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quatre-vingt-douze de tartre & de foixante de
cochenille ; on ajoute un peu de diffolution d’étain
, mais moins que pour l’écarlate on donne
enfuite le bain de rougie.
Pour les étoffes de qualité fecondaire, on emploie
dans la teinture en écarlate & en cramoifi,
la moitié de la cochenille qui feroit employée
pour une étoffe d’un prix plus élevé ; on remplace
la cochenille qui manque par la garance.
:
Çramoifi fur foie.
i*. Les foies que l’ on veut teindre en cramoifi
doivent être cuites avec vingt parties de favon
pour cent de foie.
2°. Quand elles ont été dégorgées à, la rivière,
on les met dans un bain d’alun concentré, & on
les y laiife pendant douze heures.
3°. On remplit d’eau une chaudière environ
jufqu’aux deux tiers 5 quand l’eau eft bouillante
on y jette de la noix de galle blanche pilée > depuis
le feizième jufqu’ au huitième du poids de la
foie, & après quelques bouillons on met dans le
bain depuis le huitième jufqu’au cinquième de
cochenille broyée pour chaque quantité de foie,
fuivant la nuance que l’ on veut faire} on ajoute ,
dans le bain un feizième de tartre par quantité de ■
cochenille, & quand le tartre eft diffous, autant j
de diffolution d’étain, qui doit être au minimum !
d’oxidarion} on mêle les matières; on finit de ;
remplir la chaudière avec de l’eau froide & on y
plonge les foies; il faut les y agiter jufqu’à ce
qu’elles aient pris une couleur bien unie; après
cela on fait bouillir pendant deux heures; on retire
le feu, & après quelques heures on retire les
foies du bain, on les lave à la rivière, on les
tord & on les fait fécher.
On teint la foie en cramoifi faux au moyen du
bois de Bréfil.
La cochenille n’cft prefque pas employée pour
teindre le coton & le lin ; elle ne leur donne
que des couleurs pâles, qui ne réfiftent pas au
favon.
§. VIII. Teinture en jaune.
Parmi les nombreux végétaux qui donnent une
couleur jaune aux étoffes, nous choifirons h gaude
( refeda Luteola ) pour exemple , comme étant un
des plus anciennement employé, & un de ceux
dont la couleur eft la plus franche & la plus fo-
lide, lorfqu'elle a été fixée par des mordajis convenables.
/ ' -
Jaune fur laine. i° . Bouillon. On met dans une
chaudière quatre parties d’alun pour feize d’é-
t( ffe , & une ou deux de tartre : on fait chauffer.
2°. Gaudage. On, met dans la chaudière de
«trois à fix parties de gaude pour une d’étoffe; on
fait bouillir, la plante doit être renfermée dans
un fac de toile claire: pour quelle ne s'élève pas
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à la furface de la liqueur, on la charge d’ une croix
de bois; quand elle a cédé la matière colorante à
l’eau, on la retire du bain & on y plonge l’étoffe.
Jaune fur foie. Pour obtenir un jaune franc fur la
foie, il faut que l’alun dont on imprègne l’étoffe
foie parfaitement exempt de fui fa te dé fer; car
pour peu qu’il en contienne, la couleur tire fur
l’olivâtre: l’ on peut au contraire employer un
alun impur pour la teinture fur laine, parce que
le fulfate de fer, au moins dans la proportion où
il fe trouve dans l’alun du commerce, ne fe fixe pas
fur la laine.
i°. On cuit la foie avec vingt parties de favon
pour cent de foie.
. 2°. On alune la foie & on la lave atf forcir du
bain d’alunage.
3°. On fait bouillir dans l’eau une quantité de
gaude double de celle de la foie qu'on veut teindre.
Après vingt minutes d’ébullition, on paffe la
liqueur dans un tamis; lorfque le bain eft refroidi
à quarante-cinq degrés, on y plonge la foie & on
la remue jufqu’ à ce que la couleur en foit unie.
