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& c’eft fous ce rapport un des plus fûrs réaltifs que
Ton püiffé employer.
5°. Le tannin eft la matière du tan qu’on extrait
des écorces de jeune chêne, du bois du même
arbre, du fumac , de la noix de galle, de la gomme
Kino , &c. , & qui a la propriété de fe combiner
avec plufieurs fubftances animales, furtout l’#lbu-
mine & la gélatine , de manière à durcir ces fubf-
tances & à les rendre inaltérables en les préfer-
vant de la putréfa&ion.
Le tannin a de plus la propriété de précipiter
en noir ou en vert foncé les diffolutions ferrugi-
neufes , lors même qu’il eft combiné avec une
fubftance animale & faturée par elle comme il
l’eft dans beaucoup de végétaux. Ce compofé végétal
eft quelquefois uni à de l’acide gallique ,
comme il l'eft 3 par exemple, dans la noix de galle j
il a la propriété de féparerde l’eau & de précipiter
en flocons ou en filamens du&iles d’un jaune doré
ou brun la gélatine dîffoute dans l’eau,. & par con-
féquent il indique celle-ci dans toutes les liqueurs
où elle fe rencontre. C’ eft un réactif ïort employé
depuis les dix dernières années du dix-huicième
fièclé , & qui fert beaucoup à l’analyfe animale
& végétale. *
6°. La gélatine eft la matière qui fait la bafedes
colles animales } elle exifte dans beaucoup de
parties blanches animales , comme plufieurs membranes
, les tendons , les cartilages, les ligamens,
3a peau ou le derme 3 & eu général tous lescom-
■ pofés animaux qui fe diffolvent dans l’eau bouillante
& lui donnent le cara&ère de gelée. Cette
matière fert comme réactif pour reconnoître la
préfence du tannin dans les compofés végétaux,
mieux étudiée, ainfi que le tannin lui-même. Son
ufage deviendra quelque jour plus fréquent & plus
uri!e encore qu’ il ne l’a été jufqu’ ici.
Tels font les principaux réactifs dont on- fe fert
en chimie, fort pourl’eflai des eaux, foit pour
l’examen de beaucoup de liqueurs- de différentes
efpèces 3 loit pour les différentes époques des
analyfes faites fur quelques matières que ce foit.
Je n’ai cité ici que lés plus utiles & les plus employés;
je n’ai indiqué leur nature & leur a&ion
que d’une manière générale. Si l'on veut à leur
eccafion en fa voir davantage fur ces inftrumens ou
agens, on pourra confulter, foit chacun de leurs
articles en particulier, foit les articles Affinités,
A n a l y s e , C omposé s, Eaux minérales,
RÉALGAR. Quoique les vieux auteurs de chimie
aient employé prelqu’irtdifféremment Us mots
réalgal , rifigal ou réalgar, ce dernier eft celui
qui a été confervé & qu’on trouve encore aujourd’hui
dans beaucoup de livres de chimie : c’eft
la combinaifon de l’arfenic métallique & du foufre.
On la trouve dans la nature, & on la compte au
nombre des mines de ce métal.
Le réalgar ou arfenic fulfuré rouge natif eft
d’une belle couleur rouge de rubis , tirant quei-
R E C
quefois fur l’orangé , en criftàux oéhèdres, bril-
Ians , en lames polies ou en incruftations : fa pouf-
fière eft orangée. On le reconnoît par fa volati-
lifation & l’odeur d’arfenic qu’il répand fur les
charbons allumés. M. Haiiy a décrit fix variétés
de forme criftalline dans ce minéral. On le trouve
dans le voifinage des volcans, dans plulïeurs mines.
