mes, fans adhérer aux parois. J’avoue que j’ignore
entièrement l’hiftoire de ces globules : feroient-
ils analogues aux grains que certains obférvateurs
ont remarqués dans les cellules du tiffu cellulaire
des plantes phanérogames, & dont la nature, l’origine
& l’ufage font pareillement inconnus?
» La marene des liquides dans l’intérieur des
plantes tient effentielkment aux vaiffeaux : ainfi
on ne peut s’étonner de la différence que les plantes
mat ines offrent à cet égard j mais le dégagement
des gaz , qui tient eflentieilement au tiffu
cellulaire dans les plantes phanérogames, doit fe
retrouver auflî dans les végétaux compofés de tiffu
celluraire. Déjà l’expérience avoit prouvé que les
moufles j les hépatiques , les conferves d’eau
douce, & les lichens de couleur verte ou fu t
ceptibles de verdir fous l’eau , dégagent du gaz
oxigène lorsqu’on les expofè aft loleil. Ce même
fait fe repréfente dans les algues marines avec
quelques modifications qu’il me paraît utile de
développer.
»Toutesles fois que j'ai expofé ces algues fous
l’eau de.mer, au foleil, elles ont dégagé un gaz
qui n’a pas troublé l’eau de chaux , & qui par,
conféquent ne contenoit pas fenfîbfement du gaz
acide carbonique 5 quand je les ai placées fous de
Tcau douce, le gaz qu’elles ont dégagé au bout
de trois ou quatre heures , a toujours troublé l’eau
de chaux , & a perdu deux à trois centièmes d’a-
çîde carbonique. En les Jaiflant pendant deux
jours, le gaz dégagé a contenu jufqu’à vingt-deux
centièmes de. gaz acide carbonique5 pendant ce
terns l eau douce fe colore, tandis que l ’eau falée
r=fte limpide : d’où l’on voit combien il eft important
de faire toutes les expériences fur les
algues marines dans de l’eau de mer. M. Fleurieû
de Rellevue a remarqué que, pour plufieurs zoo-
phytes marins, l’eau douce eft un poifon très-
âctifî il p.aroit qu’elle rend auflî , en très-peu de
tems, a décompofer les plantes marines. La quantité
abfolue de gaz fournie par ces plantes eft généralement
plus, petite que celle que fôurniflent
Jes autres plantes.
» Quant a fà nature, elle eft remarquable fous
deux points de.vpe. i°. La quantité de gaz oxigène
qui fe tr ouve exhalé dans l’air par les plantes marines
eft généralement plus grande dans celles dont
le vert eft plus décidé, moindre dans celles dont
le vert eft brunâtre ou rougeâtre, nulle dans celles
qui font d’urf rouge-vif j ainfi, pour ne citer que
quelques points extrêmes , cent parties de l’air
fournies par Y ulva confervoides 3 mêfées avec deux
cents parties de gaz nitreux, fe font réduites à
cent üx cent parties de l’air exhalées par le fucus
ftliquofus » mêlées avec cent parties de gaz nitreux ,
fe font réduites à cent quatre-vingt-neuf. i° . Si 1
l’on fait exception des ulva à feuilles d’un vert- 1
clair, qui font en- petit nombre parmi les plantes *
marines , on obferve fur les autres que le gax
qu’elles dégagent, contient proportionnellement
moins de gaz oxigène, & plus d’azote que celui
de la plupart des plantes terreftres. Cette petite
proportion de gaz oxigène, qui indique que la
décompofition de l’acide carbonique eft opérée
par ces plantes en foible dofe, fe trouve d’accord
avec les analÿfes de fucus, faites par M. Richard
Edv/ards. Ce chimifte a vu que, fur cinq cents
grains du fucus veficulofus, on ne trouve que quatre
vingt-fix de carbone feulement quatorze
de carbone fur une pareille quantité du fucus digi-
tatus. Il a auflî obfervé que ces plantes contiennent
une quantité notable d’azote j ainfi I§ fucus
aigitatus en a fourni quarante-huit pouces, le fucus
veficulofus n’en a donné que dix pouces , mais il a
offert en revanche quatre-vingt-dix grains d’ammoniaque,
tandis que l’efpèce précédente n’en a
pas fourni un atome.
