
& a la Guianè françaife, des mufcadiers & des girofliers.
Ils ont très-bien, réufli dans l’une & l ’autre
coloniè} ils commencent à pouvoir y devenir un
objet de commerce , & leurs fruits acclimatés y
font aufli beaux & aufli parfumés que dans les
Moluques mêmes.
Poivre quitta l’ Ifle-de-France en 1773 : «À revint
en France ; il y éprouva les perfécutions de l’envie
» & deux ans s’écoulèrent avant qu’on lui
rendît la juftice que méritoit fon adminiftration ;
mais enfin les témoignages les plus honorables de
la fatisfaélion du gouvernement furent accordés
à fes fervices avec une penfion.il finit fes jours
dans une retraite agréable » fituée fur les bords
de la Saône.» à deux lieues de Lyon la patrie.
Raleigh ou Raweegh ( Walter), né à Bud-
ley dans le Devonshire » cé'èbre par plufieurs
voyages qu’il fit en Amérique fous le règne
d’Elifabeth, reine d’Angleterre » & fous celui de
Jacques I«'., depuis l’an 1584 jufqu’en 1616. Ce
fut lui qui établit en Amérique la première colonie
anglaife » & qui donna aux contrées qu’elle
cultiva.» le nom de Virginie que portoit la reine
Élifaheth. Il fe rendit célèbre par .plufieurs autres
expéditions & par des découvertes importantes
> mais ce qu’ il apporta de plus précieux, &
ce qui doit par-dtflùs tout lui mériter une re-
connoiffjnee éternelle de la part des babicans de
l’Europe, c’eft la découverte de la pomme de
terre qu’il introduifit le premier en Angleterre
dans l’année 1591$ c’efe du moins l’opinion de
M. Parmentier & de quelques autres écrivains.
Mais qu’on étoit loin, Lcette époque., de prévoir
combien les racines tuhéteufes. de cette plante
de voient un jour offrir de reflburces aux contrées
rains. peu. propres aux femences céréaks l La culture
de ce tte précieufe racine , long-te ms négligée
» eft au je ur d’hui répandue par toute l’Europe.
La pomme de terre eft admife fur toutes les ta-
hles : il a fallu, pour reconr.oître fes bo.nnes qualités
, la çooûance, les travaux & les écrits lumineux.
de M. Parmentier.
Quelques auteurs ont encore attribue.au capitaine
Raleigh l’inrrodudtion du tabac en Angleterre
}, mais il paroît beaucoup plus probable
qu’elle eft due à Frarçois Drack. Quoi qu'il en
fpit » ce célèbre marin, ami des fciences & des
lettres qu’i cultiva, après de longues années ton-
facrées au fervice.de fa patrie, ne furtécompenfé
que par la plus noire ingratitude. Les titres glo*-
TÎeux qu i! avoit acquis à la reconnorfîànce publique
» lui attiièrer.t la haine de plufieurs perfon-
'Dages imporrans de l’Angleterre. Ils l’accufibeot
auprès de Jacques L*; d avoir voulu placer fur le
trône Arbelk Smart du fan g royal. Pur fuite de
çette aceufati n , il fut condamné à. perdre la
û te .$ mais le xoi fe cohtenta.de le faite .renfermer
à la tour de Londres, où il refta pendant quinze
ans. Il fut mis en liberté en 1616, & envoyé à la
Caftille d’or & fur les côtes de la Guiane } mais
cette expédition n’ayant pas été heureule, il eut
la tête tranchée à Weftminfter , par fuite des intrigues
deTambaffadeur d’Efpagne , & fous des
prétextes aufli frivoles que la première accufation
intentée contre lui.
Rauvolfe. Ce botanifte étudia la médecine
fous Rondelet : il voyagea dans le Levant en l'année
1573 i il parcourut la Paieftine , la Syrie , la
Méfopotamie. Il fut exilé de fa patrie pour caufe
de religion. Il fe propofuit de vifiter les Indes,
mais ce projet ne fut point exécuté. Les pl ntes
qu’il recueillit dans fes voyages furent publiées
par Gronove , hollandais, dans l’ouvrage intitulé
Flora orientalis. Ce même auteur avoit également
fait connoître dans fon Flora virginica les plantes
obfervées par dayton dans la Virginie. Linné
rappelle à notre mémoire les noms de ces favans,
par les genres qu’il leur a dédiés .ou qu’ii a con-
fervés. Plumier a établi le genre Rauvolfia, Houf-
ton celui de Gronovia, & Gronove celui de Clay-
tonia.
