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jaune-rougeâtre , l’infufion de quinquina jaune en
gris , l'émétique en flocons d’un blanc-jaunâtre ,
le fui fa te de fer en v e r t, & l’acétate de plomb en
blanc. Il ne précipitoit pas le fulfate de cuivré
ni l ’infufion de quinquina de Santa-Fé. Ce quinquina
doit pofleder à un haut degré la propriété
fébrifuge.
E s p è c e VII. Quinquina gris 3 plat ( i ) .
L’infufion de cette efpèce d’écorce a une couleur
rouge-fauve de vin de Malaga, une faveur
fade fans aftri&ion ni amerrume.
Elle précipite abondamment l’infufion du quinquina
jaune en flocons bruns > elle donne à la fo-
lution de fulfate de fer rouge une belle couleur
v e r te , & y détermine , quelques inftans après,
un précipité de la même couleur.
L’émétique, la colle-forte, le quinquina ca-
nelle, n’éprouvent aucun changement par l’infufion
de cette écorce.
Ces phénomènes femblent annoncer que cette
écorce n’eft pas un véritable quinquina 3 ou s’il appartient
au genre de ces végétaux, il n’en a pas
du moins les propriétés chimiques, d’où l’on peut
préfumer qu’il ne jouiroit pas des mêmes vertus
médicinales ; car il n’ a , des quinquinas , ni l’amertume
ni l’aftriétion qui font propres à tous d’une
manière plus ou moins marquée. Si l’on joint à
cela qu’il ne précipite ni la colle-forte, ni l’émétique
, ni l’infufion de tan, propriétés qui appartiennent
aux meilleures efpèces de quinquina , l’on
aura une prefque certitude qu’il ne fera pas propre
à la guérifon des fièvres.
E spe c e VIII. Quinquina jaune ( cinchona pubef-
cens). (2) Walh.
Cent grammes de ce quinquina en poudre fine ,
mis pendant vingt-quatre heures en macération
dans l’eau diftillée , ont donné une. liqueur tranf-
parente d!ua jaune d’or , ayant une grande amertume,
& mouffant par l’agitation. Effayée par les
réaétifs, cette liqueur a préfenté les effets fuivans :
L’alcool gallique y a formé un précipité abondant
qu’un excès de cet alcool a rediffous3 & que
l ’addition de l’eau a fait reparoîtrej ce qui prouve
quecen'eftpas une matière purement animale que
le tannin en fépare.
' Elle précipite les diffolutions d’émétique & de
nitrate de mercure en blanc-jaunâtre, fait prendre
au fulfate de fer une couleur verte très-prononcée,
fans en rien précipiter.
La diffolution de colle n’y a opéré aucun changement
î elle ne rougit point la teinture de tour-
(1) Il parole que c’eft le kina blanc de Santa-Fé , rapporté
par M . Humbolat, dont il fera parlé plus bas.
(2) L a defeription phyfîque de ce quinquina a été Faite par
"VYalh & autres médecins-bocaniftes.
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ne fol. Pendant l’évaporation, cette liqueur a dé-
poféune fubftancerofe fur les parois de la capfule.
Réduite en confiftancede firop,elle a encore dé-
pofé, en refroidiffant, une nouvelle quantité de
matières d’un brun-marron. La liqueur filtrée étoit
encore colorée, & contenoit le fel propre aux
quinquinas, dont nous parlerons par la fuite.
Cette fubftance brune, lavée avec une petite
quantité d'eau froide, eft foluble dans l’eau chaude
furtout, & dans l’alcool ; elle ne l’eft que très-
peu dans l’eau froide : fa faveur eft très-amère. _
Dans la diffolution aqueufe de ce dépôt, la noix
de galle forme un précipité abondant. L’émétique
&” le nitrate de mercure y produifent les mêmes
effets què dans la macération j le fulfate de fer
en eft verdi 5 l’ acide muriatique oxigéné y perd
fon odeur, & forme bientôt, avec la diffolution
de cette fubftance , un précipité floconneux.
