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fa propre fubflance , & ON® cette perte , qui
accroît la quantité de carbone , ri a point lieu
dans la graine qui végète en va fs clos dans une
atmofphère de gaz oxigène pur : celle-ci ne perd
que du carbone & ne fixe pas d'eau.
Dans la germination des graines farineufes-, il
fe produit conftamment du lucre , & on obferve
généralement que la matière contenue dans les
cotylédons ; quelle quelle foit , éprouve un changement
de propriétés qui eft fans doute le réfultat
de la fouftra&ion. d'une portion de caibone. |
La matière ainfi modifiée devient propre à développer
d'abord la radicule & enfuite la plumule,
& l’on obferve que, quand même la radicule eft
devenue racine qui s'eft enfoncée dans la terre , les
cotylédons font encore utiles à la plante, & celle-
ci périt fi on les en retranche. Les cotylédons fe
changent enfuite en feuilles qu on appelle femi-
nales, & la plumule le transforme peu à peu en
tige. Une fois que la tige a produit des feuilles,
celles des cotylédons fe Fannent & fe détachent de
la plante. Il eft permis de'conjecturer que les feuilles
féminaîes, qui font néceffaires au développement
du végétal, fervent à élaborer les fucs que
la racine a puifés dans la terre. .
La lumière paroît contraire à la germination,
par la chaleur trop grande qu'elle fait éprouver a
la graine.
De la nutrition des plantes développées.
D a n s les premiers temps de ta germination , les
plantes fe développent aux dépens de leur propre
fubftance ; mais il n'en eft plus de même à une certaine
époque J elles puifent leurs alimens dans le
fol & l’atmofphère. Avant de rechercher l'influence
particulière de chacun des corps qui font
néceffaires à la végétation, nous allons confidérer
d'une manière générale la compofition des plantes.
L’analyfe chimique fait connomre dans les plantes
deux genres de matières : l'un renferme des
fubüances qui ne diffèrent point des corps bruts,
telles font la Alice , l'alumine , la magnéfie., la
chaux, la potaffe , la foude, les oxides de fer &
de manganèfe, & certains acides, comme le fulfu-
rique & le phofphorique ; l’autre genre comprend
des fubflances qu'on peut appeler organiques végétales.
Quoique celles-ci foient formées d’ élémens
qui appartiennent à la nature inorganique ,& qui,-
fous ce rapport,ne diffèrent point effentiellement
dé ceux qui conflituent les fubflances du premier
genre, elles fe diftinguent de ces dernières en ce
que jufqu’ici elles n'ont pu être produites artificiellement
avec des corps bruts ; elles font donc le
réfultat de la force organifatrice des végétaux.
Quelques chi milles, an n ombre defquels fe trouvent
MM. Schradet & Braconnot, prétendent que
les fut)fiances du premier genre font- auflî bien
produites par les végétaux , que celles du fécond ;
mais plufieurs. expériences que j'ai faites3, font
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contraires à cette opinion, & j’ai vu qu'il y avoit
un rapport marqué dans la nature des^ cendres
d'une plante, & le fol où elle avoit végété. Ainfi
des falfolasy qui donnoient des fi ls à bafe de foude
lorsqu'elles avoient été récoltées fur les bords de
ia mer, m'ont donné des fels à bafe de potaffe
lorfqu'elles ont été cultivées dans des terrains qui
ne contenoienc point de foude, mais de la potaffe.
Ces réfultats confirment l'opinion de MM. Théodore
de Sauffure^ Davy, qui penfent que les fubf-
tances inorganiques des végétaux font puifees
dans le fo l, & non des produits de nouvelle formation.
M. Théodore de Sauffure a fait un grand nombre
d'obfervations analogues à celles que j'ai rapportées
j il a vu que les mêmes plantes qui avoient
végété dans des terrains granitiques contenoient
moins de fels calcaires , que celles qui avoient
végété dans des terrains calcaires : il me paroît
donc que MM. Schrader & Braconnot auroient
été induits en erreur par quelques circonftances
accidentelles. ' . , ,
Les matières organiques végétales font formées
par quatre élémens ; favoir : 1 oxigène , l'hydrogène
, le carbone & l'azote. Toutes font, ou des
compofés quaternaires, ou des compofés ternaires
formés par les trois premiers élémens.
