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une température égale & pendant des tems égaux ;
en forte que les différences que nous trouverons,
ne pourront provenir du mode de préparation.
ESPÈCE PREMIÈRE. Quinquina jaune ( i) .
i" . Cent vingt-deux grammes ( quatre onces)
dece quinquina, infufés pendant vingt-quatre heu-
res dans deux litres d'eau à douze degrés, lui ont
communiqué une couleur jaune, une faveur très-
amère & légèrement afiringente.
2°. Cette infulion a formé un précipité blanc,
floconneux, très-abondant dans la folution de
colle de poiffon.
3P. Elle donne à la difiolution de fulfate de fer
une couleur verte de bile , & y forme quelque
tems après un précipité de la même nuance.
4°. Elle a précipité en blanc-jaunâtre la diffo-
lution du tarai te dp potafte antimonié.
J ° . L’oxalate d’ammoniaque y a produit un dépôt
qui étoit de l’oxalate de chaux.
6°< Enfin , cette infufion a rougi très-fenfible-
ment la teinture de tournefol.
L infufion du quinquina dont je viens de parler,
complètement précipitée par la folution de colle-
fort6,.. & fiitrée, n’a plus de couleur, prefqueplus
d’aflriéfion , mais elle conferve encore fa faveur
amère. Mêlée en cet état avec une diffolution
de fulfate de fe r , elle l’a verdie comme auparavant
: feulement la couleur tiroit plus au jaune j
elle precipitoic encore la folution d’émétique .
avec la différence que le précipité étoit plus
blanc.
Une autre portion de l’infnfion du même quinquina,
complètement précipitée par l’émétique &
filtrée, a encore troublé la folution de colle & le
fulfate de fer, mais beaucoup moins abondam- I
ment qu’auparavanr. Le précipité formé par l’émétique
a verdi légèrement par l’addiuon de
quelques gouttes de fulfate de fer.
Il fembleroit, d’après ces expériences, que le
principe qui précipite l'émétique, la colle-forte &
le fulfate de fer, feroit le même, & que, fi la liqueur
conferve encore la propriété de précipiter
la colle-forte & le fulfate de fer, c’eft qu’elle retient
quelques portions de la combinaifon de ce
principe avec l'antimoine. Cependant cette fup-
pofition ne peut fe concilier avec la précipitation
tres-abondante de la colle-forte par certains quinquinas
qui ne précipitent nullement l'émétique.
Ainiï il faut au moins que le principe qui préci-
10 II a été apporté en Efpagne en 1788, où, ayant été
employé pour la famille royale, il a-pris le furnom de quinquina.
royal, t: Il vient, dit M. Veflrumb, deMoxos, dans
la partie fud de 1 Amérique& cil nommé par les Eipa-
gnols califaya j ils le .prêtèrent au quinquina gris du Pérou.
II eft brun-jaunâtre , fibreux, large, plat, fe réduit diffici-
ileraeat-en poudre fine.
pire la colfe-forte, foit different de celui qui déco
mpofe l'émétique.
Tels font les phénomènes que l ’infufîon de
quinquina jaune m'a préfentés avec les réaétifs ci-
deffus.
J ai voulu voir fi ce même quinquina} déjà lavé
à l'eau froide , offriroit dans fa décoéiion quelques
différences avec les mêmes fubftances. Mais
j'ai trouvé j à cet égard , une analogie prefque
parfaite : feulement fa décoétion s'eft troublée par
le refroidiffement, & les précipités qu’elle a fournis
avec les réaétifs étoient plus abondans , & fe
font plus promptement féparés de la liqueur.
J’ajouterai que cette décoétion précipite ,
comme l’infufion, la diffolution de fulfate de cuivre
en jaune-rougeâtre , de celle d’acétate de plomb
en blanc-jaunâtre.
ESPÈCE II. Quinquina Santa-Fé.
Cette efpèce de quinquina , nouvellement introduite
dans le commerce, a été éprouvée/relativement
à fes effets fébrifuges, par d’habiles médecins
qui en ont obtenu des réfultats heureux.
Ce quinquina eft gris à -l’extérieur, rouge en
dedans, épais, peu roulé, ayant une faveur af-
tringente & légèrement amère. Son infufion a
une couleur beaucoup plus rouge que celle du
quinquina jaune. Soumife aux mêmes épreuves que
l'infufion ci-deflus, elle m'a préfenté les effets
fuivâhs.
Elle précipite la folution de colle-forte en flocons
rougeâtres « l'infufîon du quinquina jaune, en
rouge trèsrabondant. Ce dernier effet, qui n'a
point encore , ce me femble, été annoncé par per-
fonne , eft digne de remarque.
Elle n’a^ fait éprouver aucun changement à la
folution d’émétique ; ce qui établit une différence
entre ce quinquina de le quinquina jaune, qui, comme
on l'a vu plus haut, précipite très-abondamment
ce fel métallique.
Elle précipite la diffolution de fulfate’ de fer
en beau vert-foncé, rougit fenfiblement la teinture
de tournefol, eft précipitée par l'oxalate
d'ammoniaque en oxalate de chaux, mais beaucoup
moins abondamment que l ’infufion du quinquina
jaune.
Elle précipite l’acétate de plomb & le fulfate
de cuivre en brun-rougeâtre.
