
renouvelée pour n'être pas croupififante. Les eaux
corrompues & fétides ne font point la demeure
d'aucune conferve que je connoiffe > au
contraire, elles y meurent allez promptement,
tandis que plulieurs efpèces d'animalcules ont
befoin de cette circonftance pour leur développement.
La vie des vaucheries & des conferves en général
n'eft pas longue , fur.tout celle des efpèces
donc il eft ici queftion. On commencé à trouver
des grains à la fin de l'automne, 8c on er. rencontre
enfuite jufqu’au milieu du printems. D'après mes
premières expériences, que trois ans d'ob fer varions
ont enfuite confirmées , les graines des vau-
cherks, dans la failon de l'hiver, relient environ
fix femaines à germer, depuis le moment où elles
lé font détachées > mais en été çet intervalle eft
beaucoup plus court, & n'eft guère que de huit
jours. La plante elle-même, au printems, ne lé
développe qu'après plulieurs femaines, 8c au bout
de ce tems elle poulfe de nouvelles graines, qui
germent à leur tour après un intervalle de deux
mois. Il fuit donc de ce calcul, que .la durée totale
d'une efpèce ne va guère au-delà de quatre ou
cinq mois ; car ce font des plantes annuelles qui
péri lien t lorfqu’eiles ont donné leurs graines, &
dont par confequent les tubes ne repoulfent jamais.
Cependant, comme il arrive fréquemment que les
graines qui fe reproduifent au printems ne rencontrent
pas l'eau dont elles ont befoin, elles fe con-
fervent dans les lieux humides pendant l'été, &
jufqu’en automne, ou elles commencent à germer
> de cette manière il n’y a guère, par année,
qu’un feul développement de vaucheries, & l'efpèce
même à laquelle j'ai donné le nom de didyme3
& qui, vivant dans les eaux pures des fontaines,
auroit pu donner deux fois des graines dans l'année,
ne fru&ifie qu'à la fin du printems, foit parce
que l'été s'oppofe à fon accroiffement, foit parce
que fa durée eft réellement plus confidérable que
celle des autres.
Les mêmes efpèces ne fe rencontrent pas toutes
lesannées dans les mêmes lieux. Lorfque les vaucheries
ont peuplé un forte & y ont répandu beaucoup
de graines, il s'enfuit que les infeétes aquatiques
& les animalcules de tout ordre fe multiplient
davantage dans ces lieux, qui leur fournif-
fent une plus abondante pâture. Cette circonftance
fuffifant pour gâter l'eau plus rapidement
que la vaucherie ne peut la purifier, ces végétaux
font bientôt altérés, & l'on s'apperçoit, en les
cueillant, que leurs tubes ont fouffert, & font
prêts à fe détruire : voilà fans cloute pourquoi l’on
ne rencontre pas tçujours la même efpèce dans
les lieux où l'on avoit coutume de l’obferver.
Non-feulement les filets des vaucheries fe détrui-
fent ajfément s’ils vivent dans une eau impure &
non renouvelée, mais encore ils ne réfiftent ni à
la grande chaleur ni à un froid trop, intenfe. Par
exemple, il eft rare en été d’en rencontrer ailleurs
que dans les eaux pures. Avant cette époque les
filets fe vuident prefqü’entiérement, & ils ne pré-
fentent plus qu'une apparence blanchâtre & fletrie.
Quant à l’aétiôn que le froid exerce fur les vaucheries
, il paroît que toutes celles qui, pendant
les hivers rudes , font engagées dans la glace, fe
détruifent,ou du moins ne confervent prefque rien
de cette vie qu'elles développent dans les autres
années ; mais fi les filets des vaucheries font aité-
ment détruits par la gelée, leurs graines au contraire
femblent réfïfter à l'influence des hautes
températures. Des grains que j’ai vu germer tous
mes yeux, avoient été expofés à une longue alternative
de gelée & de dégel.
