
d'erroné Sx d'exagéré, elle préfente à Pobferva*
teur impartial quelque chofe de vrai qu'il faut
approfondir par des expériences exactes, au lieu
de nier ce qu'on n'a point encore conçu.
5$. Les différens ordres d'animaux ont certainement
dans leur fang des différences dues à celles
de leur nourriture, de leurs organes digeftifs,
refpiratoires , &c. A peine a-t-on commencé le
travail chimique qui doit faire connoître ces dif
férences : il n'y a que très-peu d'obfervations générales
fur quelques-unes des propriétés du fang,
comparé dans les divers ordres d'animaux.
A. Celui des mammifères fe rapproche beaucoup
du fang de l'homme : comme ce dernier, il contient
un ferum blanc, un fcrum coloré par du phofphate
furoxidé de fer , de la fibrine , <ks muriates de
foude & de potalfe, des phofphates de foude &
de chaux, & de la foude , dont les proportions
varient dans chacun des animaux en particulier,
comme Rouelle le jeune l’a fait voir en donnant
un tableau des quantités de Tels qu'il avoit retirées
des fangs de cheval, de boe uf, d'âne, de
veau , de mouton , de chèvre & de cochon. Ce
chimifte étoit fort étonné que les animaux qui
mangent des alimens végétaux, & conféq uem-
ment de la potalfe , lui aient préfenté conftam-
ment de la fonde libre dans leur fing; cependant
il eft facile de concevoir que la potafîe doit dé-
compofer le muriate de foude. 11 n’y a pas trouvé
de phofphates : c'eft à mes anaîyfes faites depuis
1780 qu'on en doit la connoiffance.
B. Le fangdes oifeaux eft en général plus rouge
& plus chaud que celui des mammifères j il fe fige
ou fe coagule très-promptement : fon coagulum
eft gélatineux ; il ne s’en fépare de ferum que difficilement.
Sa couleur n eft jamais auffi brune & auflî
foncée que celle du fang dé l'homme & des mammifères.
On n’en a point fait une anaîyfe comparative
: on ne connoît ni le rapport de fes parties
ni la nature des Tels qui y font contenus.
C. Le fang des amphibies & des poiffons eft âifffi
peu connu que celui des oifeaux : aucun chimifte
n'en a fait encore l ’examen. On fait feulement qu'il
eft froid ou très-peu fupérieur à la température de
l’air ou de l'eau qu'habitent ces animaux, qu’il eft
peu concrefcible, & qu'il paroît extrêmement dif-
pofé à devenir huileux.
D. Quant aux mollufques, aux infettes & aux
vers, on a cru qu’ils avoient un fang blanc Où peu
coloré, on n'a^fait aucune expérience pour connoître
les propriétés cara&ériftiques de ce liquide.
Cependant-il exifte dans plufieurs de ces animaux
un fang rouge, analogue par fon apparence à celui
des prëcéiens. Il eft inutile de faire obferver
qu'une analyfe exa&e Sx comparée à celle des fangs
déjà connus pourra répandre beaucoup de jour fur
les fonctions de ces êtres.
§. X- D m altérations dont le fang efl fufceptible.
54. Un dej plus importai» réfultais que la phy- ■!
fique médicale attend des travaux de la chimie fur
le fang, confifte à en apprécier les changemens &
les altérations dans lés diverfes affections morbifiques,
& cependant ces travaux ne font prefque pas
ébauchés encore. A peine MM. Deyiux & Parmentier
ont-ils commencé à examiner le fang dans
quelques maladies. Ils ont trouvé en général que
l ’albumine étoit. 1 élément le plus altéré dans ce liquide}
ils ont fait quelques efiais fur le fang de fu-
jets attaqués de maladies inflammatoires, de vice
fcorbutiqiie Sx de fièvre putride;
Le fang nommé inflammatoire, pris chez des
pleurétiques, leur a prêt enté une couenne qui en
recouvroit la furface, un caillot mou, une coagulation
comme partielle, filamenteufe, & interrompue
dans l'albumine chauffée ; l'impofiibiiité de la
faire coaguler dans l'eau bouillante, Sx fa propriété
de lui donner une couleur laiteufe. La
couenne leur a paru être formée par la fibrine altérée
, ramollie,fondue en une efpèce de gélatine
diffoluble dans les acides; a.uffi le fang où elle fe
foi me, préfente-t-il un caillot très-mou, qui ne
donne pt>fque pas. de fibrine quand on le lave, ou
qui fe diffbut prefque dans l’eau. On vdit que le
caractère inflammatoire du fang confifte dans une
fonte, une liquéfaction de la partie fibreufe & de
la matière albumineufe, au lieu de i ep iiffiflement
& de la coagulation qu’on y avoit admis, & que
les fubftances qui, dans l'état fain, tendent à la
concrefcibilité Sx à la réparation, ont perdu cette
propriété. Je ne regarde cependant pas comme
prouvé que la couenne provient de la fibrine; il
me paroît plus naturel de Ja regarder comme de
l’albumine furoxigénée, qui entraîne avec elle une
portion de fibrine à cause de fa force concrefcible ,
tandis que, dans l ’état naturel, c'eft la fibrine qui
retient une portion de l'albumine.
