
pofe fur fa furface puiffe couler dans la lingotière.
Ceüce ardoife fe nomme afjiette de [inc. Enfin, on
place fur le bord intérieur de l’affiette de [inc, une
nouvelle ardoife droite 3 pour fermer cet efpace
& en former une efpèce de caiffe. Cette fécondé
ardoife eft réunie à la première avec un mortier
d’argile & de vieille brafque* alors on continue de
conftruire la chemife, & l’on ferme le devant du
fourneau.
Là pierre de grès doit être placée à la hauteur
dè la tuyère, & celle-ci doit avoir une pofition telle,
que le vent qui fort par fon ouverture aille frapper
fur l’affiette de [inc pour la refroidir.
D’après cette difpolirion , l’intérieur du fourneau
fe trouve divifé en deux parties : celle du devant
eft deftinée à recueillir le [inc qui fe répare par la
volatilifation 3 celle du derrière à recueillir le plomb te le cuivre qui pénètrent à travers la brafque, ainfi
que les feories qui s’écoulent fur la furface.
En chargeant le fourneau, il faut d’abord placer
par-devant, & fur i’affiette de [inc, un panier de
menu charbon, puis remplir le fourneau avec du
gros charbon, donner le feu, chauffer le fourneau
8c faire jouer les machines fouffiames. Le minerai
doit toujours fe charger par-derrière, afin
qu’ il piaffe tomber entre l’ aflietre de [inc & le fond
du fourneau.
Il eft facile de concevoir ce qui fe paffe dans ce
travail : d’abord le minerai s’échauffe 5 il fe dé-
foxide par fon contaét avec le charbon, & par
l ’aâion des gaz hydrogène 8c carboné qui patient
à travers -, il fe fond ainfi que les feories & tombe
fur la brafquej le [inc, qui eft plus fufible, fe fond
plus tôt & fe vaporilé 5 il fe divife en trois parties : la
première s’ élève au-deffus des charbons, s’oxide,
s'attache aux parois du gueulard 8c s’y dépofe fous
forme de cadmie * la fécondé, qui s’oxide auffi, eft
entraînée dans la fumée & fe difperfe dans l’air j la
troifième, enfin, fe porte vers la poitrine du fourneau
, vers la chemife : elle s’y refroidit 8c tombe
en goutelettes liquides furl’affiette de [inc, en paf-
fant à travers les charbons gros & menus qui font
fur cette face : c’eft cette troifième partie qui fe
réunit dans la lingotière qui coule dans la rigole, &
que l’on reçoit à l’extérieur dans une efpèce de
creufet difpofé convenablement.
Quant au plomb, au cuivre & aux feories, les
deux métaux paffent à travers la brafque & fe dé-
pbfentdans le creufet, tandis que les verres terreux
qui ont diffous une portion d'oxide de fer, de
cuivre 8c de plomb , & qui n’ont pu être amenés
qu'à l’état pâteux, à caufe de lëur difficile fufion,
gliffeni fur la brafque , 8c forcent par l’ouverture
confervée entre la brafque & la pierre de
grès. Lorfque les feories font trop tenaces,qu’elles
coulent difficilement, on facilite leur fortie en les
tirant avec des ringards & avec des crochets.
• Comme le creufet s’emplit fucceffivement & que
la brafque fe brûle par l’ aétion de l’air & de la chaleur,
on ne peut traiter, dans un fondage, qu’une
certaine quantité de minerai On nomme journée
le mélange de minerai, de feories & de fondant
que l'on traite de fuite & fans déranger le fourneau.
Cette journée fe compofe : :°. de trente-
deux quintaux de minerai grillé (1) > i° ■ dix-huit
quintaux de feories du Haut-Hartz • le quintal contient
20 livres de plomb j 30. cinq quintaux de
vieilles feories choifies dans les décombres, parce
qu’elles contiennent un peu d’ argent 8c de plomb j
40. les litharges impures, les teft ou cendrees, les
craffes de plomb qui proviennent des affinages, 8c
cela proportionnellement aux quantités dont on
peut difpofer j 50. enfin , les débris que 1 on retire
des fourneaux après la fonte d’une journée.
