laines , ne feroit-il pas poflîble que cet accident-
leur arrivât fouvent fur le dos des moutons , fur-
tout dans des tems chauds & humides , ou lorf-
qu’ils font renfermés dans des bergeries dont on
ne renouvelle pas allez fréquemment la litière? Il
ne ftroit pas impofïible non plus que 1-âcreté du
fuint occafionnât une irritation à leur peau, & ne
fut par-là même la caufe de quelques-unes des
maladies auxquelles cet organe eft lu jet dans ces
animaux, ce qui doit principalement arriver dans
les tems chauds & humides ; heureufement que ,
dans cette faifon , iis font de tems en tems expo-
fés à des pluies qui les lavent, & entraînent au
moins une partie de cette matière* A cet égard,
je ferors volontiers de l’avis de ceux qui penfent
que le lavage des moutons, fait dans des tems
chauds & fecs, pourroit être mile à leur fanté &
à la qualité de leur laine.
La perte qu’éprouvent les laines au dégraiflage
eft très-variable: la plus forte que j’aie eue a été
de pour cent, & h plus foible de 355 à la vérité,
ks laines que j’ai lavées étoient bien fèches.
Çette perte n’eft pas entièrement due au fuint
qu’elles contiennent; l’humidité, les terres & les
ordures de toutes efpèces y contribuent auflî.
J’ai fait quelques elfais pour blanchir les laines
dégraiffées ; mais j’ avoue que je ne les ai pas
pouffes aufil loin qu’ils mériteroient de l’être. J’ai
remarqué, en général, que celles qui avoient
pâlie dans un eau de favon blanchi(Toient mieux,
par tous les moyens , que celles qui nê l’avoient
pas reçue. L’acide fulfureux diftous dans l’eau les
planchit affez bien ; mais il ne détruit pas la couleur
jaune qu’a contractée la laine qui fe trouve
dans les aines & fous Tes ailfèlles des moutons.
La laine acquiert, dans l’acide fulfureux liquide,
la propriété de crier entre les doigts comme la
foie foufrée ,8c comradte en même tems une odeur
fétide très-forte, qui ne fe diflipe que long-tems
après. Je n’ai point effayé la vapeur du foufre
brûlé; mais tout le monde fait qu’elle blanchit
bien la laine, & que tous les fabricansde lainage
l ’emploient pour donner à ces étoffes le dernier
degré de blanc dont elles biiilent. De tous les
moyens que j’ai effayés, je n’en ai point trouvé
de meilleur pour blanchir les laines que de les
expofer fur l’herbe, à la rofée & au foleil, après les
avoir bien dégraiffées avec une légère eau de fa-
yoc ; cependant les taches jaunes qu?a celle des
aines, ne. font pas détruites entièrement; elles
diminuent feulement d’intenfité.
SULFATES. Ce genre de Tels renferme la
ccmbinaifon des bafes falifiables ayeç l’acide fuir
fjirique. Çaraoteres génériques.
Tous les fulfates ne dégagent aucune fubftance
aétirorme iorfqu’on les me; en contaft avec l’a-
çjuie fulfurique.
£ Tous lesfulfates fqlubles donnent, avec le mu-
riate de barite, un précipité infoluble dans un
excès d’.lcide nitrique ou muriatique.
Les fulfates alcalins, chauffés avec un quart de
leur poids de charbon , fôhc convertis en fulfu'res.
Les fulfates terreux & métalliques, chauffés
avec le quart de leur poids de charbon & la moitié
de leur poids de potaffe, donnent du fulfure de
pouffe.
Sulfate d’alumine. On peut le préparer en
faturant l’acide fulfurique étendu d’eau d’alumine
gélatineufe : en faifant évaporer la folution, &
en mêlant de l ’alcool au réfidu , l’excès d’acide
eft diffous, & le fulfate a alumine ne fe diffout pas.
Ce fel a une laveur acide , fucrée & très-
aftiingènte; il rougit le tournefol ; il criftallife en
feuillets nacrés, qui fe réunifient de manière à
former des groupes étoilés.