Rhéed ( Henri ). Les .circonftances heureufes
danslefquelles Rhéed fe trouva-en fa qualité de.gou-
vecneur duMaiabaf, la fortune dont il jouiffoit, lui
facilitèrent les moyens de publier un grand.nombre
de plantes de ces riches contrées. Il fit » pendant
fon féjo.ur dans ce pays, deflîner .-environ huit
cents plantes desJndes avec beaucoup d’exaélitude»
y ajouta de bonnes deferiptions, & nous donna
cet ouvrage en douze volumes in-folio, fous le
titre d‘Hortus malabxuicus, Les plantes y .font dif-
tribuées en huit clafles , relativement à leur grandeur
& à leurs fruits. C ’eft le premier ouvrage
important qui ait été publié fur les plantes indiennes.
A des deferiptions affez généralement honnes,
l'auteur y a ajouté les ufages que l’on fait de la
plupart de ces végétaux dans les contrées où ils
croiffent. Linné, lui a- oonfacré le genre Rkeedia »
que Plumier avoit déjà établi fous le nom de
Van Rhetdia.
Richard. ( Voyeç Aublet.)
R ©hr (Jules). Livré à Fétude des ppo du étions
de la Nature, ce favant infatigable fit de fréq uens
& de longs voyages dans plufieurs contrées de
l'Amérique. Son principal but avoit été d’abord la
culture du.coton. Trop aCtif pour s’en tenir à ce
feul objet, il recueillit, obferva & décrivit avec
beaucoup de.foin toutes Jes plantes qu’il rencontra
dans, fes differens voyages ; il employa plufieurs
années à parcourir les îles les plus importantes de
l’Amérique , la Jamaïque, la M.vrtiiitiqtie, les environs
de Surinam , de Car-thagène , l’île de
Cayenne Ade Sainte-Marthe* de Sainte-Croix,.
Il fit paffer à M. Vahl un grand nombre- de fes
plantes avec des notes iuflruétïves:;. c’ eft en partie
ce oui a déterminé ce fa va ne pvafeffeur à publier
fes Fglogs. amcricans. Rohr étoit encore, à l’âge de
foixante an?, plus paflionné que jamais pour la recherche
des plantes : il étoit directeur & infpeç-
teur de l’agriculture dans i’île de1 Sainte Croix
lorfqu’il entreprit en Guinée un- voyage très pénible
; il y termina une carrière qu’il avoit confa-
crée toute entière à l’agriculture & à la recherche
des plantes nouvelles. Ses obfervations tur la culture
du coton dans les colonies de l’Amérique
ont été publiées en allemand, & traduites en français.
Le doCteur Jean Ryane étoit lié d’amitié avec
Rohr : il avoit fou vent partagé fes travaux, & ne
lui cédoit ni en activité ni en connoiffances j il
communiqua également à M. Vahl beaucoup de
belles plantes mentionnées dans fes Fglx>g* ame-
rican-A , recueillies au Montferrat, dans 1 île de
Sainte-Croix & dans celle de la Trinité.
Parmi les botaniftes qui ont contribué par leurs j
recherches à compléter la Flore de l'ile de Sainte- j
Croix, on peut encore citer, i° . le do&eur Pflug, ;
que l’amour de l’hiftoire naturelle avoit fait paffer
en Amérique, & qui fut enlevé aux fciences par j
une mort prématurée, i°. le pafteur Weft, qui
s’eft plus particuliérement livré à la recherche
des uùva, des fucus, des conferves & des champignons.
Rumphe. C’eft un avantage biefi précieux pour ;
les fciences lorfqu’elles font cultivées par des hommes
revêtus de fonctions importantes ou doués des
faveurs de la fortune. Nous avons vu Rhéed, gouverne
hj: du Malabar , publier douze volumes in-
folio fur les plantes de ce riche pays. Georges-
•Évrard Rumphe, doéfeur en médecine, & conful.
