matières animales s 30. les fubftanc« qui fe combinent
fortement à une matière, & qui, formant
avec elle des compofés peu folubles dans l’eau,
peuvent, jufqu’ à un certain point, faire 1 office du
tannin ; 40. dans les analyfes végétales on né doit
pas conclure, de'ce qu’une fubftance précipite la
gélatine, que cettefubftance e(l du tanninil eft à
préfumer que dans les végétaux on doit rencontrer
des fubfîances très-différentes qui pofièdent cette
propriété 5 50. les tannins végétaux peuvent être
des combinaifons d’acides avec des matières dont
la nature varie, & ce qui femble le faire croire,
c’eft que beaucoup de ces corps rougifient le
tournelol, & plufieurs fubftances végétales acquièrent
la faculté de précipiter la gélatine, quand on
y ajoute un acide.
6. L'application de ces conclufions à l’analyfe
des végétaux étoit trop facile pour que je négli-
geafie de l’y faire, & ce qui m'y détermina encore,
ce fut ledefir de rectifier la manière de
raifonner que j’avois fuivie dans un Mémoire fur j
les bois de Bréfîl & de campêche, imprimé dans ;
le LXV1C. volume des Annules de Chimie. Dans ;
ce Mémoire j’avois dit que l’extrait de bois de
Bréfil étoit une combinaifon de tannin & d e prin- ■
cipe colorant,pat la raifon qui! precipitoic la
gélatine, & que le principe^ colorant ne devoit
pas avoir cette propriété. J avois étendu cette
conclufiori au bois de campeche : de nouvelles
recherches que j’entrepris fur cette dernière fubftance,
& que je présentai à i’Inftitut en 1810,
prouvèrent que le principe colorant du campêche,
qui ne précipitoit que tres-foiblement la gélatine
à l’état de pureté, acquéroit l’énergie d’un véritable
tannin par fa combinaifon avec une matîerè
naturellement infoluble dans l’eau. Ce réfultat &
les rapports évidens de cette combinaifon avec
les extraits atlringens, me donnèrent des doutes
fur l'exifience du tannin de la noix de gaîle.comtne
principe immédiat iîmpie* 8c dès ce moment je
regardai comme très-probable que l’acide gallique
étoit un de fes principes conltituans. •
y. Dans une incroduêtion à 1 anatyfe des feuilles
de paftel , j’établis plulieurs généralités fur
l’analyfe végétale que je vais rappeler ici 3 parce
qu’ elles ont beaucoup de rapport avec le fujet
que je me fuis propofé de traiter dans ce Me-
moire ï i°. la difpofition qu ont les principes
immédiats à fe décompofer, fait qu’on ne peut
employer que des réaâifs foibles pour les féparer
les uns des autres, cesréaétifs font des diffolvans
peu énergiques j qui tendent à s’ unir avec ces
principes plutôt qu’avec les corps qui peuvent
provenir de leur décompofition : cette condition
piofcrit les acides 8c les alcalis concentrés , parce
qu’en génétal ces corps, ayant plus d’affinité, pour
les fubftances qui les neutralifent réciproquement,
que pour les principes immédiats eux-mêmes,
tendent à opérer une décompofition j d un autre
côté, 1 emploi du calorique, fi utile 8c fi étendu
dans l’artaîyfe minérale , eft extrêmement borné
dans l’analyfe organique; 2°. parce que les réaétifs
& les agens'dont on fe fert dans l’analyfe végétale
font foibles, & parce que l’affinité mutuelle
des principes immédiats eft allez forte, il s'enfuit
qu’il eft rare de faire des réparations exactes..En
effet, quand il n’y a pas une grande différence de
cohéfion entre.ies principes immédiats d’ une combinaifon,
il eft très-difficile de les ïfoler complètement,
& dans ce cas l’aaalyfe donne prefque toujours
des combinaifons avec excès de l’un des principes.
Un réfultat de cet état de chofes eft qu on
a pris des compofés pour des principes immédiats
Amples, par la raifon que ces compofés avoient
des propriétés qui n'appartenoient pas à des principes
connus: de-là font venues les diftinétions
d’un principe aftringent, d’ un principe extraébf.
