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tinguoit le fan g veineux du fan g artériel qu’on fa-
voirbien être ditférens l’un de l'autre, îk leschan-
gemens qu’eprouvoit ce liquide dans la circula-*
rion artérielle Sc veineufe , & ce qui lui arrivoit
par fon mélange avec le chyle, & la caiife de la
grande influence qu'il avoit fur la vie, ainfi que
fur les autres fonctions de l’économie animale.
Tout ce qui tenoità cette fonction primitive étoit
un myftère qu’on avoit cru impénétrable. La chimie
feule a commencé cette partie de la phyfio-
logie, fur laquelle on défefpéroit encore, il y a
quelques années, de pouvoir acquérir de véritables
lumières.
C ’ eft en étudiant les phénomènes de la refpiration,
que la chimie moderne a trouvé plulîeurs de
ceux de la circulation quiavoient échappé aux recherches
des phyfiologiftes} elle s1 efi d’abord occupée
de la différence du fang veineux arrivé aux
cavités droites du coeur , d’avec le fang artériel
qui fort des poumons & parvient aux cavités gauches
du coeur, différence fur laquelle il étoit peut-
être permis à Haller de jeterqueîque doute comme
anatomifte, malgré.les données recueillies par Galien
, Lower, Schreiber, Willis, Swammerdam ,
Du ver iie y , Verheyen , Schwencke , Lancifï,
Mayov/ , Pitcarn, Severinus, Helvétius, Miche-
lotti ; différence qui, pour n’être quelquefois que
peu apparente à l’oe il, n’en efl pas moins réelle ,
& qui , quand elle ne pourroit pas être conftatée
par l’obfervation , fe tireroit uniquement de la
nature des chofes & de la plus légère confédération
fur les fondions & les organes. La couleur
rouge éclatante du fang artériel, violette & pref-'
que noire du veineux, la température plus élevée,
la pefanteur moins granùe, l’état fpumefc.ent du
premier, oppofé à ces propriétés confidérées dans
le fécond , ont appris que ce liquide prenoit de
nouveaux caractères dans les poumons & par l’influence
de l’air, qu’il y perçoit de l’hydrogène
carboné, qu’il y acquéroit du calorique & de l’oxi-
gène, qu’il changeoit véritablement de nature ,
qu’il s’y reconftituoit en quelque forte pour une
nouvelle vie.
Ces propriétés nouvelles , ce changement de
nature, cette perte de l’hydrogène carboné remplacé
par du calorique & de l ’oxigène, donnent
au fang revivifié h puiflance d’irriter le coeur &
d’en exciter la contraction par laquelle le mouvement
vital fe perpétue. Tous ces effets tiennent
tellement à l’air contenant de l’oxigène, que
fans fa préfence la refpiration s’arrête , le fang
refte noir & veineux, le coeur ne fe meut plus
& perd fa force irritable , & la vie ne peut plus
même être rappelée, comme on le voit dans les
afphixiês prolongées. Crawford, pard’ingénieufes
expériences, a confirmé & précifé ce beau ré-
fultat des découvertes modernes ; il a prouvé que
la capacité du fang artériel pour le calorique étoit
à celle du fang veineux : : 1 1.5 ; io , & qu’à me-
fure que ce dernier fe revivifioit en quelque forte
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dans le poumon, il acquéroit en perdant fon hydrogène
carboné , la propriété d’abforber plus facilement
la matière de la chaleur.