Les Chinois le travaillent & le fculptent en petites
ftatues. Ils en font des coupes où ils laiffent
féjourner quelqu’acide végétal qu’ils prennent
enfuite comme purgatif. Il paroît queces peuples
font beaucoup plus difficiles à émouvoir, puifqu’ils
font ufage comme purgatifs d’un poifon qu’on
évite foigneufement en Europe. Lè réalgpr fert
pour la peinture. ( Voye\ Varticle A rsenic. )
• RÉCIPIENT :• efpèce de vaiffeau qui "fert en
chimie à recevoir & à-recueillir les produits con-
denfés en liquides par l’effet des diftillations. On
voit que toute efpèce de vafe placé au bec du
chapiteau d’un alambic ou d'une cornue , &
deftiné à raffembler les produits liquides qui
s’en échappent , devient un récipient. Les bouteilles
ordinaires de verre ou de terre, les pots
de faïence & de porcelaine , les cruches de
grès, Ôrc. , font dans le fens des récipiens dont
on fe fert très-fréquemment dans les ateliers chimiques
& dans les opérations en grand , où il y
a de l’avantage à employer des appareils communs,
faciles à trouver partout & à très-bon marché.
Mais dans les laboratoires de chimie, où l’on
eft obligé de porter plus de foin & plus d’exactitude
aux expériences délicates qu’on y fait, on
a des récipiens fabriqués exprès, & fpécialement
deftinés à ce genre d'opérations. Ce font prefque
toujours des bouteilles de verre blanc ou de
criftal, d’une formeTphérique , terminées par des
becs ou cols droits plus ou moins longs & larges,
’fuivantle genre de produits qu’on doit recueillir.
Lorfqu’on coupe les cols très-près de la boule ,
on les nomme ballons à caufe de leur forme. Il
y en a de toutes les grandeurs & dimenfions ,
depuis la contenance de quelques décigrammes
d’eau, jufqu’ à celle de quinze a vingt litres, fui-
vant la nature & la quantité des produits.
Ces récipiens y ballons ou matras ne varient pas
feulement par le diamètre ou la grandeur , mais
auffi par les formes de plufieurs appendices , &
quelquefois encore par. la matière. Autrefois les
ballons ou récipiens fphériques à col court étoient
percés fur le milieu de leur fphère , ou lutés &
joints peu exa&ement avec l’appareil diftillatoire,
ou communiquant enfin avec l’atmofphère par un
petit trou qu’on laiffoit ouvert dans la commiffure
ou le lut qui les lioit avec l’alambic. Cette communication
avec l’ itmofphère, de quelque manière
qu’elle fut établie, avoit été pratiquée pour
donner une ifïïie plus ou moins facile aux fluides
éîaftiqu'S qui le dégagent en même terris que
les produits liquides, & pour éviter la rupture des
appareils^
appareils j qui avoit été obfervée dans beaucoup
de circonftances. Alors on ignoroit la nature des
gaz j on les regardoit tous comme de l’air > on
n’en tenoit pas comjfte dans les analyfes, ou au
moins on croyoit pouvoir en négliger le recüeil-
lement & l’examen. Quoique Haies eût fenti 1 importance
de cet examen prefque dès les premières
années du dix-huitième fièçle , depuis les découvertes
fur la nature & la différence des gaz , on
a mis autant de foin pour les recueillir & les efti-
mer parmi les produits , qu’on avoit mis auparavant
d’indifférence à les examiner. En confé-
quence on a jugé utile & même néceffaire d’ajouter
aux récipiens des tubulures pratiquées dans
la fabrication même, ou des ouvertures faites
fur des ballons pour y introduire des tubes de
verre dont les dernières courbures portent les
gaz dans des cloches pleines d’eau ou de mercure
, au deffus defquels les gaz font recueillis.
De cette addition ou de cette modification de
forme ont réfulté : 1°. le ballon ou récipient à
deux tubulures ou a deux pointes, c’eft-à-dire i
portant ou à l’extrémité oppofée à la tubulure qui
s’unit à l’appareil diftillatoire une fécondé tubulure
ou une ouverture s’adaptant à un tube. Ce
ballon, à double tubulure, s’unit fou vent par
cette dernière à un autre ballon portant lui-même
une ou deux tubulures : ceux-ci font nommés
alors ballons enflés : 2®. le ballon à deux tubulures
, l’une qui s’adapte à l’alambic, & l’autre
placée fur le haut de ce vaiffeau formant angle
droit avec la diredtion delà première: 30. le ballon
à deux tubulures, l’une toujours s’abouchant
avec le vaiffeau diftillatoire, l ’autre placée dans
la partie inférieure du ballon , & pouvant communiquer
avec des flacons : 4®. le ballon à trois
tubulures, deuxplacéesau haut& au bas, oubien
au haut & à l’extrémité oppofée à l’appareil, ou
bien encore au haut & au bas : 50. le ballon à
quatre tubulures : celui-ci, quoique rare, fe rencontre
dans prefque tous les laboratoires , & eft
quelquefois employé.
