
ties égales de mordans, ou moitié du poids des
étoffes n’agiffent pas mieux que le quart, mais
qu’en partant de cette proportion jufqu à un vingtième,
les couleurs de cochenille, de kermès, de
garance vont en s’affoibliffant de plus en plus, tandis
que cet effet eft en fens inverfe pour la gaude ,
le bois de Bréfil & le bois d’Inde.
D. Des acides.
Les laines qu’on fait bouillir pendant deux
heures dans de petites quantités d’acide fulfurique,
nitrique, muriatique & tartareux, acquièrent
la propriété de fixer les couleurs de la garance
& de la cochepille, parce qu’ elles fe font
combinées avec Ces acides.
MM. Thénard & Roatd ont reconnu au tar-
trite d’alumine acide toutes les propriétés d’un
excellent mordant.
E. Du mordant de la couleur écarlate.
La laine qu’on avoit traitée avec les proportions
ordinaires de diffolution d’étain & de crème de
tartre employées pour la teinture en écarlate, a
cédé à l’ eau bouillante tout fon mordant. Les lavages
évaporés ont donné de l’acide tartareux,
beaucoup d’acide muriatique & de l’oxide d’étain
au maximum.
MM. Thénard & Roard fe font affurés que le
tartrite d’étain au maximum, diffous dans l'acide
muriatique, pourroit remplacer la crêjme de tartre
& la diflblution d’étain dans la teinturesn écailate.
§. III. Des matières colorantes.
Les corps dont on fe fert pour teindre les étoffes
font prefque tous de nature organique. Parmi les
fubftâftces minérales, on n’emploie guère comme
matières colorantes, que l’oxide de fer & plufieurs
de fes combinaifons falines.
Les matières colorantes organiques dont on
fait fpécialement ufage, font : le bois de Bréfil, le
bois de campêche , le bois jaune, le brou de noixy le
canhame , la cochenille, le curcuma, la garance, la
gaude y Vindigo , /’orcanette , torfeille , le paftel3 le
quercitron , le ; rocou , le fantal rouge la fa n eue , le
fumacy le tourne fol.
On auroit dû expofer à l’article de. ces fubf-
tances.les faits qui concernent chacune.d’elles en
particulier j niais comme, il y a eu des omifllons ,
nous allons traiter ici des matières qui n’ont point
été décrites, & nous ajouterons en même temps
à plufieurs d’entr’elles qui l’ont é té , les nouvelles
découvertes dont elles ont été l’objet.
Bois de Bréfil. ( C&falptnia crifia. )
Suivant M. Chevreul, l’infufion de bois de
Bréfil contient, i ° . de l'huile volatile . de l'aeide
acétique y un principe colorant j 40. une matière
particulière qui eft en combinaifoiv’trss-in- ■
time avec le principe colorant; y0. de l’acétate de
chaux ; 6°. des atomes de fulfale de chaux.
Lorfqu'on diftille l'infufion , on obtient un produit
qui contient un peu d'acide acétique, ainfi
qu'une huile volatile dont l'odeur & la faveur approchent
de celles du poivre.
La liqueur qui a été concentrée eft couverte
d'une pellicule irifée, & dépofe, par le refroidif-
fement, des flocons jaunes qui fe raffemblent en
une maffe brune & vifqueufe. Cette malfe eft une
combinaifon du principe colorant & de la matière
particulière ; la pellicule irifée efteette même
combinaifon. M. Chevreul l’avoit d’abord prife
pour de l'huile volatile. La liqueur concentrée
& filtrée ne paroît différer du dépôt, qu’ en ce
qu'elle contient de l'acide acétique, plus de principe
colorant & moins de la matière particulière.
Le principe colorant du bois de Bréfil devient
jaune par le contaét d'une petite quantité d acide.
