
s’engager dans un pot placé au-deffus d’une tinette
de bois pleine d’eau, & qui eft faite en cône ren-
verfé. Par l’aâion de la chaleur, le foufre fe fu-
blime, fe condenfe dans le tuyau en liquide qui
S’écoule dans la tinette, où il fe fige. Dans cette
opération il paffe toujours un peu de matière ter-
reufe avec le foufre, parce que la mine chauffée
le bourfoufle. Si donc l’on veut obtenir à l’état
<3e pureté le foufre brut qu'on a obtenu par cette
Opération, on peut employer plufieurs procédés,
que nous décrirons après avoir parlé des moyens
,de retirer le foufre de plufieurs fulfures métalliques.
En Saxe & en Bohême, on chauffe généralement
les pyrites dans des tuyaux de terre qui font
ouverts à leurs deux extrémités, 8c qui en ont
1 une plus étroite que l'autre. On les place dans un
fourneau à galère, de manière qu’ ils foient légèrement
inclinés vers l’extrémité dont l’ouverture
eft moins large, & dans cette extrémité on place
intérieurement une étoile de terre; enfuite on
introduit dans îè tuyau, par l'ouverture la plus
large> les fulfures métalliques qu’on veut chauffer
; on ferme bien cette ouverture, 8c on adapte
la plus étroite dans un récipient, où le foufre vola-
tilifé par l'aCtion de la chaleur doit fe condenfer.
Purification du foufre par fufion.
On met le foufre dans une chaudière de fonte,
on le tient quelque tems en fufion à une douce chaleur.
Comme les corps étrangers font plus pefans
que le foufre, ils fe dépofent peu à peu au fond
de la chaudière. Quand le dépôt eft fa it, on
puife le foufre fondu avec une cuiller, & on le
coule dans des tonneaux ou des cylindres de bois
qu’cn a légèrement humeètés d’eau. Il eft facile
de concevoir les inconvéniens de ce procédé :
d ’abord il n’y a que les parties les plus groffières
qui fe réparent du foufre ; en fécond lieu, les dépôts
retiennent toujours une quantité de foufre
plus ou moins grande. Conféquemment ce procédé
n’eft point avantageux fous le rapport de
la bonté, du produit, & fous celui de la quantité.
Purification du foufre par volatilifation.
On a deux manières de la faire : la première
& la plus ancienne confifte à chauffer le foufre
dans une chaudière de fonte, qui eft furmontée
d'un chapiteau , 8c qui communique par une em-
brâfure à une chambre voûtée. On introduit le
foufre dans la chaudière par une ouverture pratiquée
au ^hapiteau ; quand cela eft fa it, on
ferme l’ouverture avec une plaque de fonte.
La chambre a trois ouvertures en dehors : la première
eft une porte par laquelle un homme peut
entrer; les deux autres font garnies de foupapes de
tôle deftinées à évacuer l’air ou la vapeur dilatée
P# le calorique. On doit chauffer doucement
pour fublimer le foufre en petits criftaux pulvéru-
îens, qu'on appelle fleurs de foufre. On ne peut, par
cette raifon, fublimer beaucoup de matières à la
fois , car il arriveroit une époque où le*calori-
que , qu’une grande quantité de vapeurs aban-
donneroit, opéreroit la fufion des fleurs qui fe
feroient fublimées au commencement de l’opéra'*
tion. Les fleurs de foufre contiennent toujours d^
l’acide fulfureux qui, à l’aide de l’air & de l'humidité,
finit par fe convertir en acide fulfurique;
c’eft pour cela qu’il eft néceffaire de laver ce produit
à l'eau bouillante, lorfqu’on l'emploie
comme médicament. En faifanc ce lavage avec
de l ’eau pure, on s'alfure, au moyen du muriate
de barite & du tournefol, qu'il contient de
l'acide fulfurique libre.