D'après ce que nous venons de dire de la nature
des végétaux , nous voyons que les corps
organiques trouvent dans le fol & l'atmofphèrè
tous les élémens qui entrent dans leur compofi»-
tion ; le fol leur fournit des parties terreufes &
faîines ; & l’eau , l’a ir , l'acide carbonique &Jes
engrais, l’oxigène , l'hydrogène , le carbone &
l'azote dont elles ont befoin pour former les
matières organiques.
De l'influence de Vacide carbonique fur la végétation .
L’ acide carbonique eft un des principaux alimens
des plantes j la plus grande partie, fi ce n’eft la
totalité du carbone qu'elles contiennent, en provient
immédiatement. Cetacidefe décompôfe dans
les parties vertes, & particulièrement dans les.
feuilles, lorfque ces parties font expofées aq fo-
leil : on fe tromperoit, fi l’on croyoit que la couleur
verte des organes où cette décompofition
s'opère., eft néceftaire pour qu'elle ait lieu ; car
M. Théodore de Sauffure a obfervé que la variété
d’atriplex hortenfis, qui eft rouge, décompofé le
gaz acide carbonique comme la variété qui eft:
verte.
On peut établir en principe que l’acide carbonique
n’eft favorable à la végétation qu'autant qu il
peut être décompofé : c’eft pourquoi il eft nuisible
aux graines récemment germées, dans lesquelles
il n’y:-a pas encore de parties vertes développées.
3 & aux plantes qui croiflent à l'ombre;,
on obferve même que quand l’atmofphère d’une
plante contient une quantité de gaz acide plus;
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grande que celle fufceptible d'être déc'ompofée, i
la végétation eft plus langui(Tante que fi l’excès de
gaz acide avoit été remplacé par un égal volume
de gaz hydrogène, ou azote; mais lorlque les plantes
qui font pourvue's de parties vertes font expofées
au foleil, une certaine quantité d'acide carbonique
favorife la végétation; car M. Théodore
de Sauffure a obfervé, i° . que des plantes de pois
qui avoient végété dans de l'eau contenant de
l ’acide carbonique avoient augmenté de 46 gr. y au
bout de fix femaines, tandis que d’autres plantes
fémblables n’avoient augmenté, dans l’eau pure,
que de 45 gr. 5 ; 20. qu'une plante de pois expo-
fée au foleil dans l'air atmofphérique pur avoit
augmenté de42 5 millig., tandis qu’une autre plante
de pois qui avoit végété dans une atmofphère contenant
-fi de fon volume de gaz acide,avoit augmenté
de 583 millig. On conçoit, d’après ces ob-
fervations, combien les terreaux qui produifent de
l’acide carbonique par leur déçompofition fpon-
tanée font utiles à la végétation.
L'élaboration de l'acide carbonique par les
feuilles des végétaux eft néceffaire à leur exiftence ;
car fi, au moyen d'un alcali, on enlève l'acide carbonique
à l'atmofphère dans laquelle ils croiffent, ils
finiffent par mourir ; la plus grande partie de i'oxi-
gène qui a été féparée du carbone fe dégage de la
plante à l’état gazeux, tandis que l’autre partie s'y.
aflimile en même temps que le carbone. M. Théodore
de Sauffure a fait à ce fujet une expérience
très-remarquable que nous allons citer.
Ce phyficien a mis fept plantes de pervenche
qui occupoient un efpace de dix centimètres cubes,
& dont les racines ploingeôient dans quinze centimètres
d'eau fous un récipient qui contenoit :
Gaz azote....................... 4199 centimèt. cubés.
