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U . M. Tromfdorff a extra:t le tannin de la
noix de galle par un procédé fort long ( i ) : il
prépare un extrait fec avec de l’eau qui a macéré
fur la noix de galle réduite en poudre ; il lave cet
extrait à trois reprifes avec le triple de fon volume
d’alcool- abfolii ; la plus grande partie de
l’acide gallique eft düToute. Pour enlever la totalité
, il fait deux autres lavages avec de l’alcool ,
contenant un dixième d’eau; beaucoup de tannin
eft diflous. M. Tromfdorff traite par l’eau le
réfidu, qui contient, outre le tannin, des prin-
. ripes extraélifs & mucilagineux, & de la chaux
qui paroît être à l’état du fulfatê; il fait évaporer
la foiutionj l’extraélif s’oxigène & fe précipite 3
il répète cette opération jufqu’à ce qu’il ne (e
fépare plus de matière infoluble j enfuite il abandonne
la dernière folution à elle-même. Lorfqu’il
ne s’y produit plus de moififfures , le mucilage fe
trouve détruit fans que le tannin ait été fenfible-
ment altéré5 il ne refte donc plus qu’à féparer la
chaux du tannin. Pour y parvenir, on verfe quelques
gouttes de carbonate de potaffe dans la folution
du tannin ,• la plus grande partie de la chaux
eft féparée 5 on filtre & on mêle la liqueur à de
l’acétate de plomb ; on obtient un tannate info-
lubîe, qu’on lave avec de l ’eau froide 5 on le fart
deffécher, on le pulvérife, on le délaie dans l’eau
diftillée, & on le décompofe par l’hydrogène fu'.-
furé. Il fe forme du fulfure de plomb, & le tannin
, mis en liberté, eft dî flous par l’eau.
22. M. Tromfdorff s’eft affuré que le carbonate
de potaffe précipitoit de l’infufion de noix de
g die, une combinaifon de tannin, de potaffe &
de chaux; qu’en conféquence M. Prou fl ne pou
voit obtenir de tannin pur par ce procédé. Il a
encore obfervé que, quand on précipitoit le
tannin par l’acide fulfurique ou muriatique, on
pouvoir, au moyen de l’eau frci le , en feparer
tout l’acide. Il a cru pouvoir conclure de fes expériences,
i°. que ces acides ne précipitoient pas
le tannin en s’y combinant, mais bien en lui fai -
fant éprouver un changement de compolîtion ;
20. qu’on pouvoit ramener en partie le tannin à
fon premier état, en le traitant par une petite
quantité de potaffe, ou mieux encore en le faifant
diffoudre dans de l’alcool étendu d'un dixième
d'eau; que fi i’on pouvoit obtenir du tannin
pur au moyen de l’acide fulfurique ou muriatique,
cependant ces procédés n'étoient pas aufli avantageux
que celui qu’il avoit mis en ufage.
23. M. Bouillon-Lagrange a fuivi un procédé
plus expéditif (2) que celui de M. Tromfdorff; il
verfe du carbonate d’ammoniaque en excès dans
une infufion de noix de galle faite à froid; il filrre
& il lave la matière à l’eau froide jufqu’à ce qu’elle
foit incolore. Il faur, aurant que poflible, éviter
le cont. él de l’air. 11 traite le réfidu par l’alcool
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jufqu’à ce que celui-ci n’acquière plus d’acidité
par la macération ; enfuite il jette le tout fur un
filtre , & prive le tannin d’humidité, en le plaçant
entre plufieurs doubles de papier jofeph.
24. Raffemblons maintenant les propriétés qu on
a attribuées au tannin de la noix de galle.
2j . Ce corps eft brun; il ne criftallile pas 5 il a
une faveur aftringente 8c amère. M. Tromfdorff a
obfervé qu’il rougiffoit le papier de tournefol :
il paroît croire que cette propriété eft due a un
refte d’acide plutôt qu'au tannin même. M. Bouillon
Lagrange dit que le tannin, expofé à 1 air,
rougit le tournefol. Il penfe qu’il n’a cette propriété
que parce que l’oxigène l’a acidifié ; la fo-
! lution de chlorine l’acidifie également : luivant
1 le même chimifte, il le convertit, en acide gal- I . . , 26. M. Tromfdorff dit que le tannin eft très*
foluble dans l’eau* M. Bouillon-Lagrange dit qu il
eft peu foluble dans l’eau froide, mais qu’il fe dif-
fout mieux dans l’eau bouillante.