Chauffé dans un creufet de platine , il perd fon
eau 8c une portion d’acide; il fe fond, fe gonfle,
laiffe une matière blanche , fpongieufe, qui eft
du fulfate d‘ alumine privé d’eau : dans cet état, il
a peu de faveur 8c eft peu foluble dms l’eau froide,'
Si on l’expofe à une température plus élevée, il fe
déccmpofe en totalité, l’acide fe dégage à l’état;
de gaz acide fulfureux 8c de ga£oxigène, 8c il
refte de l’alumine pure.
Ce fulfate eft allez foluble dans l’eau. Cette
folution ne criftallife que quand elle eft concentrée
en firop. L’ammoniaque, verfée dans cette folution,
en précipite de l’hydrate, retenant unpeud’ acide
fulfurique , 8c vraiferr.blablement d’ammoniaque,
Lqfulfate <£alumine concentré , mêlé à des diflo*»
lutions de fulfate de pot*affe 8c d’ammoniaque,
fe précipite fur-de champ à l’état de falfate double
avec la potaffe ou l’ammoniaque : ce précipité,
qui eft formé de très?petits criftaux, ne fe formé
pas quand les folutions font étendues d’eau, parce
qu’il eft foluble dans l’eau. Ce précipité eft l’alun.
Qn a pu voir, à l’article A lun, la manière donc
on le prépare en grand, & l’expofé deplufieurs
defes propriétés ; mais comme, à l’époque 014 cet
article fut écrit, la véritable nature de ce fel
n’étoit pas connue, nous avons cru qu’il étoic
convenable d’en parler ici.
Sulfate d’alumine et de potasse , A lun.
Ce fel a une faveur analogue au précédent} il
rougit le- tournefol ; il criftallife en o&aèdre,
quelquefois en cube. Qn a ditque quand il affe&oit
cette forme , il contenoit un peu plus d’alumine
que quand il criftallifoit en oétaèdrp.
Expofé au feu, il perd de quarante-cinq à qua?
rante-huit pour cent d’eau de criflallifation. Le
réfidu eft appelé alun brûlé ou calciné ,* à une température
plus élevée, il eft décompofé, remit}
en forme d’alumine 6c de fulfate,
II n’eft pas très-foluble dans l’eau, car ce Il->
quide à quinze degrés centigr, n’en diffout guère
qukin vingtième de fon poids ; l'eau bouillante
en diffout environ les trois quart-s.
Lorfqü’on chaulfe au rouge, dans une cornue,
un mélange de trois parties d’alun & d’une de fucre
ou d’amidon, qu’on a eu foin de defféeher d’avance
dans une capfule de fe r , on obtient une matière
brune, appelée pyrophore de Homberg, qui prend
feu quand elle èlt expo fée à l ’air. Ce pyrophore
eft formé de fulfure de potafle , d’ alumine & de
charbon. Les chimiftes ne font point encore d’accord
fur la caufe de l’inflammation de ce produit :
les uns prétendent que le fulfure de potaffe, en
abforbantl’oxigène & l’humidité de l’atmofphère,
dégage affez de calorique pour que le charbon
qui eft dans un grand état de divifion s’embrâfe &
brûle aux dépens de l’air ; les autres prétendent
que le pyrophore contient du fulfure dè potaf-
fium, 8c que c’eft le calorique dégagé par la
combuftion de ce compofé qui détermine [’inflammation
du charbon; auflî, dans ce cas, on
dit que le calorique & la lumière viennent de
deux corps, au lieu que dans la première on
prétend qu’il n’y a que le charbon à brûler.
La folution d’alun eft décompofée par l ’ammoniaque;
l’alumine fe précipite. Quand on y verfe
de la potaffe en excès, on n’obtient pas d’alumine
précipitée, parce que celle-ci eft foluble dans la
potafle.
Lorfqu’on fait bouillir du carbonate de ftron-
tiane dans une folution d’alun, tout l’acide fulfurique
de l’alumine s’ unit à laftroutiane, 8c fépare
de cette bafe l’acide carbonique qui lui étoic
uni : tandis que l’alumine fe précipite , il refte
dans la liqueur un atome de fulfate de ftrontiane
avec tout le fulfate de potafle de l’alun.
