
•298 T R A
■ tent, 8c cela afin d’arriver à leur découverte
par le chemin le plus court & avec le moins de
dépenfe.
Des travaux exécutes dans Vintérieur des mines.
L’on arrive ordinairement aux gits de minerais,
•dans les pays de plaines, par des puits, & dans les
pays de montagnes , par des galeries, ou par des
puits, & cela relativement à la fituation & à la
difpofition du git.
Les puits ont piufieurs deftinations : les uns fervent
à la defcente des ouvriers, les autres à rex traction
des matières 8c des eaux, les autres à la
ventilation, c’eft-à-dire, à déterminer un courant
d’air dans toute l’étendue des travaux, qui fiavo-
rife fon renouvellement & permette aux ouvriers
d’ y travailler avec fécurité ; d’autres enfin à établir
des communications entre les travaux.
Dans les puits de paffage on établit des échelles,
fig. 1 , 2, 3 ,4 , planche X X X I 3 à l’aide defquelles
„ les ouvriers puiffent monter & defcendre. Ces
échelles font placées verticalement, a , b , fig. 2 ;
dans quelques puits elles font fortement attachées
aux parois avec des crampons de fer. Cette pofi-
tion préfente piufieurs inconvéniens graves; on
divife, dans piufieurs mines 3 figures z & 4, les puits
de defcente en piufieurs parties, qui ont de douze
à dix-huit pieds d’intervalle; on établit un pian-
cher dans chacune de ces divifions, & les échelles,
dont le pied pofe fur des planchers,-s’inclinent
contre les parois du puits en fe dirigeant fur une
ouverture pratiquée dans le plancher fupérieur.
Ces fortes de planchers procurent du repos aux
ouvriers. On a foin de placer leur ouverture fur
deux faces fucceflives, afin qu’elles ne fe corref-
pondent point, &\que fi, par accident, un corps
tomboit par l’une des ouvertures, il foit reçu fur
le plancher fuivant.
Au-delfus des puits d’ extraction, on place toujours
un treuil, ou des poulies, que l’on nomme
violettes, planche X X . Ces dernières correfpon-
dent à un cylindre, que des animaux, de l'eau, ou
une machine à vapeur mettent en mouvement : fur
le treuil ou fur les molettes, paffe un cable à l’ex-
. trémitéduquel on attache un feau, une tonne, un panier,
& c ., pour monter l’eau qui pénètre dans les
travaux , ou les minerais que l’on veut en extraire.
Lorfque l’eau eft élevée par des pompes, quelquefois
leurs tuyaux font placés dans un des coins du
puits d'extraction, & d’autres fois dans celui de
paffage; d’autres fois enfin, on les place dans un
puits particulier.
Souvent les trois puirs de paffage, d’extraétion
des matières &c d'extraétion des eaux, font pratiqués
dans la même ouverture, figures 1 , 12 & 14,
planche X X X ; ils font féparés les uns des autres
par un boifage ou par un mur en maçonnerie;
d’autres fois, mais bien plus rarement,, ils font
- creufés à dçs diftances plus ou mpins grandes.
T R A
! Lorfque les puits doivent être accolés, leur plan
eft un reftangle qui a cinq à fix'pieds de largeur,
& douze à quinze de longueur, félon la divifion
1 en deux ou trois parties qu’il doit avoir; quand au
contraireces puits font {impies, leur furface eft un
carré de cinq àfix pieds de large.
On creufe les puits verticalement lorfqu’on les
perce dans le roc ; cette direction eft celle qui leur
eft la plus favorable ; elle exige l’emploi d’une
force moins grande pour l’extradlion des matières :
loifque les puits font percés dans une couche ou
dans un filon, on eft fouvent obligé de fuivre fon
inclinaifon, & dans ce cas il a une pente qui dépend
de celle du git.
Les puits principaux, de paffage, d’extraêtion
& d’aérage, vont le plus foüvent de la furface du
fol jufqu’au fond des travaux; les puits de communication
ne vont ordinairement, que d’une galerie
à une autre :on donne fouvent à ceux-ci le
nom de bures; ils font creufés dans les travaux; ils
ont leur ouverture dans l’intérieur de la mine :
quelques-uns de ces puits fervent de paffage aux
ouvriers, d’autres pour extraire les minerais, &
dans cette circonftance, l’efpèce de machine dont
on fait ufage eft le treuil ; d’autres fervent à placer
des pompes pour exrraire les eaux; d’autres enfin
pour faciliter la ventilation & la circulation de
i’air.
