
Elle forme, avec les bafes f%lifiables, des com- :
binai fons pourpres qui iont détonantes, ainfi que
M. Braconnot l'a obiervé le prémier.
J’ai vu qu’elle précipitoit très-bien la gélatine ,
& même que plusieurs de les combina ifons l’o-
lubles la précipitoient fans addition d’acide } ce
qui n’arrive jamais à l’amer de Welther (i) combiné
à la potaffe.
T l . L’acide aloétique eft-il une combinaifon
d’acide nitrique & d’une fubftance provenant de
la décompofition de l'aloès , ou bien une combinaifon
d’acide nitrique & du principe coloré de
l’aloès peu ou pas altéré ? La couleur de cette
fubftance me fait pencher pour cette opinion ;
cependant je ne regarde pas comme impolfsble
qu’il y ait, outre l’acide & le principe coloré,
une portion d’aloès dénaturée ; car la production
affez abondance d’acide oxalique dans le traitement
de ce dernier par l’acide nitrique, prouve
qu’une partie eft complètement décompofée,
13. On pourra peut être penfer que les amers
de farnambouc & de l’aloès ne font que des com-r
binai fons d’amer au maximum , d’acide nitrique
& de fubftances réfultant de là décompofition
plus ou moins avancée des corps avec lefquels
on les a formés. Sans prétendre que cette opinion
foit abfolumentfauffe , il me paroît plus naturel
pour l’inftant de regarder ces amers comme deux
efpèces diftinétes de l’amer au maximum. Il fuit
de là que les corps réftneux, traités par l’acide
nitrique , ne donnent pas un principe homogène
que l’on puiffe regarder comme une efpèce de
tannin artificiel. D’ailleurs, les expériences qui
fuivent prouveront que la faculté de précipiter
la gélatine appartient à des corps très-différens,
& dans lefquels on ne peut foupçonner la prér
fence de l ’amer au maximum.
D E U X I È M E P A R T I E .
Substances tànnantes formées avec les ma*
tibres charbonneuses.
§. Ier. Sulfiance tannante forméç avec le charbon
de terre.
1. M. Hatchett prétend que plufieurs bitumes,
tels que l’aiphalte & le jayet, font formes de
charbon 8c d’une matière refineufe; que quand
pn fais digérer l’ acide nitrique fur ces compofés,
la partie charbonneufe fe diffout & la partie ré-
fineufe fe fépare fous la forme d’une maffe de
cou-leur jaune ou orangée, Hatchett fait Inapplication
de cette manière de voir aux charbons
de terre , & prétend que quand ceux-ci ne conv
tiennent pas de fubftance rélineufe ( & fuivant
lui, c’eft le cas le plus ordinaire ) , ils font comf1,
j Quand il ne contient pa$ de réfne.;
plêtement diflfous par l’acide nitrique & convertis
en tannin; que quand, au contraire, ils en contiennent
un peu, cette réfine n’eft pas diifoute.
Les rélultats que j’ai obtenus font un peu diffère
ns de ceux de M. Hatchett. En traitant le charbon
de terre par l’acide nitrique concentré , & en
faifant réduire la liqueur à confifta.n.ee firupeufe,
j'ai obtenu , ainfi que lu i, un liquide brun épais ,
homogène 5 mais l.orfqu’on verfoit ce liquide dans
l’eau, il s’en feparoit une matière jaune qui étoit
beaucoup plus abondante que celle qui reftoit eh
diilolution , & qui n’avoit aucune propriété qui
pût la rapprocher des réfines. Quoique j’aie ob-?
tenu les mêmes réfuitacs avec deux variétés de
charbon terre , cependant je ne me permettrai
aucune réflexion fur les travaux du célèbre chi-?
mille anglais ? parce que je fais trop que les différentes
manières d’opérer, les différentes variétés
des corps qu’on examine , font autant de caufes
qui peuvent faire varier les réfultats. Je vais donc
expofer mes expériences , 8c en tirer les conclu-r
fions qui me paroîtront les plus naturelles.
2. Le charbon de terre dont je me fuis fervi
étoit parfaitement pur. Cent parties, chai.ffées
fortement dans un creufet de platine, biffèrent
84 parties de coak.
