
des rameaux î Y arifi'olochia maqui, dont les baiès
donnent une liqueur rafraîchiflànte ; cette belle
l'auge ( fàlvia formofa Lhérit. ) , dont les grandes
fleurs écarlates ont l'éclat le plus'vif; la jolie verveine
à odeur de citron ( verbena triphylla Lhér. ),
qui paffe l'hiver en pleine terre dans les climats
tempérés, 8c dont le feuillage a le parfum le plus
délicieux ; enfin , un grand nombre d'autres plantes
, d’arbres, d’arbuftes qui éterniferoient la
mémoire de Dombey fi, au milieu de nos jouif-
fances, nous pouvions nous rappeler le favant ef-
timable à qui nous les devons. Plufieurs botaniftes
célèbres fe font empreffés de rendre hommage
aux travaux de Dombey, en attachant fon nom à
des plantes nouvelles. M. Lhéritier le premier
établit un genre Dombey a; mais ce ne fut qu'en
fubflituant ce nom à celui de Tourretia, genre
que Dombey lui-même avoit confacré à M. de la
Tourette. C ’eft, outre la priorité, un titre de
plus pour le' conferver. M. Cavanilies donna le
nom de Dombey a au pentapetes phoenicea de Linné.
M. de Lamarck, croyant que le nom du genre
'Pentapetes devoit être confervé , a nommé Dom-
beya le pinus araucana de Molina, que Dombey
avoit également découvert, 8c qu'il avoit fait
connoître avec des détails plus exacts.
Feuillée. Les avantages qui étoient refaites
pour les: fciences de plufieurs voyages ordonnés
par Louis XIV dans les différentes parties du
Monde, de Plumier dans l'Amérique, de Tour-
nefort dans le Levant, &c. déterminèrent ce monarque
à les multiplier. En 1708 il chargea le Père
Feuillée, Minime , né en Provence, de pafler en
Amérique, & de vifîter les côtes du Pérou &
du Chili. Ce favant avoit déjà fait un voyage au
Levant en l’année 1700, pour y déterminer la
'fituatiôn de plufieurs villes 8c de quelques ports
'confiiérabies : fes connoiifances en phyfique 8c
:en aftronomie l'avoient conduit à des obferva-
"tions d'un grand intérêt pour la navigation 8c la
géographie, 8c lui avoienr mérité la confiance de
fon fouver'aih, qui crut ne pouvoir faire un meilleur
choix pour le procurer une connoiffance plus
exacte,de:cette nouvelle partie du Monde, fi peu
Connue jufqii'alors. Le Père Feuillée devoir joindre
aux ohfervations aftronomiques & phyfiques,
des détails far l'hiftoire naturelle de ce pays > il
s'étoit chargé de defliner les plantes les plus cu-
rieufes & les arbres dont les fruits ne feroient pas
connus en Europe, d'en décrire l'hiftoire , 8c de
tâcher, par le moyen des Indiens, d'en découvrir
Tufage & les propriétés î , de donner également
‘ les deüiïis de tous les animaux qu'il trouveroit,
de tes repréfenter avec leurs Couleurs natu-
■ fëîies^ de s'informer exactement des maladies
brdhiâires aux différens peuples *des Inies, de
leurs iÿmptômes , 8c des remèdes dont ils fe fer-
' vent pour leur guérifon ; enfin, de lever, le plan
dés porrs , dé defliner les vues des villes principales
8c des côtes les moins connues, pour l'iiti-
lité des pilotes 8c de tous ceux qüi vbyagent far
mer.
Des recherches fi étendues, 8c qui fembloient
devoir être le partage de plufieurs fa vans, confiées
alors à un feul homme, donnent l’idée des
profondes connoiflances du Père Feuillée 5 il tint
fes promeffes, 8c il réunit toutes fes obfervations
dans l ’ouvrage qu'il a publié fous le titre de Jour-
nal des obfervations phyfiques , mathématiques & botaniques
, faites far les côtes de l’Amérique méridionale
8c à la Nouvelle-Efpagne. A fon retour il
préfenta au Roi un grand volume in-folio, où il
avoit defliné d’après nature tout ce qu'il avoit
rencontré de plus curieux dans fes voyages. Cet
intéreflant ouvrage eft en original à la Bibliothèque
impériale, de même que le journal de fon
voyage aux Canaries pour la fixation du premier
méridien, à la fin duquel il a ajouté 1 hiftoire
abrégée de ces îles.
