
qu'elle ne peut être attaqués par la pointrole , &
qu'elle eft en même temps très-difficile à forer.
Souvent un mineur adroit emploie fept heures
pour y .forer un trou de quatorze pouces & quelquefois
moins ; il y met hors de fervice fix, huit,
& même un plus grand nombre de fleurets. On
compte dans cette claffe le quartz pur, le hornftein,
les granits, gneifs, fchiftes micacés très-quart-
zeux , le hornftein porphyre , le grenat en maffe ,
le grès quartzeux & quelques efpèces de pou-
dingues.
C'eft l'aétion du feu qu'il faut principalement
appliquer à ces roches. Ce mode d'exploitation
eft connu depuis plus de trois mille ans. Avant
l'application de la poudre au travail des mines,
on étoit obligé de s'en fervir pour la plupart des
roches de la claffe précédente. On a encore befoin
ici de leviers, de groffes maffes & de pointroles,
afin de faire tomber tout ce que le torréfage ( l'ac- j
tion du feu ) a détaché & ébranlé. La rareté du
bois & fon renchériffement font que ce mode
d'exploitation eft aujourd'hui peu- ufité. On l'emploie
encore en Saxe, à Altemberg, à Grayer, à
Erenfriederfdorff, pour l'exploitation de la mine
d'étain ; on s'en fert à Felfobanya en Hongrie ;
au Rammelsberg dans le Hartz, & à Königsberg
en Norvège : c’eft dans ce dernier endroit que
ce genre de travail eft le mieux entendu.
Qu'on ne s'imagine pas qu?un mineur, dans fon
polie, n'a à travailler que fur une feule de ces
roches. Dans la même mine,& fouvent même dans
le lieu où il travaille , il fe trouve de la roche qui
doit être arrachée à la poudre, d'autre qui, étant
moins dure, doit l’être avec la pointrole, & même
une troifièrae forte qui, étant tendre, celle , par
exemple, que l'on nomme veine pourrie, doit l'être
avec le pic. Ainfi, dans une mine ou l’économie
eft bien entendue, chaque mineur doit être muni
d’inftrumens de diverfes efpèces, afin que, dans
chaque cas, il puiffe fe fervir de ceux qui font
le plus convenables.
On rencontre quelquefois des roches pour lef-
quelles il faut employer un mode d’exploitation
différent de celui exigé par le degré de folidité de
ia roche : ainfi, lorlqu'une roche a un degré de
dureté à pouvoir être exploitée par la poudre , &
qu’en même temps elle eft fendillée & remplie de
druffes, de manière à ce que l'on craigne que la
poudre, en s'enflammant, ne s'échappe par ces fentes
fans produire d’effet, alors l'exploitation doit fe
faire à la point! oie, quand même la roche feroitex-
trêment dure: il en eftdemêmelorfque la roche,
étant dure, alterne avec des veines d'unè roche
tendre, & qu’ :I eft à craindre que la poudre ne
fe faffe jour en emportant feulement les parties
tendies, de manière à ce que le relie fe maintienne
en place. Lorfque la roche du toit ou du
mur n'a point de confiftance, & qu’elle a une
forte preflion à foutenir, de manière que l’on eft
obligé detançonner à chaque pas que l'on fait en
avant, alors il n’eft pas prudent d’employer la
poudre ; le travail doit fe faire à la pointrole. Il
en eft de même dans les endroits où il faut cheminer
avec précaution, & où l'on craint que l'ex-
plofion de la poudre ne caufe un ébranlement qui
pourroit avoir des fuites funeftes. Dans les endroits
où il faut que l’entaille foit unie & ait une
forme déterminée, comme font les parois de certaines
chambres à machines, les entailles qui
doivent recevoir l'extrémité des étançons, ou
fervir de fupport à des voûtes, &c. & c ., tous ces
ouvrages doivent être faits à la pointrole, quelque
foit le degré de dureté de la roche. Dans les endroits
où la roche eft affez tendre pour être arrachée
avec le pic, mais où la pofîtion & le défaut
d’efpaee ne permettent pas de manier cet inftru-
ment, il faut encore avoir recours à la pointrole.
