
autre chôfe qu’une diffalution étendue d'albumine
& de gélatine, contenant du phofphate de fer , à
la dofe de quelques millièmes feulement. C’eft:
ainfî que Bucqu.t l’a fait counoître en la comparant
au ferum, dont il ne lui paroifloit différer que
par le fer qu'il croyoit être à Tétât d’oxide. Cette
défii lition ne pourroit faire concevoir l’adhérence
de ce ferum ferrugineux au caillot., & la réparation
du ferum blanc qui s’ y opère, que comme la^fim-
ple expreflîon de la partie la plus ténue & la plus
fluide de ce liquide, &c comme Tattra&ion plus
intime de la portion condènfée par l’oxide de fer
pour la bafe concrète &' fibreufe du cai ior. Mais
une pareille notion générale ou fuperficielle ne
fuftït pas; il faut étudier avec plus de foin les pro-
pnétés de la liqueur colorée fanguine, & chercher
cellts qui la caraétérifent en particulier.
3p. La Ieffive aaueufe du caillot, tranfparente au
moment où elle vient d’être obtenue , fe trouble,
& dépofe des flocons membraneux au bout de quelque
tems ; elle verdit le firop de violettes. Chauffée
même au bain-marie, elle forme un caillé brun
qui nage dans une eau crouble.Ce coagulum,féparé
de la portion liquide par la filtration, prelîè & fé-
ché, devient caftant, pulvérulent, infipide 8c inodore.
On fe voit dans ce qu’on nomme l‘écume du
pot, lors de la décoélion de toute chair dans l’eau.
L ’alcool ne lui enlève que peu de matière & fe colore
en rouge. Les acides le noirciffent & l’altèrent;
ils forment aufli le caillot & le féparent de
l ’eau en le coagulant. Les alcalis purs le diffol-
vent, & il en eft précipité par les acides. Le cou-
gulum coloré donne à la difti’Iation les mêmes
produits que celui du ferum blanc, & il préfente
tant He propriétés analogues, qu’il eft impoflible
de ne t>as le confondre avec l'albumine de ce premier
liquide. Une différence fe préfente cepen?
ctant entr’eux lorfqu’on compare leur charbon,
puifque celui du ferum rouge contient du fer,
comme on va le dire.
36. Ed féparantpar le feu l’albumine ferrugineufe
de la grande quantité d’eau dans laquelle elle eft
«diffoute, quelque température que Ton emploie,
<8c quelque tems que Ton donne à certe réparation,
on ne peut jamais l’obtenir entière. Comme
la partie qui fe coagule, fixe en elle un cinquième
environ d’eau où elle étoit difloute, la liqueur
qui fumage, retient de fon côté une portion de
l’albumine, & il s’établit un équilibre de combi-
naifon, un partage mutuel entre ce$ deux corps.
Aufli en faifant évaporer la liqueur non épaifîie,
après l’avoir féparée par le filtre de la matière foliée
& coagulée qu’elle contenoit, elle préfente à fa furface, & jufqu’à la fin de l’évaporation ,
une pellicule brune qui fe rompt & fe précipite
en flocons colorés. Quand elle eft en bouillie
claire, l’alcool qu’ on fait chauffer deffus en difl’out
une partie, prend une couleur brune-foncée, &
laide par l'évaporation un réfidu de matière animale
, didbluble dans l’eau, mou (Tant par l’agitation
comme une diffolùtion: de favon, verdiffipt
fortement la couleur des violettes, & précipitant
par les acides. Ces dernières propriétés annoncent
que l’albumine unie à la foude imite en-effet une
çombinaifon iavonneufe.
- 37. Lorfque MeJîghini a découvert la préfence
du fer dans 1 ïfang, lorfque Rouelle Ta confinée
par de nouvelles expériences ,.ni Tun nj Tauttje de
ces chimiftes n’avoit déterminé dans quel état ce
métal y étoit contmu. MM. Deyeux 8c Parmentier
ont cru qu’ il y étoit uni à la foude, 8: à peu prè>
dans un état voifin de la teinture alcalin? ferrugi-
neufe. Voici comment nous avons trouvé, M- Vau-
auelin & moi, que le fer y étoit uni à l'acide
phofphorique, comme. M. Sa go Tavoit,énoncé il y
a déjà îong-tems, mais fans le prouver, 8c comme
M. Gren, profefleur de Hall, Tavoît dit plus po-
fitivement, quoiqu’ il n’ ait pas indiqué par quel
moyen on pouvoir s’ en convaincre. En brûlant
dans un creufet la partie rouge du lavage du fang
coagulé, on obtient un réfidu ferrugineux rouge-
foncé, qui forme 0.004 y du fang employé, mais
qui, diffous dans l’acide muriatjque, ne va qu’entre
0.0017 & 0.0006 lorfqu’on le fépare de ce qui
lui eft étranger, ou des matières faiines qui ne
contiennent pas de fer, par les procédés fuivans.
