
colorée, 8cparce qu'elle eftficcative. Nous avons
f.iponifiâ trois livres d’huile de noix avec des lef-
fives de fôude, de la même manière' que nous
avons traité l'huile d’olive, & nous avons obtenu
une brique de favon qui, au fortir de la mife,
pefoit quatre livres douze onces. Ce favon eft
d'une confiftance moyenne , d'un blanc jaunâtre;
il eft gras & gluant; il devient d'un jaune-brun à
l’air , & il n'y acquiert point de la folidité ; il s’y
ramollit plutôt, pour peu que l’air foit humide.
Ce favon ayant été confervé pendant deux mois ,
n’étoit plus que du poids de quatre livres huit
onces : il a donc perdu quatre onces. La plus petite
addition d’eau le ramollit confidérablement
& le rendpâteux. On voit, d’après cela , qu’ il
ne peut être employé pour les favonnages à la
main.
§• N. Du favon fait avec l'huile de lin & la foude
du commerce rendue caufiique.
L’huile de lin ne nous a pas paru propre à la
fabrication desfavons folides ; mais elle convient
pour les favons mous , & ceux qui en fabriquent
s’en fervent lorfqu’ils peuvent s’en procurer.
Cette huile eft particuliérement employée pour
les peintures & pour les vernis gras , à caufe de
fa propriété ficcative. Nous avons également
traité trois livres d’huile de lin avec des leflives
de foude rendues cauftiques; elles nous ont
fourni un favon qui, au fortir de la mife, pefoit
cinq livres ; il étoit affez blanc , mais il ne tarda
pas à jaunir à fa partie extérieure. Ce favon
eft gras, pâteux & collant, d’une confiftance j
moyenne, ne fèche point à l'air ; il a une-odeur
forte ; H fe ramollit confidérablement par l’addition
d’une petite quantité d'eau. L’ayant confervé
dans un endroit fec pendant deux mois,
il a perdu huit onces de fon poids ; néanmoins il
étoit encore pâteux & collant.
Ces expériences prouvent fuffifamment qüe les
huiles dites ficcatives, telles que l’huile de noix
& l’huile de lin, ne font point propres à faire des
favons folides.
§. O. Des favons faits avec des huiles de poiffon ,
- & la lejfive de foude du commerce rendue eau (ht que.
Les huiles de poiffon font employées en
Hollande à la fabrication des favons mous. En
France , les fabricans de favons mous s'étoient
fait un devoir de ne point s’en fervir, afin de
çonferver à leur favon la fupériorité qu’ils onç
conftamment méritée. Les huiles de poiffon con-
fervent opiniâtrement l’odeur qui leur eft particulière
: il n’eft point à notre connoiffance que
l’on foit encore parvenu à la leur enlever. L’huile
de poiffon fert à brûler ; elle eft auffi employée
par les corroyéuts. Il y a dans le commerce
plufieurs qualités ou efpèces d huiles de poiffon
que l’on vend fous divers noms ; celles que nous.{
■ nous femmes procurées , nous ont été fournies
tous le nom d’huile de baleine, d'huile de poiffon
& d nulle de morue. Nous allons faire connoîcre les
réfultats que nous avons obtenus avec ces trois
efpèces d’huiles.
Le favon que nous avons fait avec trois livres
d’huile de baleine, en la traitant avec des leflives
de foude rendues cauftiques , de la même manière
que les graiffes & huiles précédentes, pefoit, au
fortir de la mife, cinq livres; il eft d’un gris-,
fâle. L’ayant confervé dans un endroit fec pendant
deux mois, il a perdu huit onces de fon
poids, & il a acquis à fa partie extérieure une
couleur brune tellement foncée , qu’il en paroîc
rouge. Ce favon a une odeur affez forte d’huile
de poiflon ; il eft d’une confiftance allez ferme ,
mais non fec comme le favon d'huile d’olive, ce
qui doit le rendre peu propre aux favonnages do-
meftiques, particuliérement à caùfe de fon odeur ; il
pourroit être employé pour les toiles que l’on
pafferoit enfuite fur le pré , ainfi que. pour fouler
les draps, &rc.
