
eft difficile de déterminer la Forme; mais il n*eft
pas douteux que ces criftaux n’aient l’oétaèdrepour
forme primitive j comme ceux qui fe trouvent dahs
la nature.
Le foufre, tenu en fufîon pendant quelque tems,
s’épaiflit & devient d’un rouge-brun. Si on le coule
dans l’eau j on obtient une mafîe qui reüe molle
pendant quelque tems, mais qui finit toujours par
fe durcir. Un chimifte anglais ayant acidifié par l’acide
nitrique deux quantités égales de foufre rouge-
brun & de foufre ordinaire , & ayant obtenu avec
celui-ci plus d’acide fulfurique qu’avec le premier,
en a conclu que le foufre rouge-brun étoit à l’état
d’oxide. J’ignore fi ce réfultat eft exa#; mais ce
que je puis aflurer, d’après ma propre expérience,
c ’eft que fi l’on chauffe doucement du foufre
iouge-brun, on finit par lui faire reprendre fa
couleur ordinaire : le foufre perdroit donc alors
l’oxigène qu’il a abforbé dans la fufion.
Le foufre eft volatil. Pour s’en affurer, il fuffit
de le chauffer dans une cornue munie d’un récipient
; il fe fond, bout & fe condenfe enfuite en
un liquide qui fe fige dans le ballon ou même dans
le col de la cornue, fi la chaleur n’eft pas fuffifam*.
ment élevée. C'eft fur cette propriété (fh’eft fondé
l’art de purifier le foufre des corps fixes auxquels
il eft toujours mêlé dans l'état brut.
L’air & le gaz oxigène n'ont pas d’a&ion à
froid fur le foufre ,• à chaud, ils le brûlent & le
convertiffent en acide fulfureux, & il y a dégagement
de calorique & de lumière bleue : fi l’on fait
h combuftion dans un volume de gaz oxigéné
déterminé, on trouve qu'il n’y a qu’une très-
légère diminution de volume. On avoit penfé
autrefois que la combuftion vive du foufre donnoit
de l’acide fulfurique pour produits mais c’eft une
erreur, il ne s’en produit pas un atome, quand les
matières mifes en expérience font exemptes d’humidité.
Dans le cas contraire il peut s'en produire
, parce que l’eau eft un principe effentiel à
l’exiftence de l’acide fulfurique , en tant que
celui-ci n’eft pas combiné à une bafe, & que le
gaz fulfureux, mêlé au gaz oxigène, fe convertit
en acide fulfurique lorfque le mélange a le
conta# de l'eau.
A froid, il n’y a pas d’aétion. entre le gaz hydrogène
& le foufre ; mais fi la cohéfion de celui-ci
eft furmontée par le calorique, la combinaison
s'opère entre les deux corps , ^ fe produit du gaz
hydrogène fulfuré : fi on a pris un volume déterminé
de gaz hydrogène , on obferve qu'il
n’éprouve pas de changement par la combinaison.
On pourroit, à la rigueur, préparer le gaz hydrogène
fulfuré par ce procédé ; mais il faudroit
beaucoup de tems pour l’exécuter, & le produit
qu’il donneroit, feroit en petite quantité & très-
fujet à contenir de l’hydrogène non fulfuré. Le
procédé le plus fimple confifte à traiter une partie
de fulfuré d’antimoine réduit en poudre par fix
parties d'acide muriatique concentré. On met le
mélange dans un matras, auquel on adapte un tube
propre à conduire le gaz dans un flacon s on fait
chauffer. Quand on veut préparer l’hydrogène fulfuré
liquide, on fait communiquer le matras à des
flacons de verre prefque pleins d’eau. Dans cette
opération, l’ eau de l’acide muriatique eft décomp
té e , tandis qu’elle fournit à l’antimoine, l’oxigène
dont il a befoin pour fe diffoudre dans l’acide j
fon hydrogène s'unit au foufre & prend l’état gazeux.
Il eft incolore} il a une odeur extrêmement fétide
; c'eft celle des oeufs pourris. Il eft le plus délétère
des gaz. Il a une faveur acide & douceâtre.
Il rougit la teinture de tournefol.
Sa pefanteur fpécifique eft de 1,1912.
Suivaftt^Cluzel, il eft décompofé à une température
très-élevée : le calorique porte donc les
molécules de l’hydrogène hors de la fphère d’activité
de celles de foufre.