27. L’alcool abfolu ne le diffout pas ; c’eft ce
qui réfulte évidemment des procédés de M. Tromfdorff
& de M. Bouillon-Lagrange.
28. Suivant M. Tromfdorff, les acides fulfurique
& muriatique agiffent de la même manière
fur la folution du tannin pur, que fur 1 infufion
de noix de galle.'Les acides fulfureux, acétique ,
phofphorique, oxalique, tarrarique, malique &
hydrogène fulfuré ne lui font éprouver aucune altération
; l’acide nitrique le décompofe, &
M. Bouillon-Lagrange a vu qu’il y avoir production
d’acide oxalique.
29. Les eaux de potaffe & de foude précipitent
le tannin en s’y combinant. Les précipités dif-
fous dans l’eau chaude ne précipitent la gélatine
que quand on a neutralifé par un acide 1 alcali
qu’ils retiennent: le carbonate de potaffe agit
de la même manière. L'ammoniaque ne précipite
pas le tannin, mais M. Tromfdorff a vu qu il s y
combinoit.
30. Les eaux de ftrontiane & de barite forment
avec le tannin des précipités qui font verts : fui-
vant M. Bouillon-Lagrange, l’eau de chaux les
précipite en flocons d’un jaune-brun.
31. L’ alumine gélàtineufe précipite le tannin de
fa folution.
32. Le tannin précipite les diffolutions de fer
au maximum en flocons bleus, & l’acétate de
plomb en flocons .d’un gris J aune; il décompofe
un grand nombre d’autres diflolutions métalliques.
33. Enfin, M. Bouillon-Lagrange a obfervé que
le tannin diftillé donnoit, entr’autres produits, de
l’acide gallique fublimé. Il en a attribué l'origine à
la décompofition du tanniny mais je penfe que cet
acide, ainfi que celui qu’il a obtenu avec le chlore ,
avoit Amplement été féparé d’un corps auquel il
étoit uni. Je penfe aufli que la propriété de rougir
le tournefol que lui a préfenté le tannin expofé a
( 1) Annales de Chimie , tcm. LV»
(aj Ib id ., com. LVI.
l’air, tenoit, non à la produ&ion d’un acide, mais
au dégagement d’ammoniaque qui étoit uni à cet
acide & au tannin.
§. II. Précis de mes expériences analytiques fur la :
noix de galle.
34. J’ai dit que, dans l’analyfe végétale, on fai- :
foit prefque toujours des combinaifons avec excès
de l'un aes principes, & que rarement on obte- j
noit ceux-ci à l’état de pureté, la première fois
qu’on effayoit de les féparer au moyen d’un dif-
folvant; il réfulte de-là, ainfi que de la néceflité
où l’on eft de connoître la nature des élémens
d'un compofé , avant de foumettre celui ci à une
analyfe foignée, qu’on doit commencer l’examen ;
de ce compofé par celui des produits qui diffèrent
le plus en folubilité, & qu’on en a obtenu par des
eftais préliminaires, parce que , fi ces produits ne
font pas formés de principes purs, ceux-ci s’y
trouvent dans l’état qui en approche le plus, au
moins relativement aux autres produits deTana-
lyfe. Cette confidération me preferit d’examiner
la matière d'un gris-jaunâtre 3 dont j’ai fait mention
( 16 ) . C tee matière ne provient pas de la
décompofition de la noix de galle, quoiqu’elle fe
dépofé en grande quantité lorfque l’infufion de
cette fubftance fe moifit, car elle fe précipite également,
mais en petite quantité, del’ infufion qui
a été privée du contaéf du gaz oxigène ( 1 ) , & de
celle récemment préparée, qu'on fait évaporer
doucement, ou qu’on expofe au froid. Cette matière
a été prife pour de l’extrariif par plufieurs
chimiftes qui ont examiné la noix de galle.