Dans le courant de l’aoalyfe des feuilles de paftel,
j’appuyai ces vues par plufieurs obfervations, &
entr’autres par celles qu’un corps qui avoit les
propriétés de l’extraélif oxigéné. étoit une com-
1 oinaifon d’une matière azoufée , d’un principe
colorant jaune & d’acide, & pafloit a l’état da
fubftance aftringente lorfqu’on en féparoit de la
matière azotifée au moyen de l’alcool.
8. D’après ce qui précède, on voit que j’ai
été conduit à faire l'examen du tannin de la noix
de galle par de nombreufes confédérations, immédiatement
déduites de l’expérience. Ce fut dans
les trois premiers mois de 1813 que j’annonçai à
la Société philomatique la découverte d’ une
nouvelle matière colorante, jaune , volatile Ôc
criltallifable, un nouveau procédé d’extraire l’acide
gallique, & enfin la décompofûion du tannin.
e x p é r i e n c e s a n a l y t i q u é s s u r l a n o i x d é
GA LL E .
§. Ier. Notions préliminaires.
9. L’analyfe d’un compofé étant fondée fur
les propriétés refpeétives de chacun de fes élé-
mens, il en réfulte que, quand on entreprend de
déterminer la compofition d’une matière qui n’a
encore été l’objet d’aucun examen chimique, on
doit, par des effais préliminaires, chercher à con-
noîtrë la nature des principes qui la formant. Si
ces principes font nouveaux , il faut faire tous fes
efforts pour les obtenir dans leur érat de pureté
afin d’en étudier les propriétés; une fois ces con-
noiflances acquifes, on entreprend l’analyfe du
compofé dans la vue de déterminer la proportion
de les principes, & de s’aflurer s’il n’y a pas
d’autres principes que ceux qu’on y a trouvés par
les efiais préliminaires. Cette manière de procéder
eft applicable à l’ analyfe des matières qui ont déjà
été examinées; je vais donc , avant de décrire les
expériences analytiques que j’ai faites fur la noix
de galle, parler de l'aciae gallique & du tannin.
I. De tacide gallique.
10. L’acide gallique, dont je vais décrire les
propriétés, a été obtenu par le procédé fuivant:
une infufion de noix de galle, faite avec une partie
decette matière & huit parties d'eau, a été mife
dans un flacon de manière à ce qu’elle ne remplît
que les trois quarts de fa capacité; le flacon a été
bouché & placé dans une chambre où la température
étoit de quinze à vingt degrés; il s’eft dé-
pofé une matière d’un gris-jaunâtre dont je parlerai
plus tard; enfuite il y a eu production de moifif-
fures : quand j ’ai jugé la décompofition fuffifam-
ment avancée, j’ai expofé"le flacon à une température
voifine de celle de la congélation; il s’eft
précipité un nombre confidérable de pentes aiguilles
du plus beau blanc, qui étoient de l’ acide
gallique; j'ai agité la liqueur & je l’ai filtrée; la
matière d’un gris-jaunâtre & les moifilfures font
reftées pour la plus grande partie dans le flacon,
& l’acide a été recueilli fur le filtre : comme il
étoit mêlé de matière étrangère, je l’ai traité par
l ’ eau ; j’ai fait évaporer la folution, & j’ai obtenu
de très-bel acide criftallifé.
11. L’ acide gallique obtenu par le procédé
précédent eft d’une blancheur parfaite, mais il
fe colore facilement par le contaél du papier qui
n’a pas été privé de carbonate de chaux & d’oxide
de fer par l’acide muriatique ; il a une faveur acide
qui n’ eft pas aftringente; il eft plus foluble dans
l'alcool que dans l'eau; les diflolutions font incolores
; l'acide s’en fépare facilement par le re-
froidiflement ou par l’évaporation, fous la forme
de belles aiguilles blanches.