4°. Pendant qu’on teint la foie, on doit faire
I rebouillir la gaude dans de nouvelle eau, enfuite
on rejette la moitié du premier bain & on la
remplace par le fécond bouillon ; on remue la
foie comme la première fois, enfuite on la retire
du bain.
50. On ajoute au bain une partie de la fécondé
décoétion de . gaude , à laquelle on a mêlé un
peu de carbonate de potaffe, enfuite on y replonge
la foie ;on l’en retire après quelque temps
& on la tord. La quantité de décoâion alcalifée
qu’on ajoute au bain eft d’autant plus grande
qu’on veut obtenir une couleur plus dorée.
Jaune fur coton. i°. On décreufe le coton dans
une leflive de cendres de bois neuf; on le lave &
on le fait fécher.
2°. On le tient plongé pendant vingt-quatre
heures dans une. diffolution d’alun. La quantité
de ce dernier doit être le quart de celle du coton;
le coton aluné doit être féché, puis lavé.
30. On met dans une chaudière, de l’eau avec
une partie un quart de gaude pour une paftie de
coton. Quand le bain a bouilli, on le laiffe refroidir
& on y plonge enfuite le coton.
4°. Le coton, retiré du bain, doit être tenu
plongé pendant une heure & demie dans une
diffolution de fulfate de cuivre. On doit mettre
une partie de fulfate pour quatre parties de coton ;
enfuite on met ce dernier dans une diffolution
bouillante de favon blanc, faite dans,les mêmes
j proportions; après une heure d'ébullition, on le
tire du bain, on le lave & on le fait fécher.
I Les ouvrages fur la teinture qu’on peut lire avec
! le plus d’avantage font : l‘Art de la teinture des
I laines & des étoffes de laine, en grand & petit teint,
: par Hellot y Effai fur l'Art de la teinture , par Schef-
fer i T Art de la teinture en foie , par Macquer ;
T Art de la teinture des fils & étoffes de coton, par
Le pi leur d'Apligny; les Elément de V An. de la teinture,
par MM. Berthollet y V Art de la teinture en
rouge d'Andrinople 3 par M. Chaptal.
T einture acre de ta r t r e . C ’eft la diffo-
jution alcoolique de potaffe. ( Voyez tome 11,
page 122, §. I I I , Alcools alcalins.)
T eintures éthérées : diffolutions de matières
réfineufes dans l’éther. Cette expreflion eft
furtout ufitée en pharmacie.
T einture martiale alcaline de St a h l .
Elle fe prépare en verfant du carbonate de potaffe
dans une diffolution de fer au maximum, jufqu'à
ce que le précipité qui s’ëtoit d’abord formé foit
diffous. ( Voyez tome IV± page $40. )
T einture de mars t a r t a r isé . C ’eft la
folution alcoolique de tartrite de potaffe & de fer.
( Voyez le mot TARTRITE DE POTASSE ET DE
TER , & tome // , page 125.)
T eintures spiritueuses : diffolutions alcooliques
de réfines. ( Voye^ tome //, page 106.)
TELESIE. M. Haüy avoit donné ce nom à une
efpèce de pierre qui renfermoit le fap’nir, le rubis
d’Orient & la topaze orientale des lapidaires.
Depuis la publication de fon Traité de minéralogie,
M. Haüy a reconnu que cette efpèce rentroit dans
celle appelée corindon, ainfi que Romé de Lille
& M. Bournon l’avoient déjà penfé.
M. Haüy a fait trois fous-efpèces de corindon :
1°. Le corindon hyalin , qui renferme le faphir,
Je rubis, la topaze & l’améthyfte d’Orient.
2°. Le corindon karmopkane , qui comprend les
premiers minéraux auxquels on a donné le nom de
corindon & de fpath adamantin.
30. L e corindon granulaire. C ’eft l’émeril. ( Voyez
les articles RUBIS , SAPHIR , CORINDON &
.Emeril.