Parmi les plantes nombreufes que le P. Feuillée
a recueillies, tant au Pérou qu'au Chili, il n'a pu
en faire graver qu’une centaine, & il en a décrit
cent quarante, prefque toutes inconnues à l'époque
ou il a publié fon ouvrage ; il donne far plu-
ficurs d entr’elles des détails curieux, tant far les
produits qu’elles fourniflent, que far les ufages
auxquels on les emploie dans leur pays natal. Il
paroît, d’après ce qu'il dit lui-même, qu’il en
avoit obfervé 8c defliné un plus grand nombre,
que le manque de fonds ne lui a pas permis de
donner au public. Il fie fes recherches pendant
les années 1708, 1709, 1710 8c 1711. Au retour
de fes voyages, le Roi le gratifia d'une penfion,
8c lui fit conftruire un obfervatoire à Marfeille,
où, épuifé de fatigues 8c de travaux, il mourut
en 1732.3 âgé de Soixante-douze ans. Linné a honoré
fa mémoire en lui confacrant le genre Fe~
ville a.
Flacourt 3 commandant de l’île de Madagaf-
car 8c direCteur-général de la compagnie françaife
de l'Orient en iéyo , frappé d’admiration à la vue
des nombreufes 8c belles plantes dont cette grande
île eft embellie, voulut au moins connoître les
plus utiles. Comme il n’étoit point initié dans lés
principes de la botanique, il borna fes recherchés
à s'informer des noms vulgaires que donnent aux
plantes les naturels du pays, des ufages qu’ils en
font, 8c de ceux auxquels elles pouvoient être
employées j il les a mentionnées dans fon Hifioire
de l'île de Madagafcar, en a donné environ cent
cinquante figures allez médiotres, des deferiptions
courtes, imparfaites , défignant toutes celles qui
étoient employées comme alimentaires', ou médicales,
ou propres à la teinture > les bois de conf-
truCtion, la qualité des fruits, 8cc. C’ëtoït plus
qu’on ne pouvoit attendre d’un homme c hargé de
fonctions civiles 8c militaires très-in»portiantes, 8c
qui s’eft trouvé dans desjcirconftances extrêmetoent
délicates 8c inquiétantes. Il nous a donné le
premier un apperçu des richefles végétales de l’île
de Madagafcar, 8c ce qu’il en a dit n’a pas été
inutile aux botaniftes qui depuis ont fait des ex-
curfions dans ce beau pays. Commerfon lui a dédié
fon genre Flacurtia, adopté par les botaniftes
français. ( Voye^ Ramontchi, vol. VI, p. 66.)
Forskhall , livré de très-bonne heure à l’étude
de la langue arabe, 8c en même tems paf-
fionné pour les progrès des fciences naturelles, fe
propofa de quitter les froides régions du Dane-
marck fâ patrie, pour aller vifiter les contrées
brûlantes de l’Égypte 8c de l’Arabie, lefqueiles,
furtout cette dernière, n’avoient pas encore été
parcourues par aucun naturalifte. Aidé des bienfaits
du roi Frédéric V , il fe dévoue avec enthou-
fiafme aux fatiguas 8c aux dangers d’un voyage
dont il fut en effet la malheureufe viCtime : il arrive
par mer à Marfeille , après une navigation
longue 8c pénible > s’emprefle d’aller vifîter cette
plaine maritime connue fous le nom de YEjlac,
sflez riche en plantes rares, dont il nous a donné
la Flore j il vifite le jardin de Montpellier, où il
trouve le favant Defauvage j il s'embarque enfuite
pour l ’île de M alte, y recueille quelques plantes,
dont il nous a laifle le catalogue j fe remet en mer,
arrive à Conftantinople , en parcourt les environs
, ainfi que ceux de Smyrne , puis il débarque
à Alexandrie, dont les plaines, riches en
végétaux, le dédommagent des fatigues de fon
voyages il remonte le Nil depuis Rofette jufqu'au
Caire, où il fit un féjour d’un an j il y fait, au
milieu de mille dangers, des herborisations très-
étendues j 8c comme il vouloir regagner Alexandrie
par terre, il eft pris 8c dépouillé par des
Arabes. Enfin, au milieu des fatigues 8c des dangers
fans cefle renaiflans, ii arrive dans l’ Arabie
heureufe, le but principal de fon voyage 5 il vi-
fite des contrées qu’aucun naturalifte n’avoit parcourues
avant lui 5 il y obferve plufieurs de ces
végétaux précieux que nous ne connoiflions que
par leurs produits, 8c qui nous fourniflent des
rélines , des parfums, 8cc. j prend note de la culture,
des ufages économiques 8c médicaux de
beaucoup d’autres plantes peu connues, en défî-
gne le lieu natal, le moment de leur floraifon,
les noms qu’ils portent dans la langue arabe, 8cc.
