
livres, & dans la deuxième opération, les deux •
cents livres en produifent quatre cents livres. Ce .
procédé ou mieux cette fraude eft annoncée par
Quefnot* fous le titre de belle augmentation de
favon.
J1 eft encore nombre d’autres fraudes que l’on
met en ufage pour fophifliquer le favon. Il y en a
dans lefquels on introduit de la craie ou de la
chaux5 dans d’autres, de l’argile, de la foude en
poudre ou bien de l’amidon, du marron d’ Inde,
des gommes , du fel marin & de l’alun. Il n’eft
point aifé de reconnoître à la vue que tel favon
fophifliqué l’a été par telle fubftance ? ceux qui ont
vu du favon bien fait diftinguent facilement les
favons travaillés, & cela fufïit pour ne point en
acheter ; mais pour reconnoître positivement les
fubftances qui y ont été introduites, il eft nécef-
faire d’en faireTanalyfe.
Rapport des quantités de fubfiances qui entrent dans
la compojhion du favon.
• Macqu?r&plufîeurs autres chimiftes ont donné,
d’après Geoffroy, l’analyfe des favoris ; mais pour
avoir une analyfe exaéte , il faudroit prendre le
favon à un point de drfliccation connu. Le favon
eft de vente lorfque l’huile y eft dans les proportions
de trois cinquièmes, c’eft-à-dire, lorfqu’avec
trois livres d’huile on a préparé cinq, livres de favon,
ou bien mille livres de favon avec fix cents
livres d’huile. Ceux qui font dans le commerce
fe trouvent-ils toujours dans ce rapport? C ’eft ce
qui eft extrêmement rare. Lorfqu’on les retire de
Marfeille, iis fouffrent dans le tranfport un déchet
plus ou moins confidérable , déchet qui augmente
encore en raifon du tems qu’on les con-
ferve dans les magafins. Ces confidérations font
les principales caufes des différences que l’on ob-
fervedans les analyfesque Ge offroy a données des
favons. D’une part, Geoffroy a annoncé qu’une
livre de favon contenoit :
j°.Dix onces un groscinquante-fix grains d’huile;
2°. Quatre onces trois gros quarante gcainsd’ak
cali ?
3°. Une once deux gros quarante-huit grains
d’eau. T o ta l, une livre.
. Dans une autre circonftance, Geoffroy dit avoir
retiré de deux onces de favon , i°. une once trois
gros vingt grains d’ huile ; 2 . deux gros quarante
huit grains de fel & de foude? 30. deux gros quatre
grains d’eau ? ce qui, pour la livre de favon,
donne :
i° . Huile ............. ............... . . . iio iç) 169
2°. Sel dé foude................... 2 5 24
. ÿA Eau • .................................. 2 0 32
Cette fécondé analyfe eft, comme l'on v o it,
bien différente de la première. Il y a encore , dans
les analyfes de Geoffroy, une autre circonftance
qui Ta induit en erreur : c’eft que pour retirer 1
l’alcali du favon, il calcinoit le favon, & après 1
avoir brûlé l’huile, il en féparoit l’alcali par la
lixiviation, defliccarion & une nouvelle criftalli-
Tation ? mais alors l’alcali, tel qu’ il l’obtenoit,
étoit bien différent de l’état où il étoit dans fa
combinaifon ^vec l’huile ; il ne le retiroit qu’à
l’état de carbonate de foude criftallifée, tandis
que dans le favon ij eft dans un état de pureté ,
c’eft-à-dire, privé d’acide carbonique.
Pour avoir une analyfe exaéte du favon, il eft
donc effentiel de le prendre dans un état de def-
ficcation connue ? car fi l’on opère fur du favon
d une confitlance aflez ferme pour être de vente,
& fur du même favon confervé pendant quelque
tems dans un endroit fe c , de manière à avoir
perdu, par la defficcation, un tiers & même plus
de fon poids, l’on concevra facilement que les
réfultats ne peuvent plus être les mêmes.