Ce que l’on nomme galeries eft un conduit, une
efpèce de boyau creufé dans la terre; leurs dimen-
fions font telles, que les ouvriers, les. minerais »
les eaux & les matériaux que l’on emploie peuvent
y paffer : elles ont le plus ordinairement fix pieds
de haut fur trois pieds de large,. On les divife en
galeries d’extraétion, de roulage, d’écoulement>
d’aérage, de traverfe & de recherche.
On creufe les galeries d’extraêtion dans le
git; on extrait, en les creufant, le minerai qui s’y
trouve : les galeries de roulage correfpondent de
la galerie d’extraétion à un puits, ou au jour,
foit dire&ement, foit par la galerie d’écoulement
: les galeries d’écoyîement font creufées
pour établir une fortie facile, libre & directe dts
eaux qui pénètrent dans les travaux; celles-ci font
effentielles dans de grands travaux, parce qu’ elles
économifent les dépenfes journalières de main-
d’oeuvreque l’extraàion des eaux exige ; auffi n’épargne
t-on aucune dépenfe pour leur percement
8c pour déterminer l ’écoulement naturel des eaux
des points les plus bas & les plus profonds des
travaux : il eft de ces galeries qui ont piufieurs.
mille toifes, & même piufieurs lieues de longueur,
& qui ont exigé piufieurs cent mille francs
'de dépenfe. Les galeries d’aérage ont pour objet
d’établir une bonne ventilation & de faciliter la
circulation de l’air; celles de traverfe peuvent
■ remplir deux buts à la fois, d’établir des communications
entre les travaux & de faciliter la circulation
de l’air; enfin, les galeries de recherche
font des percemens faits dans piufieurs.directions ,,
T R A
dont les principales font perpendiculaires aux
plans des filons ou des couches ; elles ont pour
objet de reconnoître les dimenftohs du git que
l’on extrait, ou l’exiftence de nouveaux gits dans
la mine.
Quelques-unes de ces galeries fontcreufées dans
le git, d’autres le font dans la roche; la fituation
dans laquelle on fe trouve, le problème que l’on a à
réfoudre, détermine le choix : ilfaut,autantqu’on
le peut, fe maintenir dans le git, parce que les
travaux exécutés produifent des minerais qui in-
demnifent en partie ou en totalité des dépenfes
qu’ils exigent. Le plus fouvent les galeries font
horizontales, avec une légère inclinaifon vers le
point où les eaux doivent s’écouler : il eft rare
qu’ on leur donne une forte pente.
En extrayant le minerai du git, on fe propofe 1
d’enlever toute la maffe qu’il contient, ou au
moins la plus grande quantité poflible. Pour parvenir
à ce réfultat, on emploie trois méthodes différentes
: en gradins , en ftrojfes, planche XX II, ou
en travers, planche X X IX . Les deux premières
méthodes font appliquées à des filons ou à des
couches qui ont peu de puiffance ; la troifième a
des giffemens très-puiffans, & quelquefois même
a des maffes ou fiockwerck.
Pour bien entendre le mode d’extraCtion connu
fous le nom de gradins, que l’on conçoive en O ,
P , Q , figure 2, planche X X I I , un mineur placé
dans une galerie, & excavant le fot de la galerie
de manière à enlever une couche de minerai de
trois à quatre pieds d’épaiffeur environ, fur une
largeur de trois pieds, fi la puiffance du filon le
permet.