I. Examen'de la matière d’un gris jaunâtre.
33. Elle fut lavée à plufieurs reprifes avec cinq
cents parties d’eau froide , chaque fois , puis def-
féchée. Dans cet état elle ne cédoit que des
atomes de matière à l’eau 8c à l’alcool bouillant :
cent parties, calcinées dans un creufet de platine,
ne différent que 1,14 de cendre grifâtre, formée
de chaux & d’oxide de fer : par conféqtient elle
ne pouvoit être confédérée comme un fel. L’emploi
du digefteur diftillatoire, dont j’ai préfenté
la defeription à l’Inftitut, m'a été d’ un grand
fecours pour découvrir la nature de fes principes.
J’ai Tait fubir à la matière un grand nombre
de lavages alcooliques dans cet appareil. Le
reffort p refletc la foupape avec une force égale
à cinq, kilogrammes ; j’ai fait vingt opérations
’fucceflives , & j’ai diftingué les lavages qui .en
font provenus en premiers, féconds & troifiè-
mes.
36. Premiers lavages, llsétoient d’un beau jaune
d’or. Ils ont dépofé en fe refroidiffant des crif-
taux en aiguilles, d’un jaune légèrement roux A.
Ils ont été filtrés, puis concentrés au tiers de leur
volume ; ils ont donné des criftaux d’un jaune-gris
verdâtre B.
37. Seconds lavages. Ils ont donné, en fe re-
froidiffant, des criftaux C , qui ne différoienten
apparence des criftaux A que par une nuance
rouffe plus prononcée. Les lavages filtrés & concentrés
(1) Je conferve , depuis trois ans , une infufion de noix
de galle dans un flacon bouché -, elle ne paroît avoir épre
aucune alcération, fi.ee; n’eft qu’elle a dépofé de la matière
d ’un gris-jaunâtre, dont l’afpedt eft criflallin.
à deux reprifes ont dépofé des criftaux D ,
d’un gris-fauve, & enfuite des criftaux E, qui
étoient d’un gris-fauve plus léger que les criftaux
D.
38. Troisièmes lavages. Ils ont dépofé, en fé
refroidiffant, des criftaux F , plus roux que les
criftaux C.
39. Les liqueurs d’où tous les criftaux précé-
dens ont été feparés, feront examinées fous le nom
de premières eaux-mères.
40. La matière d’un gris-jaunâtre qui avoit été
traitée vingt fois par l’alcool, a été foumife à de-
nouveaux lavages, jufqu’ à ce qu’elle ait paru ne.
plus rien céder à ce liquide : elle a donné des
criftaux d'un jaune -fauve femblabLs aux criftauxC,
& des criftaux d’un gris-fauve léger, qui reffem-
bloient aux criftaux E ; l’eau-mère de ces criftaux
fera examinée fous le nom de fécondés eaux-mères.
41. La matière qui ne fut pas diffoute par l’alcool
étoit d’ un gris-brun; elle étoit principalement
formée d’une matière azotifée : auffvdonna-
t-elle beaucoup de carbonate d’ammoniaque à la
diûilla.tiôn, &. quand on la traita par l'acide nitrique,
on obtint de l'acide oxalique & une matière
jaune amère.
Examen des cri faux A.
42. Ils n’avoient pas d’odeur ni de faveur fen-
fible ; ils rougiifoient très-légèrement le papier
de tournefol^ fur lequel on les délayoit avec un
peu d’eau; mis dans une folution d’acétate de fer,
ils n’en çhangeoient pas la couleur; mais fai foi i>
on bouillir le liquide, ils fe coloroient en brun-
noir: l’eau 8ç l’alcool bouillant à la preflion de
0,10.76 n’en di.ffolvoient que des atomes ; cepen-
: dant ils en contenoient affez pour devenir d’un
; beau jaune par le pontaèf de la potaffe & de la
barite , ainfi que pour précipiter, l ’acétate de
plomb en flocons jaunes., & l’acétate de fer en
flocons d’un noir-verdâtre, lor'fqu’ils avoient été
préalablement concentrés.
43. Un gramme de criftaux A ont été diftillés
avec fix grammes d’acide nitrique; il y a eu dégagement
de gaz nitreux, & c ., & la liqueur eft
devenue d’ un beau rouge : quand la plus grande
partie de l\açide. a été diftillée, on a remis fix
grammes d’acide nitrique dan.s la cornue; la diUoj
lution a été complète, la liqueur a perdu la cou- ,1 leur rouge; elle eft devenue jaune. En continuant
G g 2