Ce que fait fi manifefiement le fang fur le coeur,
cette puiffance qu’il y excite & qu’il y infère en
même tems de fe mouvoir, de fe contracter & de
pouffer ce liquide par fon ventricule gauche juf-
qu’aux extrémités artérielles , tandis qu’à peine
peut-il donner aux parois plus minces du ventricule
droit la force de l ’envoyer aux rameauxpul-'
monaires peu diftans, il le fait aufli fur toutes les
fibres mufculaires des différentes régions. Il porte',
avec la chaleur & la v ie , la force ilimulante .&
excitance dans tous les mufcles. Intimement uni
avec le chyle qui lui rend, en s’y veifant près de
la bafe du coeur, la matière qu’il a perdue en circulant
, il animalife ce produit de la digeftior. qui
neutralife de fon côté I’animalifation trop avancée
du fang; il fe mêle & fe combine profondément
avec lu i> il s’affocie une nouvelle proportion de
principes deftinés à réparer ce qui s’en échappe
de toutes parts dans les organes qu’il arrofe. Dans
cette combinaifon du fang avec le chyle, il paroït
que la converfion du phofphate de fer faturé &
blanc que ce dernier contient, en phofphate de
fer rouge furoxidé, eft due à l’effet double &
fimultané du fang, de la foude & de l’oxigène de
l’air ; la première , comme enlevant une portion
d’acide pnofphorique & mettant un excès de fer
à nu ; Je fécond , comme furoxidant & rougiffanc
celui-ci : de forte que c’eft par ce mécanifme chimique
que fe produit & que s’exalte la coloration
du fang. Ainfi le rapport &!a fimultanéité d’effets
de la circulation & de la refpiration furie fang conf-
tituent, fous le point de vue de la compofition
de ce liquide & par les diverfes modifications que
j’ai décrites , ce réfultat fi incompréhenfîble juf-
qu’ic i, que les phyfiologiftes ont défigné par le
nom d’hématofe.
Des phénomènes en quelque forte inverfes ont
lieu dans LaCte même de la circulation, & furtout
aux extrémités des rameaux artériels, aux confins
du fyftème circulant, & dans tous les lieux , dans
toutes les furfaces où aboutiifent ces extrémités
entre leurs dernières filières & le principe des
bouches veineufes. Le fang artériel diftribue partout
la chaleur, l ’irritation & la vie: il tranfmet
de plus la matière nourricière albumineufe ou fi-
breufe j il Iaiffe exhaler une portion d’eau de fa
propre fubftance ; il devient peu à peu furchargé
de carbone & d’hydrogène. Par ce changement de
nature, une partie de fon caloriquefpécifiques’évapore
: il perd en même proportion de fes facultés
vitales } il meurt en quelque forte, ou au
moins il devient de moins en moins capable d’entretenir
& de propager la vie dans les organes.
L'oxigène, plus intimement adhérent & combiné
à fes élémens, en leur donnant la eoncrefcibilité
& la plafticité qui préfidenc à fa qualité réparatrice
& nourriflante, s’en fépare avec les fluides
qui
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qui fe depofent dans les organes, ou <jui s’échappent
dans ce fyftème abforbant. Modifie dans fa corn*
pofition, dépouillé dans une partie de fes principes
, vieilli en quelque forte ou affoibli dans
fa puiflance vivifiante , il faut qu il retourne au
centre de la refpiration & de la circulation, au
confluent du chyle réparateur pour reprendre toutes
fes premières propriétés, & pour retrouver,
dans les effets.que j’ai déjà décrits, l'équilibre de
combinaifon, d’aération, d’oxidation & de température,
qui le conftitue fang artériel. Ainfi fe
fient entr’elles ces deux grandes fondions qui entretiennent
la vie animale > ainfi s’expliquent par
des caufes &des effets chimiques, les phénomènes
qu’elles préfentent, & j’influence qu’elles exercent
fuf toutes les autres fondions des animaux.
RESPIRATOIRE. On a donné, dans quelques
expériences chimiques modernes, le nom de ref-
piratoire à des machines imaginées, foit pour entretenir
la refpiration chez des hommes plongés
dans des gaz délétères, fo it, Sc furtout plus particuliérement
encore, pour faire des expériences
fur la refpiration, fous le rapport des gaz qui
peuvent y fervir, & principalement fous celui de
l'altération que l’air atmofphérique Sc le gaz oxi-
gène éprouvent dans cette fonction.
Le malheureux Pilatre de Rofier , phyficien de
Paris, qui a été vidime de fon zèle pour les expériences
aéroftatiques, avoit imaginé un appareil
de tuyaux flexibles Sc d'une boîte qui, s’ajuf-
tant fur la bouche Sc fur la tête , Sc ayant affez
de longueur pour plonger, par une de fes extrémités,
dansl’air pur, pouvoitprémunir des hommes
defeendus dans les cuves de brafleur remplies de
gaz acide carbonique, ou dans des. puits, des
caves, des fofles d’aifance méphitifées, contre la
terrible influence des fluides afphixians , en leur
fourniflant continuellement, du fein de l’air , un
air propre à entretenir leur refpiration. D’autres
phyficiens ou mécaniciens ont appliqué un mécanifme
analogue à la cloche du plongeur, pour
permettre à des hommes placés fous l’eau de ref-
pirer & de refter plus long-temps plongés dans
les fleuves ou dans la mer. On conçoit que ces
machines font d’une exécution très-fimpie, Sc
peuvent être aifément variées d’après Es circonf-
tances dans lefquelles on doit les employer.
