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L'acide fulfuriqueia décompofe & lacharbonne
à ta manière des autres matières animales.
L'acide nitrique a une aâion très-énergique fur
h foie; il ia jaunit & la décompofe entièrement.
Lorfqu'on verfe fijç parties d’acide nitrique à
36 deg. fur la foie, celle-ci jaunit promptement ;
fi on diftille le mélange deux jours après qu*il a été
fait, il fe dégage des gaz azote, nitreux, acide carbonique
& pruffique, & l'on obtient, par le ré-
froidiffement de la liqueur concentrée, de l'acide
oxalique 8c une eau-mère jaune d'une faveur très-
amère. C'eft dans cette liqueur que Welther trouva
le principe qui a été appelé amer de Welther. Ce
principe n’exiftoit point dans la foie ; il eft un des
produits de fa décompofition. M» Chevreul le regarde
comme étant probablement une combi-
naifon d’acide nitrique & d'une matière très-hydrogénée.
L'acide muriatique, oxigéné, gazeux, altère
la fo ie , mais cette altération n'a pas été étudiée
autant qu'elle le mérite.
La potaffe & la foude décompofent la foie à la
manière des fubftances animales ; elles déterminent
la formation de l'acide carbonique, de l ’ammoniaque
& d’une graiffe qui fe combine à l’alcali :
il eft vraifemblable qu’il fe produit aufli de l'acide
acétique, & peut-être de l'eau.
La foie fe combine à plufieurs fels, à l'alun
entr'autres , ainfi que le prouve l'opération de
teinture appelée alunage. Dans l'alunage on met
la foie tremper dans une eau chargée d'alun, mais
qui ne doit pas en être affez chargée pour dépo-
fer des criftaux fur le tiffu qu'on y plonge. La foie,
au bout de neuf à douze heures, fe trouve fa-
turee d’alun. On croyoit autrefois que l'alun
étoit décompofé dans cette circonftance, qu'il cé-
doit de l’alumine à la foie J mais les expériences
de MM. Thénard &c Roard démontrent le contraire
; car fi l’on fait évaporer le bain qui a fervi,
à plufieurs reprifes , à l ’alunage, il donne jufqu'à
la fin des criftaux d'alun ; & fi l’on fait bouillit la
foie alunée dans beaucoup d’eau , on ne trouve que
de l'alun dans ce liquide ; & fi l'on a pefé l'alun
employé dans l'alunage , on prouve que celui obtenu
du bain & celui féparé de la foie par l'eau
bouillante repréfentent, à très-peu près , le poids
de l'alun employé. Ce réfultac prouve qu'on ne
peut aluner la foie qu'à froid, 8c que dans la
teinture il ne faut pas plonger U foie alunée dans
des bains colorans, dont la température efi portée
à l'ébullition.
Avec vingt ou vingt-cinq kilogrammes d'alun
on peut aluner foixante-quinze kilogrammes de
foie.
L'acétate d'alumine fe combine en nature à
la foie ; mais lorfqu'oh expofe celle-ci à l'air, une
partie de l'acide fe fépare, & il refte fur l'étoffe
un fous-acétate d’alumine, qui eft converti, par
fa&ion de l'eau bouillante ^ en acétate acide qui
S O L
fe diffout, 8c en alumine pure qui refie en combinai
fon avec la foie.
Le fulfate de fer paroît également fe combiner à
la foie fans éprouver de décompofition.
L'analogie paroît indiquer que la foie eft de la
nature du mucus animal, ôc que comme les cheveux
, avec Lefquels elle a plus d'un rapport, le
mucus qui en fait la bafe eft combiné à une matière
huileufe.
Les ufages de la foie font fi connus, qu’il feroic
fuperflu de les rappeler ici.
SOLEIL : nom donné à l'or par les anciens
chimiftes.
SOLIDE. On dit qu'un corps eft folide lorfque
fes molécules ont entr'elles affez d'adhérence pour
qu'elles ne puiffent être mues indépendamment
les unes des autres.