C’eft au milieu de ces occupations 8c de et s fatigues
, que la mort vint l’enlever aux fciences &
â fes amis. Niébuhr a publié ce qu’il a pu recueillir
des manuferits de cet infortuné voyageur, fous
le nom de Flora sgyptiaco-arabica, 8c Linné a atta-,
ché fon’ nom à un genre de plantes découvert
dans l’Arabie 8c la Numidie, le Forskhalea.
Forster. De célèbres 8c grands voyages ont
été exécutés dans le courant du fiècle dernier par
les ordres du gouvernement anglais 3 8c les noms
de Cook, de Bancks, de Solander, feront toujours
chers à tous ceux qui cultivent l’hiftoire naturelle.
Forfter fe trouva à un de ces voyages comme bo-
tanifte. En 1722 , il s’embarqua avec fon fils pouf
vifiter les mers du Sud. Arrivé au Cap de Bonne-
Efpérance, il y trouva le doCteur Spàrmann : ces
trois favans fe réunirent, 8ç fe partagèrent un travail
pour lequel les recherches 8c les efforts d'un
feul homme euffent été'infuffifans , malgré le zèle
le plus aCtif. Ils embrafloient les trois parties de
l'hiftoire naturelle; M. Sparmann s'oceuj oit à déterminer
8c à décrire les plÆtes ; le jeune homme
les dt flinoit, 8c M. Forfter pere fe iivroit plus
particuliérement à la zoologie , 8c venoit également
au fecours des deux premiers pour la botanique.
Après avoir fait une très-riche moiffon en
tout genre au Cap de Bonne-Efpérance , ils s’embarquèrent
pour aller faire d’autres recherches
dans des îles à peine connues. Ils doublèrent le
détroit de Magellan , fe rendirent dans la mer du
Sud , en vifitèrent les principales îles, 8c pour*
faivirent leur voyage jufque dans la Nouvelle-Zélande.
Les plantes qu'ils récoltèrent dans ce long
8c pénible voyage leur coûtèrent des peines in-,
croyables, 8c, au milieu de leurs dangereufes herborifations
dans ces îles fouvent fréquentées pour
la première fois, ils ont encore trouvé les moyens
8c le tems d'obferver les moeurs de leurs habitans,
leurs habitudes, leur langage. Ils obfervèrent dans
les feules îles de la mer du Sud environ Soixante^
quinze genres nouveaux , dont Forfter nous a
donné les deflins 8c l’expofition des caractères
génériques. Il eft beaucoup à regretter que fa
mort prématurée ne lui ait ras donné le tems d’en
publier les efpèces. Linné fils a confacré à fa mémoire
le genre Forfiera.
Gmelin (J. Georges). Il falîoit toute l'aCtivité
8c le courage d’un naturalifte aufli éclairé què
Gmelin, pour nous apprendre que ies régions glacées
de la Sibérie n'étoient pas moins fertiles en
plantes, que beaucoup d’autres contrées de l’Europe,
fituées fous un climat plus tempéré. Chargé
, par la cour de Ruflie de vifiter la partie la plus
feptentrionale de ce vafte Empire , il parcourut la
Sibérie, jufqu'alors peu connue quant à fes productions
végétales , 8c il ne vit pas fans une admiration
qui le feutenoit dans fes pénibles excur-
fions, que te pays renfermoit un grand nombre de
plantes rares ou nouvelles. Il publia , en 1749 , la
Flort de la Sibérie, en quatre volumes in-40. , enrichie
d’un grand nombre de gravures, ouvrage
infiniment précieux pour tous ceux qui veulent
parcourir les mêmes contrées , quoique les descriptions
laiflent quelquefois beaucoup à defirer ,
principalement pour les parties de la fructification.
Le genre Gmelina lui a été confacré par Linné.
> Quelques années avant le voyage de Gmelin,
Jean Amman avoit parcouru en obfervateur l’Empire
de Ruflie; il donna enfuite la defeription 8c
quelques figures des plantes rares qu’il y avoit