Pour fondre une journée de matières, on brûle
deux cent vingt-quatre pieds cubes de charbon
de bois de fapin , ou cent quatre-vingt-dix pieds
cubes de charbon de bois dur, & l ’on retire
de fix à huit quintaux de plomb, contenant un
.marc d’argent, de 20 à 40 livres de [inc 8c le
double de cuivre. Les trois fourneaux da Ramels-
berg produifent par an huit mille quintaux de
plomb, trois mille cinq cents marcs d’argent,
deux à trois cents quintaux de cuivre, 8c de cent
quarante à cent cinquante quintaux de [inc > i's
brûlent fix cent trente-un mille huit cent quatre-
vingt-dix pieds cubes de charbon.
Si l’on compare le procédé de R.amelsberg, pour
obtenir le [ inc mélangé avec d’autres métaux , on
voit qu'il diffère peu de ceux que l’on emploie en
Angleterre, en Allemagne & à Liège, c’eft-à-dire,
que c’eft également p*r la diltiliation : celui avec
lequel il a le plus d’analogie, eft le mode pratiqué
en Angleterre : ic i, le [inc fe volatiîife dans la caiffe
& tombe dans le tuyau placé au milieu ; la , le
[inc fe volatiîife dans le fourneau 8c tombe dans la
caiffe pratiquée fur le devant : ils diffèrent 1 un de
l’autre en ce que, par le procédé de Ramelsberg,
on perd néceffairement une grande partie du [inc
qui s’élève au-deffus du charbon , tandis qu’en
Angleterre on retire tout le métal qui fe vaporife.
La conduite du feu dans le travail a une grande
influence fur la quantité^de [inc que l’on obtient.
Si le fourneau eft conduit trop.chaud, une plus
grande quantité de ce métal fe vaporife, 8c s il
eft conduit trop froid, les feories font trop tenaces
, elles entraînent du plomb 8c du cuivre j il
faut donc une grande attention de la part du fondeur,
dans la conduite de l’opération-, pour maintenir
le fourneau à la température la plus favorable à la
féparation des divers métaux, & la difficulté que
cette conduite préfente eft d’autant plus grande,
que les fondeurs ne peuvent pas faire ufage du ne[,
qui fe forme ordinairement autour de la tuyère , 8c
qui fert de guide dans un grand nombre d'opérations.
Cette difficulté 8c la tendance qu’ont les fon^
(r) Le quintal contient cent vingt-cinq livres poids dç
Cologne , 8c cent v ing t , poids de France.
deurs à trop chauffer leur fourneau, afin de finir
plus promptement leur journée, a déterminé l’ad-
miniftration à accorder aux fondeurs une prime
de 4 fous par livre de [inc obtenu : cet encouragement
les détermine à y porter plus de foin.
Nous avons Fait obferver qu’une partie du [inc
fe vaporifoit à travers les charbons & fe dépofuie
à l’état d’oxidè fur les parois du gueulard. Cette
quantité eft quelquefois a fiez confidérable pour
obliger les ouvriers à détacher çette cadmie toutes
les trois ou quatre journées. Cet oxide eft plus
ou moins pur, félon la place où il s’eft dépofe.
Celui que l’on retire fur le derrière du fouroeau
8c fur les faces latérales e(i fouillé de plomb* celui
que l’on retire fur les bords delà chemife eft fou-
vent affez pur. Quelquefois l’oxide contient du
cuivre qui lui donne une couleur verte. La cadmie
pure 8c la cadmie cuivreufe font employées dans la
!abi ication du laiton j quant à la cadmie plombeufe,
il faut l’employer avec beaucoup de réferve, parce
qu’il paroit que le* plomb rend le laiton aigre &c
caftan r.
A la fin de chaque journée de travail, qui dure
dix-huit heures, on réunit le [inc que l’on a obtenu*
on le refond dans dés creufets & l’on en fait
des culots ronds : ce métal paroït aflez pur 5 il eft
rarement fouillé de plomb.
Dès que le travail de la journée eft terminé, on
laiffe refroidir le fourneau, on défait la brafque
& le réceptacle du [inc; on répare le creufet, on
place une brafque nouvelle* on remet la pièce de
grès, la lingotière, l’ afliette 8c la pièce dt[in c ;
on repare la chemife & l’on difpofe le fourneau à
recommencer une nouvelle operation.