Les acides énergiques le font paffer au rqfe quand
on en met un excès. Les alcalis, les terres & prefque
tous les oxides métalliques forment, avec la
couleur de Bréfil, des combinaifons cramoifies ou
violettes. L'oxide d;étain au minimum agit de
cette manière , tandis que celui au maximum fe
comporte à la manière des acides énergiques.
M. Chevreul eft porté à croire que le principe
colorant de bois de Bréfil eft différent de l’héma-
tine ( principe colorant du bois de campêche j
voye% ce mot à l'article T einture ,§ . III. ) ; mais
il a fait obferver de nombreux rapports entre les
combinaifons du premier avec les acides & les
bafes falifiables, & les combinaifons du fécond
avec les mêmes corps. En effet, lorfque les combinaifons
du Bréfil font rouges, celles de l'héma-
tine font d’ un rouge-pourpre, & quand celles de
Bréfil font cramoifies ou violettes, celles de Thé—
mâtine font violettes ou bleues.
Il eft vraifemblable que fi l'on pouvoit ifôler lé
principe colorant du Bréfil, de la matière particulière
qui lui eft unie, on l'obtiendroit criltallifé
comme l'hématine.
L'extrait de Bréfil . traité par l'acide nitrique,
donne un produit different de celui de l’extrait de
campêche , traité par le même réaétif. On obtient
du premier une fubftance acide qui forme
des combinaifons détonantes avec les baies fahfia-
bles, & que précipite la gélatine. ( Voye[ l'article
T annin artificier. )
Bois de campêche. ( Hematoxilon campechianum.'}
Nous allons rapporter les recherches que
M.. Chevreul a faites fur ce bois & fur la nature
de fon principe colorant. L’auteur les a divilées
î en deux parties : dans la première, il a donné l’a-
T E I nalyfe du bois de campêche & de fon extrait *
dans la fécondé, il a examiné les propriétés du
principe colorant. Nous donnerons la première
partie dans fon entier, mais nous ne ptélenterons
qu’un extrait de la fécondé.
PR EM IÈR E P A R T IE .
§. Ier. Examen analytique du bois.
1. Le bois de campêche eft compacte j il a une
odeur aflVz forte de violette5 la couleur de fa
furface eft d un brun-rougeâtre ; mais lorfqu’on
le divife parallèlement à fes fibres, on voit que
les parties mifes à découvert font d’un rouge-
orangé : il a une faveur fucrée, amère & un peu
aftringencej il colore là falivé en violet.
I. AU ion de l eau.
1. Je fis infufer plufieurs fois de fuite dans l’eau
diftillée, du bois ae campêche réduit en copeaux
minces. Quand je m’aperçus que les infufions
n’étoient plus que légèrement colorées, je fournis
le bois à l’ aétion deTeau bouillante, & je continuai
le traitement jufqu’ à ce que l’eau ceffât d’agir.
Pour épuifer un gramme de bois, il fallut
<ieux litres d’eau bouillante. Ce lavage donna deux
décîg. cinq centigr. d’extrait fec. Un gramme
d’une autre variété de bois réduit en poudre,
n’exigea qu’un litre trois décilitres d’eau, & le
lavage donna trois décig. d’extrait fec. Le bois
de campêche qui avoit été épuifé par l’eau écoit
d’un gris-rofé.
3. Les premières infufions de campêche itoient
d’un rouge-orangé* les fécondés d’un orangé-brun,
& les dernières décollions étoient. abfolument
incolores : toutes ces liqueurs furent réunies &
diftillées. Par la concentration elles devinrent
plus rouges & fe couvrirent de pellicules irifées :
ces pellicules fe raffemblèrent peu à peu fous la
forme d’un fédiment vifqueux. On finit d’évaporer
l’extrait dans une capfule de platine.
4. Le produit de la diftillation étoit incolore (i)*
il contenoitde Vhuile volatile, car il avoit une odeur
analogue à celle du bois, & il réduifoit la diffolution
d’or. Pour féparer l’ acide qu’il pouvoit
■ contenir, on le mêla à de la barite bien criftal-
îifée, & on le diftilla * le liquide7qui paffa dans le
récipient avoit une odeur de champignon 5 on y
. trouva des.traces d’ammoniaque.