On le fait digérer dans de l’acide nitrique très--
foible, qui en diffout une partie, & qui en laijffe
une autre plus rouge qu’ auparavant. L'ammoniar
que verfée dans cette diffolution donne un précipité
blanc qui, traité encore humide par la potaffe
cauftique , perd une partie de fon poids & fe colore
en rouge très foncé. L’eau de chaux , verfée
dans cette leftive de potaffe, y forme un précipité
blanc de phofphate de chaux. On peut fe fervir
d’acide muriatique pour diffoudre le phofphate de
fer, réfidu de la combuftion du ferum rouge coagulé.
38. Pour mieux concevoir la nature de ce phofphate
de fer, pour entendre comment il peut être
diffous dans le fang avec la foude, il faut favoir
qu’ il y a deux phofphates de ce métal : Tun blanc,
gris, fouvent d’un brillant de perle, indifloluble
dans l’ eau, foluble dans les acides ; l’autre rouge,
plus ou moins brun, moins diffoluble dans les acides
: celui-ci eft du phofphate avec excès d'oxide
de fer, ou du fous-pnofphate de fer , & l’autre eft
faturé de fon acide. Le phofphate blanc de fer n’eft
décompofé que partiellement par les alcalis cauf-
tiques, qui lui enlèvent feulement une partie de
fon acide , & laiffent le fel avec excès de cette
bafe. C ’eft en cet état de phofphate furfaturé de
fe r , état entretenu par la préfence de la foude,
que ce métal eft diffous dans le fang, & en particulier
djins fon ferum coloré. Le fang de tous les
animaux, quand il eft rouge , eft coloré par le
même fel ferrugineux.
39. Nous avons trouvé, dans nos expériences
relatives à la coloration du fa.-i, , que le phofphate
de fer furoxigéné eft avec excès de fa bafe > que
ce phofphate fe * » « 1 » !
•paînéceffaire d’employer l’aide de là chaleur pour
Opérer cette diiTolution, puilqu elle a lieu a iioid ;
par lefeul mouvement, eu offrant fur-le-champ
une couleur rouge très-lotte, qui mute celle ou
•rang. Un peu d'alcali fixe pur accéléré cette dillo-
liilion & la rend plus complété & plus vive dans
fa couleur: Ainfi le phofphate de 1er, dont .a quan-1
tiré , quoique ti’ès-petite , fufht pour colorer le
fargtn rouge, y eft dans l.etac de furoxuation &
d 'A c is de métal; il y 31 dü^tis dans i albumine
& avivé par la foude qui s y trouve. Peuc-etre lp
phofphate de foudé exiltanc dans le ferum nVr-ü
d’autre origine que la .demi-décomposition duphofphate
de fer par la foude. .
40. Parmi les propriétés qui diftinguent le ferum
rouge ou la partie colorante du fang, n iaut P'Rf
tout compter fon changement de couleur par le
Conrad de l’air; l’éclat qu’il prend par le gaz oxi-
gène ou par l’eau aérée dont on fe lèrt pour laver
le caillot-; le brun-violet qu il contracte par le
gaz acide carbonique, & iurtout par le gaz hydrogène
carburé ; l’influence qu il a fur 1 altération
de l’air , la formation d acide caibonique
qu’il provoque , & Tabforption d oxigène qu il
produit. Si ci-s phénomènes font plus énergiques
& plus prompts dans le ferum rouge que dans le
blanc, & fi iâ différence qui exiftç entre ces deux
efpèces de ferum tient uniquement à la préfence
du phofphate furoxigéné de 1er que contient Je
premier, il eft évident que c’eft au fel métallique
que font dus , & la coloration Au fang, & l’éclat
que prend cette couleur par le ccntaét.de Tatmof-
phère, & les ohangemens que ce ferum rouge fait
naître en même tems dans T air où il eft plongé.