Je mis en digeftion iqo parties de charbon de
terre fubtilement pulvérifé avec.600 parties d’acide
nitrique à 44 deg. Il y eut effervefcence
dégagement de vapeurs nitreufes, & lorfque l’action
tut ralentie, j’augmentai la chaleur ; au bouc
de vingt-quatre heures, j’ ajoutai 600 parties d’acide
nitrique , & je fis bouillir, en ayant foin de
verfer dans la cornue l’acide qui pafioit dans le
récipient > enfin , lorfque la mat ère parut bien
attaquée , je la tranfvai’ai dans une capfule , & je
fis évaporer doucement à ficcité. Le réfidu pefoiç
170 parties : ainfi il y avoit fept dixièmes d’aug-r
mentation. L’eau chaude avec laquelle je le lavai
à plufieurs reprifes, prit une couleur brune-rougeâtre,
& acquit une faveur acide & aftringente
en diffolvant le tannin de M. Hatchett. Ua matière
jaune peu foluble, que je défignerai par la lettre
ne fut pas dillbuté.
1. Examen de la fubfiançe tannante de Hatchett,
3. Je fis évaporer à ficcité les lavages du charbon
de terre traité par l’acide nitrique (2), & je
repris enfuite par une petite quantité d’eau $ je
féparai, par ce moyen, un peu de matière A. La
I liqueur filtrée avoit une faveur acide un peu
amère & aftringente; elle coaguloit très-bien la
gélatine pour en f^parer la matièrp tannante à
l’état de pureté : j’y verfai de l’acétate de plomb,
jufqu’à ce qu’il ne formât plus de précipité 3 je
décantai la liqueur , qui étoit d’un jaune léger $
je lavai le dépôt avec beaucoup d’eau.
4. Ce dépôt, qui étoit une combinaifon de la
fubflanee tuunante & d'oxide, de plomb, fut miseocofe
encore humide dans de l’eau aiguifée d’acide fulfurique
; je fis bouillir &r je biffai réagir les matières
pendant vingt quatre heures. Au bout de
ce temps , je m’affurai par l’eau de barite & l’hydrogène
fulfuré , qu'il n’y avoit pas d’acide fulfurique
ni de plomb en diilolution.
Je filtrai la liqueur, afin de féparer le fuîfate
fie plomb ; je fis évaporer à ficcité5 il refta une
matière brune qui fe fondoit par la chaleur, qui
fe durciffoit en refroidifi'ant, 8c qui attiroit en-
fuite l'humidité de l’air : la diffoTution aqueufe
fie cette matière rougiffoit le tournef d & précipitoit
la gélatine, l’eau de batite 6e l’acétate de
plomb : ees deux derniers précipités étoient fo-
lubles dans l’acide nitrique, &c fufoient quand on
Es expofoit à la chaleur dans un tube de verre
fi rmé par une extrémité : il fe dégageoit une
odeur aromatique qui avoir quelque chofe de
pruffique. Quand on opéroic avec la combinaifon
de plomb, &c quand on verfoit le refidu encore
chaud fur un papier, il s’embrafoit à la manière
du pyrophore : cette combinaifon étoit produire
par du charbon &dn plomb métallique très-divifé.
Le réfidu de la combinaifon de barite n’étoit que
très-peu pyrophorique.
5. Pour favoir s'il y avoit de l’ acide nitrique
dans la fubflanee tannante préparée par le procédé
précédant, j’en introiuifishuit décigrammes dans
la boule de verre, &c je chauffai ; la matière fondit
parce qu’elle contenoit un peu d’humidité, & dégagea
avec beaucoup d’impétuofité de l’eau en
vapeur, de l’ammoniaque, de l’acide carbonique
& du gaz nitreux, &c. Il refta un charbon qui
exhaloit une forte odeur d’acide pruffique.