Enfin , là où le prix du bois ne permet pas d’employer
le torréfage, il faut bien employer le tirage
à la poudre.
Un bon directeur de mines doit, de temps en
temps, faire un calcul exaét & détaillé de tous
les frais que lui occafionne le mode d’extraétion
qu'il emploie : lorfque les çirconftances changent,
il doit effayer un nouveau mode, recommencer-
plufieurs fois fes effais, comparer les divers réfui
ta ts qu’ il obtient avec ceux qui proviennent
d’expériences faites dans d’autres mines, & fe décider
pour celui qui lui promettra le plus d’avantage,
c’eft-à-dire, qui fera le plus économique.
Des foutenemens,
Lorfque le terrain dans lequel on forme des
excavations pour extraire les fubftances minérales
qu’il contient, n’a pas affez de folidité pour foutenir
l’effort que la maffe exerce contre les parois
du vide formé, il eft néceffaire, pour 1a fureté
des ouvriers & pour empêcher l'encombrement
des paffages que l'on doit conferver, de foutenir
les terrains. On emploie pour ces foutenemens
deux fortes de matériaux , des bois & des pierres.
Nous allons examiner brièvement la difpofition de
ces fubftances dans les galeries & dans les puits.
On peut creufer une galerie au milieu d’une
gangue qui a une grande puiffance , ou dans une
gangue dont la puiffance çe dépaffe pas un mètre.
Dans cette dernière galerie, on diltingue la folidité
du ciel, celledelafalbande; & relativement à
la folidité de chacune de ces parties, on Fait ufage
d’un boifage fimple, d'un démi-boifage ou d’un
boifage complet. Fig. 9 , 14, 16, planche XX IX ,
Ainfi, lorfque le ciel feul eltébouleux, on emploie
le boifage fimple , qui confifte en une foli-
vette a corniche, fig. 23 , que l’on place dans deux
entailles creulées dans les parois de la .galerie.
Lorfque, dans une galerie inclinée,le toit eftébou-
leux que dans une galerie à parois verticales
le ciel & l’ une des faces font ébouleux , on fait
ufage du derai-boifage, fig. 16 & 17 : dans le premier
cas, on place des folives le long du to it, &
on les y ïupporte par un poteau entré d’un côré ;
& par un demi-poteau de l’autre ; dans le fécond j
cas, on creufe une entaille dans la face folide
pour y placer une des extrémités de la folivette à
corniche , & l’on fupporre l’autre extrémité par-
un poteau ou pilier : ce pilier a pour longueur
toute la hauteur de la galerie lorfque la face
contre laquelle il eft pofé eft entièrement ébbu-
leufe 5 mais s’ il fe rencontre une partie folide
dans cette face, on ne donne au pilier que la
longueur néceffaire pour parvenir à la partie folide.
Enfin , lor fque la galerie a fon ciel & fes
faces formées de matières ébouleufes, on fait
ufage du boifage complet, fig. 13 . qui confifte à
placer un pilier droit fur chaque face & à le couvrir
d’un chapeau ou folivette à corniche.
Habituellement l’aflemblage des pièces qui forment
le boifage confifte en des entailles tellement
difpofées, qu'elles préfentent une réfiftance dans
toutes les direétions de l'a&ion exercée contre le
boifage : ce mode facilite le placement du boifage;
Si le fol de la galerie eft folide, les jfiliers fe
pofent fur le roc, fig. n . Lorfque le fol ne pré-
fente pas affez de folidité, on place une femelle
fur le fol, fig. 10 , & c ’eft fur cette femelle que
font placés les pieds des piliers.
Dans un terrain peu ébouleux, des boifages
placés à des diftances plus ou moins grandes fuf-
fifent pour s’oppofer à l’effort des terrains en-
Vironnans.: on fe règle, pour la groffeur des bois
& la diflance entre les boifages ,• fur l’effort exercé 3
mais lorfque la maffe creufée eft très-ébouleufe ,
il faut alors cuveler les galeries, c’eft-à-dire, qu'il-
faut placer, entre les boifages, des pièces de bois
tranfverfales plus ou moins épaiffes, auxquelles on
donne le nom d'eftaimples.