Dès que le premier mineur a enlevé un prifme de
minerai de neuf à dix pieds de longueur, un fécond
mineur fe place fur la maffe, laiffée ^u point de départ
du premier ; il y travaille pour enlever une couche
paradèle, pendant que le premier continue à
enlever la prolongation de la branche qu’ il a commencée;
lorfque le fécond mineur a enlevé un
prifme de neuf à dix pieds de longueur, & le premier
un prifme de dix-huit à vingt, un troifième
mineur fe place fur la maffe laiffée par le fécond 8c
s’occupe d’enlever un prifme femblable, pendant
quç les deux autres continuent leurs travaux; un
quatrième, uncinquième, 8cc. commencent comme
le premier, le fécond & le troifième, & les ou-,
vriers fe trouvent placés fur une fuite de gradins,
O , P , Q , donc ils enlèvent les couches de minerai
de trois à quatre pieds d’épaiffeur, fur toute la
largeur du git, ou au plus fur deux à quatre pieds
de largeur.
Ce mode peut être employé avec fuccès partout
où le minerai eft pur ; lorfque le minerai eft mélangé
de gangue, de roche, que l’on fépare du
minerai dans la mine, afin d’économifer les frais de tranfport au dehors & de fepvocurer des pierres
pour exécuter les muraillemens que le foutenemer.t !- 4e l’excavatiofl exige, on préfère quelquefois i’ex- [
T R A 299
ploitatkxn par ftrojfes; il eft poflible cependant,
même dans cette circonftance, de continuer l’ex-
traétion par gradins; mais il faut pour cela établir
des échafauds fur lefquels on dépofe les roches
féparées, & les bois employés pour les conftiuire
font fouvent perdus pour les exploitans.
L’exploitation à firojfes eftaufli une exploitation
par gradins; mais elle diffère de cette dernière en
ce que les gradins fe forment au-deffus du mineur,
figure 2, planche X X I I , & que dans celle-ci iis fe
forment à fes pieds.
Après avoir placé, au ciel de la galerie, un échafaudage
pour fupporter les décombres, un mineur
enlève, dans la partie fupérieure, une couche de
gangue & déminerai de trois à quatre pieds d’épaiffeur;
il s’enfonce ainfi de neuf à dix pieds de profondeur;
alors un fécond mineur enlève une couche
d’égale épaiffeur, laiffée au-deffus de la première ;
puis un troifièmê commence à enlever une nouvelle
couche, Sc cela fucceffivement, de manière à for*
mer une fuite de gradins ou échelons placés fupé-
rieurement : ces gradins font abfolument dans une
pofition inverfedes premiers. On pourroit, comme
l’on voit, donner aux ftrojfes le nom de gradins [u-
périeurs. On laiffe tomber & accumuler les pierres
de la gangue: féparées du minerai, elles forment
la maffe fur laquelle fe place le mineur pour exécuter
fes travaux. Lorfque la gangue ne contient
pas affez de pierres ou de roche pour élever le
mineur, il eft obligé de conftruire un échafaud fur
lequel il fe place ; les bois qui le forment peuvent
être enlevés fucceffivement, de manière à pouvoir
fervir à conftruire de nouveaux échafauds.
Nous devons à Délias une defcription affez
exa&e de l’ouvrage en travers exécuté en Hongrie,
& qui peut être appliquée à toutes les minesqui ont
une grande puiftance.
Cette méthode confifte àcreufer, dans la roche,
: un puits vertical qui atteigne le git à une grande
: ptotondeuv,figures i 3 1 , 3,4, 5 ,6 , 7 p l.X X lX ;
; enfui te à percer une galerie près du mur qui fuive le
git dans toute fa longueur, & la pouffer auffi loin
que la circulation de l’air peut le permettre; alors
on perce, à piufieurs mètres de diftance les unes
j des autres, des galeries tranfverfales dans une di-
reétion perpendiculaire à la galerie d’alongement;
j on pouffe ces galeries jufqu’au toit, 8c après en
! avoir retiré les minerais qui s’y trouvent, on remplit
ces galeries par un muraillement formé avec
! les fragmens déroché quicompofoient la gangue,
8c dont on a féparé le minerai; on remplit ou l’on
: complète le muraillement, foit avec des pierres
que l’on defcend de l’extérieur, foit avec de la
roche, figures y & 6 » extraite de la maffe dans laquelle
fe trouve le giffement. Lorfque ces pre-
: mières galeries font muraillées, on en perce de
j
nouvelles’ à côté des premières ; on les remplit de
j la même manière, 8c l’on continue le percement
| jufqu’ à ce que l’on ait exploité tout le minerai
\ exillant entre toutes les galeries.
P p 2