
chaux, 8t contenoit de l'ammoniaque en excès :
il pefoir, avec l'huile, près de trois gros ou les trois
cinquièmes de la plante employée. Les acides le
rendoient laiteux, St en féparoient une huile jaune,
foluble dans l'alcool, précipitée par l’acétate de ce
métal. Le produit liquide contenoit donc un iël
volatil ammoniacal, & un excès de cet alcali volatil
qui avoir porté une partie de l'huiU à l'état
favoneux. L'huile rouge & fétide él -it âcre, fo-
lublé dans l'alcool, imprégnée de beaucoup de
fel ammoniacal ; il brûloir par le gaz acide muriatique
oxigéné, & laiffoit beaucoup de chirbon.
Le réfidu de la cornue étoit noir, faifoit effervef-
cence avec les acides , qui donnoient enfuite des
fels à bafe de foude & de magnéfîe ; il pefojt trois
gros. Les réfultats de cette diftillation prouvent
que 1 e falfola fe comporte comme une matière animale
, puifqu'il donne des produits fétides & ammoniacaux,
& qu'il laiffe dans fon réfidu de la
foude & de la magnéfîe faturées en partie d'acide
carbonique.
Quatre parties de falfola & une partie de po-
tafle bien mélangées ont été chauffées dans un
creufet, jufqu’à ne plus donner de vapeur hui-
leufe. La leflive de cette matière a fourni , avec
le fulfate de fer, un précipité gris qui eft devenu
bleu par l'air & parles acides. Cela explique la pré-
fence du bleu de Pruffe tout formé dans la foude
du commerce , cù on le trouve par l'a&ion des
acides.
Le falfola, brûlé à l'air libre, répand une fumée
jaune, épaiffe, hutleufe, & laiffe une cendre jaunâtre
d'une faveurfalée & âcre qui fait â peu près
le cinquième de la plante. Cinq cents grains de
cette cendre, leffivée jufqu'à ce que l'eau en fortît
fans faveur, ont donné cent cinquante grains de
carbonate de foude chargé d'eau de criftallifa-
tion , & cent vingt grains de muriate de foude
aufft criftallifé. Il eft relié quatre gros de réfidu
gris terreux qui a fait une vive effèrvefcence avec
l'acide muriatique, où il s’eft diffous prefqu'en
totalité, d'où l'ammoniaque l'a précipité, & qui
avoit tous les caraétères de la magnéfîe. Le peu de
chaux & de fet mêlé avec ce réfidu n'étoit pas
appréciable.
M.Vauquelin conclut de cette analyfe, 1°. que
la foude exifte toute formée dans le falfola foda, Si
que l'aûion du feu ne fait que la mettre à nu ;
1°. que cette plante a d'ailleurs beaucoup d'analogie
avec les matières animales, puifqu'elle donne
de t'acide prufîique & de la cire par l’acide nitrique,
airifi que des produits ammoniacaux par la
chaleur ; }°. qu'elle diffère des autres végétaux ,
en ce qu'elle ne contient ni chaux ni potaffe, &
qu’elle ne s’en rapproche que par la matière li-
gneufe ; 40. qu'elle contient une quantité très-
notablede magnéfîe ; qu'on pourroit fabriqueravec
avantage du fel d'Epfom ou fulfate de magnéfîe
en traitant avec l'acide fuifurique le réfidu de la
cendre de cette plante, leffivée d'abord pour en
extraire la fonde, & que cette opération préfente
une fpéculation utile. M.Vauquelin obferve
avec raifon , quoiqu'avec étoiifletiienf, que Mac*
quer, dans fon anaiyfe du vareck , qui contient
beaucoup de magnéfîe, n'en a pas annoncé la pré-
fence, non plus que Lorgna dans fon grand travail
fur l’exiftence de cette terre parmi les productions
marines.
On voit, par l’extrait de I'analyfe que je viens
de faire connoître , que la foude n'eft pas le produit
d'une décompofition opérée par le feu, comme
on l’a cru pendant fi long-tems ; que cet alcali eft
feulement mis à nu dans les plantes marines par la
combuftion & l'incinération ; qu'il eft contenu
prefqu'à nu dans ces plantes, & qu’il eft accompagné
de beaucoup de magnéfîe. Quant à fort
origine, eft-il le produit d’ une détompoiition du
fel marin au moment où la diflolution de ce fel
dans l'eau de la mer pénètre les plantes qui en font
baignées? C ’eft une queftion fur laquelle I'analyfe
n’a encore jeté aucun jour, & qui ne fera décidée
que par des travaux ultérieurs ou des recherches
dont rien ne nous annonce encore le
réfultat.
