
vraifemblable, que nous donnions aujourd'hui ce
nom à la même pierre que celle qui étoit connue
des Anciens fous la même dénomination ; il paroît
qu'ils la lui avoient donnée à caufe de la ville de
Sarde , aux environs de laquelle on trouvoit cette
pierre , ou dans laquelle onia travailloit peut-être
le plus fréquemment. Cette pierre eft d'une couleur
orangée-pâle , fouvenc altérée par une teinte
de jaune , de rouffeâtre ou de brun : elle eft en
maffes plus grandes que la plupart des autres filex ;
elle eft aufli divifée en zones plus diftinéles & qui
fe prêtent mieux aux travaux des graveurs en
pierres dures , furtout pour les camées : c’eft ce
qu'on voit fur la faméufe camée du triomphe a Au-
gufte} & fur une -belle coupe de fardoine confer-
yées au Mufée des Médailles de la Bibliothèque
impériale.
SARRETE. La fane ce (farretula tmchona de
Linné ) eft une plante employée en teinture 3 &
que l’on trouve communément dans les prés & les
bois ouverts. Lorfqu’on l'emploie feule pour teindre
, & fans mordans , elle donne aux étoffes une
couleur jaune-verdâtre, qui n'eft point folide.
L'alun 3 ajouté dans un bouillon particulier ou
dans le bain de Jarrête, rend fa couleur folide &
d'un jaune agréable.
M. Poemer a fait plufieurs effais fur cette teinture.
Voici les réfultats de fes expériences : l'alun
& le fu'.fate de chaux font les mordans qui conviennent
le plus à lafarrete. Le dernier de ces fels
rend fa couleur plus foncée ; mais l'on fait varier
la nuance par la proportion des deux matières.
Schoeffer confeille de préparer la laine qu’on
veut teindre par la farrète avec l’alun & un douzième
de tartre ; il affure que, préparée avec trois
feizièmes de diffolution d’étain & autant de tartre
, la laine prend une couleur beaucoup plus
vive qu’avec l'alun & le tartre. ( Voye^ l'article
T e i n t u r e . )
S ASSOLIN. C'eft un des furno.ms de l’acide bo*
racique naturel : il eft peu employé.
SATURATION. Les chimiftes donnent le nom
de faturation au phénomène par lequel un corps
qu'on unit avec un autre prend une quantité déterminée
de celui-ci, au delà de laquelle il n’en ab-
forbe plus, ou n’en abfovbe que très - difficilement,
de manière qu’arrivé à cette quantité, il
paroît en être faoulé ou faturé. La connoiffance
de ce phénomène , étudié dans chaque corps, &
comparé dans l’enfembie des opérations de chimie
, eft une des bafes de cette fcience , puif-
qu’elle éclaire néceffairement , foie fur la proportion
des compofans, foit fur la manière de les
former, foit enfin fur celle de les détruire ; c’eft
pour cela que Macquer, dans fon Di6lionnaire de
Chimie, y a fait beaucoup d'attention & a regardé
la faturation comme tenant à toute la chimie, &
qu'après avoir donné a fiez de détails à cet article,
il renvoie aux articles A ffinité,C ombinaison,
Dissolution , ■ C austicité , Pesanteur ,
Sels , & c ., comme expofant une foule de vérités
qui lui paroiffent applicables à . la Jaturation.
Le plus grand- nombre des chimiftes qui ont
écrit depuis Macquer ont penfé de même fur la
faturation ; aufli a-t-on vu plufieurs des plus diftin-
gués travailler longuement pour déterminer avec
plus ou moins de foin & d’exaétitude les degrés
de faturation qui paroiffent régner entre les différées
corps fufceptibles d'union : de là ont pris
naiflance les tables qu’on trouve dans les ouvrages
de Bergman, de Kirwan, de Lavoifier, d'après
lefquelles on conduit fouvent les opérations de
chimie , on calcule les réfultats d’analyfe, on
établit même les données relatives aux travaux
& aux produits des fabriques chimiques. Il eft
donc bien prouvé que les chimiftes ont confiance
dans ces tableaux de faturation, & par confé-
quent qu’ils admettent cette faturation comme
un des principaux points des vérités fur lefquelles
leur fcience & fes manipulations peuvent être
appuyées.