A froid , il n’éprouve aucune a#ion de la
part du gaz oxigène, mais à chaud il brûle avec
flamme j il fe forme de l’eau & de l’ acide fulfureux :
quand la combuftion eft lente ou qu’il n’y a pas une
grande quantité d’oxigène, il y a toujours du foufre
qui fe fépare à l’état combuttible.
D’après MM. Gay-Luflac ôc Thénard, il eft
formé : foufre, 95,855; hydrogène, 6,145.
L’hydrogène fulfuré peut s'unir au foufre'' &
former un compofé oléagineux qui a été découvert
par Schéele. Pour le préparer , on verfe
dans un petit flacon du fulfuré hydrogéné de
potaffe, environ un tiers 5 on remplit les deux
autres tiers d’acide muriatique à 6 deg. j on
ferme le flacon & on l'agite un peu : de peur
d’accident, il faut foulever le bouchon de tems en
tems} l’acide muriatique s’unit à la potalîe & en
fépare l’hydrogène fulfuré & le foufre. Comme
ces deux corps le rencontrent 2 l’état naiflant, ils
fe combinent & donnent naiflance à des globules
huileux d’un jaune-brun ; ces globules fe décompo-
fent fpontanément en hydrogène fulfuré & en foufre.
Le foufre peut former avec le carbone p!u-
fieurs combinaifons , dont la plus remarquable eft
le foufre carburé liquide ou alcool de foufre. Pour
la faire , on peut fuivre les deux procédés dont
nous allons donner la defcription :
i°. On introduit dans une cornue de grès lutéé
quatre cents grammes de charbon en poudre; on y
adapte un petit ballon tubulé, muni d’un tube recourbé
qui va plonger dans le mercure ; on calcine
fortement le charbon , puis on enlève le ballon 8c
on ferme la cornue : quand elle eft refroidie , on
la débouche & on y introduit deux kilogrammes
de fulfuré de fer au maximum ; on mêle les matières
en les agitant ; on pofe la cornue dans un
fourneaude îéverbère; on y adapte une alongequi
communique à un ballon tubulé : de la tubulure
de ce ballon on fait partir un tube qui communique
à deux petits flacons de Woulf à moitié pleins
d’eau ; le dernier porte un tube doublement recourbé*
qui eftdeftiné à porter le gaz fous une
cloche pleine d’eau. Quand les chofes font ainfi
difpofées, on chauffe la cornue graduellement,
iufqu’à la faire rougir. Le fulfuré de fer au maximum
le réduit par l’adtion de la chaleur en fulfuré
au minimum & en foufre ; celui-ci trouvant les
molécules du carbone dilatées par le calorique,
s'y unit & forme du foufre carburé qui fe condenfe
dans le ballon & les flacons: il fefublime en même
tems dans l’alonge une matière d’un rouge-brun
qui eft formée de foufre pour la plus grande partie,
gc il fe dégage un peu de gaz hydrogène fulfuré,
d’acide fulfureur , d’hydrogène carburé 8c d’oxide
de carbone, qui font mêlés à de la vapeur de foufre
carburé. ,
Le foufre carburé eft toujours coloré en jaune
par un excès As foufre qu’il tient en diffolution :
pour l’en priver, il faur, i°. !e diftiller à une chaleur
de à 50 deg. dans une petite cornue adaptée
à un ballon à moitié rempli d’eau ; il fe condenfe
alors en liquide incolore.
2®. On introduit des morceaux de charbon de
la groffeur d'une noifette dans un tube de porcelaine
qui traverfe un fourneau de réverbère,
& qui eft incliné de droite à gauche. On fait communiquer
l’extrémité gauche à un appareil fem-
blable à celui qu’on adapte à la cornue dans le
premier procédé ; à l’extrémité droite on ajufte
une cornue qui contient du foufre ; on met le feu
dans le fourneau. Quand le tube eft bien rouge,
& qu’ il ne fe dégage plus de gaz du charbon qui
y eft renfermé , on met un petit fourneau fous la
cornue , le foufre fe volatilife, 8c en paffant fur
le carbone il s'y unit : l’on obtient à peu près les
mêmes produits que dans l’opération précédente.
Le foufre carburé eft un liquide incolore, ayant
une odeur des plus fétides, qui eft fulfurée, mais
qui n’eft pourtant point celle de l ’hydrogènè fulfuré
; elle a quelque chofe de plus piquant 8c de
plus pénétrant. Il a une faveur âcre. Sa pefanteur
fpécifique eft de 1 ,2 6 5 ,8c fa tenfion de 0,5 [84
à 2205 , fous la preffion de 0,76 de mercure. Il
bout à quarante-cinq centigrades.