6. Comme j’ai fait plufieurs fois l’expérience
précédente,, j’ai vu que l’acide fulfurique pouvoit
fe combiner à la fubftance tannante lorfqu’ il la
féparoit de l’oxide de plomb, 8c que cette combinaifon
, quand elle ne contenoit pas un excès
d’acide fulfurique, formoic, avec la barite , un
précipité foluble dans l'acide nitrique, & donnoit
dé l ’acide fujfureu* quand on la chauffoit : il me
fembie qu’en faifant bouillir du carbonate de
plomb avec cette combinaifon diffoute dans l’eau,
*& en faifant évaporer plufieurs fois à ficciré &
reprenant par l’eau , l’oxide de plomb s’uniffoit à
l’acide fulfurique, 8c l’on obtenoit une fubftance
qui, étant chauffée, ne donnoit plus fenfiblement
d’acide fulfureux. Je n’ai fait cette expérience
qu’une fois.
7. La liqueur d’où la fubftance tannante avoit
été féparée par l’acétate de plomb, fut paffée à
l’hydrogène fulfuré} enfuite elle fut filtrée &
évaporée à ficcité. On diffolvit le réfidu dans
l’eau 8c on verfa de la potafie dans la diflolu-
tion; il fe fit un précipité jaune de chmx retenant
de la fubftance amère 5 la liqueur filtrée &
rapprochée donna des criftaux foyeux , jaune
d’o r , détonans, femblables à ceux qui font formés
par l’amer de Welther & la potafie. M. Prouft
Chimie. Tome V^I.
avoit déjà obfêrvé qu’ il fe formoit une petite
quantité de cette fubftance quand on traitoit lé
charbon de terre par l'a'cide nitrique à 40 deg.
Il fuit de-là que la matière fo'uble dans l’eau
eft formée, 1®. d’une fubftance précipitant abondamment
la gélatine , laquelle eft une combinaî-
fon d’acide nitrique & de matière charbonneufe >
2°. d’une très-petite quantité d’amer au maximum.
L’acétate de plomb forme , avec la première fubfi
tance, une combinaifon infoiuble dans l’eau, &
avec, la fécondé une combinaifon qui s*y diiTout.
II. Examen de la matière a.
Aftion de la chaleur.
8. La matière a , api es avoir été lavée plufieurs
fois, étoit couleur de terre d’ombrej elle avoit’
une légère faveur acide; elle rougiffoit le papier
de tournefol, fur lequel oh la dclayoitavec un peu
d’eau : chauffée dans un tube de verre , elle fufoic
en répandant une lumière rouge & endégageanc
une odt-ur d’ acide nitreux & d’acide pruflique.
Pour éloigner l’idée que l’ acide nitreux pouvoit
provenir d’ un refte d’acide échappé au lavage , je
fis digérer la matière a dans l’eau; je filtrai, &
je continuai de laver avec de nouvelle eau ; je
c hauffai dans la boule de verre deux décigrammes
de cette fubftance ainfi lavée ; la matière fufa 8c
donna, i° . de l’eau; i°: de la vapeur nitreufe;
30. de l’acide carbonique ; 40. de l’ammoniaque 5
y°. du gaz inflammable qui m’a paru un mélange
de gaz hydrogène huileux & de g3z oxi.ie da
carbone, car il brûloitavec une flamme blanche,
pefante, & quelquefois avec une flamme bleue}
6°. du gaz nitreux; 70. du g?z azote (1 ) ; 8°. de
l’acîde pruflique, fenfible à l’odorat, mais en trop
petite quantité pour donner du bleu de Pruffe ;
5>*. du charbon.
Aâion de Veau.
9. La matière a , que l’on mit en digeftion avec
une petite quantité d’eau , colora celle-ci en roux
& lui donna la propriété de précipiter la gélatine.
Le réfidu bouilli avec de nouvelle eau fut en
partie diffous, & finit par laifler une fubftance
noirâtre , plus denfe que la matière a , & qui ne
coloroit que ttès-légèrement l’eau avec laquelle
on la faifoit bouillir. Je penfe qu’elle n’étoit autre
chofe que l’oxide de charbon décrit par M. Prouft.
J’y reviendrai dans un moment.
10. Les lavagts aqueux de la fubftance a furent
concentrés à une douce chaleur; ii fe dâpofa
une matière qui paroiffoit très analogue à la fubf-
. (1) V o y e relativement à ce produ it, ce que j’en ai dit
à l’article de la Décompofition de U amer de Wehher par la char
leu r , dans mon Mémoire fur les amers de l’indigo.
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