TELLURE. Muller, en 1782, foupçonna le
premier la préfence d’un métal particulier dans
-une mine d’or qui fe trouve à Mariahilf, dans les
monts Fatzbuy en Tranfylvanie. Cette mine étoit
appelée aurum paradoxicum , aurum problematicum ,
parce que plufieurs minéralogiftes prétendoient
que l’or s’y trouvoit avec l’antimoine, tandis que
d’autresjüoient l’exiftence de ce damier & admet-
toient celle du bifmuth. Bergman ayant fait un
effai de cette mine, n’y trouva pas d’antimoine.
Enfin, Klaproth en 1 79 8 ,8c Gmelin en 1799,
l’ayant examinée de nouveau, y trouvèrent un nouveau
métal que Klaproth nomma tellure.
Le tellure fe trouve dans la mine appelée orpro■*
Hématique, accompagné de, l’or & du fer : pour
le féparer de ces métaux, on traite la mine, réduite
en poudre, par un mélange de fix parties d’acide
muriatique à n ° & de deux d’ acide nitrique à 30°.
Quand la diffolution eft faite , on y ajoute de
l’eau , mais avec l’attention de ne pas en mettre
affez pour la troubler. On filtre & on mêle de la
potafle çauftique en excès à la liqueur filtrée ;
par ce moyen on précipite l’or & Je fer, tandis
que l’oxide d e tellure refte diffous dans la potaffe;
on filtre de nouveau ; on fépare l’oxide de tellure
en neutralifant l ’alcali qui le tient en folution , par
l’acide nitrique ou muriatique ; on laiffe dépofèr
le précipité 8c on le lave avec un mélange d’eau 8c
d’alcool.
Quand on veutobtenir le tellure à l’état métallique,
on mêle l’oxide avec de l’huile d’olive ; on introduit
ce mélangé dans une petite cornue de verre
lutée 8c on chauffe: le charbon s’unit ài’oxigène,
8c le tellure réduit fe fubiime dans le col de la
cornue, fi toutefois la température eft affez élevée.
La couleur du ullure eft le blanc d’étain tirant
fur le gris de plomb ; il a beaucoup d’éclat ; il fe
réduit facilement en poudre.
Il eft le plus léger des métaux, car il ne pèfe que
63 i iy , l’eau pefant 1,000.
Expofé à la chaleur, il fond avant de rougir; il
eft un peu moins fufîble que le plomb 8c un peu
plus que l’antimoine. A une température plus
elevée, il fe volatilife, même dans une cornue.
L’air n’a pas d’aêtion fur lui à la température
ordinaire 5 mais fi le tellure eft chauffé, il brûle
avec une flamme bleue très-vive qui paroît verte
fur les bords, 8c ii répand une odeur que Klaproth
a comparée avec raifon à celle du radis noir. Cet
oxide eft le même que celui qu’on obtient par la
voie humide; fi on le chauffe dans une cornue, il
fe fond en une mafia jaune de paille qui criftallife
en aiguilles par le refroidiffemént. Cet oxide eft
réduit par le charbon 8c par le foufre : il eft loluble
dans les acides fulfurique, nitrique 8c muriatique,
ainfi que dans la potafi’e 8c la foude. Ces deux dernières
folutions le laiffent dépofer quand on les
neutralife par un aoide.
Lç tellure s’ unit au foufre; lorfqu’on chauffe
parties égales de ces corps dans une cornue de
verre, l'excès de foufre fe .volatilife avec un peu
de tellure y 8c le fulfure refte au fond de la cornue
fous la forme d’une mafle poreufe demi-fondue,
qui a une couleur gris d’acier 8c l’éclat métallique.
' En s’unifiant à l’hydrogène, il forme un gaz qui
eft foluble dans l’eau, & qui donne à ce liquide
des propriétés acides analogues à celles de l’eau
hydro-fulfurée.
Le tellure ne paroît pas s’unir au mercure.
Il fe diffout dans l’acide fulfurique. Lorfqu’o»
met une partie de tellure dans cent d’acide concentré
renfermé dans un flacon, on obtient une
folution couleur d’améthyfte, qui paroît être un
fulfate au minimum. Cette diffolution laiffe pré-^