La colle-forte n’y produit pas plus d’effet que
dans la macération : les acides fulfurique & acétique
n’y apportent point de changement. Délayée
avec de la potaffe cauftique , elle n’ exhale point:
d’odeur d’ammoniaque.
Deux cent vingt-cinq grammes de cette fubftance
fèche , fournis à la diftillation , ont donné
beaucoup d’eau , une quantité fenfible d’ammoniaque
, & une huile purpurine qui perd cette
couleur en fe diffolvant dans l’alcool, mais qui la
reprend à mefure que fon diffolvant, expofé à
l’air, fe diffipe.
Elle laiffa dans la cornue onze décigrammes de
charbon qui, par la combuftion, donna un déci-
gramme de cendres folubles avec effervefcence
dans l’acide muriatique , & donc la diffolution
fournit de la chaux & du fer.
Il eft évident, par ce qui précède, que c’eft
cette fubftance colorée, amère , qui, dans la macération
de l’efpèce de quinquina dont il eft quef-
tion , produit, avec lesréa&ifs , tous les phénomènes
que nous avons remarqués plus haut. Cette
fubftance femble tenir le milieu , par fa nature &
fes propriétés , entre les matières végétales & les
fubftances animales. C ’eft probablement elle qui
eft le principe efficace dans la guérifon des fièvres
intermittentes. La liqueur féparée de cette fubftance
fut traitée par l’alcool, qui fe chargea de
la partie colorante, laquelle n’étoit autre chofe
qu’une portion de la même matière retenue par
l ’eau. La portion non foluble dans l’alcool avoit
la confiftance d’un mucilage épais, & n’ avoit prefque
plus de faveur ni de couleur > elle fe diffout
abondamment dans l’eau, & fa diffolution donne,
par une évaporation fpontanée, des criftaux la-
melleux, légèrement colorés d’un fel fur lequel
nous reviendrons par la fuite.
La feptième macération de la même quantité de
quinquina précipitant encore par la noix de galle,
l’on penfa que l’eau froide n’avoit pu diffoudre la
totalité du principe qui produit cet effet} en con-
1 féquence , on fit bouillir le marc de ce quinquina,
&
0 u 1
Fon obtint une liqueur qui préfenta tous les
e s t a d e la macération* excepté qu’elle'ne
précipitoit pas la folution d’emétique , probablement
parce qu’elle étoit trop étendue d’eau.
Cette efpèce de quinquina n’eft donc pas la
même que celle qui a été examinée plus haut fous
le même nom (^efpèce première ).
Espèce ÎX. Cinchona ofàjinalis.
Quatre- vingt*-quatre grammes de ce quinquina ,
traicés<xomrne le cinchona pubefeens , ont donné
uneirqrîeur moins colorée & plus mudlagineufe
que celui-ci, quoiqu’également amère. Cette in-
fufiùn'rôugiffoit légèrement la teinture de tour-
nefol. Efïayéé par les réa&ifs, elle a préfenté des i
phénomènes femblables à ceux du cinchona pu-
befeens
Toutes les eaux de macération j évaporées, ont
fourni un dépôt dont les propriétés fe confon-
doient tellement avèc celui obtenu du cinchona
pubefeens, qu’ on a cru pouvoir les réunir} mais
la liqueur furnageante contenant le Tel effentiel
au x quinquinas 3 fut fourni fe féparément à l’évaporation
& à la criftallifation fpontanée. Après en
avoir féparé la matière colorante au moyen de
l'alcool, elle a fourni des criftaux au bout de quelques
jours. Voilà donc deux efpèces de quinquina
qui ne précipitent pas la colle-forte, & qui con-
féquemment font dépourvues du principe auquel
eft dû cet effet dans d’autres efpèces de quinquina;
edes devroient, fuivant l’opinion de M. Séguin.,
êire placées parmi les meilleures fortes.
Après plufieurs lavages à l’eau froide, les dernières
eaux précipitant toujours par la noix de
galle, lè marc fut traité par l’eau chaude, laquelle
acquit une couleur affez intenfe 5 elle étoit moins
amère que l’eau de macération} elle étoit encore
plus mucilagineufe que la décodion du cinchona
pubefeens.