56. Le fang de trois fcorbutiques, tiré à caufe
de la douleur & de la pléthore qui exiftoient chez
ces malades de vingt-neuf à quarante-fept ans, a
montré à MM. Deyeux & Parmentier des phénomènes
différens de ceux qu’on avoit annoncés dans
ce liquide. Il n’y avoit ni fluidité plus grande que
dans l'état ordinaire, ni abfence de coagulation ;
il eft devenu concret ; l'albumine» en étoit moins
concrefcible par la chaleur. Le caillot lavé par l’eau
a donné de la fibrine en filamens élaftiques : fur
l'un de ces fangs il s’eft formé une couenne moins
épaifle feulement que dans le fang inflammatoire ,
Sx qui eft devenue friable par la deffiçcation ; l'eau
du lavage du caillot ou la partie colorante a fourni
des membranes qui y flottoient. Ce fang n’a voie
pas fon odeur naturelle : le ferum blanc s'en eft
' féparé à la manière accoutumée, Sx n'étoit pas
plus abondant que dans les circonftances ordinaires.
Au refte, les cnimiftes dont je parle croient qu'on
ne peut tirér que des inductions erronées de la
quantité du ferum féparé du caillot du fang. Ce
n'eft pas , fuivant eux , à fa fonte & à fa plus
J grande fluidité cju'eft due fa fortie fpontanée dans
.les hémorragies, fi fréquentes chez les fcorbutiques,
mais bien à la foiblefle Sx au relâchement
des vaiffeaux qui le contiennent. Il y a heu de
croire qu'un défaut d'oxigenation eft le principal
caractère du fzngd.es fcorbutiques; que c eft pour
cela que ce liquide forme des taches violettes fur
la peau, & que le feprbue de mer commence par
un fort embonpoint. . ,
57. Le fang pris dans le produit des faignees du
. bras faites aux premiers jours de 1 invafion des fièvres
putrides, Sx dans des fujets chez lefquels les
fymptômes annonçaient manifeftement cette maladie,
leur a offert tantôt une couenne, tantôt
point de couenne : le ferum leur a paru le plus
fouvent difficile à fe féparer, & fort adhérent au
caillot. Ils y ont d'ailleurs trouvé, ou des analogies
très-marquées avec celui des fièvres inflammatoires,
ou rien de particulier; ils y ont en vain
cherché les lignes de putridité dont tant d'auteurs
l’ont dit atteint dans ce genre d'affections , & à
laquelle ils en ont attribué la caufe. Diftilié au
bain-marie, ce fang ne leur a point donné d'ammoniaque,
comme on auroit pu le penfer : expofé
à une température douce, il ne s'eft pas putréfié
plus vîte que du fang d’homme fain. Il n'y exifte
donc point, fuivant eux, de principe particulier
de putridité, qu'on.a dit fi fouvent.le caraCtérifer
.dans les maladies de ce genre. C ’eft feulement
■ dans les liqueurs excrémentielles que cette tendance
à la fepticité, Sx même une putréfaction
commençante, fe montrent dans les fièvres putrides.
Le fang ne participe point à cette propriété.