Il n’éprouve pas de décompofition de la part
du calorique.
A l’air , il s’évapore fans laiffer de réfidu. Sa
vapeur eft très-inflammable lorfqu’on en approche
un corps en ignition. Les produits font du gaz
acide fulfureux 8c du gaz acide carbonique. Sa vapeur,
mêlée au gaz oxigène, détone fortement.
Il eft peu foluble dans l’eau ; il l'elt davantage
dans l’alcool.
Parmi les combuftibles , on ne connoîc que
les métaux qui aient la faculté de le déccmpofer ;
ceux qui pofièdent l’a#ion la plus énergique font
le fer 8c le cuivre. Ainfi, lorfqu’on fait pafler lentement
du foufre carburé en vapeur fur des copeaux
de cuivre chauffés au rouge , dans un
tube de porcelaine qui communique à un flacon
entouré de glace & à un appareil pneumatique,
il ne fe condenfe -ni folide ni liquide, 8c il ne fe
dégage aucun gaz, fi ce n’eft l’air de l’appareil,
dont le volume elt augmenté par un peu de vapeur
de foufre carburée.
Si l’on brife le tube de porcelaine 8c fi on pèfe
les matières qui y font contenues, on trouve que
leur poids répond, à très-peu près, à la fomme de
ceux du cuivre 8c du foufre carburé qui ont été
mis en expérience. Si enfuite on fait l’analyfe
de ces matières, on les trouve compofées de
fulfuré de cuivre 8c de carbone. C ’eft par une expérience
de ce genre que j’ai déterminé la com-
pofition Au foufre carburé 8c la proportion de fes
principes. Je vais la rapporter.
Nouvelles expériences fur Vanalyfe du foufre liquide
de M. Lampadius , par M. Vauquelin.
Je fis paffer 25 gr.,155 de foufre liquide fur 55
grammes de cuivre rougi dans un tube de porcelaine.
4 gr.,5 de foufre liquide paflerent fans fe
décompofer , 8c furent condenfés dans un petit
flacon refroidi par un mélange de fel 8c de glace»
Il y eut un demi-litre de ga z, qui n’étoit autre
que l’air du vaiffeau faturé de vapeur de foufre
liquide. Il étoit mêlé d’un atome d’acide carbonique;
il ne contenoit pas d’hydrogène fulfuré, cat'
il ne noirciffoit pas l’acétate de plomb.
Le cuivre retiré du tube fe trouva pefer 72
grammes; il avoit donc augmenté de 17 : o r ,
ces 17 grammes, réunis aux 4 gr.,5 de foufre
liquide non décompofé“ 11 gr.,155. Ces 21 gr.,5
fouftraits des 25 gr.,155 donnent 1 gr.,655 de
perte : cette perce eft due au foufre liquide qui
s’eft mêlé à l’état de vapeur à l’air des vaiffeaux.
Cluzel avoit annoncé que la portion Ae foufre
liquide qui s étoit condenfée dans le petit
flacon placé après le tube de porcelaine différoit
du foufre liquide en ce qu’elle étoit beaucoup
plus difficile à décompofer par l'aftion du cuivre >
mais j’ai prouvé qu’il n’y avoit aucune différence
entre ces deux liqueurs ; c’eft ce qui réfulte des
expériences fuivantes.
Je fis pafler très-lentement les 4 gr.,5 de foufre
liquide qui n’avoient pas été décompofésf
dans l’expérience précédente fur 20 grammes
de cuivre chauffés dans un tube de verre luté.
Il ne f® dégagea pas un arôme de gaz, & il ne fo
condenfa aucun produit liquide. Le cuivre augmenta
dans cette expérience de 4 gr.,5; il n’y
avoit donc eu que o gr.,2 de perte, & encore;
faut-il attribuer une partie de cette perte à un
globule de foufre laide parla liqueur.
Il réfulte évidemment de ces faits : i°. que fi,'
[ dans la première expéri nce, on avoit employé
plus de cuivre, & fi la vapeur du foufe liquide
avoit pajffé plus lentement fur ce métal , le foufre
liquide auroit été décompofé en totalité * c’eft au
refte ce que des expériences ultérieures ont prouvé
; 20. que s’il y a de l’hydrogène dans 1 e foufre-
liquide , il faut qu’ii fe foit-combiné au cuivre.