refte un charbon volumineux , plus abondant que
celui des huiles volatiles.
La réfine, chauffée avec le contaâ de Pair, s’enflamme
après fa fufion & fon bourfouflement : fa
flamme elt forte & étendue , fa fumée confidé-
rable ; elle donne une fuie très-abondante, quJon
raffemble & qu’on condenfe quelquefois dans des
cônes de toile, fous la forme de noir de fumée. Il
fe forme aulïi beaucoup d’ eau dans cette combuf-
tion.
La réfine s’unit, par la fufïon, au foufre , difficilement
au phofphore, point du tout aux métaux:
il n’y a non plus aucune union entre la réfine
& les oxides métalliques, & c’eft furtout là
une grande différence entre cette matière com-
buftible & l’huile fixe. Il ne fe paffe non plus
aucune altération entre la réfine & l’eau. Quand
la première eft enflammée, elle décompofe l’eau
qu’on y verfe, & il fe produit une explofion beaucoup
moins violente cependant que celle qui eft
occafionnée par lès huiles fixes.
Les acides ni Jes alcalis n’exercent aucune action
fur la réfine, ne l’enflamment, ne la brûlent,
ni ne la faponifient pas. Cette nullité d’effet les
rapproche des oxides huileux, & favorife l’opi-
n;on de ceux qui penfent que la réfine doit fon état
à l’abforption de l’oxigène. Il en eft de même de
l ’inaétion de l’acide muriatique oxigéné, des oxides
& des difl'olutions métalliques.
Il eft prefque furperflu d’obferver ici que celles
des réfines qui font liquides & qui contiennent le
plus d’huile volatile , font plus altérables en général
que les réfines fèches & caftantes. On conçoit
facilement qu’elles doivent participer aux caractères
& aux propriétés de ces huiles.
Le nombre des efpèces de réfines eft très-confi-
dérable ; il n’ eft prefque pas une plante, pas un
végétal qui n’en contienne , & d’où on ne puifle
en extraire par quelque procédé chimique. Ainfi
un dénombrement d’efpèces feroit impoflïble, ou
illufoire, ou fuperflu fi l’on ne s’attachoit pas en
particulier à celles qui font les plus utiles, qu’on
extrait le plus facilement, que la nature elle-même
offre à l’homme par un écoulement fpontané , qui
font les plus abondantes & en même tems fréquemment
employées dans les arts. Je compte
fpécialement les treize réfines fuivantes, en prévenant
que quelques-unes d’entr’elles portent,
dans le commerce , le nom de baumes, à caufe de
leur état liquide feulement, & point du tout par
leur nature, puifque ce ne font pas de véritables
baumes, comme on peut le voir en confultant
l’article qui porte ce nom.
A. Le baume de la Mecque, de Judée , d’Égypte,
du Grand-Caire. C ’eft une réfine liquide,
blanche, amère, d'une odeur de citron très-forte,
qui coule d’un arbre nommé Amyris opobalfamum,
trouvé par Forskahl dans l’Arabie heureufe, &
placé par Linné dans l’o&andrie monogybie. Cette
réfine liquide donne beaucoup d’huile volatile par
la diftillation ; elle s’épaiflît par un long contaél de
l’air, & forme une croûte folide à fa furface. On
l’emploie, en médecine, comme vulnéraire, in-
- corporée avec le fucre, le jaune d’oe u f, &c.
B. Le baume de Copahu, autre efpèce de réfine
liquide, brune ou jaune, qui coule de l’arbre appelé
copaiba3 nommé par Lmné copaifera} & placé ,
par ce botanifte, dans la décandrie monogynie.
L'efpèce commune , ainfi que celle du baume de
Tolu, vrai fuc balfamique , ou la réfine eft unie à
l’acide benzoïque, eft un mélange de véritable
réfine de Copahu & de térébenthine, fuivant Car-
theufer. On l’emploie , en médecine, dans les
ulcères du poumon & de la veflie, comme le précédent.
C. La térébenthine de Chio coule du térébin-
the qui fournit les piftaches , terebinthus piftacia
de Linné; elle eft d’une couleur blanche ou d’un
jaune tirant fur le bleu. Elle donne une huile volatile
très-fluide au bain-marie; celle qu’ elle fournit
à feu nu eft moins fluide. La térébenthine eft
enfuiteplus jaune. Si on l’a diflillée avec l’eau, elle
eft blanche & foyeufe : on la nomme térébenthine
cuite.Cette térébenthine, la feule cependant
qui devroit porter ce nom, eft rare m n’eft guère
d’ufage.