»Parmi les plantes marines, il en eft plu fleurs qui
ne naiflent que dans l’Océan, & dans la partie de
la plage abandonnée par le flux : il eft probab'e
que l’aérion de l’atmofphère eft néceffaire à leur
végétation. »
Après avoir expofé les faits que M. Decandolle
a eu occafion d’obferver relativement à la végétation
des algues marines, il paffe à la defcription
des organes de la reproduction. « Je commencerai,
dit-il ,, par raconter en détail la ftruéture de la
fructification du fucus veficulofus , qui, étant le
plus grand & le plus commun de tous ceux qui
vivent fur nos côtes , a auflî été le pliis facile à
étudier. Je montrerai fucceflivement jufqu’à quel
point il me femble que les obfervations faites fur
ce var-ee peuvent être généralifées.
» Le varec véficuleux eft de couleur olivâtre ;
il adhère aux rochers fans crampons, & par un
fimple évafement de fa tige. Cette tige eft cylindrique
dans le bas de la plante > bientôt elle, de-r
vient comprimée, & s’élargit en prenant l’apparence
d’une feuille, dont les bords font entiers,
& le milieu occupé par une nervure longitudinale.
Cette feuille fe bifurque plufieurs; fois, de manière
cependant à être toujours fur le même plan.
A l’angle des bifurcations fe trouvent une ou deux
véficules aériennes : ces véficules perfifteot, pendant
toute, la durée de la plante : on n’obferve, à
leur intérieur que quelques filamens rameux , conv
pofés de cellules trèsvaloRgées. Dans l’intérieur
de ces cellules j’ai obfervé quelquefois ces mêmes
grains dont j’ai; parlé à l’occafion des. cellules de
la tige. Ces véficules, que dans quelques, efpèces
de varecs on eft tenté, de prendre pour des fruits.,
n’appartiennent certainement point à la reptoducr
tion 5 elles paroiffent évidemment deftinées à fou-
tenir dans l’eau les efpèces qui ont befoin d© ce
fe cours , foit à caufe de la deofité de leur tiffu >
comme le fucy.-s n-od'ofus , foit pour pouYoir s'approcher
de la furface des flots lorfqu'elles ont cru
dans un lieu trop profond, comme dans le fucus
natans. Sur la partie foliacée du futus veficulofus,
on obferve des deux côtés de la nervure des organes
particuliers, difpofés le plus fouvent fur
deux fériés régulières : ces organes offrent une
petite cavité entourée de dix à douze filets blanchâtres,
cloifonnés dans l’intérieur. Réaumur, &
d’après lui Linné, ont regardé ces filamens comme
des étamines dépourvues d’anthères, & les ont
décrits pour les fleurs mâles des tucus. Cette idée
eft maintenant rejetée par la plupart des anato-
miftes. En effet, ces filamens perfiftent pendant
toute la durée de la plante j ils ne présentent, dans
aucun tems, aucune efpèce d’émiflîon, ils n’exif-
tent que dans un petit nombre de varecs , & enfin
ils reffemblent tellement aux poils des plantes phanérogames
, qu’on ne peut guère fe refufer à leur
attribuer un ufage analogue.
» La fommité des lobes de la feuille du fucus
veficulofus fe renfle graduellement vers la fin de
l’é té , & finit par offrir une efpèce de gouffe,
tantôt ovoïde, tantôt divifée en deux lobes courts
& obtus. Cette gouffe eft remplie, à l’époque de
la maturité, par une mucofité glaireufe fort abondante.
On ne diftingue qIus, dans l’intérieur, cette
couche de cellules hexaèdres qui fe trouve fur le
bord des feuilles, mais les cellules qui occupent
le centre donnent naiffance à des filamens rameux,
cloifonnés d’efpace en efpace, & répandus de routes
parts dans ce liquide vifqueux. La furface de
cette gouffe offre des pores un peu creux, très-
vifîbles à la loupe, & même à l’oeil nu. Ces orifices
font blancs, arrondis, non bordés de filets :
derrière chacun d’eux fe trouve un globule opaque
, bêtifie comme un marron revêtu de fon en-,
veloppe. Les filets, qui par leur entrecroifement
forment cette coque fphérique, font cloifonnés a
l’intérieur, & tirent leur origine des Cellules allongées
qui occupent le centre de la tige. Dans l’intérieur
de cette coque on trouve adhérens, à ce.s
filets articulés , des globules ovoïdes, qui s’en
détachent facilement à l’époque de la maturité : ils
fortent de l’intérieur de la coque par jets ir.ter-
mittens, & en paffant par T’orifice dont j’ai parlé.