Toutes les galeries de paffage ont ordinairement
le fol libre & découvert ; mais les galeries
de roulage & d’écoulement doivent être couvertes
de madriers,ou de planches plus ou moins épaiffes,
que l’ on fixe fur des femelles tranfverfales, fig. 14.
Comme les minerais fe tranfportent dans de petits
chariots à quatre roues, nommés chiens , on fixe
ordinairement, dans l'effieu des roues de derrière,
un petit cylindre vertical en fe r , que l’on nomme
clou de conduite ou guide : alors on couvre le fol
de la galerie de deux forts madriers fur lefq.uels
doivent pofer les roues du chariot , & l'on con-
ferve entre ces madriers un efpace qui forme une
efpèce de canal ou de ruiffeau dans lequel le guide
paffe. Par cette difpofitipn on peut, en pouffant
ces chariots, fe paffer de lumière, parce que,
quellesque foient lés finuofités des galeries, 1 eclou
de conduite oblige le conducteur à maintenir le
chariot fur les madriers.
Il eft facile de conclure également la néceffité
de placer des madriers dans les galeries d'écoule-
■ mentiàu-deffusdu canal dans lequel reaus’écoule*
foit au dehors, foit fous le puits d’épuifement, &
cela toutes les fois que l’on veut qu’elles fervent
également de galeries de paffage , & à plus forte
raifon de galeries de roulage.
Dans les larges excavations , les folives devant
être plus longues, doivent auffi être plus fortes-
On le.s fupporte dans leur longueur, (oit par plufieurs
pilier s droits, fig. 20 , foit par des jambes
de fo rce , fig. 22 , 23 , 24 & 2j.
Comme on n’eft pas toujours libre de choifir
lé terrain dans lequel on doit percer un puits, il
doit fouvent arriver que le terrain creufé exige
d’être foutenu, foit provifoirement pendant l’exécution
des travaux, foit définitivement, lorfque
le creti feraient eft terminé : on donne au boifage
provifoire le nom de boifage perdu, & au boifage
définitif, le nom de boifage folide. Ce dernier peut
encore fe divifer en boifage a fupport & en boifage
complet.
En creufant un puits, on pofe fucceflivement le
boifage perdu, fig. 1 , planche XX X. 11 confifte en
deux pièces de bois longitudinales, que l'on place
dans des entailles faites dans les parois; ces deux
pièces font enfuite comprimées contre les faces
qu’elles avoifinent, par deux ou trois pièces de
bois tranfverfales. Ces boifages fe placent à des
dilfances dépendantes de la folidité du terrain.
Dès que l’on eft parvenu au fond du puits, ou
même lorfque l’on eft defeendu à une certaine
profondeur, on remplace le boifage perdu par le
boifage fo lide,^ . 11 & 12 : celui-ci eft compofé
dè cadres de bois qui ont les dimenfions exaéfes
du vide du puits, & dont les quatre pièces font
affemblées par des entailles tellement difpofées,
qu’elles facilitent leur mife en place , & qu’elles
réfiftent à l’effort des parois.
Ces cadres fe pofent les uns au-deffus dés autres,
lorfque l’effort des parois eft confidérable, & le
boifage eft dit complet, ou bien on les place à une
certaine diftance les uns des autres , & l’on place
des piliers entre chaque cadre pour les maintenir
dans l’intervalle qu’ils doivent avoir 3 alors le boifage
eft à fupport, fig. 9.
Lorfque les terrains font ébouleux, on cuvlle
les parois, 7 , 8 & 9* c’efl-à-dire, que l’on,
place des eftaimples plus ou moins épaiffes entre les
cadres & les parois; quand deux faces feulement
font ébouleufes, on place les eftaimples fut ces
deux faces , & l’on comprime, les piliers par des
eftaimples obliques en forme d’étréfillon, fig. 7.
Souvent des filets d'eau pénètrent à travers les
parois; alors.le cuvelage complet fe fait avec des
madriers bien dreffés, fig. 12,. & dont on remplit
encore les jointures avec de la moufle ou de
l'étoupe,, comme dans le calfetage des vaif-
feaux.
Quant aux puits obliques, on les boife à pet*
j près comme les puits verticaux , en obfervant
i de placer les plus fortes pièces du coté du toit*