. Il n’en eft pas de même des inftr.umens refpira-
ioires inventés pour faire des expériences fur la
refpiration. Comme il s’agit, dans ce genre de recherches,
de porter une fcrupuleufe exactitude
dans les réfultats relatifs à des quantités ou à des
qualités toujours délicates à déterminer dans les
fluides diadiques , de mefurer les proportions &
la nature des gaz, de l'eau en vapeur , de l’air
vital, de l'acide carbonique ou gaz azote, formés,
évaporés , ou détruits, ou féparés pari’àCte même
de l’infpiration, & par conféquent de juger des
phénomènes chimiques produits par l’aCte même
Ch im ie . Tome VI.
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de cette fonction Sc feulement d’après l ’examen
du fluide expiré , on conçoit combien Lavoifier,
premier inventeur de ces expériences difficiles,
a dû porter de foins & de délicateffe dans la conf-
truCtion des inftrumens confacrésà ces e fiais. On
ne s’attend pas à trouver ici la dsfeviption de ces
appareils que Lavoifier n’avoit pas même donnée
dans fes quatre Mémoires fur la refpiration , &
qu’ il n’avoit fait qu’indiquer dans le dernier, qui
date du 13 novembre 1790. On doit fe contenter
de favoir qu’ils confiftent, i°. dans des boîtes de
cuivre de deux pièces , deftinées à envelopper la
tête & à porter divers tuyaux flexibles par l’un
deiquels on infpire l'air & les gaz qu’on veut fou-
mettre a la refpiration , & par l’aucre defquels on
expire les mêmes gaz après qu’ ils ne peuvent plus
être gardés dans les poumons} i° . dans des en-
! veloppes de taffetas enduit de gomme élaftique ,
appliquées hermétiquement Se collées avec des
réfines molles autour de la bouche & du nez ,
deftinés à ifoler & à recueillir L’air ou le gaz forçant
des poumons, Sc l’eau exhalée de ces organes
de l’air atmofphérique Sc des vapeurs de la
tranfpiration cutanée. Cette courte notion fuffit
pour faire voir que ces ingénieux appareils ont
dû conduire Lavoifier à des réfultats beaucoup
plus fûrs , Sc tout à la fois beaucoup plus exaCts
que ceux qu’on avoit obtenus jufqu’ à lui fur la
refpiration. ( Voye1 ce mot. )
RESSUAGE. On nomme refluage en métallurgie
toute opération par laquelle on tient les métaux
alliés ou en fufion ou à une forte chaleur ,
pour en dégager la portion de métaux volatils ou
facilement oxidabies, ou quelquefois Amplement
très-fufibles , Sc pour les affiner par le procédé
fimpie.
On donne furtout ce nom à l’opération par
laquelle on expofe en dernier lieu à une chaleur
affez forte les pains de liquation., ou alliage du
cuivre, de l’argent & du plomb, pour en féparer
entièrement, après la liquation qui fe fait à une
chaleur bien ménagée, les dernières portions de
plomb argentifère. ( Voye\ Us articles A ffinage,
Mé t a u x , Métallurgie , ).
RÉTINITE. M. de laMétherie nommeair.fi
une pierre dont la caflure lui fan te , comme celle
de là réfine , ou quelquefois d’un éclat gras, la
rapproche des ôbfidiennes & du quartz réfinite.
Elle ne fe diftingue des premières que parce qu’elle
eft imparfaitement conchoïde, & du dernier parce
qu’elle eft moins dure & plus fufîble ; elle blanchit
au chalumeau , fe dilate & fe fond en un
émail blanc , bulleux.
Le réiinite affe&e toutes les couleurs du jafpe ;
il fe trouve en couches, en mafle & en blocs
ifolés. *
M. Daubuiflbn en diftingue trois variétés principales
: i° . le rétinite de Saxe, de couleur jau