Elle précipitoit la noix de galle , le nitrate de
mercure, & verdiftoit le fulfate de fe r } mais ni
l ’émétique ni la colle-forte n’y opérèrent aucun
changement. Cette efpèce n’ eft donc pas la même
que celle qui a été examinée plus haut fous le nom
de quinquina gris , dit fupêrieur.
ESPÈCE X. Cinchona magnifolia.
Cent grammes de ce quinquina 3 réduits en poudre
fine , & mis en macération pendant vingt-
quatre heures , donnèrent une diffolution qui
paffa difficilement au filtre} elle étoit d’un rouge
de rubis , peu mucilagineufe, d’une amertume
légère & d’une aftringence très-prononcée.
La teinture de tournefol ne fut pas rougie par
cette diffolution ; la noix de galle n’y forma pas
de précipité, non plus que l ’émétique 3 la folu- I
tion de colle-forte la précipita abondamment j le J
fulfate de fer lui fit prendre une couleur verte j
Ch im ie , Tome VI,
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; d'oxide de chrême que l’acide muriatique oxigéné
fit paffer au vert-fale.
Elle précipita suffi la macération du quinquina
pubefc ens & du quinquina officinal.
Il eft à e b fer ver que le fécond lavage â froid
de ce hina.ne précipitoit plus la colle-forte.
Les eaux de macération de ce quinquina, évaporées
en confiftance d’extrait, furent traitées à
chaud par l’alcool, qui acquit une couleur très-
belle. Cette diffolution alcoolique, étendue d'eau,
& éprouvée par les ré a 61 ifs dont on s’étoit fervi
1 pour les premières eaux de macération, offrit les
mêmes réfultats. Ainfî la matière qui a produit les
effets ci-deffus énoncés eft foluble dans l’alcool.
La partie non foluble dans l’alcool étoit d’un
rouge d’ocre que l’air noirciffoir; elle fe reiif-
folvoit dans l ’eau. Sa diffolution ne précipitoit
; pas la colle-forte ni la noix de galle , mais elle
\ précipitoit l’émétique , le nitrate de mercure ,
I & verdiftoit le fulfate de fer.
Dix grammes de cette fubftance infoluble dans
l’alcool étant diftillés, donnèrent de l’ammoniaque
& un charbon pefant quarante-un centigrammes.
ESPÈCE XI. Quinquina qui m*a été vendu fans
nom (1).
Cent grammes de ce kina, macérés pendant
vingt-quatre heures, donnèrent à l’eau une.couleur
moins foncée que le kina magnifolia; mais elle
étoit plus amère & moins aftringente.
Elle rougit fenfiblement la teinture de tournefol
, ne précipita ni la noix de galle ni l’émétique}
mais elle précipita la colle-forte, le nitrate de
mercure , & verdit le fulfate de fer.
En général , cette efpèce de quinquina préfenta
tous les caraétères du quinquina magnifolia, & doit
être placée dans la même claffe.
La décoêiion du marc de ce quinquina n’offrit
aucune différence d’avec la macération.
_ La décoétion du marc ne précipitoit pas l’émétique.
ESPECE XII. Quinquina pitton vrai.
Cette efpèce de quinquina, qui m’a été donnée
par^M. Solorné , pharmacien trës;diftingué de
Paris, a beaucoup de rapport, par fa couleur , fa
forme & fa faveur amère, avec le quinquina de
Saint-Domingue, dont M. Fourcroy a faitl’ana-
lyfe il y a environ quinze ans.
Cent grammes de ce quinquina, traités comme
les autres efpèces , ont communiqué à l’eau une
couleur rouge de fang veineux. Sa faveur eft plus
amère & plus défagréable que celle des autres.
L ’alcool gallique, l’émétique, le nitrate de mercure
& le fulfate de fer produifoient des précipités
abondans avec cette diffolution de quinquina : 1
(1) I l avoir tous les caractères du quinquina magnifolia.