On fe feroit une faufle idée de ces corpufcules
ovoïdes, auxquels j'ai donné le nom de graines, li
l’on vouloit les comparer aux femences des autres
végétaux. Il y a déjà long-tems que les botaniftes'
ont reconnu que la plupart des graines des plantes
cryptogames ne comprenoient uniquement que le
germe de, la nouvelle plante, fans aucune enveloppe
deftinée à protéger fon développement : c’eft
pourquoi ils leur ont donné le nom ài acotylédbns,
exprellïon par laquelle ils entendent que laiemence
n’eft elle-même que le germe qui fe développe
lorfqu’il eft placé dans les circonftances convenables,
Cependant, quoique je n’aie vu aucun cotylédon
ni aucune apparence d’enveloppe dans le
grain qui reproduit la vaucherie , je fuis obligé de
convenir qu’il ne fe changeoit pas en filet dans le
cours du développement de la plante, mais qu’au
contraire il confervoit fans celle la même forme
en acquérant feulement une plus grande tranfpa-
rence > en forte que je confidère les grains adhé-
rens aux vaucheries, non pas compe conftituanc
le germe proprement dit, mais comme le contenant
à peu près comme un vafe contient le corps
qui y eft renfermé.
Nous avons été long-tems en doute lî le point
d’où partoit le nouveau rube éroit le même que,
celui par lequel le grain tenoit à la conferve, ou
bien s’il lui étoit oppofé j car les grains étant
ronds ou ovales, & ne fe développant qu’apjès
leur féparation , i! étoit difficile de décider cette
queftion ; mais les efpèces dont les grains ont la
forme d’une fphère irrégulièrement echancrée
nous ont permis de conclure que le point précis
de la femence d’où part le nouveau filet, eft plus,
fouvent oppofé à celui par lequel le grain a été.
adhérent j cependant comme la vaucherie pou fie
quelquefois deux queues oppofées, il eft évident
que les deux extrémités peuvent également donner
naiflance au filet. Si l’on vouloit fe former
quelqu’idée de la manière dont s'opère le développement
, il faudroit confidérer chaque grain
comme formé d'une madère incapable de s'étendre
: aux deux extrémités de cette femence feroit
placé un fegment formé de mailles ferrées, qui,
e n
en s’étendant infehfiblement, produiroit enfin un
tube dont l’extrémité feroit fermée. Ce nouveau
tube, à fon tour, contiendroit d’autres grains dif-
pofés comme les premiers, qui, en fe développant,
produiroient de nouvelles plantes. Cet emboîter
ment n’eft pas une .fuppofition gratuite , & l’on eft
du moins forcé de l'admettre pour le nouveau
genre établi fous le nom d‘hydrodyÜion, le conferva
reticulata de Linné.
La fructification des vaucheries & des conferves
avoit été à peu près inconnue jufqu’à l’époque des
obfervations de M. Vaucher. Il eft vrai que Linné,
dans fes genres, parle de tubercules irréguliers,
qui fe rencontrent fur les tubes des conferves ;
mais je préfume qu’il entend par cette expreffion,
les grains des conferves marines (ceramium Roth),
plus apparens que les autres ; du moins les botaniftes
ue nos jours, & M. de Juffieu en particulier
, parlent-ils des conferves comme de plantes
dont la fructification eft encore à trouver. Le feul
botanifte qui ait difertement parlé de ces tubercules
inégaux, c’eft Micheli, qui, dans la figure y
de fes Nova Généra, pag. zi i , tab. 89, les repréfente
comme adhérens au tube du byjfus velutina
de Linné > mais cet auteur paroît ne les avoir ap-
perçus qu'à la vue fimple , car il les peint comme
feffiles, tandis qu’ils font pédonculés , & il ne
parle m de la corne qui les accompagne, ni de'
tout ce qui a rapport à la fructification de la
plante.
