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£ X P i ' K I E 21 C E .
On fait diffoudre dans l’eau de la matière rouge-
marron , oui eft , comme je l’ai dit plus haut, une
combinaifon d’hématine & dJune matière brune
infoluble. On fait cette diffolution abfolument de
la même manière que celle de l hématine } on en
mêle dix grammes avec: huit gouttes de gélatine }
furie-champ il fe produit un précipite abondant,
formé de gélacinè, de matière brune & d’hema-
tine. En mêlant cinquante grammes d eau a, dix
grammes de matière rouge-marron, on obtient
encore , avec la gélatine, un précipite allez
confidérable. N
S’il y a une expérience propre a démontrer combien
la précipitation de la gélatine eft infuffifante
pour caraétérifer un principe immédiat, c eft fans
doute celle que je viens de rapporter j elle prouve
clairement que fi cette propriété etoit 1 apanage
exclufif d’un corps, la combinaifon de ce corps
avec un autre, loin d’en augmenter 1 intenfité,
devroit au contraire la diminuer} or, il arrive le
contraire, & l’hématine, qui dans fon état de pureté
ne jouiffoit de la propriété tannante qu'à un
foible degré, acquiert l’énergie d’un véritable
tannin parTon union avec un corps qui diminue fa
folubilité. • -/r '
Si l’ on confidère ce réfultat & 1 impuilfance ou
l’ on à été jufqu’ici d’obtenir un tannin prive
d’acide gallique, & , d'un autre côté , fi l’oncon-
fidère-l’analogie qu'il y a entre la matière d’un
rouge-marron & lès extraits aftringeos , il fera
permis d’élever des doutes fur 1 exiftence du
tannin comme corps particulier, & cela jufqu a ce
que l’on puiffe obtenir de la noix de^ galle une
fubftance foluble dans-l’eau qui précipité la gélatine
& qui ne contienne pas d acide gallique. .
Bois jaune. Ce bois eft celui du morus tinSona,
grand arbre qui croît dans les Antilles} il eft de
couleur jaunè-fc vèiné de lignes orangées. Pour en
extraire la coü’eur $ il f a u t le réduire en petits
morceaux , enfuite l’ enfermer- dans un fac & le
faire bouillir-dans Veau. - .
La déco&ion de ce bois eft d’un jaune-orange
foncé } les acides y font un léger précipité jaune-
verdâtre qui eft redilTous par les alcalis : en meme
temps que cet effet a lieu , on voit la couleur de
la liqueur, qui étoit jaune-pâle, devenir d’un jaunerougeâtre
foncé. .
Les diAblutions d’alun , de plomb & d etain,
^verfées dans la décotfion, font des précipités d’iin
jaune plus ou moins foncé : le fulfate de fer y
détermine un précipité qui eft d abord jaune, mais
qui brunit enfuite.
qui fe convertirent en gélatine & précipitent là
marière aftringente.
Brou de noix. C’eft l’enveloppe verte & charnue
de la noix. , • . , .
Le brou de noix eft blanc dans fon intérieur,
mais le contaét de l’air le fait paffer au noir»
La décoétion préfente la même propriété : lorsqu’on
La décoftion de bois jaune précipité la gélatine.
Comme la matière aftringente n’entraîne pas avec
elle tout !e principe colorant jaune, & que cette
marière contribue à donner une nuance fauve a ce
dernier , M. Chaptal a confeillé de faire bouillir; |
dans le bain de bois jaune, des rognures de peau f
la fait évaporer, elle fe couvre de pellicules
noires} ces pellicules proviennent de 1 alteration
de la matière colorante par l’oxigène de 1 air.
M. Bvaconnot a fait un examen chimique du
brou de noix, dont nous allons donner un extrait.
Il a broyé du brou de noix dans un mortier de
marbre} le fuc exprimé a été filtré } il eft refte fur
le filtre une matière verte qui étoit formée
de réfine verte, à?amidon , de la matière qui devient
brune par le contait de loxigène , de phofphate de
chaux & d'oxalate de chaux.