Quand on veut faire de la fleur de foufre en
petit, on peut fe fervir d’aludels. La-fécondé manière
de purifier le foufre par la volatilifation a été
découverte par M. Michel, de Marfeille : elle
diffère de la précédente, en ce qu’au lieu de vouloir
condenfer le foufre qui fe volatilife en crif-
taux pulvérulens, on peut le recueillir à l’état liquide
dans la chambre qui fert de récipient, 8c
d'où on le fait écouler enfuite par un robinet.
La figure de la planche 11 repréfente la coupe
de l'appareil employé pour cette opération.
M M font les murs extérieurs d’un bâtiment
dans lequel on conftruit l'appareil.
mmmm font les murs de la voûte de la chambre
dans laquelle le foufre fe condenfe j ils font
en briques.
111 eft l’intérieur de la chambre.
t eft un tuyau garni d’une foupape S , que fou-
lèvent les gaz lorfqu’ils font affez dilatés par la
chaleur. On voit en L une lucarne par laquelle on
pénètre fur le toit pour y faire les réparations né-
ceffaires.
E eft une embrâfure par laquelle le foufre s’introduit
dans la chambre.
fF E ieft le fourneau fur lequel eft placé la chaudière
C.
D V eft la voûte du fourneau. On voit en P la
porte par laquelle on charge la chaudière*
m eft une marche qui s’oppofe à ce que les
matières qui font dans la chaudière ne pafferit
dans la chambre.
Il y a deux chaudières pour une feule chambre.
Lé robinet par lequel le foufre fondu s’écoule, eft
placé dans l’un des angles inférieurs de la chambre
qui avoifînent un des fourneaux; le foufre eft reçu
dans une excavation pratiquée dans la terre.
Le foufre préparé par ce procédé eft d’un jaune-
citron ; il eft parfaitement pur : ce procédé étant
beaucoup plus expéditif que le premier, eft par
cela même plus économique.
Le foufre eft employé à ia fabrication des alu-
mectes, à celle de Ja poudre à canon ; on le mêle
alors avec du nitre 8c du charbon. Il fert à faire
l'acide fulfurique, l’acide fulfureux & le gaz.
auquel on expofe la foie pour la blanchir. Il eft
employé en médecine, 8cc.
Soufre doré d’antimoine. C ’eft une matière
orange que l’on obtient en verfant un acide
dans les eaux mères du kermès ; il eft formé
d’hydrogène fulfuré, d’oxide d’antimoine au minimum
, & peut-être de foufre : on ignore encore
en quoi elle diffère du kermès.
S o u f r e h y d r o g é n é C ’eft le nom qu’on
donne au compofé liquide qui fe produit lorfqu’on
verfe du fulfure hydrogéné de potaffe dans
l’acide muriatique étendu d’eau. (Foye^S o u f r e .)
S o u f r e l a v é . C'eft la fleur de foufre qui a été
dépouillée de l’acide qu’elle contient par des lavages
faits à l’eau chaude.
Soufre végélal. (V ’oyei Lycopodium.)
S o u f r e y i f : m é l a n g e d e foufre & d e t e r r e a r -
g i l e u f e , d e c o u l e u r g r i f e , q u e l 'o n t r o u v e d a n s l a
n a t u r e .
Soufre. ÇMétallurgie.) Ce combuftibles’obtient
en le féparant, par la diftillation , des terres
& des pierres dans lefquelles il eft mélangé, ou
des métaux avec lefquels il eft combiné.
On emploie, pour cer objet, quatre méthodes
différentes : i°. on diftille, à la Solfatare, les
terres imprégnées de foufre, dans de grands pots
de terre , faifant fonction de cornues, que l’on
place dans une galère : ces pots communiquent à
l'extérieur dans des pots qui font fonction de réci-
piens ; 1°. on diftille en Saxe , en Bohême , en
Siléfîe, des pyrites que l’on introduit dans de
grands tuyaux de terre placés dans des fourneaux
voûtés; 3°. on grille des pyrites de cuivre à Gof-
lard 8c à Cheffy, en formant de grands tas pyramidaux
de ces minerais & en mettant le feu avec
des fagots ; 40. on grille des pyrites de fer & de
cuivre en Hongrie 8c dans quelques ufînes d'Allemagne,
en les plaçant dans un grand fourneau
muré des quatre côtés.
