bambos arundinacea, dont elle n’eft peut-
être qu-’une variété.
Cette plante eft commune à la Cochinchine ;
elle croît dans les campagnes incultes, le long
des fleuves. T>
* Bambos ( arundo fax ). Lour. Flor. cochinch.
vol. 1. pag. 74.
Arundarbor cratium. Rumph. Herb. Amboin.
lib. 6. cap. 2. Sine icône.
Cette plante eft d’une médiocre grandeur. Ses
tiges font très-droites, fiftuleufes, d’environ un
pouce & demi d’épaiffeur, longues de dix-huit à
vingt pieds. Elle croît à la Cochinchine & à l’île
d’Amboir.e.Les naturels remplirent l’intérieur des
çhaumes d’huile & de coton, & en forment une
forte de flambeau pour guider les voyageurs.
* Bambos
v o Y
* Bambos (arundo tabacaria). Lour. Flor. cochinch.
vól. 1. pag. 74.
Arundarborfpiculorum. Rumph. Herb. Amboin.
lib. 6. cap. 3.
Les fleurs, difpofées en épis verticillés comme
celles du bambos verticillata ou de \arundo multiplex
de Loureiro, font foupçonner à ce favant
auteur, que cette plante pourroit bien n’en être
qu’une variété. Ses tiges font grêles, très-droites,
très-égales, prefque pleines, rudes, ramifiées j les
entre-noeuds fort longs. Cette efpèce fe trouve à
la Cochinchine & dans plufieurs autres contrées
des Indes orientales.
VOYAGES. VOYAGEURS. «La botanique,
dit Fontenelle dans VEloge de Tournefort, n’eft
pas une fcience fédentaire & parefleufe, qui fe
puilfe acquérir dans le repos & dans l’ombre d’un
cabinet, comme la géométrie & l'hiftoire , qui
tout au plus , comme la chimie , l’anatomie &
l’aftronomie, ne demandent que des opérations
d’aflez peu de mouvemens 5 elle veut que l’on
coure les montagnes & les forêts, que l’on gra-
vifle contre des rochers efca.rpés, que l’on s’expofe
aux bords des précipices. Les feuls livres qui peuvent
nous inftruire a fond dans cette matière ont
été jetés au hafard fur toute la furface de la Terre ,
& il faut fe réfoudrè^à la fatigue & au péril de
les chercher & de les ramaffer : de là vient qu’il
efl fi rare d’exceller dans cette fcience. Le degré
de paflion qui fuffit pour faire un favant d’une autre
efpèce, ne fuftit pas pour faire un grand bota-
nifte, & avec cette paflion même il faut encore
une fanté qui puiflè la fuivre , une force de corps
qui y réponde, &c. » Il n’y a donc que les voyages
qui puiflent nous faire connoître ces brillantes
productions de la Nature, ces végétaux nombreux
qui partout revêtent la furface du Globe,
& qui varient félon les climats, la température,
l’expofition. Les plantes nées fous le foleil brûlant
de l’Afrique ne font plus les mêmes que celles
qu’on rencontre en Europe j. celles des Indes ne
reflemblent point à celles de l’Amérique, & la
belle végétation des tropiques difparoît à mefure
qu’on s’avance vers la terre glacée des deux pôles.
Quelle jouiflance pour 1^ naturalifle tranfporté
loin de fa patrie, & dont les regards font pour
la première fois frappés de l’enfemble des productions
d’un climat étranger ! Là , rien ne refiembje
à ce qu’il a vu, & les connoiflances acquifes juf-
qu’alors deviennent un point de comparaifon pour
mieux juger de ce qu’il voit : ce n’eft plus la
même terre que celle qu’il a quittée des fleurs
toutes nouvelles émbelliflent le gazon qu’ il
foule, à fes pieds; cette forêt qui le reçoit fous
fon ombre ne lui offre plus un feu-J des arbres
connus en Europe. Combien, dans le vif -trànf-
port de fon raviflemeot, il jouit d’avance du plai-
lir de voir un jour ces belles plantes fe rap.gej
Botanique. Tome V lll.
V O Y 7°5
parmi celles de fon pays natal ! quelle douce ré-
compenfe de fes travaux lorfqu’il verra briller
dans nos parterres ces riches fleurs de l’Amérique
ou des Indes ! Au milieu de ces idées bienfaifarir
tes, il oublie qu’un foleil brûlant le dévore, que
la fatigue épuife fes forces y que cette terre nouvelle
eft arrofée de fes Tueurs ; il ne voit, au milieu
de fes recherches, que les avantages de fa
patrie , & la perfection , l’agrandiflement de la
fcience.
Ainfî donc, fi nous avons une connoiflance plus
étendue des productions de la Nature, fi la botanique
a fait, furtout depuis un demi-fiècle, des
progrès fi rapides, nous le devons principalement
aux voyageurs naturaliftes. C’eft à leurs recherches
aCtives, à leurs Tueurs , à leurs travaux conf-
tans , à leur courageufe, intrépidité, 8c fouvent
même aux dépens de leur fortune, de leur propre
v ie, que nos bofquets fe font embellis de ces ar-
briffeaux élégans & variés que l’art & la culture
font parvenus à acclimater, qu’une foule d arbres
exotiques ont trouvé place dans les forêts de
l’Europe, telles que plufieurs efpèces de chênes,
de bouleaux , de pins, de noyers, d’érables, &c.
A peine l'homme qui a vécu le fiècle dernier pour-
roit-il fe reconnoître aujourd'hui au milieu de nos"
parterres décorés de tout le luxe des plus belles,
fleurs. De quel éclat il verroït y briller les ipomea
à fleurs écarlates, les hortenfia, les volkamerîa,
les metrofideros, les coboea,ce beau floripondio
du Chili, les ferraria, les nombreux géranium ,
toutes ces belles plantes graffes du Cap, &c. Que
de belles & riches couleurs ont été fournies aux
arts ! que de végétaux abondans en fubftance alimentaire
dans nos potagers & nos vergers ! que
de gommes, que de réfines nouvellement découvertes
, employées avec un fi .grand avantage en
médecine,' ou pour la décoration de nos habica-
tions & de nos meublés ! que. de parfums exquis
,ont ajouté aux jouiffances du luxe! Combien d'autres
plantes ont augmenté nos reffources en tout
genre, les unes fourniflànt par leur liber d’excel-
lens cordages, d’autres nous livrant leurs fibres
fouples & tenaces pour la fabrication du fil & des
toiles; celles-ci, les aigrettes de leurs femences
pour les ouvrages en coton ! On obtient de la
graine des unes, par compreflion , des huiles pré-
cieufes, ou par diftillation un arôme fûbtil qui
parfume nos liqueurs 5 les racines de beaucoup
d’autres renferment un amidon nourriflfant, ou un
fuc agréable & fubftantiel. Que de fruits étrangers
&,délicats couvrent nos tables & font l’ornement
de. nos deflèrts 1 Combien d’autres font venus au
fecours de nos graines céréales !
: « Si l’on connoiflbit (dit M. Deleuze dans la
Notice fur Michaux) Y origine de toutes les plantes
qui font aujourd’hui livrées à la culture, telles
que celles qui embelliflent nos parterres, qui en-
richi.flent; nos vergers, qui peuplent les campagnes
cultivées, lçs prairies,,,les potagers, qui ornent