SALURE. Ce mot fert à défîgner les viandes
falées, & plus encore le degré de falaifon des
eaux. I! tft plus d'ufage parmi les voyageurs, les
marchands, les ouvriers des falines, des marais
falans, les marins, que parmi les chimiftes.
SAMIENE. On a quelquefois défigné par ce
mot l'efpèce de terre argileufe ou marneufe qu'on
préparoit autrefois a Sumos , & qu'on marquoic
d'un fceau ou d’un cachet. On l’a nommée terre
famient ; elle étoit autrefois recommandée & employée
comme aftringente pour arrêter les hémorrhagies.
On lui attribuoit même de grandes propriétés
alexitères ou alexipharmaques , celle de
dompter le venin des fetpens , &c. Depuis plus
d'un demi-fiècle , ces prétendues vertus font rangées
parmi les fables, & l ’on a même rejeté cette
terre de la claffe des abforbans, où on l'avoit placée
avec moins d'exagération que parmi les alexi-
pharinaqucs- ( Voyt{ lt mot A b s o r b a n s . )
SANDAL : c’eft le nom corrompu qu’on donne
dans le commerce au bois de Santal. ( Vovt? et
mot. )
SANDARAQUE, St quelquefois SANDA-
RACH : nom d’ une réfine qui découle du genévrier,
& qu on trouve fouvent fous fon écorce en
petites larmes blanches un peu tranfparentes, quelquefois
opaques, pulvérulentes à leur furface,
fans odeur tres-fenfible, d'une faveur foible & un
peu aromatique. Elle eft infoluble dans l’eau ,
prefqu’entiérement foluble dans l’alcool, d'où l’èau
la précipite en globules blancs très-fins ; elle donne
de J'hufle volatilepjir la diftillation avec l’eaui elle
eft peu Inflammable, St ptefqu'inattaquable parles
acides & les alcalis : on l'emploie pour les vernis
à l'efprit-de-vin, quoique la copale lui foit tres-
préférable. Son principal ufage eft de remplacer la
gomme ou de recouvrir la furface collée des papiers
lorfqu’on les a grattés & qu’on eft obligé
d écrire deffus. Elle peut auffi fervir â arrêter le
fang dans les bleffures fuivies d’hémorrhagies extérieures
; mais elle ne l'emporte pas, à cet égard,
fur la (impie poix réfine qu'on y applique avec la
fiJaffe. ( Voye^Varticle RÉSINES.)
SANDIX : Tune des dénominations barbares
par lefqueHes les alchimiftes défignoient la cérufe
calcinée & paffée à un état voifin de celui du minium.
Ov\ trouve ce mot dans beaucoup d'auteurs
d'alchimie : il n'a jamais été employé par les bons
auteurs de chimie, & furtout dans les livres claf-
fiques.
SANDSTEIN : nom allemand du grès pur , employé
par quelques minéralogiftes français.
SANG : nom du liquide rouge qui remplit les
artères & les veines dans l'homme , les mammifères
, les cetacées , les oifeaux, les poifïons &
quelques reptiles. Pour confidérer avec foin cette
principale liqueur animale dans l'homme & les
mammifères , où elle a été le mieux analyfée , je
diviferai cet article en dix paragraphes. Le premier
aura pour objet l'hiftoire de fon analyfe $ le
fécond, l'examen des propriétés phyfiques & chimiques
du fang entier ; le troifième, la féparation
& la clalfification de fes matériaux immédiats. Le
uatrième paragraphe traitera de l'effluve odorant
u f anë> cinquième j du ferum ; le fixième, dit
caillot} le fepuème, de fa partie colorante} le
huitième, de fa partie fibreufe. Dans le neuvième
j'examinerai les principales différences du fang.
Dans le dixième je parlerai de fes altérations.
