
foleil, qui leur feroit 'perdre leurs parties avives
& odorantes ; niais on peut les faire fécher à l’air
libre ou à l’ombre.
Quand les fleurs ont une certaine confîftance,
comme celles de la camomille, on peut les détacher
des tiges, & les faire fécher féparément. Il
faut avoir foin d’étendre , fur des claies d’ofïer ,
les plantes que l’on veut deffécher , les fufpendre
dans un endroit fec, les expofer , ou au foleil, ou
à l’ombre au vent du nord. On les laiffera ainfi
étendues jufqu’à parfaite defficcation , ayant la
précaution de les remuer fouvent; furtout qu’elles
ne foient point amoncelées les unes fur les autres.
11 faut en ôter toutes les herbes étrangères, & les
feuilles mortes ou fanées.
On palTe les racines dans un fil quand elles font
petites & légèrement aqueufes, & on les fufpend
dans un endroit fec &r bien aéré. 11 faut en enlever
les fila me ns , & nétoyer, avec un linge rude, la
terre qui y tient. On doit, autant qu’on le peut,
éviter de les laver. On coupe par tranches celles,
qui font tjès-charnues, & on les prépare de la
même manière. Celles que l'on deftine à être pul-
vérifées, & qui ne peuvent fe deffécher à l’air ni
au foleil, feront mifes au four, & renfermées
enfuite dans un lieu bien fec, à l’abri de l’air,
autrement elles deviendroient humides au bout
d’un certain tems, & fe pourriroient.
Les oignons font très-difficiles à deffécher : on
commencera par en enlever les fanes & les chevelus,
& on les expofera enfuite à la chaleur du
bain-marie. On mettra deffécher les fruits au feu,
& enfuite au foleil. Si l’on foupçonne qu’ils renferment
des oeufs d’infeétes, une chaleur de quarante
degre's les fera périr.
Pour conferver bien fecs les feuilles, les fleurs,
les fruits, les racines, &c. il faut , quand il n’y
a plus aucune humidité , les renfermer dans des
boîtes bien clofes ou dans des vaiffeaux de terre
cuite verniffée, & les envoyer en Europe le plus
tôt poffible ;; car la plupart ne peuvent guère fe
garder plus d’un an ; il èn eft même qui ne durent
que quelques mois : elles perdent infenlïblement
leur odeur & leurs vertus.
Si l’on rencontre des plantes propres pour la
teinture dont on ne faffe point ufage en Europe,
on peut en recueillir une certaine quantité, les
préparer d’une manière convenable, c’eft-à-dire,
fuivant l’ufage du pays, & les envoyer pour en
faire des e fiai s , ayant foin de bien détailler tous
les procédés qu’emploient les naturels.
L’homme ne s’eft point borné à admirer le rkhe.
& fuperbe tableau de la Nature & de fes.1 productions
j il a effayé de les convertir à fon ufage. Ses
premières recherches ont eu pour objet tout ce
qui pouvoir fournir plus abondamment à fa nourriture
& à fes befoins : de là font nés l’agriculture
& les arts.
C'eft fans doute un beau & grand fpeétacle dè,
voir l'homme difpofer ainfi à fon gré de tout ce
qui peut, dans la Nature, lui rendre la vie agréable
> mais ce n’eft qu'à force de foins & d’obfer-
vations qu'il eft parvenu à cet heureux réfultat;
ce n’eft qu’en profitant des découvertes de tous
les peuples, en adoptant les meilleurs procédés,
qu’il a pu inventer, perfectionner ces arts aujourd’hui
fi effentiels'à notre exiftence. Malgré une
longue expérience , chaque jour nous amène encore
de nouvelles découvertes ou des moyens
plus fimplifiés, foit pour multiplier, par la culture
, les productions végétales , foit pour rendre
plus abondantes les riches toifons de nos troupeaux.
