
priété de noircir le fer* *- & de précipiter la colle-
forte fe conferve encore dans la mafl'e réduite à
ficcicé.
Cette fève dépofe, pendant l’évaporation, une
grande quantité de matière brune tirant fur le
fauve, & la couleur de la liqueur fe fonce confi-
dérablement.
Cette matière recueillie fur un papier pefoit
0,796 grammes, & provenoit de 9,171 hectogrammes
de fève ; foumife à la diftillation, elle a
fourni un produit ammoniacal , une huile épaiffe
& fétide, & a laifle un charbon difficile à brûler.
Ce charbon, traité avec l’acide muriatique, a donné
0,26 grammes d’alumine pure, & il ne pefoit plus
que 0,21 grammes ( 1 ).
Après avoir féparé la matière qui s’eft précipitée
pendant l’évaporation, on a mêle la fève filtrée &
étendue d’ eau, avec une difïbliition de colle de
poiffon ; il s’eft formé un dépôt blanc-grifâtre
très-abondant, dont les propriétés feront décrites
plus bas. Ce dépôt étant fec pefoit 3,715 gram.;
& comme il y entroit 1,^9 grammes de colle de
poiffon, il s’enfuit qu’il contenoit 2,123 grammes
de tannin ; ainfi 100 parties de cette combinaifon
font compofées de 43 de colle de poiffon, & de
57 de tannin (2).
Parla féparation du tannin, la liqueur a perdu
une grande partie de fa couleur; fa faveur étoit
fenfiblement changée, mais elle noircifloit encore
la diffolution de fer ; ce qui prouve qu’ elle contient
auffi de l’acide gallique. On a fournis en fui te cette
diffolution à l’évaporation, & l’on en a obtenu
18 grammes d’extrait. Pendant cette opération, il
fe dépofa encore quelques flocons de la combinaifon
du tannin avec la colle de poiffon, qui y
étoient reliés en diffolution à froid.
Lorfque la liqueur fut réduite à lïccité, on la
traita avec l’alcool bouillant; ce-réaélif prit une
couleur rouge ; cependant la plus grande partie de
l’extrait refta fans fe diffoudre fous la forme de.
poix noire, brillante & filante. Il paroît que la plus
grande quantité de la matière extraélive, diffoute
par lalcool, ne l’a été qu’ à la faveur du calorique,
çar une partie de cette fubftançe fe dépofa par le
( i) I l paroît que cette matière eft formée par la décom-
poGcion d'un fel alumineux poncenu dans la fè v e , par l'affinité
d’une matière extraétive très-analogue aux fubftançes
animales pour l’alumine , bafe de ce fe l, qui eft vraifembla-
fclement Tacétite. On fa it , en effet, que lès fols alumineux,
&c particuliérement l’acétite, font décompofes à l'aide de
la chaleur, iurtQiit par les fubftançes animales & même végétales
, Çc que ç’eft fur ces propriétés qu’eft fondée en teinture
la théorie des mordans alumineux. ’
• (2) Cette fubftançe a une couleur rouge-noirâtre ; tant
qu’elle conferve une certaine quanticé d’eàii, elle jouit d’une
grande élafticité; elle ' s’étend en membranes blanches &
'traniparentes j mais lorfqu’e lle a perdu fon,humidité, elle a
une couleur rouge-brune plus foncée, & devient très-çaf-
fante. Klle n’eft nullement diffoluble dans l’eau: elle ne l’eft
pas davantage dans l’alcool ; elle n’a point de fayeur fen-
fible, &c. *
! refroidiffsmenf. La même chofe arrive lorfqu’on
mêle à la dffîolution alcoolique chaude une certaine
quantité d’alcool froid.
Sur les 18 grammes de cet extrait traités avec
l’alcool, 8,44 grammes furent diffous par cette
liqueur; ainli environ la moitié de cet extrait eft
de nature muqueufe.
La diffolution alcoolique de cet extraitévaporée
à lïccité avoit une couleur rouge-jauoâtrè, étoit
parfaitement tranfparcnte, attiroit puiffamment
l’humidité & avoit une faveur falée & piquante,
qui avoit quelqu’analogie avec l’extrait muqueux
dé la farine.
Cet extrait étoit complètement diffoluble dans
l’eau; fa diffolution étoit acide , & donnoic un précipité
affez abondant par l’addition du carbonate
de potaffe ; ce précipité étoit de nature calcaire :
l’ammoniaque produifoit un léger dépôt.