Le fuc filtré eft jaune, âcre, acide & un peu
amer. Le principe âcre fe détruit facilement}
car le fuc, abandonné quelques jours a 1 air libre,
devient noir, perd fon àcrete & fon amertume, 3c
devient plus acide. Les pellicules noires qui fe
forment alors » brillent fans flamme comme une
matière très-charbohnée. B É
Le fac filtré contient du tannin, car il précipité
la gélatine, mais peu abondamment} le fulfate de
fer le colore en vert-foncé } il contient de la
chaux , niais point d’acide fulfurique} il précipité
abondamment par l’acétate de plomb : le précipité
eft formé d‘acide citrique , d acide malique 3c
de tannin. On trouve de 1 acétate de chaux 3c
de potaffe dans la liqueur.
La partie colorante du brou de noix a une grande
affinité pour la laine } on peut même l’appliquer
: fans mordant} cependant, affez ordinairement ,
on alune l’étoffe, mais c’eft plutôt dans la vue
d’augmenter l’éclat de la couleur , que pour en
affurer la folidité. , .
Dans les ateliers de teinture, on préparé le jus
du brou de noix de la manière fuivante : quand les
noix font entièrement mûres, on en fepare le brou;
on met ce dernier dans des tonneaux, 3c on verfe
de l’eau jufqu’ à ce qu il en foit recouvert. On
n’en fait ufage qu’au bout d un ou deux ans.
Les couleurs qu’il donne font le noifette ou le
fauve. La laine conferve toute fa douceur après la
teinture.
Carthame. (Voyei ce mot, tome I I I , page 94, &
Bougé végétal. )
Cochenille. ( Voye% ce mot, tome I V , page $5.)
Curcuma. ( Voye^ ce mot, tome I V , page 127. )
Garance. (Voye^ ce mot,-tome IV»page 419*)
Gaude. ( Voye% ce mot» tome I V » page 422. )
Indigo. Pour cômplétèrT article indigo ( voyei ce
mot, tome IV» page 551), nous allons rapporter les
dernières recherches que M. Chevreul a faites fur
ce principe colorant.
/.nalyfe d'un indigo du commerce.
Extrait aqueux.
1. De Y indigo réduit en poudre fine a été traité
par l’eau diftillee à une températur.e de 60 à So
degrés centigrades} lorfque l ’eau ne s’eft plus colorée,
on a fait un peu concentrer les lavages qui
eontenoient de Y indigo en fufpenfion , 3c on les a
filtrés dans un papier double.. L’ eau filtrée étoit
d’un jaune-rougeâtre}.le produit qu'elle a donné à
la diftillation étoit très-ammoniacal § c aromatique}
il ne paroiffoit -pas contenir de foutre, car il
étoit fans aétion furies papiers imprégnés de diflo-
lutions métalliques : la liqueur, concentrée par
la diftillation, a dépofé , lorfqu’on Va fait évaporer
dans line capfule, de Y indigo d'un beau bleu
& des flocons verts qui étoient formés d’une
combinaifon de matière animale » de principe colorant
jaune & d'indigo. On a féparé ces flocons par le
filtre} on a fait concentrer la liqueur, puis on l’a
mêlée à l’alcool : on a renouvelé celui-ci jufqu’à
ce qu’il ait ceffé d’avoir de l’aétion fur le réfidu.
A. Réfidu infoluble dans Valcool.
2. Il étoit jaunâtre, mais en fe defféchant il eft
devenu brun} on l ’a traité par l’eau} tout a été
diffous , à l’exception de quelques flocons bruns
qui ont pris une couleur g ris-rougeâtre par la
defliccation. Ces flocons eontenoient un peu de la
combinaifon de matière animale & de principe colorant
jaune » beaucoup de phofphate de chaux &
de phofphate de magnéjie, & un peu d’oxide de fer.
Us ont donné du carbonate d’ammoniaque à la
diftillation & un charbon très-abondant, dont la
cendre ne faifoit qu’une très-légère effervefcence
avec l’acide muriatique.