Délirant connoître les quantités de fubftances
qui entrent dans la composition du favon nouvellement
fait Sc étant de vente, nous avons pris du
favon que nous avons préparé nous-mêmes, de
manière qu’il fe trouvât dans lé rapport de cinq
livres de favon pour trois livres d’huile? d’après
diverfes expériences, nous ayons reconnu que ce
favon contenoit par livre :
i°. Huile . . . . . . . . . . . . . . . 9 onces 6 gros.
2°. Alcali pur....................... 1 3 3°. Eau..................................4 7
Total............... 1 livre..
Inftruftion pour ceux qui voudront faire eux-mémes
U favon dont ils ont befoin.
On prépare des favons folides, en unifiant à
des leflives cauftiques de foude, différentes huiles
végétales ou graines animales.
Deux opérations font néceffaires pour faire
cette combinaifon : la première, de préparér les
leffives de foude ; la fécondé , de cuire le favon.
Nous allons indiquer la manière de procéder à l’une
& à l’autre de ces deux opérations.
Il convient avant tout de fe procurer les fubftances
& uftenfiles néceffaires; ces derniers ne
font pas en grand nombre? ils confident, i°. en
un petit baquet en bois blanc, d’environ neuf
pouces de largeur, fur autant de hauteur : ce
baquet doit être percé à fa partie inférieure ? il
eft deffiné à couler les leflives ( s’il étoit en bois
de chêne, il coloreroi/: les leffives) ? 2°. il faudroit
avoir une petite badine en cuivre à cul rond,
d’un pied de diamètre, fur fept à huit pouces de
profondeur? à fon defaut, on pourra fe fervir
d’une marmite en fer, ou d’un vaiffeau en terre,
pouvant aller fur le feu ? ce vafe eft deftiné à cuire
le favon j 3°. une petite boîte fans couvercle, ou
mife, pour recevoir le favon lorfqu’ il eft cuit?
elle doit avoir dix pouces de longueur, quatre
pouces de largeur, & fix pouces de profondeur:
un des côtés, dans la longueur, doit être à
charnière, & maintenu par des crochets, afin
d’avoir la facilité d’ouvrir la boîte & d’en retirer
le favon j 40. il faut encore avoir, pour ce petit
travail, une écumoire, une fpatule en bois blanc
& une ou deux terrines.
Pour ce .qui regarde les fubftances néceffaires
pour faire du favon folide, il faudra avoir, i°. de
la bonne foude , ou bien du carbonate de foude ;
20. de h chaux ? 30. une petite quantité de fel
marin ? 40. de l’ huile d’olive.
De la manière de préparer les lejjtves.
Pour faponifier trois livres d’huile d’olive ,
par exemple, l’on prendra trois livres de foude
& une livre de chaux? Ton commencera par pul-
vérifer la foude, enfuite on atrofera la chaux
avec une petite quantité d’eau, afin de la faire
fufer: la chaux étant parfaitement délitée, on la
mélangera avec la foude ? on mettra ce mélange
dans le baquet, au fond duquel on étendra un morceau
de toile ? on aura auffi l’attention de fermer
la champlure pratiquée à fa partie inférieure? on
verfera alors, fur le tout, fuffifante quantité
d’eau, pour que la matière foitimbibée & recouverte
d’environ trois travers de doigt > on remuera
bien avec un bâton, & , après quelques heures de
repos, on ouvrira la champiuré pour laiffer couler
la leflive on la recueillera & confervera leparé-
ment : c’eft la première leflive. On remettra de
nouvelle eau dans le baquet? on remuera la matière
avec un bâton ; on laiffera repofer pendant
quelques heures? on coulera enfuite, pour en
retirer une fécondé leflive que l’on' conierveia de
même féparément : on fera de la même manière
une troifième leflive en verfant de nouvelle eau
fur la foude reliante? celle-ci fera alors fuffifam-
raent épuifée.
De la cuite du favon.