; , ( i ) Quelquefois il arrive que le produit eft coloré en rofe;
. cela me paroît dû à la caufe ; fiiijvaiité : la vapeur qui fe
forme au centre de la liqueur contenue dans la cornue
poufte vers les parois du vâilfeau la matière Colorante, qui
. fe précipite fous la forme de pellicule irifée; des atomes de
ces pellicules paftent dans le récipient au moyen de l’attraction
capillaire 6c de l’impulfion de la vapeur; ils fe diffol-
venr dans l’eau 6c la colorent. L ’ammoniaque contenue
dans ce produit, 6c qui, fait paffer. la matière. ;cblorante au.
*ofe, eft accidentelle, ainfi'que je le dirai dans la'fuite.
5. Ce qui reftoit dans la cornue fut mis dans
une capfule, évaporé à ficcité, puisrediffousdans
l’eau : la diffolution étoit jaune. Pour précipiter
un léger excès de barite qu’elle contenoit, on l ’ex-
pofa à l ’air pendant vingt-quatre heures* on répara
enfuite par le filtre du carbonate de barite
mêlé de fi lice (1) . La liqueur filtrée fut concentrée
, puis abandonnée à elle-même * au bout de
plufieurs jours, elle donna d^s aiguilles jaunâtres
d'acétate de barite : lorfqu’on verfoit fur ces crif-
taux de l ’acide fulfurique étendu, il fe dégageoit
une odeur très-forte d’acids acétique, mais cette
odeur n’étoit pas franche * elle étoit altérée vrai-
femblablement par un peu d’huile volatile qui s’é-
toit combinée avec l’acide.
6. Ilfuitde-là qu’il y avoit, dans le produit de la
diftillation de l’extrait aqueux de campêche, de
L'huile volatile & de l'acide acétique.
7. Cent parties d’extrait aqueux de campêche
bien defféché laiflerent cinquante parties de
charbon. Ce charbon, incinéré avec toutes les
précautions néceffaires pour i’exaélitude des opérations
de ce genre, dégagea beaucoup de gaz
hydrogène huileux, & donna une cendre blanche
qui pefoit 3,33. Cette cendre, chauffée fortement,
prit une cônfiftance pâteufe & une couleur un peu
verdâtre , qui m’y fit foupçonner la préfence du
manganëfe. L’eau avec laquelle on la fit bouillir
lui enleva beaucoup de carbonate depotajfe3 un peu
de muriate & du fulfate. Le réfidu, infoluble dans
l’eau, fut diffous avec effervefcence par l’acide
nitrique foible, à l’exception cependant de quelques
flocons blancs : cette diffolution fe prit en
gelée par la concentration. Certain, d’après ce
phénomène , qu’ elle contenoit de la filieê , je - la
fis évaporer à ficcité * je verfai- de l ’eau acidulée
fur le réfidu , & j’obtins de. la terre filiceufe fous
la forme d’une poudre blanche légère. La diffo-
lution des matières qui accompagnoient la filice
fut précipitée par l ’ammoniaque en flocons d’un
blane j.i mâtre. Ceprécipité, traité en ore humide
par la p^taffe, donna à cet alcali de ['alumine ; ce
qui ne fut pas diffous par la potaffe étoit formé
d'oxide de fer & de manganèfe; Oh trouva dans la
diffolution précipitée par l’ammoniaque , de la
chaux & de L'acide fulfurique.
8. Là cenite de charbon de campêche étoit
; donc formée dé :
Carbonate
Sulfate
Muriate
Chaux,
Acide f. lfurique,
Alumine ,
Oxide de fe r ,
Oxide de manganèfe. 1
(1) L a barice que j’avois employée écoic parfaitement
pure ; il falloit que cette filice provînt du vaille au de verre
.dont je m’étois fervi.
L 1 1