J’ai vu ce petit phénomène s’ opérer fous la lentille
du microfcope, en obfervant le fucus confervoides
& le ceramium nodulofum. Je fuis autorifé a croire
que la même chofe s’opère dans le fucus veficulofus
, puifqu’en obfervant les individus dont lage
étoit avancé, j’ai toujours trouvé les coques vides
à. l’intérieur. Les globules fortis des coques du
fucus veficulofus y & placés fous la plus forte lentille
du microfcope de Dcllebare, m’ont paru à
peu près ovoïdes, demi-trunfparens, marqués de
petits points opaques, très-nombreux. Tandis que
je cherchois à démêler fi ces points tenoient à la
furface du globule ou indiquoienc des grains placés
à l’intérieur * j’ai vu la queftion fe réfoudre
fous mes yeux ; plufieurs de ces globules fe font
prefque fubitement amincis & ouverts à une de
leurs extrémités. Il en eft forti une foule de petits
grains opaques, enveloppés'dans une glaire tranf-
parerite & non mifcible à l’eau. Ces grains ont
fur-le-champ gagné le fond du porte-objet, à la
furface duquel ils adhéroient même allez fortement.
Je fuis demeuré convaincu, par cette ob-
fervation, que les globules ovoïdes, décrits par
la plupart des auteurs pour les graines des fucus,
font de véritables capfules; que les graines renfermées
dans leur intérieur font les véritables
graines j que ces graines font, comme celles de
tous les végétaux connus, plus pefantes que l’eau
à leur maturité} que, comme celles de toutes les
plantes aquatiques, elles font enduites d’une humeur
non mifcible à l’eau } qu’enfin cette humeur,
très-abondante dans ces fucus, fert à fixer aux
rochers ces jeunes plantules qui, étant dépourvues
de racines comme le guy, ont reçu , comme
lui, un moyen particulier de fe fixer à la furface
des corps. Si cette théorie eft vraie, nous devons
en chercher des preuves de deux fortes : i°. Si ces
organes ont réellement le degré d’importance que
nous leur attribuons, jls doivent fe retrouver dans
les efpèces analogues à celles dont nous venons
de parler. 1°. Ces obfervations doivent s’ accorder
avec le peu de faits que l’on connoît fur les premiers
développemens des algues marines.
» La ftruèhire des différentes efpèces d’algues
marines que j’ai eu occafion d’obferver, & que
j’ai chnifïes à deffein dans différens groupes de
cette famille, m’ont offert de grands rapports avec
la conformation du fucus veficulofus. Dans toutes
j’ai trouvé des capfules demi-tranfpârentes, pleines
de grains opaques; mais feulement la ftruclure
de ces capfules varie dans différentes efpèces, foit
quant à leur forme, foit quant à leur poffrion, foit
quant à la manière dont elles fe détachent dé la
plante.
» Quant à leur forme , je n’en ai obfervé que
de deux efpèces. Dans la plupart des fucus, des
ulva & des ceramium, ces capfules font ovoïdes-3
elles font en forme de poires dans le fucus pinnati-
fidus & le fucus hybridus.
» Leur pofition offre plus de variétés. Tantôt,
comme dans les fucus veficulofus-ferratus-fplralis-
longifruclus - nodofus , elles font reunies, en
grand nombre, dans des coques hériffées , & toutes
renfermées dans une gouffe terminale, formée par
le renflement de la feuille elle-même. Tantôt elles
fe trouvent, en plus petit nombre, dans' une feule
coque, qui n’eft pas bien dïftin&e du tiffu même
de la feuille, & qui eft logée dans une efpèce'de
tubercule latéral ; c'eft ce qu’on voit dans les fucus
confervoides - laceratus - pinnati fidus , &c. & dans la
plupart des ceramium. Enfin , dans les ulva ces
capfules font placées, en petit nombre, dans des