Gaz oxigène................... 1116
Gaz acide carbonique.. 431
J746
Les plantes ont été expofées au foleil pendant
fix jours de fuite, depuis cinq heures du matin
jufqu'à onze heures ; le feptième jour, les plantes
ont été retirées de deffous le récipient : elles
n'avoient pas fouffert, & l'atmofphère où elles
avoient végété étoit formée de :
Gaz azote.........................4338 centimèt. cubes.
Gaz oxigène................... 1408
Gaz acide carbonique.. o
5746
Il ré fui te de cés expériences que le volume de
l’atmofphère n'a pas été changé, que les pervenches
n'ont dégagé que 292 centimètres cubes de
gaz oxigène appartenant à l’acide carbonique ;
qu'elles s’ên font aflîmilé par conféquenti 39 centimètres,
& qu’elles ont produit 139 centimètres
cubes d'azote.
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Une expérience comparative a appris que les-
fept pervenches qui pefoient féches, avant la
décompofition du gaz acide, 2,707, & qui fôur-
niffent par la carbonifation 328 millig. de charbon,
ont fourni, après la décompofition du gaz acide ,
649 millig. de charbon : par conséquent la décompofition
du gaz acide a fait obtenir 121 millig. de
charbon.
M. Théodore de Sauffure s’eft convaincu que
les mêmes plantes qui végétoient dans des matières
■ dépouillées de gaz acide carbonique, loin d’augmenter
en carbone, en perdoient plutôt.
De l'influence du ga^‘okigene fur ia végétation.
Les plantes ne peuvent végéter dans des terreaux
dépourvus de gaz oxigène , & l ’on a obfervé
même que le contaél de ce gaz avec les racines
étoit utile à la végétation. L’oxigène qui pénètre
dans les plantes ne s’y affnnilant point immédiatement
, il fe convertit en gaz acide carbonique, qui
eft enfuite décompofé par les feuilles, &. qui peut
fournir alors un.peu d’cxigène à la plante, en
même.temps que celle-ci s’aflimile du carbone?
Les feuilles & les parties vertes en général ont
la faculté d’abforber une certaine quantité de gaz
oxigène pendant la nuit ; & fi l’on renferme une
plante verte fous une cloche pleine d’air, dont la
-compofition a été déterminée d’avance, on re-
connoît qu’il y a une abforption fenfible de gaz
oxigène pur, laquelle peut1 être égale à la moitié
& même aux trois quarts du volume de h plante.
Si l’on expofe la même plante au foleil pendant fix
à fept heures, 1 oxigène qui avoit été abforbé eft
dégagé , parce que le gaz acide, carbonique qui
avoit été produit pendant la nuit eft décompofé
par l’influence de la lumière. La quantité de gaz
oxigène expirée eft prefque toujours fenfiblement
égale à celle qui avoit été infpirée, de forte que
s’il y a une portion d’oxigène qui s’ aflimile au végétal
en même temps que le carbone, ainfi que
cela réfulte de l’expérience faite fur les pervenches
j il faut qu’ elle' foit trop petite pour être appréciée
dans une feule expérience.
La plus grande influence que l’oxigène exerce
fur la végétation eft certainement de former de
l’acide carbonique, & de rendre par-là le carbone
propre à devenir partie confirmante des végétaux.
L’acide carbonique eft produit par l’oxigène de
l’ air dans plufieurs circonftances ; il l’eft d’abord
dans les feuilles, ainfi que nous l’avons dit, mais
cette production n’a lieu qu’à l’obfcurité; il l’eft
enfuite dans l’ intérieur des parties qui ne font
pas vertes, pendant la nuit & pendant le jour;
car ces parties n’ont pas, ainfi que les feuilles, la
faculté de déconipofer le gaz acide carbonique,
quand elles font expofées à la lumière du foleil.
Il paroît qu’une grande partie du carbone qui eft
brûlé dans ces. deux circonftances, provient de la
portion de terreau & d’ engrais qui eft folubledans
l’eau & qui pénètre dans la plante par les racines.