La partie de l’extrait infoiuble dans l’alcool
ayant été fondue dans l’eau, il refta 1 o grains d’une
poudre brune tirant furie fauve, qui n’avoit point
de faveur fenfible, qui brûloit difficilement & qui
répandoit une odeur de matière animale brûlée.
Quoique cette matière fut tenue rouge pendant
long-tems dans un creufet d’argent, elle refta
conftamment noire. Mife avec de l’acide muriatique,
elle produifit une vive effervefcence, & le
charbon fe fépara fous la forme d’une pouffière
très-légère.
La matière étant étendue d’eau&la liqueur filtrée
donna avec le carbonate de potaffe 0,372
gram. de carbonaré de chaux. Il paroît donc qu’à
l’aide de la chaleur, la matière extra&ive acquiert
la propriété de décompofer l’acétite calcaire 8c
xi’en féparer l’ acide pour s’unir à fa bafe.
Revenons maintenant à la diffolution de la partie
extra&ive infoiuble dans l’alcool : mêlée avec une
diflolution de carbonate de potaffe , elle a donnp
0,902 grammes de précipité calcaire coloré; ce qui
prouve que la chaux, en fe précipitant, entraîna
avec elle une partie de la matière extraélive. Cette
liqueur ainfi précipitée par la potaffe, foumife à
l’évaporation, a préfenté à fa furface une pellicule
qui le brifa & fe renouvela fucceffivement jufqu’à
la fin de l’évaporation, 8z la liqueur perdit de fa
couleur dans la même proportion. Lorfqu’elle fut
réduite prefqu’à ficcité, on y verfa de l’acide nitrique
affoibli, qui produifit une vive effervefcence
due à du gaz acide carbonique ite à de l’acide
acéteux extrêmement pénétrant. En ajourant
plus d’acide nitrique qu’il n'en fa loitpour faturer
l’acétite de potaffe, il agit fur la matière végétale
elle-même; il fe dégagea du gaz nitreux, & la li-
queur prit une couleur rouge tirant fur le jaune.
L’aétionde l’acide nitrique fur la matière végétale
étant épuifée, on trouva au bout de vingt-quatre
heures, dans la capfule, une poudre bLnche qui
avoit tous les caractères de l’acide fachlaétique,
8c des criftaux de nitrate de potaffe , parmi ief-
S E V
quels quelques - uns étoient de l’acide oxali-
que (0*
Il réfulte de cette analyfe, que la fève de hêtre
diffère, fous piufieurs rapports, de la fève d orme,
i° . par l’abfence du carbonate de chaux ; 2e*. par
'la préfence de l’acide acéteux libre, du tannin &
da l’acide gallique qui n’exiftent pas dans la fève
d’orme. Il eft naturel, en effet, que la fève de hêtre
contenant de l’acide acéteux libre, ne puiffe contenir
en même tems du carbonate qui feroit dé-
compofé par l’acide acéteux. 11 feroit poffible que(
Ce lel calcaire arrivât dans le végétal au moyen de
l’acide carbonique, & qu’il fe-formât enfuite de
l’acide acéteux qui, en s’uniffant à la chaux, mettront
en libertél’acide carbonique, lequel fe trouve
libre dans toutes les fèves examinées jufqu’à pré-
fent, & qui fe dégage fi abondamment & avec une
efpèce d'explofion des arbres que l’on perce d’un
trou de tarière dans le tems où la fève monte,
comme l’a obfervé M. Coulomb.
Le tannin & l’ acide gallique qurfont dans la fève,
ainfi que dans l’écorce de hêtre, annoncent que
ces fubftançes pourroient fervir, comme l’écorce
de chêne, à tanner les cuirs; il feroit poffible
d’en tirer un grand parti dans les lieux où les chênes
font rares & les hêtres communs, ou qu’au moins
l’on pourroit affocier ces deux écorces, 8e diminuer
par-là la dépenfe de la première. Cet üfage
feroit d’autant plus avantageux, que l’écorce df*
hêtre n’a été jufqu’ici employée à rien d’utile, puif-
qu’onla brûle communément avec le bois-dans les
loyers. Quoique l’écorce de hêtre foit affez difficile
à enlever, on pourroit cependant, dans le tems
de la fève 3 en dépouiller les jeunes hêtres donc
on fait du charbon, & celui-ci n’en feroit que de
meilleure qualité, caron fait que les écorces d’arbres
ne font que de mauvais charbons, & c’eft fans
doute pour cette raifon que l’on écorce la bourdaine
avec tant de foin, pour employer fon charbon
à la fabrication de la poudre à canon. Au relie, je
ne propofe l’ ufage de l’écorce de hêtre pour le
tannage, que comme une chofe poffible qui demande
à être confirmée par des expériences dirigées
dans cette vue (2).