12. La folution aqueufe d’acide gallique, mêlée
à la potaffe, ne donne pas de précipité ; les
liqueurs prennent une couleur jaune qui devient
rouge par le cont 61 de. l’ air; cette couleur diminue
peu à peu d’intenfité, & finit par paffer
au jaune-orangé. S i, au bout de deux heures, on
netitralife l’excès de potaffe par l’ acide acétique,
& fi on mêle la liqueur avec l’acétate de fe r , il
ne fe dépofe que quelques flocons bruns-verdâ-
tres ; fi l’on répète la même expérience au bout
de vingt-quatre heures, on ne trouve plus d’acide
gallique. La foude fe comporte comme la potaffe.
11 me paroît réfulter de ces expériences que
l’acide gallique n'eft pas fufceptible de former
des combinaifons falines avec ces alcalis, au moins
fans changer d’état (1). L’eau de barite, mêlée
avec la folution aqueufe d’acide gallique , en
fépare des flocons blancs, qui deviennent verts,
puis bleus & pourpres, par le contaét du gaz
oxigène ; ils finiffent par prendre une couleur d’un
(1) Je n'applique ma conclufîon qu’aux circonflances dans
lefquelles j ’ai opéré : il feroit incérelïanc de favoir définitivement
s’ il peut exifter des gallates alcalins. M . Vauquclin m’a
dit avoir confervédu gallate d’ammoniaque pendant plufieurs
années .fans que ce fel eût paru avoir éprouvé la moindre altération.
C h i m i e . Tome VI.
gris-fauve. L’acide gallique fe décompofe plus
lentement parJ’aélion de la barite que par celle
de la potaffe. Les eaux de ftrontiane & de chaux
fe comportent comme celle de barite.
13. Le carbonate de potaffe faturé fait paffer
la folution d’acide gallique au jaune, puis au
vert-foncé ; il fe dépofe à la longue quelques
flocons.
14. L’acétate de plomb eft précipité en flocons
blancs par l’acide gallique; l’acétate de fer au
maximum l’eft en flocons d’un bleu- pourpre fu-
perbe.
iy . L’acide nitrique verfé dans la folution d’acide
gallique y développe une couleur pourpre
qui s’évanouit bientôt pour paffer au jaune : il
fe développe une odeur nitreufe; l’acide gallique
eft décompofe.
16. L’acide fulfurique étendu d’eau ne change
pas en apparence la folution d’acide gallique; l’acide
fulfurique concentré la décompofe.
17. L’acide gallique ne précipite pas la gélatine.
18. Lorfqu’on le chauffe dans une petite cornue,
il fe fond, dégage quelques vapeurs huileufes,
& de l’acide gallique qui fe condenfe en aiguilles
fines dans le col de la cornue; il refte beaucoup
de charbon.
19. Plufieurs chimiftes ont penfé-que la couleur
verte du précipité d’acide gallique & de barite
pouvoit être due à une petite quantité de tannin.
La meilleure manière de s’affurer fi cette opinion
eft fondée, feroit de répéter l’expérience .avec
l’acide fubümé, qui ne doit pas contenir de tannin;
mais comme on a négligé de le faire, & que
l’acide gallique préparé par mon procédé n’a pas
d’aétion fur la gélatine, je le regarderai comme
pur jufqu’à ce que le contraire ait été prouvé; fi
cela arrive , il ne fera pas moins, parmi tous les
acides galliques obtenus jufqu’ ici par la voie humide
, celui qui s’approchera le plus de l ’état de
pureté.
II. Des procédés employés pour extraire le tannin de
la noix de galle, & des propriétés qu on a attribuées
a ce corps.
20. M. Prouft a propofé plufieurs procédés
pour préparer le tannin (1) ; il a donné la préférence
aux deux fuivans : le premier confifte à
verlèr du carbonate de potaffe dans une infufion
de noix de galle, &* à laver avec un peu d’eau le
tannin qui s’eft dépofe; le fécond confifte à précipiter
le tanniri de l’ infufion par l’acide fulfurique
ou muriatique, à laver le precipi é à l’eau
froide, à le ditïoudre enfuite dans l’eau bouillante,
&r à neutralifer avec le carbonate de potaffe, l’acide
qui s’eft combiné au tannin dansda précipitation
; celui ci fe dépofe à i’état de pureté lorlque
la liqueur fe refroidit.
(1) Annales de Chimie, com. X X X V .
G g