En comparant les phénomènes produits par le
quinquina dit de Santa-Fé avec ceux de quinquina
jaune, on trouve entr’eux quelques analogies &
plufieurs différences. Ils précipitent tous deux la
folution de colle-forte 5 mais l'infufîon du quinquina
jaune précipite l'émétique, & celle du quin*
quina Santa-Fé ne le précipite pas : de là l'on peut
déjà conclure que, précipitant toutes deux les autres
diffolutions métalliques , le principe qui précipite
le cuivre, le fer, le plomb, &c. n'eft pas
Je même que celui qui précipite l'émétique, de
que par cohféquent le quinquina jaune contient .
une fubftance qui manque dans le quinquina San- 1
ta-Fé. J
Il eft évident d'ailleurs que, fi ces infufions f
étoient parfaitement femblables, elles ne fe trouble
roient pas mutuellement par leur mélange. Il y
a donc , dans chacune de ces infufions , des fubl-
tances différentes qui en fe combinant deviennent,
infolubles.
Décoction du quinquina Santa-Fé.
La déco&ion du quinquina Santa-Fé a produit
les mêmes effets, avec les réaétifs , que fon infufion
; mais elle diffère de la décbéiîon du quinquina
jaune en ce qu'elle ne fe trouble pas pendant
le refroidiffement. Ainfi le quinquina Santa-
Fé , non-feulement ne renferme point le corps qui •
précipite l'émétique, mais encore ne contient pas
une quantité auflî grande du principe qui précipite
les autres folutions métalliques ; car je me fuis
affuré que le dépôt formé par le froid dans les
décodions de quinquina, eft la fubftance qui, dans
cette efpèce, précipite le fer en v e rt, le plomb
en jaunâtre, le cuivre en brun, dec. , de qu'elle eft
fans adion fur l’émétique : de là l’on peut préfumer
au moins qu'il faudra employer , pour guérir
les fièvres intermittentes, une plus grande quantité
de ce quinquina que du quinquina jaune.
ESPÈCE III. Quinquina gris 3 dit füpérieur.
L'infufîon de cette efpèce de quinquina eft prefque
fans couleur ; fa faveur eft amère & aftrin- *
genre.
Elle précipite très-abondamment la diffolution
de colle-forte emblanc, l’infufîon de tan en rouge,
la diffolution d'émétique abondamment en blanc,
le fulfate de fer en très-beau vert d'émeraude 5
elle ne produit nul changement dans l’infufîon du
quinquina jaune.
E spèce IV. Quinquina gris-canelle. , I
L'infufîon de ce quinquina a une couleur rouge-
foncée, une faveur amère de afiringente.
Elle précipite en brun-fauve la diffolution de
colle-forte , de communique une couleur verte à
la diffolution de fulfate de fer, mais ne précipite
pointla difiolution d’émétique comme le quinquina
gris & le quinquina jaune. Elle n'occafionne aucun
changement dans l’inlufion du quinquina gris fu-
périeur.
Cette efpèce de quinquina diffère donc des quinquinas
jaune & gris fu péri ear ,en ce qu’elle ne pa-
roîtpas contenir le principe qui précipite l'émé- .
tique, de refiemble, fous ce rapport, à celui de i
Santa-Fé , qui, comme on l*a v u , ne précipite ;
pas non plus l émétique.
L’infufion de ce quinquina précipite très-abondamment
l’ infufion de quinquina jaune en brun-
fauve , de ne précipite point l'infufîon du tan.
Ces infufions végétales, précipitées l’ une par
l’autre auflî complètement qu’ il eft pofiible, ne
font plus aucun effet fur l’émérique : d’ où il fuie
que le principe qui , dans le quinquina jaune, précipite
l'émétique, s'eft combiné avec une fubftance
quelconque du quinquina gris canelle de du
tan; mais ces infufions, ainfi précipitées mutuellement,
précipitent encore abondamment la diffolution
de colle-forte: d 'rù il fuit encore que
le principe q u i, dans ces deux quinquinas, précipite
la colle-forte , ne paroît pas être le même que
celui qui décompofe l’émétique: ce qui confirme
cette opinion , c'eft que l’infufion du quinquina
jaune , précipitée le .plus complètement poffible
par la colle-forte , & filtrée enfuite , précipite
encore l'émétique, à la vérité un peu moins abondamment.
On ne peut attribuer la précipitation de l'émétique
à l ’excès de colle-forte ; car cette fubftance
animaie ne fait éprouver aucun changement à l’émétique.
Le précipité que forment entr’elles les infufions
de quinquina jaune de de quinquina gris-canelle,
eft brun ; il fe deffèche facilement, fe bourfouffle
par la chaleur, exhale une fumée qui n’a pas d'â-
creté , & qui a quelqu’analogie avec celle des
matières animales ; il laiffe un charbon fpongieux
& léger.
ESPECE V. Quinquina rouge, appelé dans U com.~
merce quinquina pitton.
Cette dénomination eftmauvaife; car, comms
on le verra plus bas , le vrai quinquina pitton a
des caractères différent.
Son infufion ,a une couleur rouge-orangée , légère;
une faveur amère & afiringente.
Elle précipite abondamment en rougeâtre la diffolution
de colle-forte, l’émétique en blanc-jaunâtre
, l’infufion du quinquina gris-canelle en brun,
le fulfate de fer en vert. Elle agit d’ailleurs fur
les autres diffolutions métalliques, comme les autres
efpèces de quinquina.
Espèce VI. Quinquina gris (1).
Il étoit en écorce très-mince & roulée ; il pro-
venoit fans ajoute de rameaux ou de très-jeunes
arbres. Il paroît être de l’efpèce du quinquina de
Loxa , dont il fera parlé plus bas.
L’infufion de cette efpèce de quinquina avoir
une. couleur rouge de vin de Mslaga, une faveur
afiringente Se amère ; elle precipitoit abondamment
la colle-forte en blanc, l'infufîon de tan en
•(Y) Cette efpèce m’a ccé remife par M. Bouillon-La*
grange.