Donnons ici une idée de la manière dont
Macquer a traité ce fujet, en 1776, dans fon article
Saturation de fon Dictionnaire de Chimie.
Il définit d’abord la faturation comme le point où
la tendance à l’union eft fatisfaite entre les corps.
Tout l’effet de cette meme tendance ou de cette
force fe réduit, fuivant lui, à faire cohéret les
-fubftances entr'elles 5 mais comme les parties de
différentes fubftances font variables fuivant leur
nature diverlè , il en réfulte que les parties de
deux fubftances peuvent être unies entr’elles avec
toute la force dont elles font fufceptibles les unes
envers les autres, quoique leur tendance, générale
à l’union foit encore bien éloignée d’être fatisfaite
entièrement ou épuifée. Il confidère donc la faturation
fous deux afpedts diffërens : il diftingue
la. faturation d'une fubftance relativement à une
autre d’avec la diminution plus ou moins grande
de tendance à l'union en général, produite par
l’union particulière qu’elle a contr^dlée : la première
faturation eft la faturation relative, & la
fécondé, la faturation abfolue.
«Cela pofé, continue notre auteur, comme
33 la tendance générale à l'union diminue toujours
33 en proportion de la force avec laquelle les par-
33 ties font unies, il s’enfuit que l'adhérence, plus
33 ou moins grande, que contrarient enfemble lés
33 principes d'un compofé quelconque , influe
33 beaucoup fur la nature & fur plufieurs pro-
33 priétés effentielles de ce compofé : par exemple ,
33 lorfqueles principes d’un corps font fufceptibles
33 de s’unir entr’e-ux avec toute la force dont ils
33 font capables en général, leur faturation rela- '
33 tive fe confond alors avec la faturation abfolue ;
33 en forte qu’après l’union on ne remarque plus
33 dans ce corps, ni dans aucune de fes parties,
» aucune
„ aucune tendance à de nouvelles_ unions tels J
„ font les fels neutres compofés d'acides minéraux 1
« & d'alcali fixe. Les principes acide & alcali de
„ ces fels contrarient enfemble une fi forte union,
« qu'ils perdent entièrement ou prefqu'entiére-
ment leur faveur , leur caufticité, leur a&i-
» v ité , en un mot, toutes les propriétés qu’ils
« ne dévoient, avant cette union , qu'à la ten-
» dance générale à la combinai fon ; aufli la fatu-
» ration relative de ces fortes de fels eft-elle très-
« marquée : c'eft une des premières qui ait été
>» obfervée , & qui ait donné lieu de faire atfen-
>» tion aux autres. « On voit ici que Macquer
reconnoiffoit plus fpécialement la faturation dans
les; compofés falins, parce qu’elle y eft en effet
plus marquée, plus teconnoifiable & plus facile à
apprécier : il eft , en cela , d'accord avec quelques
chmiftes modernes, & fpécialement avec,
M. Berthollet, qui l'admet également dans les
fels , à la vérité d’une manière moins pofitive,
mais dont la doétrine générale fur la non-exiftence
des affinités éledtives repouffe prefqu’entiérement
celle de la faturation , puifqu’en effet celle-ci eft
une forte de preuve complémentaire de l'affinité
de choix entre les diverfes fubftances qui peuvent
s’unir entr’elles.
Macquer pourfuit fon hiftoire dé la faturation,
en la confidérant dans les corps qui n’éprouvent
entr'eux qu’ùne union foible ; ceux-ci n’épuifant
que très-peu leur tendance générale à la cnm-
binaifon , leur point de fzturation relative doit
être , fuivant luiv, moins marqué, & leurs principes
faturés réciproquement l’un par l’autre font
très - éloignés de la faturation abfolue, & con-
fervent encore beaucoup de leur adtion diffol-
vante. Ces genres de compofés ont beaucoup
d'a&ivité, de faveur, & c . , comme Macquer
l'obfervoit pour les fêis déliquefcens , les fels métalliques
, qui font prefque tous cauftiques ou
très-énergiques dans leur adtion.