Le fulfate d'alumine & de potaffe , bouilli fur
de l’alumine gélatineufe, eft féparé de l’eau ; Rfe
combine à l’alumine & forme un fel blanc infoluble,
avec excès de bafe, que j’ai décrit dans
mon premier Mémoire fur i’alun , fous le nom
à' alun avec excès de bafe. Lorfqu’on traite ce fel
par l’acide-fulfurique, on le diffout en totalité, &
on obtient , par l’évaporation de la folution,
de l’alun oétaèdre & une eau mère de fulfate
d'alumine. Lamine.de la Tolfa parcîtêtre un compofé
de cette efpèce ; mais, outre fon excès d’alumine
, il contient encore une affez grande
quantité de filice , qui doit contribuer à fon in-
folubilité dans l’eau.
J’avois foupçonné que les différences que l’on
obfervoit en teinture entre les différemes variétés
d’a,1 un du commerce provenoient des fulfates
de fer contenus dans le plus grand nombre de
ces variétés ; je me fondois fur ce que les proportions
des principes de ces aluns étoient à très-
peu près les mêmes , & fur ce que quelques-
uns contenoient du fer. Depuis mon travail,
MM. Thénard & Roard ont prouvé que ma conjecture
étoic fondée1, 8? ils ont vu que la fois
»lunée avec des aluns qui contenoient un mil-
. lième de fulfate de fer feulement, ne pouvoir
| prendre dans un bain de gaude qu’une teinte o!i-
! vâtre , candis que quand l'étoffe avoit été alunée
1 avec un tel pur, elles prenoietit une belle couleur
; jaune. Ces chimiftes, d'après des expériences de
fÿnrhèfe, évaluent à un deux millièmes la quantité
défulfate de fer contenu dans l'alun deRome, qui
eft le plus pur de tous les aluns du commerce. La
meilleure manière de purifier l’alun de fon fulfate
dé fer eft de le diftoudre dans une petite quantité
d'eau chaude, d’agiter la folution-, afin de divife-r
le volume des criilauxl& de.iâyer enfuite ceux-
ci avec de l’eau chaude.
L ’alun formé d'ammoniaque paroit aufli bon
pour la teinture que celui qui contient de la potafle
: le premier, tant qu’il ne fs décompofé
pas, fe co'mportè à très-peu près comme le fécond;
mais quand on le chauffe, par exemple, il
le réduira fa bafe pute, & d’eau dégagée du fulfate
acide d’ammoniaque, & des gaz acide fulfu-
rèux, oxigène & azote. 11 ne peut lervir à la préparation
du pyrophore, parce que la préfence
d’un fulfure alcalin eft efl'entielle à la compofition
de ce produit.
L’alun eft un des mordans les pjus précieux que
la teinture poiïède : lorfqu’on le mêle avec de
1 acétate de plomb, il fe forme du fulfate de plomb
qui fe précipite, & il refte dans l’eau des acétates
de potafle & d'alumine. Comme l’alumine tient
moins fortement à l’acide acétique qu’au fulfurique
, on emploie avec fuccès cet acétate dans la
teinture des toiles peintes.
L’alun calciné eft employé avec fuccès pour les
brûlures ; quand il eft criftallife , on le donne i
l’ intérieur comme anrifeptique & aftringent.
Les hongroyeurs fe fervent de l'alun pour préparer
le cuir blanc. Il eft employé pour donner au
fuif&à la pâte de papier, delà blancheur & de h
folidité.
J ai trouve le ftlfuce cCalumine & depotajfe formé i
E a u ........................................................ 48, yS
I A cid e ...................................................... 30,y1
Alumine.............................., ................ 10,jo '
P o t a f l e . . . . .......................................... 10,40
Suivant MM. Thénard & Roard. Suiv. Berzelius.
Eau..................... MMÉ ................... 4;,00
. Acide ................. 16,04 34,15
Alumine.......... . iz .y j ..................... 10,86 .
Potafle............... 1 0 ,0 1 ........................ 5,81
S u l f a t e d ’ a m m o n i a q u e . Glauber, q u i découvrit,
ce fel, l’appela fel ammoniacal fecret. Pour
le préparer, on future de l’acide fulfuuque étendu
d’eau avec du carbonate d’ammoniaque. Quand
il n’y a plus d’efferyefcence , on fait évaporer
I la liqueur dans une capfule , 8c quand on la juge
) affez concentrée pour criftallifer, on l’abandonne.
J à elle-même , en y ajoutant un peu d'ammoniaque