Le voyageur, après avoir obfervé les productions
de la Nature dans leur état fauvage &
agreite, les contemplera enfuite entre les mains
de l'homme. Il fuivra, avec une nouvelle admiration
, ce génie créateur au milieu de fes inventions
j il le verra ranger autour de lui les productions
des plus lointains climats, & les approprier
au bonheur de fon exiftence. Le naturahfte aura
fouvent occafion , au milieu de fes recherches,
ou d’étendre de perfectionner nos découvertes,
ou de les porter chez les nations qui les ignorent.
VOYÈRE. Vohirla. Genre de plantes dicotylédones,
à fleurs complètes, monopétalé.-s, régulières,
de la famille des gentianes, qui a des râpons
avec les gentiana , & qui comprend des
erbes à tiges courtes ; les feuilles inférieures
prcfqu’enterrées, charnues; deux ou trois* fleurs
terminales. $
Le caràCtère effentiel de ce genre eft d’avoir :
Une corolle hypocratériforme 3 a tube très-long,
renflé à fa bafe & au fommet ; cinq étamines ; un
fligmate entier ; une capfule. bivalve, à une feule
loge.
C a r a c t è r e g é n é r iq u e .
Chaque fleur offre :
i° . Un calice d’une feule pièce, fort court,
turbiné, à cinq découpures droites, aiguës.
2°. Une corolle monopétale, hypocratériforme;
le tube cylindrique, très-long, renflé à fa bafe &
au fommet ; le limbe plane, à cinq découpures
ouvertes.
3° Cinq étamines, dont les filaméns. font très-
courts, attachés à l’orifice du tube de la corolle,
terminés par des anthères obîongues.
4°. Un ovaire fupérieur, oblong, à une feule
loge, à deiix valves, contenant desfemences nombreuses,
en forme de bourfe, attachées aux bords
des valves.
Qbfervations. II. y a de: très-grands rapports entre
les gentianes & les voyères : ces1, dernières en
diffèrent par leur port, un peu pat la farine de
v o Y
leur corolle, dont le tube eft renflé à fes deux
extrémités ; par leur calice plus court, accompagné
ordinairement de deux ou trois écailles à fa
bafe ; enfin , par le ftigmate en tête & non bifide,
comme dans les gentianes. M. de Lamarck a cru
devoir, dans fes Illuflrations des genres, faire rentrer
dans les vohiria le gentiana apkylla de Jacqum,
qui a déjà été mentionné dans cet ouvrage fous le
Dom de gentiane fans feuilles, vol. I l, n°. 28.
E s p è c e s . ’
1. V oyére incarnate. Vohiria rofea. Aubl.
Vohiria floribus geminatis , corolle, laciniis acutis.
Lam. Illuftr. Gener. vol. k pag 491. n°. 2248.
tab. 109.-— Aubl. Guian.vol. i. pag. 209. tab. 83.
fig* i-
Lita (rofea), tubo corolle fupemeglobofo-ventri- \
cofo } limbi laciniis ovàtis, acutis. Willd. Spec. ,
Plant, vol. 1. pag. 1071. n®. 1.
Cette plante a pour racines un tubercule charnu,
garni de fibres ; il produit une tige noueufe,
anguleufe, en partie cachée dans la terre, qui fe
divife à fa fortie en quelques rameaux très-courts,
munis à chaque noeud de deux petites écailles op-
pofées, conniventes à leur bafe, un peu charnues,
aiguës à leur fommet : ces écailles tiennent lieu
de feuilles , elles font très-rapprochées, petites ,
très-glabres. Chaque rameau eft terminé par deux
fleurs, rarement une feule.
Le calice eft fort court, d’une feule pièce, di-
vifé en cinq dents aiguës, environné à fa bafe par
deux ou trois écailles femblablës à celles des rameaux.