SOLUBILITÉ. C'eft la propriété qu’ont les
corps de prendre l’état fluide, lorfqu’on les met
en contact avec des corps déjà fluides qui ont de
l'affinité pour eux.
SOLUTION. Solution eft fouvent pris pour fy-
nonyme de diffolution; cependant plufieurs chimiftes
, & notamment Lavoifier, ont donné à ces
mots une acception différente. Suivant eux, la fo-
lutiotrtft l’aétion ou le réfultat de l'aâion d'un liquide
qui liquéfie un folide, fans que les corps
éprouvent de changement de nature ; ainfi l ’eau
que l’on verfe en quantité fuffifante fur lemuriate,
le fulfate de foude, les liquéfie & forme un liquide
homogène, qui eft une folution de ces Tels. L'acide
nitrique , au contraire, mis fur du cuivre ou de
l'argent, ne liquéfie ces métaux qu'après leur avoir
cédé de l'oxigene : il y a donc une partie de l’acide
de décompofée, & le métal ,-"de corps fimple qu'il
é to it, eft devenu corps compofé en s’oxigénant j
il a donc change de nature; dans ce cas, on a une
diffolution de cuivre ou d'argent, & non une folu-
tion.Ces exemples font très-propres à faire concevoir
la différence de ces mots ; mais nous devons
dire que les chimiftes les plus célèbres ont fouvent
employé le mot de diffolution pour celui de folution,
tic nous ajouterons qu’il eft beaucoup de cas
où la différence de ces mots n’eft pas juftifiée ou
d'une grande importance ; .ainfi, en faifant évaporer
les diffolutions d'argent & de cuivre bien fàturées,
on obtient des fels criftallifés. Qu'on rediffolve^
ces criftaux dans la même quantité d'eau que celle
d'où iis ont été féparés, & on aura un liquide ab-
folument fembîable à la diffolution primitive > cependant,
d’après les définitions que rrous avons
données , il n'eft pas douteux que dans le fécond
cas on ait une folution* S ‘il eft vrai que les alcalis
& les terres foient des oxides métalliques, ce que
nous venons de dire des diffolutions de cuivre &
d'argent leur fera applicable. Il nous femble qu'on
S O U s o u
doit conclure de ce qui précède , i°. que quand il
faudra exprimer la liquefication d'un folide qui
éprouvera un changement de nature de la part du
liquide qui agira furlui, on fe férviradu mordedijfo-
lution & jamais de celui de folution : ainfi il ne faudra ,
jamais dire une folution d'argent 6c de cuivre dans
l'acide nitrique, mais une diffolution d'argent, &c .;
que l'on pourra appeler diffolution ou folution \
indifféremment, l'aâion ou le réfultat de i'adion
d'un liquide qui ne fe décompofe pas fur un folide
.qui n'éprôuve pas de chargement de compofition ;
qu'ainfî on dira indifféremment une folution ou une
diffolution de fulfate de foude dans l'eau, &c.
Ceci nous femble encore appuyé par la confiiéra-
tion fui vante : c'eft qu'en français il n'y a qu'un
feul verbe qui correfponde aux mots de folution
&c diffolution ; ainfi, en admettant la diftinétion de
Lavoifier dans toute fa rigueur, on ne peut éviter
de dire que l’eau diffout le fulfate de foude,
comme on dit que l’acide nitrique diffout le
cuivre.
SOMMITE. M. Delametherie a donné ce nom
au minéral que M. Haüy a depuis appelé népheline.
( V^oye^ ce mot. )
SONORE : propriété qu'ont un grand nombre
de corps de rendre des fons lorfqu'on les frappe
ou qu'on fait vibrer'leurs molécules. D'après cette «
définition , on conçoit que cette propriété ne peut
exifter que dans des corps élaftiques. Les métaux
font en général les corps les plus fonorçs que nous
connoiffions ; les alliages , qui font plus durs que
les métaux qui les forment, font aufli plus fonores.
SOPHISTIQUERIÈ. C ’eft l’altération qu'on
fait fubir à des fubftances commerciales, en les
mêlant à d'autres d'un prix inférieur ; ainfi on
ajoute de l’acide fulfurique à de l'acide nitrique ,
pour en augmenter le degré : on mêle au fucre de
canne, du fucre de lait, des fécules ; au favon, de
l’amidon, &c. &c.