Notre auteur cite enfnite plufieurs fubftances
qui ont un point de faturation affez marqué
entr’elles, quoique ne pouvant contradler enfemble
qu’une union très-foible : à la vérité, ces
fubftances n’ont par elles-mêmes que peu d’adtion
diffolvante ou qu'une légère tendance à la com-
binaifon. Leur faturation relative approche beaucoup
de la faturation abfolue ; tels font l’éther j
avec l’eau , les huiles volatiles avec l’alcool, ;
lés fels avec l’eau. On fait que l’éther ne s’unit à
l’eau que pour un dixième , & que ce qui eft
au delà fumage ce liquide fans s’y unir ; qu'une
huile volatile, au delà de ce que l'alcool peut
en prendre, s’en fépare en globules. L’eau a un
point de faturation pour chaque efpèee de fel : ce
point eft d’autant plus marqué , que le fel contient
moins d’eau de criftallifation , & que fa
diffolubilité eft moins différente à chaud qu’à
froid, comme le fulfate de potaffe & le muriate
de foude, D’autres fels, beaucoup plus Colubles
Ch im ie . Tome f l .
dans l’eau chaude que dans l'eau froide , & très-
chargés d’eau de criftallifation , ont en quelque
forte pour l ’eau un point illimité de faturation :
dans cette claffe font compris le fulfate de foude,
le fulfate de magnéfie, le fulfate d'alumine &
de potaffe, les fulfates de cuivre & de fer. L’eau
qu’ils contiennent dans leurs criftaux fuffit pour
lès diffoudre par la chaleur i ils s’y fondent &
reftent liquides jufqu’à ce que l'eau foit évaporée.
Le point de faturation de l'eau par ces fels femble ,
fuivant Macquer, devoir être regardé comme indéterminé.
Macquer parle enfuite des fubftances nom-
breufes qui s’uniffent entr’elles fans faturation
précife ou dans beaucoup de proportions diverfes :
tels font, fuivant lui, les acides fluors, l’ammoniaque
, les alcalis fixes , les fels déliquefcens &:
l’alcool par rapport à l'eau , les métaux les uns
à l’égard des autres. L ’union des premiers -avec
l’eau, quoique maintenue par une grande affinité,
n'épuife pas leur tendance à la combinaifon ; elle
n’eft qu’une forte de mélange’qui n’affoiblit prefque
pas leur aélion générale d'affinité : il n’y a
donc point de faturation déterminée entr’eux.
Enfin, Macquer iafifte fur un effet qu’ il regarde
comme très-remarquable & dépendant de la nature
des fluides élaftiques ou non : c’eft , dit-il,
que, quoiqu’ ils foient capables de fe mêler parfaitement
& même de s’unir jufqu’à un certain point avec
beaucoup de fubftances, il n’y a fouvent entr'eux
qu'une faturation foible ou nulle, comme on le
voit dans l'aélion du feu fur la plupart des corps ,
celle de l'air & des autres fur l'eau, celle de
ce liquide fur plufieurs acides ou alcalis-; ainfi
il y a adhérence, même forte, fans faturation
j entre beaucoup de corps : à la vérité, ces corps
ne forment point de véritables combinaifons, mais
plutôt des fortes de mélanges.
Le réfultat de ces diverfes confédérations conduit
le célèbre chimifte dont nous faifons con-
noître l'article, à pehfer que l’examen des divers
degrés de faturation entre les fubftances qui peuvent
s’ unir entr’elles , eft un objet aufli important
& aufli étendu qu'il eft neuf en chimie, &r qu’ à
peine paroît elle effleurée. Ce que les chimiftes
ont fait fur cet objet-depuis vingt-cinq ans,
époque de la mort de Macquer (elle a eu lieu en
février 1784 , & j’écris ceci en c&obre 1809 ) ,
prouve qu'en effet cette matière étoit digne de
tout leur intérêt ; mais qu’en même tems elle eft
hériffée de difficultés , & que la folution du problème
ou de la férié des problèmes qu’elle préfente
, ne peut avoir lieu que par une immenfe
fuite de recherches & d’expériences qu'on eft
loin encore d’avoir complétées. En effet, malgré
les recherches' de Bergman, de Lavoifier, de
Kirwan, de Vauquelin & de beaucoup d’autres
chimiftes modernes, fur la proportion des principes
des compofés, & par conféquent fur la faturation
3 caria connoiffance des uns conduit nâ-
N