La corolle eft d’une couleur incarnate,
un peu lavée de rofe, d’une feule pièce ; le
tube renflé par le bas, diminue enfuite, s’alonge
d’un pouce 8c demi, fe renfle de nouveau au fommet,
& fe dilate, au deffus d’un étranglement
court, en un limbe à cinq lobes aigus j les étamines
font inférées à l’orifice du tube ; les anthères
obîongues, creufées d’un fillon, prefque feffiles;
l’ovaire oblong, entouré à fa bafe d’un petit dif-
que, & par la bafe de la corolle; le ftyle grêle,
le ftigmate large, évafé. Le fruit eft une capfule
à deux valves, contenant des femences fort menues,
attachées aux bords des valves.
Cette plante croît à la Guiane, dans les forêts
de haute - futaie , aux environs d’Aroura ; elle
fleurit au mois de mai. if (Defcript. ex Aubl. )
Les Garipons mangent la racine de cette plante
cuite fous la braife : fa faveur diffère peu de celle
des pommes de terre; elle eft de la groffeur du
poing, de forme irrégulière, couverte d’une peau
rouffeâtre, blanche en dedans.
2 . V o y é r e b l e u e . Vohiria cerulca. Aubl.
Vohiria floribus geminatis ; corolle laciniis rot un-
datis. Lam. 111. Gen. vol. 1. pag 491. n°. 2247.
— Aubl. Guian. vol. 1. pag. 2 1 1. tab. 83. fig. 2.
Lita (caerulea), tubo corolle fuperne dilatât o ;
limbi laciniis fubrotundis. Wiilden. Spec. Plant,
vol. 1. pag. 1071. n®. 2.
Cette efpèce a de très-grands rapports avec la
précédente ; elle en diffère par fes r-a fine aux plus
nombreux , couverts d’écailles plus rapprochées,
prefqu’imbriquées ; le calice de fes fleurs eft plus
grand; fes découpures plus longues, plus étroites.
La corolle eft bleue , un peu plus épaiffe; le limbe
plus grand, plus évafé, à cinq découpures larges,
ovales, arrondies j obtufes ; quelquefois il y a fix
découpures & autant d’étamines.
Cette efpèce croît dans la Guiane, parmi les forêts
de palmiers, qui fe trouvent depuis la fource
de la crique des Galibis, jufqu’à la rivière de
Sinémari; elle fleurit au mois de mai. if (Defcript.
ex Aubl. )
3. V oyére fpathacée. Vohiria fpathacea. Lam.
Vohiria caule multifloro , bracleis fubfpatkaceis ,
corolle Laciniis oblongis. Lam. Illuftr. Gen. vol. 1.
pag. 491. n°. 2249.
Rapprochée du vohiria cerulea , cette efpèce en
diffère par plufieurs cara&ères qui lui font particuliers.
Ses tiges portent plufieurs fleurs ; elles
font droites, un peu couchées à leur bafe, hautes
de quelques pouces, glabres, Amples , un peu
cannelées, garnies de feuilles feffiles, oppofées,
ovales, courtes, aiguës, en forme d’écailles, fort
diftantes.
Les fleurs font fituées à l’extrémité des tiges,
rapprochées, médiocrement pédonculées,accompagnées
de braétées alongées, en forme de fpathe,
un peu coriaces , minces, très-glabres, longues
d’un demi-pouce à un pouce. Le calice eft fort
court. La corolle eft munie d’un tube grêle, cylindrique
, prefque long de deux pouces, renflé
en entonnoir vers fon fommet ; le limbe divifé en
cinq découpures obîongues, lancéolées, à peine
: recourbées en dehors ; les étamines plus courtes
que la corolle.
Cette plante a été obfervée par M. Richard
dans la Guiane. ( V . f in herb. Lam.')
4. V o yÉre à fleurs courtes. Vohiria breviflora.
Lam.
Vohiria caule fubtrifloro ; foliis membranaceis ;
corolle tubo calice duplo longiore. Lam. Illuftr. Gen.
vol. 1. pag. 491. n°. 2230.
C ’eft une fort petite plante à tige courte, qui
s’élève à peine à la hauteur de deux pouces, très-
fimple, glabre, prefque filiforme, droite, garnie
E e e e e 2