SOUDE. C ’eft l’oxide de fodium au medium ;
il jouit des propriétés alcalines au plus haut degré.
Les plantes qui croiffent dans la mer ou dans
des terrains falés contiennent la foude toute formée
, mais non dans l'état de pureté ; cette bafe
eft toujours unie à des acides minéraux & végétaux.
i
- Lorfqu'on veut préparer la foude pour le com- {
merce, on amaffe une quantité fuffifante de plantes j
marines, enfuite on les brûle dans des foffes de I
quatre pieds de largeur fur trois de profondeur , J
qui ont été creufées dans un fol bien fec. La com- *
buftion dure plufieurs jours. A mefure que les j
plantes fe confument, on en jette de nouvelles J
dans la foffe ; enfin, l'on obtient un réfidu noir, j
compaêbe, qui eft la foude de commerce. Pour S
en faciliter le tranfport, on diyife la foude en gros !
morceaux, qu’on enveloppe dans des nattes ; on
forme ainfi des balles du poids de quatre à cinq
cents livres.
Les foudes d’Efpagne font les plus eftimées : orv
connoït celles d'Alicante,, de Carthagène 8c de
Malaga.
S o u d e s d ’ A l i c a n t e . Il y en a de trois fortes :
Première forte. Soude douce , barille douce >
; foude première qualité. Elle eft cendrée & demi
vitrifiée. Elle eft le produit de la c'otnbuftion du
falfola vermiculata (Linn.) , qui porte en Efpagne le
} nom de barille. On cultive cette plante fur la côte
[ d'Alicante; la foude qu'elle donne, eft employée
| pour les fabrications des verres de première qualité.
; Seconde forte. Soude ou barille mélangée. Elle
eft noirâtre & remplie dans l’intérieur de petites
cavités. Sa dureté eft affez grande; elle caffe net;
elle a peu de faveur ; elle eft employée pour les
favoneries & les teintures en rouge des Indes.
Troifième forte. Bourde. C'eft la plus mauvaife
des foudes d’Alicante. Elle contient beaucoup de
muriate de foude 8c de morceaux de charbon; el|e
eft le produit d'un grand nombre de plantes.
t Ldi foude qui vient de Carthagène reffemble beau-
. coup à la barille mélangée.
; On cultive dans les environs de Narbonne une
plante qui porte le nom de falicor ( falicornia
annua ) , pour en obtenir une foude qui eft principalement
èmployée dans les verreries de verre
vert. Çette foude eft connue dans le commerce
fous le nom du végétal qui la fournit.
A Aigues-Mortes on brûle le falicornia europea ,
le falfola tragus , le (latice limonium , Yatriplex
portulacoides, le falfola kali, qui croiffent fponta-
nément fur les bords de la Méditerranée , pour en
faire une foude de qualité inférieure , qui eft appelée
blanquette ou foude dl Aigues-Mortes : cette
Joude contient beaucoup de fel marin.
En Normandie on prépare une mauvaife foude,
qui eft appelée varec, en brûlant Je varec & piu-
fieurs autres efpèces de fucus ; avant de les brûler
on les fait fécher.
On prépare plufieurs fortes de foude dans l'île de
Sicile.
D’après l’analyfe que j’ai faite du falfola tragus
( i ) , je me fuis affuré que la foude qu'on en
retire par la combuftion, y étoit auparavant en
combinaifon avec les acides oxalique & acétique.
J'ai fait obferver cependant qu’il ne feroit pas im-
poflible qu’une portion de cette foude ne provînt
du fulfate décompofé p5r le charbon & la chaux,
comme dans le procédé de Leblanc.
Prefque toutes les foudes de commerce contiennent
les mêmes fubftances; favoir : i° . de la foude
plus ou moins cauftique; 2°. du muriate de foude ;
5®. du fulfate de fonde ; 40. un peu de pruflîate de
1 ) Voye\ le tom e X I I I des Annales du ÿïuféum, p. n.
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