Les efpèces de cette famille ont été pour la
plupart confondues par les botaniftes , à caufe de
leur extrême reffemblance. Non-feulement il eft
impoffible, à la vue fimple, de les diftinguer, mais
l ’oeil même, aidé du microfcope, n'apperçoit pref-
qu’aucune différence dans leurs tubes ; ils font
tous cylindriques, à demi pleins, d'un vert plus
ou moins foncé, & les différences qu'on pourroit
y obferver, dépendent plus du port &c de l'âge de
la plante , que des autres circonftances j mais s'il
eft difficile de les reconnoître par leurs tubes, leur
fructification préfente au contraire tant de variétés,
qu'il eft impoffible de n’y pas voir des efpèces
différentes. Les unes, par exemple, n'ont qu'une
graine , tandis que les autres en ont deux ou
davantage. Quelquefois les graines font fertiles >
d’autrefois au contraire elles font pétiolées. Ici
elles font terminales ; là elles font placées le long
du tube, & quand même toutes ces différences
n’exifteroient pas, on pourroit encore diftinguer
ces efpèces par la forme Ôc la grofteur de leurs
grains.
E s pâ c e s.
* Graines pédonculêes,
1. V aucherie à plulieurs cornes. Vaucheria
mulùcornis. Decand.
Botanique, Tome VIII,
Vaucheria pedunculis ramofis , ramis aliernatim
fkerilibus & feminiferis. Decand. Synopf. Fiant, galî.
pag. 12. n°. 148, & Flor. franç. vol. 1. pag. 61.
- E&ofperma ( muiticornis ) , feminibus f&pius qua-
ternis , truncatis , pedunculatis ; antheris pturibus«
Vauch. Conferv. pag. 33. n°. 9. tab. 3. fig. 9.
Cette efpèce eft remarquable par la réunion des
cornes & des graines, placées alternativement 8c
pour ainfi dire par étages les unes au deffus des
autres. Ses filamens font verts , alongés, rameux,
point cioifonés î ils fupportent des pédoncules
divifés en plulieurs rameaux ; les uns , au nombre
de trois à quatre, portent des graines en ovale
tronqué j les autres, entré-mêiés avec les précé-
dens, forment des crochets pointus 8c recourbés.
Cette plante croît dans les eaux douces, 8c répand
fes graines au printems. G
2. V aucherie à bouquets. Vaucheria racemofa.
Decand.
Vaucheria pedunculis ramojis ,* ramis omnibus feminiferis
t fupremo excepto. Decand. Synopf. Plant,
gall. pag. 12. n°. 145, & Flor. franç. vol. 2.
pag. 6i._
Ectofperma ( racemofa ) , feminibus fapius qua-
ternis , ovatis , pedunculatis ,• antherâ unicâ- Vauch.
-Conf. pag. 82. n°. 8. tab. 3. fig. 8.
Cette vaucherie a des filamens alongés, rameux,
de couleur verte, fans cloifons , chargés de petits
bouquets vifibles à l'oeil nu, & qui, vus au
microfcope, font formés d'un pédoncule commun
qui fe ramifie en plulieurs pédicelles, depuis
trois jufqu’ à fept, fupportant à leur fommet autant
de grains fort petits , fphériques. Le pédoncule
commun fe prolonge & fe termine par un petit
filet crochu, qui ne porte point de graines, &
que M. Vaucher regarde comme faifant les fonctions
d'anthère. On remarque fur cette efpèce un
grand nombre de ces gros grains, marqués d’un
point noir dans leur intérieur, qui ont été reconnus
pour des habitations d'infectes, & en particulier
pour le cyclops lupula Muller.
Cette efpèce eft une des plus communes j elle
fe rencontre au printems, dans les folTës. O
3. Vaucherie en croix. Vaucheria cruciata.
Decand.
Vaucheria pedunculis ramojis ; ramis duobus in-
feris i feminiferis , tribus fuperis fterilibus. Decand.
Synopf. Plant, gall. pag. 12. n°. 150, & Flor. fr.
vol. 2. pag. 62,
jEctofperma ( cruciata ) , feminibus duobus latera-
libus, pedunculatis ; antherâ intermtdiâ , cruciata,
Vauch. Conf. pag. 30. n°. 6., tab. 2. fig. 6,
Elle fe diftingue de l’efpèce fuivante par fon
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