Le favon fait avec trois livres d'huile de poiffon
differoit peu de celui fait avec l’huile de baleine ;
fon poids, an fortir de la mife, s’eft de même
trouvé de cinq livres : ila auffi perdu huit onces ,
pendant deux mois qu’il a été confervé dans un
endroit fe c} il eft devenu brun à fa partie extérieure,
de manière à paroïtre rouge ; il fe ramollit
dans les endroits humides.
Le favon obtenu avec l’huile dite de morue
ne différé des deux précédens, qu’ en ce que fa
pâte eft d’un gris plus fale ; il conferve d’ailleurs,
comme eux, l’odeur d’huile de poiffon; il acquiert
de même de la couleur par fon expofition à l’air ;
forti de la mife au poids de cinq livres , Sc repefé
: deux mois après, il ne pefoit plus que quatre
! livres huit onces. Une petite quantité d’eau,
: ajoutée à ces trois efpèces de favons, diminue
beaucoup leur confiftance 5 ils deviennent alors
pâteux.
Ces huiles ne pourront donc fervir à faire' des-
favons folides & bien maniables, qu’autant qu’on
leur affociera quelqu’une des huiles ou graiffes.
qui fournit un favon plus confiftant.
De Vaction de la foude artificielle , rendue caufiique ,
fur diverfes huiles & graiffes
Le travail dont nous avons été chargés fur l’ex-
traétion de h foude du fel marin, nous ayant foun i
du carbonate de foude, obtenu delà décompofition
du fel marin , nous avons cru ne pouvoir mieux
l’employer,, qu’à reprendre la férié d’expériences
dont nous venons de rendre compte, en employant
les mêmes quantités d’ huiles ou de graiffes, eh les
faponifiant avec des lellives de foude cauftique ,
préparées avec le carbonate de foude extraie du fel
marin. Ncusallons donc faire connoître les réfultats
que nous avons eus de ces nouveaux effais,
La même manipulation ayant été obferyée, 1
nous en abrégerons les details. Nous dirons feulement
que chaque opération a été faite avec
trois livres d huiles ou de graiffes animales, afin
d’avoir des produits comparatifs , & que , pour
chacune d'elles , nous avons employé des lef- j
fives nouvelles & particulières que nous avons
préparées avec trois livres de carbonate de foude
& une livre de chaux.
En opérant en grand , on pourroit diminuer
la quantité de carbonate de foude : quatre-vingts
livres de ceTel feroient fuffifantes pour la faponifica-
tion de cent livres d’huile.
Pour préparer la leffive, nous avons fait fufer
la chaux à la manière ordinaire, & nous y avons
ajouté affez d’eau pour en former une pâte liquide.
D’une autre part, nous avons fait dif-
foudre le carbonate dé foude dans cinq pintes
d'eau; nous avons enfuite ajouté cette diliolution ,
à la chaux, & le tout a été remué exactement
avec un bâton ; nous avons mis alors ce mélange
dans un petit baquet en bois blanc, percé à la
partie inférieure , & pour que la liqueur ou leffive
coulât clair, nous avons placé au fond un
morceau de bois. Après avoir coulé la première
le'fiîve, nous a^ns verfé de nouvelle eau fur la
matière reliante dans lé baquet, ce qui nous
a produit une deuxième ltflive , & en la lavant
une troifième fois , nous avons eu une troifième
leffive.
Ces trois leflives nous ont fervi à faponifier
chacune des huiles ou graiffes de cette deuxième
féiie^ d’expériences, en fuivant d’ailleurs toutes
les cîrconftances de l'opération de la cuite du fa von
3 que nous avons indiquées dans la première
férié, à l’article de la faponification de i’huiie
d’olive.
Les réfultats que nous avons obtenus ne diffèrent
point de ceux de la première férié d’expé- ;
riences. On en jugera mieux par l'expofe que
nous allons en faire. «'
1®. Trois'iivres d’huile d’olive nous ont fourni
une brique de favon d’une odeur agréable , qui,
au fortir de la mife , pefoit fi.pt livres dix onces.