De quelques états de combinaifon fous lefquels le [inc
efi verfé dans le commerce»
Nous croyons ne devoir parler ici que du laiton,
combinaifon de [inc 8c de cuivre, & du fulfate de
[inc j- encore ne parlerons-nous que très-fuccin&e-
ment du premier, parce qu’ il en a déjà été quef-
tion à Y Art du Tréfilier, tom. I I , pag. 113?, des
Arts & Métiers de cette collection encyclopédique.
Du laiton.
Les combinaifons de [inc &de cuivre ont, dans
le commerce, différentes dénominations qui dépendent
de la couleur qu’elles présentent, 8c ces couleurs
dépendent elles-mêmes de la proportion du
[inc combinée avec le cuivre : plus la proportion
du [inc eft grande, plus le laiton blanchit * plus elle
eft petite, 8c plus il eft rouge : les differens noms
que l'on donne à ces alliages font ceux de cuivre
jaune, laiton, tombac ,fimilor, or de Manheim , métal
de prince Robert, &c.
Les fubftances dont on fait ufage pour obtenir
ces diverfes combinaifons font : i ° . du cuivre ou
du vieux laiton 3 10« du [M métallique, de l’oxide
de [inc filicifère, du carbonate de [inc 8c de la
blende.
Parmi ces dernières fubftances, celles que l’on
emploie le plus ordinairement font : fox idc de [inc
filicifère 8c le carbonate de [inc, connus l'un 8c
l’autre fous le nom de calamine, 8c l'oxide de [inc
qui fe dépofe fur les bords du gueulard des fourneaux,
que l'on défigne fous le nom de cadmie:
ces oxides 8c carbonates pulvérilés, tamifés, font
mêlés avec de la pouflicre de chat bon. La proportion
ordinaire eft d’une mefure de chai bon fur
deux de minerai. Lorfque la calamine fe pulvérife
difficilement, on diminue la cohëfion de fes parues
en la foumettant à un grillage préliminaire.
On ne peut employer la blende qu’après l'avoir
foumife à un grillage long-temps continué, à l’aide
duquel on vaporife tout le fourre qu’elle contient.
La plus petite quantité de foufre refté rend le \inc
aigre 8c le noircit : c’ eft à la différence dans les grillages
de la blende que l’on peut attribuer le laiton
défectueux que Gellert a obtenu, &Je beau laiton
provenant des effais de Jars 8c de Duhamel.
i Quant au [inc métallique, quoiqu’il produife ordinairement
un beau laiton, on en Fait peu d’ufage,
i° . parce qu’ il coûte plus cher que la calamine qui
le produit j 20. parce qu’il s’en brûle une partie
dans l’ôpératidn. '
Les proportions de calamine mélangées avec le
cuivre varient dans chaque lieu. Au Hartz , on
prend trente parties de cuivre contre quarante-cinq
de calamine* à Caffel, cinquante contre foixante jen
Suède, trente contre quarante-fix j en Angleterre,
quarante contre foixante* en France, trente-cinq
contre quarante-fix. Dans quelques fonderies,
comme à Caffel 8c en Suède, on ajoute encore
vingt à trente parties de vieux laitons au mélange.
Après avoir humeÇté le mélange de charbon &
de.calamine ou de cadmie, on mêle exactement
ces deux fubftances dans un cuvier, d’où on retire
le mélange pour le mettre, couche par couche,
dans un creufet de terre avec du cuivre rouge qui
a été granulé dans l’eau j on recouvre le creufet
avec de la pouffière de charbon, 8c on le place dans
un fourneau circulaire pour faire cémenter le
cuivre & fondre le laiton. A la chaleur rouge, le
[inc fe fond, fe vaporife & fe combine avec le
cuivre* en augmentant la température, le laiton
fe fond & fe réunit en bain au rond du creufet. On
s’aperçoit que l’opération approche de fa fin, parce
que du cuivre fe vaporife 8c fe brûle en produi-
fant une belle flamme verte : alors on remue avee
une verge de fer le mélange liquide réuni dans le
creufet * on retire celui-ci du fourneau, & l’on
coule le métal entre deux pierres pour former dss
lames plus ou moins épaiffes.
On peut employer differens fourneaux pour cémenter
le cuivre & fondre le laiton. Dans quelques
ufines, on emploie du charbon de bois que
l’on jette entre les creufets placés fur une grille^
dans d’autres, on fait ufage de fourneaux de réver