De ces quatre méthodes , deux ayant déjà été
décrites dans la partie chimique de cette fub(-
tance, nous croyons devoir nous reftreindre à ne
parler ici que des deux dernières ; cependant,
comme il pourroit être intéreffmt de bien con-
noître le fourneau que l’on emploie en Saxe,
en^ Bohême 8c en Siléfîe, & que ia defcription
qui en a été donnée pourroit ne pas être fuffi-
fante pour établir le procédé en grand , nous
avons cru devoir y joindre un plan très-détaillé
de ce fourneau, planche x x ir . figures 1 ,2 , 3 , 4
S y 6 , 7 & 8.
Nous ajouterons encore aux détails qui ont été
donnés fur la manière d’obtenir en Allemagne
k foufre contenu dans les pyrites, que l'on grille
ordinairement, dans ces fortes de fourneaux, cent
vingt-fix quintaux de minerai par femaine, 8c
que l'on en retire dix-fept quintaux de foufrei
c’eft quatorze pour cent ; 8c en fuppofant que ces
pyrites continffent 0,35 de foufre, ce feront les
du foufre contenu.
Du grillagt en tas pyramidaux.
On drëffe une place fur un terrain fec; ofr
place 8c l’on étend fur le fol une quantité fuf-
fifante de minerais en pouffière, provenant de
quelques grillages précédens, pour former une
bafe carrée de trente pieds de côré ; on l'élève de
huit à dix pouces. Après avoir bien battu 5c
nivelé la furface, on y arrange deux lits de bois
de corde bien fec , que l’on recouvre d'un troi-
fièmé lit en fagots, pour boucher les intervalles
& retenir le minerai. (Voye£ planche x xiv , fig. y ,
10 & 11. )
Il eft euentiel, en arrangeant les bûches , de
les placer ds manière que l’air puiffe facilement
circuler à travers fes lits. Afin d'entretenir la
combuflion, on a foin de former, avec le bois, deux
canaux dans le fens des deux diagonales, & l'on
place dans le vide, formé au centre de l’efpace
par le croifement des deux canaux, du charbon
de bois pour le remplir. La*" quantité de charbon
que contient cet efpace , qui peut avoir trois
pieds en carré , eft d'une à deux voies.
L’efpace vide que forment les canaux dans la
première couche des bûches , 8c qui peut avoir
trois pieds de large, eft recouvert avec les bûches
de la fécondé couche, que l’on place en travers
fur ces efpaces.
Sur le milieu du tas, au-deffus de l’efpace formé
par le croifement des deux canaux, on élève un
tuyau vertical de fix à huit pouces de largeur.
A Cheffy, ce tuyau eft formé avec des planches
dont la longueur égale la hauteur que doit avoir
la pyramide. A Goflard & dans le Hartz , on la
forme avec deux ou trois rangées de larges bûches,
que l’on place les unes fur les autres, dans le fens
de leur longueur : ces bûches, dans chaque rangée
, font au nombre de quatre , pour former un
vide rectangulaire.
Après avoir difpofé le combuftible de la bafe
du grillage, 8c avoir placé les planches ou les
bûches qui forment le tuyau vertical, on ran®e
la minerai de manière à former une pyramide
rectangulaire qui ait huit pieds de hauteur environ
, & dont la troncature du fommet ne foit
que le tiers de celle de la bafe , c’eft à-dire,
dix pieds. Le minerai doit être concaffé en morceaux
de la groffeur du poing. La première couche
, celle qui eft placée fur le combuflible, eft
toujours moins large que la bafe ; il faut laiffer un
rebord libre fur chaque face, de dix pouces environ.
Dès que le minerai eft arrangé, on recouvre les