D. La thérébenthine de Venife ou la réfincde
mélèze eft celle qu’on emploie communément en
médecine : on s’ en fert dans fon état naturel ou
combinée avec l’alcali fixe.
Cette combinaifon eft le véritable fa von de
Starkey, ou le favonule de térébenthine. Pour le
préparer , le difpenfaire de Paris prefcrit de ver-
fer fur deux parties de nitre fixé par le tartre &
encore chaud , une partie d’huile volatile de térébenthine
, d’agiter ce mélange avec une fpatule
d’ivoire , & de couvrir le vaiffeau d’un papier :
on ajoute peu à peu de l’huile jufqu’ à ce que le
tout forme unemafle blanche. Comme ce procédé
dure plufieurs mois,les chimiftes ont cherché des
moyens de faire le favon de Starkey d’une manière
plus expéditive. Rouelle, en triturant goutte
à goutte l’alcali avec le favon , & ën ajoutant un
peu d’eau fur la fin, préparoit en trois heures une
quantité affez confidérable de ce favonule. Baumé
prefcrivit de broyer fur un porphyre une partie
d’alcali du tartre de fléché jufqu’à entrer en fufion,
& d’y ajouter peu à peu deux ou trois fois fon
poids d’huile volatile de térébenthine. Lorfque le
mélange a voit acquis la confiftance d’un opiat mou ,
on le mettoit dans une cucurbite de verre couverte
d’un papier, & expofée dans un lieu humide.
En quinze jours l'alcali déliquefcent fai-
foit une couche particulière de liqueur au fond du
vafe : le favon étoit dans le milieu, & une portion
d’huile d’une couleur rouge le furnageoit. Baumé
t penfoit que l’alcali ne s’uniffoit qu’à la portion
d'huile qui étoit à l’état de réfine. Legendre étendit
cette idée en propofant de faturer à froid l ’ai*
cali fixe en diffolution avec l’huile de térébenthine
épaiflie , ou la térébenthine même.
Ce favonule, lait par l’un ou 1 autre des pro-
cédés décrits ic i, a un certain degré de lolidite
qui devient peu à peu plus confiderable : il s y
forme des criftaux qui ont été regardés comme la
combinaifon de l’acide de l’huile avec l’alcali fixe
végétal, mais qui, fuivant les Académiciens de
Dijon, ne font que de la potafle faturée d’acide
carbonique & criftailifée. Comme ce favonule eft
très-difficile à faire & très-ahéiable, Maceuer
penfoit que lorfqu’on vouloit réunir les propriétés
des huiies volatiles à celles du favon , il valoit
mieux incorporer avec le favon blanc médicinal
quelques gouttes de l’huile volati'e appropriée à
l’indication qu’on fe propofoit de remplir. L’ammoniaque
triturée avec la térébenthine forme un
compofé favonéux folide, qui fe diflout très-bien
dans l’eau, & qui la rend laiteufe & écumeufe.
E. La réfine de fapin eft nommée térébenthine de
Strasbourg. On ia recueille en perçant les véficules
de l’écorce du fapin, très-abondant fur les montagnes
de la Suine. Elle peut fervir aux mêmes
ufages que la précédente.
F. La poix eft le fuc réfineux d’une efpèce de
-fapin nommé péce (ptcea). On la tire par des incifions
faites à l’écorce de l’arbre : on îa fond à un
feu doux ; on l’ exprime dans des facs de toile ; on
la reçoit dans des barils; c’elt la poix de Bourgogne
ou poix blanche. Mélée avec du noir de
fumée, elle donne la poix noire. Quand on la tient
long-tems en fufion, elle fe fèche, devient brune
& forme la colophane. On en brûle les parties les
plus giofîières dans un four dont la çheminéeabou-
tit à un petit cabinet terminé par un cône de toile':
c’efi dans ce cône que la fumée vient fe condenfer
& y former une fuie fine qu’on appelle noir de fumée.
G. Le galipot eft la réfinè du pin qui donne les
pignons doux. On entaille cet arbre vers le bas :
IJ réfine coule par ces ouvertures dans des auges.