Ce favon, au bout de deux mois, ne pefoit plus
que cinq livres.
2°. Trois livres d’huile d’amande, traitées avec
les leflives cauftiques de foude; artificielle, nous
ont donné une brique de favon très-blanc & firme,
d’une odeur agréable , qui., au fortir de la mife ,
pefoit cinq livres onze onces : repefé deux mois
après, fon poidsn’étoitpiusquede quatre livresfix
onces.
' 3®* Trois livres de fuif, avec de pareilles leffi-
ves, nous ont donné du favon très-blanc & fo-
lide , dont le poids, au forcir de la mife, étoit de
huit livres,.quatre onces. Ce favon, repefé deux
mois après , ne pefoit plus que fix livres; il conter
voit l’odeur de fuif.
4°. Trois livres de_.graiffe de porc, traitées de
jj
même, nous ont donné une brique de favon blanc
& folide, fans odeur défagréable , du poids de
huit livres trois onces. Ce favon, deux mois après,
ne pefoit plus que cinq livres.
5°. Trois livres de beurre rance deffalé nous
ont fourni, avec le même alcali, une brique de
favon blanc & ferme, du poids de onze livres, lequel
, par fon expofition à l’air pendant près de
deux mois, a perdu quatre livres. Ce favon ab-
forbe, comme l’on v o it, une grande quantité
d’eau, qui s’en fépare par la defficcation à l’air
libre : il décherra encore de plus de deux livres.
6°. Trois livras d'huile de cheval, d’une des
voiries de Paris, a donné, avec le même alcalis-
un favon blanc & confiftanr, n'ayant pas d’odeur
défagréable. Ce favon, au fortir de la mife, pefoit
neuf livres & demie ; deux mois après , il ne pefoit
plus que fix livres : il décherra encore d’environ
une livre & demie.
70. Trois li vres d'huile de colza nous ont donné
un favon d’un jaune-citron, affez confiftant, du
poids, au fortir de la mife, de cinq iivres quatorze
onces ; quinze jours apiès, il ne pefoit plus
que cinq livres : nous le conferverons pour en ob-
ferver le déchet ultérieur.
8°. Trois livres d’huile de navette, traitées avec
des leflives cauftiques de foude artificielle , nous
ont donné un favon d’une confiftance affez ferme,
de couleur blanche, confervant l ’odeur d’huile
de navette. Qe favon i au fortir de la mife , pefoit
fix livres & demie; vingt jours après, il n’étoic
plus que du poids de cinq livres.
5)0. Trois livres d'huile de faine nous ontdonné
une brique de favon qui étoit pâteux, du poids
decinq iivres quatre onces ; au bouc de deux mois,
il ne pefoit. plus que quatre livres treize onces.
io°. Trois livres . d’huile d’oeillet nous ont
donné une brique de favon qui, au fortir de la
mife, pefoit quatre livres & demie : il étoit gris ;
mais, par fon expofition à l’air, il jaunit extérieurement;
il a perdu, dans l’efpace d'un mois,
deux onces de fon poids.
1 1°. Trois livres d’huile de chenevis, traitées
avec des leflives de foude artificielle, nous ont
donné une brique de favon de couleur verte, d’une
confiftancepâteufe ; i l pefoit, au fortir de la mife,
cinq livres, & , dans l’efpace de quinze jours, il
a perdu deux onces de fon poids : il brunit extérieurement.
120. Trois livres d’huile de noix ont fourni une
brique de favon du poids de quatre livres fept onces.
Il ne dé flèche point j il devient, au contraire ,
plus mou , & , à fon extérieur, fa couleur puffe
au jauneToncé; il n'a perdu qu’une once de fon
poids dans î’ efpace de quinze jours.
13°. Trois livres d’huile de lin , traitées avec
de pareilles leflives, ont donné une brique de favon
du poids de cinq livres. Il ne deffeche point à
l’air il devient p'us gluant à ra fin-face- L’sysi t