§. Ier. Hifioire de V analyfe du fang.
i . Le fang, ce fluide rouge & chaud contenu
dans les artères & dans les veines, néceflaire à la
v ie , mu fans cefle par la circulation, arrofant
tous les organes, y portant la chaleur & le mouvement,
y diftribuant la nourriture, jouant un
grand rôle dans ^'économie animale, a été de tout
tems l'objet principal des études & des recherches
de l'anatomifte, du phyfiologifte, du médecin.
Sujet de beaucoup de travaux importans, fournis
à une foule d’expériences, il eft encore aujourd’hui,
malgré les méditations des philofophc-s
& les nombreufes obfervations des médecins , une
énigme inexplicable } & quoique plus avancée
dans la connoifTance de fes propriétés, la phyfique
moderne eft bien loin du point où elle doit arriver
pour en expliquer la véritable influence dans les
phénomènes de la vie. Ses effets paroiflent extrêmement
compliqués, fes ufages multipliés à l'infini
: on le voit préfider en quelque forte à toutes
les fondions} la refpiration agit fpécialement fur
lu i} la circulation s'exerce pour le tranfporter
dans tous les points du corps : c’eft lui qui échauffe
tout le fyftème anima! j il fait mouvoir le coeur,
& il eft ainfi le premier agent de tout mouvement
} il eft la fource commune de toutes les fé-
crétions } il forme toutes les humeurs} il nourrit
tous les organes} il répare les pertes de toutes les
parties. La lymphe eft une de fes productions} la
tranfpiration s’échappe des extrémités cutanées
des canaux qui le tranfmettent} il eft partout} il
vivifie tous les fyftèmes organiques divers dont l'en-
femble conftitue la machine animée ; il doit donc
offrir au philofophe la férié de tous les problèmes
que lui préfente l ’économie des animaux.
2. Auffi le nombre des favans qui s'en font occupés
eft-il immenfe : les uns ont examiné fes propriétés
phyfiques : fa feule quantité, fa température,
fa pefanteur, fon mouvement, ont été l'objet
de grandes recherchas qui ne font même pas encore
entièrement terminées. Sa proportion n’eft
pas même connut, & les autres ont varié entr’eux
depuis quatre kilogrammes (huit livres) jufqu’à
quatorze kilogrammes ( vingt-huit livres ) , pour la
quantité contenue dans le corps de l’homme d'un
poids moyen. Les uns ont dit qu’il faifoit le cinquième
du poids du corps} les autres, le vingtième
feulement. Il en eft qui le portent au feizième, au
quinzième, &c. On croit communément qu’il eft
partagé de manière qu'il y en a neuf parties dans les
veines, & quatre parties dans les artères. En lifant
dans le favant ouvrage de phyfiologie de Haller
les opinions de Harvey , Allen, King, Lifter ,
Drelincouvt, Haies, Moor, Siégel, Primerofe *
Keil, Lobb , L o v e r , Quefnay, Fr. Hoffman,
fur la proportion du fang dans l'homme, on recon*
rioît combien la connoifTance précife de fes plus
fimples propriétés préfente de difficultés & d'incertitudes.
Si l ’on remarque encore dans le même
auteur quelle diverfité d'opinions a régné dans les
écoles fur la différence de couleur & de température
du fang artériel & du fang veineux, queftion
qui femble cependant facile à réfoudre par la feule
infpeétion ou par des expériences fimples ; fi l ’on
compare les noms célèbres de Galien, Erafiftrate,
Aretée , Harvey , L o v e r , Mayow , Schreiber ,
Willis,Svammerdam, Duverney, Verheyen, Helvétius
, Michelotti, Lancizi, Severini, Chefelden,
Hamberger, Martine, Pitcarn, Jurin, Dehaen, qui
n'ont pas pu réfoudre avec exa&itude ces problèmes,
& qui ont laififé leur réfultat incertain malgré
un travail affidu de plufieurs fiècles, on concevra
de quelles entraves l’efprit humain a été em-
barraffé dans fa marche fur cette partie fi importante
de la phyfiologie.
3. Auffi beaucoup d’habiles & favans médecins,
effrayés long-tems de cet infuccès des fciences
phyfiques, & ne fe fiant pas davantage fur les ex-
* périences des chimiftes, ont-ils cru devoir prendre
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