On continue ces incifions lorfque les premières ne
fourniiïent plus rien. Quand cette réfine coule
fluide , on l’appelle galipot ; celle qu’on laiffe fur
[ l'arbre s’y de flèche enmafles jaunâtres & fe nomme
barras,. On fait liquéfier ces fucs dans des chaudières,
& quand i s font épaiflis par la chaleur
on les filtre à travers des nattes de pail’e ; on les.
coule dans des moules creufés fur le fable, & on
en forme des pains qu’on nomme arcançon ou brai
fec. Si on y interpofe de l’eau, la matière devient
blanche, & forme la réfine ou poix-réfine. Les Provençaux
diftillent en grand le galipot; ils en tirent
une huile qu’ils appellent huile de ra\e. C’eft avec
les troncs & les racines du pin que l'on prépare le
goudron, qui n’eft que l ’huile empyreumatique de
cette fubftance. On arrange en tas le bois de cet
arbre, on le couvre de gazon, on y met le feu :
l’huile que la chaleur en dégage, ne pouvant fe
volatili 1er à travers le gazon, fe précipite dans un
baquet à l’aide d’une gouttière , & on la ramaffe
pour la diflribuer dans le commerce fous le nom
de goudron.
H. Le tacamahaca, la réfine élémi, la réfine animét
font peu en ufage. L’arbre qui donne la première
n’eft pas connu. L’élémi vient d’une efpèce d’ a-
myris. La réfine animé orientale ou copale , dont
l’origine eft inconnue , l’animé occidentale ou
courbarile , qui découle de Yhymen&a , arbre de
l’Amérique méridionale, font employés dans les
vernis , ainfi que dans quelques préparations médicinales
externes.
I. Le maftic eft en larmes blanches, farineufes,
d’une odeur foiblè ; il coule du téiébinthe & du
lentifque : on l ’emploie , en médecine, comme
aftringent & aromatique ; on le fait entrer dans
des vernis ficcatîfs.
K. La fandaraque eft en larmes blanches , plus
tranfparentes que celles du maftic. On la retire du
genévrier entre le bois & fon écorce ; on l’appelle
aufli vernis , parce qu’on l’emploie beaucoup pour
ces préparations. On l'applique en poudre fur le
papier gratté, afin de l’adoucir & de l’empêcher
de boire.
L. La réfine de gayac, qui eft verdâtre, s’emploie
contre la goutte 3 elle coule du gayac par
incifions. Plufieurs chimiftes la regardent comme
une gomme-réfine.
M. Le ladanum ou réfine d'une efpèce de cifte
de Candie eft noirâtre. Les payfans le recueillent
avec un rateau auquel font attachées plufieurs
lanières de cuir, qu’ ils promènent fur les arbres ;
ils en forment des magdaléons cylindriques que
l’on appelle ladanum in tords, il eft altéré par
beaucoup de fable noirâtre : on l’a employé comme
aflringent. C ’eft la plus impure & la plus lourde
des réfines.
N. Le fandragon eft un fuc rouge qu’ on retire
du dracoena-draco & de plufieurs autres arbres ou
arbrifléaux analogues. Il eft en pains aplatis ou arrondis
, ou en petits fphéroïdes, ou en olives
renflées, enveloppées dans des feuilles de rofeau,
& nouées en chapelet. On s’en fe rt, en médecine
, comme d’un aftringent.
On conferve dans les cabinets , quelquefois
fous le nom de gommes, une fuite de diverfes ef-
pèces de fucs réfineux de l’Afrique , de l’Amérique
& de l’Inde,,qui ne font point employés en
Europe, & dont il eft inutile de parler ici. On les
reconnoït pour des réfines à leur fufibilité, à leur
inflammabilité, à leur indiflfolubilité dans l’eau,
& à leur diflolubilité dans l’alcool.
On vient de voir dans le rapide expofé que
j’ai préfenté fur les efpèces les plus connues des
réfines , que ces fucs , la plupart fpécialement eon-
facrés à i’ufage médicinal, n’ont pas cependant,
à beaucoup près, toutes les vertus qu’on leur attribue
communément. Leur adminiftration extérieure
eft la plus avantageufe &la plus connue dans
fes effets antifeptiques.
Plufieurs font d’ un ufage plus ou moins impor