à l’île d’Amboine pour la compagnie des Indes,
a employé les longues années qu’il a paflfées dans
cette contrée , à étudier les plantes qui s’y trouvent
, ainfi que celles des îles Moluques & des
pays qui en font voifins. Le recueil de fes obfer-
irations contient fix volumes in-folio, & près de
huit cents planches. Cet ouvrage rmmenfe, qui ne
peut être le fruit que de pénibles recherches , n’a
pu être publié en entier par fon auteur. Accable
de fatigues & de vieilleflfe, Rhumphe fut privé de
la douce fatisfaélion de mettre en ordre fes nom-
breufes obfervations ; frappé de cécité par une
cataraébe qui lui fit perdre la vue en trois mois,
il fut fe réfigner à ce malheur avec le courage d’un
vrai philofophe. Il en avoit éprouvé un autre
qu’il fut réparer en partie avec le tems : fes papiers
& fes collections étoient devenus la proie
des flammes dans un incendie. Il mourut à Am-
boine. Une excurfion faite par M. de Labillar-
dière, au fud de la ville, près du quartier habité
par les Européens, lui procura l’occafion de
vifiter le tombeau de Rumphe. La fimplicité de
ce monument, dit-il, nous rappelle celle des
moeurs de cet habile obfervatenr de la. Nature. Sa
tombe étoit entourée d-u joli arbufte connu fou?
le nom de panax fraticofum. Il fer,oit bien pins
touchant fi la tombe des naturalistes dîftinguss
pouvoir être couverte des plantes confacvées à
honorer leur mémoire, en portani leur nom. C eft
un fpèétacle non moins attendrififant, de voir un
tiaturalifte parti de l’Europe , venir rendre hommage
dans les Grandes-Indes aux cendres d tut
homme célèbre , dont il fuivoit les traces dans fe
brillant Empire de Flore.
L’ in fatigable Jean Burman fe chargea de traduire
en latin ks manuferits de ce célèbre bota-
tanifte , écrits en hollandais 5 il y ajouta des notas
intéreffantes, & rendit à la fcience un de fes plu?
précieux monumens, qui peut-être feroit relfé
pour toujours erifeveli dans l’oubli. Qaoiqtfe
Rumphe ne fût point bofanifte, fes deferiptions ,
quoiqu’en général un peu trop longues ,^font connoître
aflez bien le port des plantes qu’il décrit ;
mais il donne très-peu de détails lur les fleurs &
les fruits, tant dans Le texte que dans les figures :
d’où il réfulte beaucoup de difficultés pour déterminer
la famille & le genre d’un grand nombre
de plantes. Malgré cela il peut être d’un grand
fecourspour ceux qui vifitent les mêmes contrées.
Les propriétés, les ufages économiques de chaque
plante , préfentés avec beaucoup d’étendue ,
forment une des parties les plus incéreflantes de ce
grand ouvrage. Linné à confacré à là mémoire fe
genre Rumphia.
Ryanus. ( V oy e i Rohr.)
Sa v iGNY. ( Voyei DeliSLE. )
Sestini, de l’Académie de Florence, à confacré
plufieurs années de fa vie à parcourir les contrées
de l’ancienne Grèce, après avoir fait un afe
fez long féjour dans la Valacnie ; il nous a donné
une notice des plantes les plus remarquables qui
croiffent fur le mont Olympe. De retour à Vienne,
il fe rendit à Conftantinople dans le deffein de
faire un voyage dans la Géorgie î mais fes courfes
furent plus étendues qu’il ne l*avoit projeté. La
rencontre qu’il fit dans le Levant, de M. Solivah
que la compagnie anglaife des Indes envoyoit en
qualité de téfident auprès du Nabab de Golconde,
procura à M. Seftini l’occafion de s’avancer juf-
qu’à Baffora. Il fit partout le long de la route, 8c
dans tous les lieux où il s’arrêta, des obfervations
importantes fur les productions naturelles,
fur les antiquités, fur la géographie ancienne &
moderne , fur l’agriculture & la botanique. Il a
foin d’indiquer les plantes qui s’offroient fous fes
pas , & l’on fuit avec plaifir ce voyageur inté-
reffant au milieu de fes herborifations , de fes
travaux & des dangers qu’il eut à effuyeren différentes
rencontres.
C c c c c z