43. M. Deyeux croit que la partie colorante du
fang contient, outre l’albumine , la gélatine , le
phofphate de fer , & les fels que Tanalyfe y y
montrés, une fubftance .particulière, à laquelle il
attribue plufieurs de fes caractères, & notamment
la concrétion homogène du fang entier dans la préparation
du boudin : c’eft pour cela qu’il.nomme
cette fubftance mature tomelleufe. C ’ eft depuis fon
travail fur le fang, qu’ il p3roït av'ir porté fon attention
fur cette matière, puifqu’ il n’en avoir absolument
rien dit dans 1 e Journal dePkyJique, où fa
première anaîyfe eft confignée. Il a diftingué la
tomelüne (car il eft utile de donner à fon nom une
terminaifon égale à celle de plufieurs autres lubf-
tances animales avec lefquelles elle paroît avoir de
grands rapports) par fa forme, fa confiftance,
;ainfi que par plufieurs propriétés qui lui ont fem-
blé différentes de ce qu’on connoît dans l’albumine,
la gélatine &: la fibrine y mais il n’a donné
encore lui-même les premières notions fur cette
matière particulière , que comme de fimples apr
perçus qui méritent d’être vérifiés & pourfuivis,
pour recevoir de l’expérience la confirmation qui
feule-peut affurer Texiftence de ce corps nou-
.venu.
41. Je n’ oublierai pas, parmi les propriétés d®
la matière colorante ou du ferum rou^e du fang ,
celle de dilïo.udre le cuivre, qu'il a piéfemee à
M. Vauquelin avec une énergie affez remarquable
pour lui avoir fait croire d'abord que le fang contenoit
parmi fes principes ce métal vénéneux. Voici
comment cette découverte s’eft offerte à lui.
Ayant fait bouilli-r l'eau du lavage du fang dans
une chaudière de cuivra rouge très-propre pour
en coaguler l’albumine, & ayant filtré la liqueur
ponr recueillir à part la matière coagulée , dans
l’intention d’examiner foigneufement fa partie colorante,
ii brûla cetre fubftance concrète dans un
creufet de terre ,»&: il diffolvit fon réfidu ferrugineux
dans l’acide muriatique. En voulant précipiter
la diftolution par l’ammoniaque , il fut fort furpiis
de voir prendre à ia liqueur qui contenoit un
excès cet alcali une couleur d'un beau bleu. La
liqueur fut f.uurée & décolorée par l’acide muriatique
, bc une lame de fer qui y fut plongée fe
couvrit d’un enduit brillant de cuivre, dont la
quantité-fut aftéz confidérable après, deux jours
pour pouvoir être féparée & détachée du fer.
L'eau d’où l’albumine colorée avoit été féparée
par S coagulation ne contenoit pas de cuivre.
M. Vauquelin en a conclu que c’étoit à l’albumine
qu’étoit-due la diftolution du cuivre; qu’elle étoit
opérée au moment de la féparation de l’albumine
par la chaleur; que le cuivre s’unifioit & fe préci-
pitoit avec la matière albumineufe concrète. En
effet, cette partie du fang plus oxigénée c xerce une
attraction très-marquée fur les oxides métalliques ,
>’y unit avec affez de force, & les fépare, comme
on Ta vu , d’avec les acides. Il eft important, d’après
ce fait, de ne pas.cuire le fang préparé pour
les alimens dans desvaiffeaux.de cuivre. On doit
obferver encore qu’en précipitant une leffive alcaline
du fang par les acides , on obtient du pruftiate
de cuivre plus même que du pruftiate de fer. On
reconnoît le premier à fa couleur rouge-pourpre
quand il eft humide, 8c. rouge-foncée quand il eft
fec.4
3. Le ferum rouge du fang ou la partie colorante
de ce liquide obtenue par le lavage du caillot
, après la féparation du ferum ou de la partie
féreufe blanche, eft donc compofé de beaucoup
d’eau, de matière albumineufe 8c gélatineufe, de
phofphate de fer furoxidé, de foude & de quelques
fubftarices falines. Les dernières, &^n particulier
les phofphates & les muriates, y font beaucoup
moins abondans dans leur proportion avec
Talbumjne,que dans le ferum proprement dit, parce
qtie celui-ci, qui s’eft écoulé fpontanémenc du caillot:
, & qui en étoit la partie la plus fluide, a dû entraîner
avec lui tout ce qui étoit contenu de plus
I foluble, & les fels tiennent le premier rang dans
cet ordre. On fent bien qu’il n’eft pas queftion ici
de la proportion des matériaux du ferum rouge