On mettra dans la bafline trois livres d’hui'e
d’olive, avec environ une pinte & demie de la
troifième,leflive ; on la placera fur un feu capable
de faire bouillir le mélange,? on y ajoutera, toutes
les deux ou trois minutes, un verre de la troifième
leflive ; on continuera le feu ? on aura l’attention
de remuer fans ceffe la matière avec une fpatule
de bois , depuis le commencement jufqu’à la fin.
Lorfqu’on aura employé la totalité de la troifième
leflive, on fè fervira de la fécondé, en la mettant
de^diftance en diftance ? on entretiendra l’ébullition
? on prendra enfin une partie de la première
leffive qu’on ajoutera de la même manière, c'eft-
à-dire, par petites quantités , à des diftances peu
éloignées. Lorfqu’on s’appercevra que la matière
ne fera plus liée , & qu’elle reffemblera à de la
crème tournée ( jufqu’alors l’huile aura paru parfaitement
unie à la leffive, & aura acquis de la
confiftance ) , on y ajoutera environ deux à trois
onces de muriate de foude ( fefde cuifine ) ? à
l inftant la pâte fe grumelera & fe féparera de la
liqueur faline, qui y fera en excès. On fera encore
bouillir une demi-neure au moins , depuis qu’on
aura mis le fel ? on retirera enfuite la bafline dû
feu , & on la laiffera refroidir un moment? on
enlèvera, avec une écumoire , la matière favonneufe
> on mettra de côté la liqueur faline qui fe
trouvera au-deflous ? on nétoiera auffitôt la baf-
fine, & on y remettra la matière favonneufe avec
une petite quantité d’eau (une chopine environ) ?
on la chauffera de nouveau, &r lorfqu’elle fera
bien unie & prefqu’au point de bouiilir, on y
ajoutera, par parties, ce qui fera refté de la première
leflive? on fera bouillir pendant une heure ?
après ce tems , on retirera la bafline du feu , &
on la laiflera refroidir comme la première fois? on
: féparera de même la pâte favonneufe de la liqueur
faline, & on rejettera cette dernière. Quant à la
pâte favonneufe, on la remettra dans la bafline
avec une pinte d’eau de fontaine ; on fera chauffer
, même bouillir un inftant, pour que la pâte
favonneufe devienne bien unie? on fera aufli
très-attentif à la remuer dans ce dernier moment,'
pour éviter quelle ne brûle? alors on la coulera
dans la boîte, ou mife? & afin que le favon n’y
adhère point, il fera néceflàire de frotter l’intérieur
de la boîte avec de la chaux éteinte, d’en
mettre même une légère couche au fond, & par-
deffus une feuille de papier.
Le lendemain-, le favon fera allez ferme pour
être tiré de la mife ? il doit pefer environ fix
livres, plus ou moins ? on le laiffera dans un endroit
fec , iufqu’à ce qu’il ne pèfe plus que cinq
livres ( c’eft la quantité que trois livres d’huile
d’olive doivent fournir pour que le favon foït de
vente)? il fera alors très-ferme & très-confilhnt.
.Dans beaucoup de ménages l’on dé graille les
viandes, foit boeuf, veau ou mouton, &c. Ces
grailles étant fondues & pafîees peuvent fervir
à faire de bon favon y on les faponifiera delà
même manière, en les employant en place d’huile.
Oh pourroit de même faire du favon avec la grâiffe
ou beurre rance lalé : ce dernier doit auparavant
être deffalë, en le faifant bouillir avec de l’eau.
Manière de faire du favon a froid.
Les graiffes que les bonnes ménagères ne laif-
fent point perdre, peuvent être employées à
faire à froid d’excellent favon, & ce procédé
pouvant être utile dans un ménage, nous croyons
devoir le faire connoître.
On préparera des leflives avec de la foude &
de la chaux (comme cela eft indiqué plus haut )?
1 mais au lieu de les partager en trois, on n’en coulera
que d’ùne qualité, de manière qu’elle donne
S dix degrés à l’aréomètre pour les feis.Cec infini