58. Les c'himiftes dont je viens d’expofer les
travaux fe font bornés à ces feules recherches,
parce que la fociété de médecine, à laquelle ils ont
adreffé leur Mémoire , n’avoit parlé que de ces
affeCtions dans le programme du prix qui leur a
été décerné. Mais combien d'autres queftions importantes
ne refte-t-il point à traiter ! combien de
problèmes,utiles à réfoudre dans ce genre d'expériences
! Le fang a un caraCtère bien remarquable
dans ces maladies purulentes, dans ces grandes
fù pp u ratio ns internes, où il femble-fe convertir fi
facilement Sx fi promptement en pus ; il en préfente
un autre également important à déterminer
dans la chlorofe ou les pâles couleurs des filles ,
dont les artères & ,les veines font remplies d'une
liqueur à peine fanguine , d'un rôfe-clair, Sx quelquefois
blanche. Chez les hydropiques on l’a déjà
vu fe c , collant, vifqueux Æ brun. On ne peut
douter qu'il ait contracté une forte de décompo-
fition qui fe montre fpécialement par la féparation
du ferum ; car l’eau des hydropiques a la plus
grande analogie avec cette humeur. Les affeCtions
où la bile furabondante, refoulée dans fes canaux,
femble fe répandre dans le fyffème fanguin, comme;
les médecins l’ont depuis long-tems obfervé ,
offrent aux chimiftes l’occafion utile de vérifier fi
leurs moyens conduiront à montrer la préfence de Ch im ie , Tome VI,
la bile dans le fang. Il faut en dire autant du meloena
ou de la maladie noire, des cachexies graiffeufe,
laiteufe; Sx d'une foule d’autres affeCtions où le
fang prend un caraCtère particulier que les obfer-
vateurs praticiens connoiffent, Sx qui attend de la
chimie une détermination plus exaCte, une connoiffance
plus pofitive, que celles que la feule inf-
peCtion a pu fournir jufqu’ici.
Sa n g a r t é r ie l . C'eft celui qui eft contenu
dans les artères , Sx qui, venant du poumon Sx
des cavités gauches du coeur par le gros tronc de
l'aorte pour être diftribué dans tout le corps juf-
• qu’aux orifices des veines , a été renouvelé par
le chyle Sx l'air pendant la refpiration ; il a par
conféquent, en raifon de ce pafiage pulmonaire,
des qualités différentes dé celles qu'il avoit dans
les veines Sx avant fon entrée dans les poumons.
C'eft un fang plus rouge ou plus vermeil, plus
chaud, plus vivant., nouveau en quelque forte,,
doué d'une moindre capacité de calorique que le
fang veineux, le biffant échapper avec plus de facilité,
riche de l'oxigène qu'il a abforbé, dépouillé
de carbone & d'hydrogène furabondans, réparé
par la matière alimentaire convertie en chyLe.
Toutes ces qualités le rendent propre à. échauffer,
vivifier, ftimuler, réparer les divers organes qu’il
arrofe, & à repaffer, par les pertes qu'il fait, les
matières qu'il dépofe Sx celles qu'il acquiert dans
fa route circulatoire, à l'état de fang,veineux.
( Voye% 18 articles'Sa n g & Sa n g v e in e u x .)
Il faut obferver que ces propriétés du fang artériel
n exigent dans toute leur énergie que dans
l'homme , les mammifères Sx les oifeaux; elles varient
dans le fang des reptiles, des poiffons, Sxc.
D’après la ftruCture différente des organes de la
circulation Sx de la refpiration dans ces animaux ,
le fang de leurs artères diffère plus ou moins de
celui de l’homme mais l'analyfe n’a point encore
montré en quoi confident ces différences, qui lui
offrent de beaux & utiles problèmes à réfoudre.
Sang blanc : dénomination donnée par les
phyfîologiftes au liquide qui paroît remplacer, dans
les infeCtes, les mollufques & les vers, le fang des
autres animaux. Quelquesnaturaliftes lui ont donné
le nom fort impropre de fanie. On n'a encore fait
aucune expérience de-chimie pour déterminer fa
nature Sx fes différences d'avec le fang des animaux
à deux ventricules Sx à circulation pulmonaire
interpofée dans la circulation générale. Il y a lieu
de croire que la diverfité des organes circulatoire
Sx refpiratoire des infeétes, des vers, des mollufques,
&c. en apporte une très-grande dans la
liqueur qui chez eux tient lieu de fang. C'eft une
I des recherches que la chimie, alliée à l'anatomie
! zoologique ,, devra entreprendre , Sx qui jettera
une lumière plus ou moins vive fur le mode de vie
Sx des fonctions des clafles inférieures- des animaux.
M