3. Ce que l’eau avoit enlevé au réfidu infoluble
dans l’alcool (2) a été concentré} elle étoit d’ un
jaune-brun rougeâtre } elle contenoit, i° . une
combinaifon de principe colorant jaune » de matière
animale 8c d'un acide végétal dont je n’ai pu déterminer
précifément la nature j cette combinaifon
donnoit à la diftillation de l’ acétate d’ammoniaque
très-acide } 20. du fulfate de potaffe ; 3^. du phofphate
de magnéfie y 40. du phofphate de chaux. Ce
qu’il y a de remarquable, c’ elt que l'ammoniaque
verfée dans la liqueur n’en précipitoit que du
phofphate ammoniaco-magnéfien 5 le phofphate de
chaux reftoit en diffolution , 3c pour le découvrir
il falloit faire évaporer la liqueur & en incinérer
le réfidu.
B. Matières folubles dans Valcool de l'extrait
aqueux (1).
4. La folution alcoolique (1) a été évaporée}
quand tout l’alcool a*été chaffé, il s’eft fait un
dépôt de matière d’un rouge-brun ; celle-ci a été traitée
par l’alcool, & le lavage a été réuni au liquide d’oû
elle s’étoit féparée. Après ce traitement, elle s’eft
comportée comme une combinaifon de matière
animale de principes colorans jaune & rouge & d'un
acide végétal. Elle a donné à la diftillation du car-*
bonate d’ammoniaque & un produit dont l’odeur
approchoit de Y indigo qui btu'e.
y. La partie foluble dans l’alcool (4) a été évaporée
jufqu’à ficcité } le réfidu mêlé à l’alcool a
laiffé dépofer une combinaifon analogue -à la pré~
. cédente , fi ce n’eft qu’elle contenoit moins d®
matière animale. Lorfquelie eut perdu l’alcool qui
la pénétroit, elle reffembloit à une réfine, niais
elle en différoit par fa folubilité dans l’eau.
6. LaTolution alcoolique ( y),concentrée & mêlée
à l’eau, a précipité une matière qui étoit rediffoute
par la chaleur, 3c qui ne différoit de celle du n°. y
que parce qu’elle contenoit plus de principes colorans.
La liqueur filtrée précipitoit la gélatine à
la manière d’un tannin ; les acides y faifoient de*
précipités de combinaifon de matière animale , de
principes colorans & ' d'acide y l ’acide fulfurique en
dégageoit en même temps de Yacide acétique.
Outre ces matières , la liqueur contenoit encore
de la potaffe & de l’ammoniaque unies à de l’acide
acétique, du muriate de potaffe , des atomes de
phofphate de magnéfie & de fulfate de potaffe.
6 bis. L’alcool avoit donc enlevé à l’extrait
aqueux, outre un peu de muriate, de fulfate ,
d’acétate de potaffe , d’acétate d’ammoniaque &
de phofphate de magnéfie, une combinaifon de
matière animale, de principes colorans & d’acide
végétal, laquelle, traitée fucceffivement par l’eau
& l’alcool , s’eft réduite en deux combinaifons,
dont l’une étoit avec excès de matière animale, &:
l’autre avec excès de principes colorans & d'acide :
celle-ci avoit la propriété aftringente.
Extrait alcoolique.
7. On a fait digérer de l’alcool fur l’indigo qui
avoit été traité par l ’eau j on a réuni les fept premiers
lavages & on les a diftiilés} l ’alcool, qui a
paifé d’abord, ne contenoit pas de quantité notable
de principes étrangers , mais celui qui a paff'é-
enfuite avoir une odeur un peu fulfurée} cependant,
l’ayant mêlé à de l’ acide muriatique oxigéné
& au muriate de barite , il n’a point donné de
fulfate de barite. Le réfidu de la diftillation, qui
étoit encore très-alcoolique, a été mêlé à de l’eau,
puis chauffé} quand tout l’alcool a été évaporé, on a
filtré 5 une matière rouge qu’on a appelée rêfine eft
reftée fur le papier : la liqueur filtrée étoit d’un
jaune-rougeâtre} elle a donné à la diftillation un
produit très-odorant , qui tenoic de l’ammoniaque
en diffolution & un peu de matière colorée cp
fufpenfion.
8. Le produit odorant a donné à la diftillation
un liquide limpide & incolore qui avoit l’odeur
de l’indigo, c’eft-à-dire, celle dont font imprégnées
les étoffes qui ont été teintes en bleu de
cuve m qui n’ont pas été fufSfamment lavées. Lç