(1) Les produits obtenus de là partie de l’extrait iiifolu-
ble dans l’alcool, traitée avec l’acide nitrique, prouvent que
cette fubftançe eft de nature muqueufe ; car il n’y a que cette
matière , parmi les principes immédiats des végétaux, qui
foit fufceptible de donner de l’acide fachla étique par l’a&ion
de l’acide nitrique.
(2) A la fin de thermidor, an 6 , en me promenant dans la
forêt de Montmorènci, aux environs de l’Hermitage, je ra-
maffai, fur la plaie d’un vieux châtaignier, une matière
noire ou d’un brun-foncé, qui s’y étoit épaiffie par le contaét
de l’air j elle avo it une odeur éthérée fort agréable, qui fe dif-
fipa peu de. tems après j fa faveur étoit extrêmement aftrin-
gente j j’en rapportai une certaine quantité à P a r is , & je
reconnus , par différens effais , que c ’é toit du tannin pref-
que-tout pur. I l fe diffolvoit entièrement dans l’eau, en
grande partie dans l’a lc o o l, & formoit un très-beau noir
avec le fulfate de fer. Ainli le châtaignier feroit dans le
même cas que le hêtre.
La fève de hêtre contient auffi une matière
colorante qui s’applique bien fur la laine, le coton
& le fil, en employant le fulfate d’alumine pour
mordant; elle communique à ces étoffes une couleur
rouge-marron affez belle & très-folide. Ce
feroit donc encore un fujet de recherches pour
les teinturiers , dont l’art mérite tant de confidé-
ration à caufe de fon utilité, de fon agrément &
des difficultés qu’il préfente.
T R O l S l i M E S E C T I O N .
Sève de charme ( carpinus filveftris Linn.), 20 ger-
-minai an. 5.
La fève de charme eft blanche & claire comme
de l’eau; fa faveur eft légèrement fucrée & douceâtre
5 fon odeur a quelque chofe d’ analogue avec
celle du petit-lait.
La fève de charme, effayée avec les réa&ifs, a
préfenté les phénomènes luivans :
i° . Elle rougit très-fenfiblemeac la teinture de
tourriefol.
2°. La diffolution de barite y forme un précipité
très-abondant, diffoluble dans l’acide muriatique.
30. Le carbonate de potaffe y produit un précipité
blanc moins abondant que le précédent, &
qui. fe^ diffôut auffi avec effervefcence dans les
acides.
4e*. L’acide fulfurique concentré lui donnoic
une couleur brune, & en exhaloit une odeur de
vinaigre très-fenfible.
50. La diffolution de nitrate d’argent n’y a rien
produit fur-le-champ, mais quelques inftans après
îa liqueur a pris une couleur rouge affez belle.
6°. L’acide oxalique produit dans la fève de
charme un précipité très-abondant.
Première expérience.
3,918 kilogrammes de fève de charme ont été
diltillés dans une cornue de verre à la chaleur du
bain de fable; la liqueur a pris, par l’ébullition,
une couleur rouge-fauve, quoiqu’elle n’en eût
aucune auparavant; celle qui a paffé dans le récipient
avoit un afpedt légèrement laiteux.
La liqueur reliée dans la cornue avoit une couleur
rouge-fauve; elle a fourni, par l’évaporation
, 8,279 gram. d’extrait d’une couleur jaune-
paille, d’une faveur falée piquante, attirant légèrement
l’humidité de l’air, fediffolvant dans l’eau,
& donnant par la potaffe & l’ammoniaque un précipité
blanc-jaunâtre.
La quantité de cet extrait s’élève, comme on
voit, aux 0,0022 de la maffe de fève employée, ce
qui eft fort peu de chofe.
Deuxième expérience.
10,774 kilogrammes delà même fève ont été mis