Il y a une efpèce de récipient deftiné à recueillir
l ’eau odorante, & à raffembler au deffus de cette
eau les gouttes d’huile volatile qui paffent avec
elle : celui-ci a une forme conique, & porte, vers
le tiers de fa hauteur , un.tube qui fe relève & fe
termine au deffous de l’extrémité du cône , afin
d’évacuer à la manière des Typhons l’eau à mefure
qu’ elle arrive en quantité plufieurs milliers de fois
plus confidêrable que l’huile, & par conféquent
de conferver la même hauteur dans le récipient,
en permettant à l’huile de fe raffembler à la furface
de l’eau , qui refte ainfi prefque ftationnaire.
, Quoique j’aie, d^t qu’en général les récipiens font
faits de verre blanc ou de criftal , il y en a quel--,
quefois dp verre vert ou de, verre à bouteillesl
Les anciens laboratoires de chimie en contenoient
beaucoup de cetté nature j mais on n’en fait que |
très-peu aujourd’hui, parce qu’ils ont l’inconvé- I
Chimie. Tomé VT.
nient de ne pas laiffer voir exa&ement ce qui arrive
ou ce qui fe paffe dans leur intérieur. Ce n’eft
donc que pour des opérations dont les produits
font très-connus & ne préfentent rien de nouveau
digne d’être obfervé, qu’on peut les admettre encore,
furtout par rapport à leur prix, beaucoup
moindre que celui des vaiffeaux de verre blanc ou
de criftal lorfqu’ils font fpécialement d’un grand,
volume.
On emploie quelquefois des récipiens de terre
cuite en grès : cela a furtout lieu pour la diftiila-
tion en grand de ce qu’on nomme les eaux fortes,
ou des acides nitrique & muriatique. Ces récipiens
n’ont pas la forme fphérique , mais ovoïde irrégulière
: on les nomme des cuines. Il en a été parlé
fous ce nom.
11 y a des cas où l’on fe fert de récipiens métalliques,
tel, par exemple, que celui de la diftilia-
tion de l’aciae fluorique, qui ronge trop facilement
les vaiffeaux de verre pour pouvoir employer
ceux-ci. On prend des récipiens de plomb ou d’étain.
J’ai vu plufieurs fois des ballons de criftal
très-épais, percés par la vapeur d’acide fluorique.
. On fe fert auffi avec quelqu’avantage, dans la même
circonftance, de ballons de verre enduits d’une
couche de cire, qu’on y coule & qu’on y promène
fondue.
Enfin, on a fait en cuivre affez épais un rêci-
pient cylindrique , muni de tubes larges pour recevoir
dans l'eau froide le phofphore dans l ’ex-
tradlion de ce corps combqftible, faite en grand
ou à la dofe de plufieurs kilogrammes. (Voyelles
mots A p pare il, E x p é r ie n c e s Instrumens ,
V aisseaux, La b o r a to ir e , & c .)
RECTEUR (E fç rit). Boerhaave a donné le
nom àéefprit recteur à l’eau odorante qu’on extrait
des plantes aromatiques fraîches, diftiliées feules.
Il a été parlé en détail de cette matière à l’article
E sprit re cteur, tome IV , page 240. Voyez
cet article, où l’on prouve furtout qu’on ne doit
pas regarder, comme l’avoit cru Boerhaave, l 'ef-
prit relieur comme,un principe particulier, différent
de tous les; autres, mais comme une propriété
générale de tous Je’s matériaux dés végétaux réduits
en vapeur avec l’eau de verdeur, ou de végétation,
obtenue par leur diftillation.
RECTIFICATION : opération par laquelle on
purifie des matières quelconques, mais furtout
celles qui font très-fùfceptibles de fe volatiliferSc
de.fç fépaçer auffi parla chaleur des corps plus,
fixés qu’elles., & qui les altèrent* auffi eft-çe principalement
aux liqueurs nommées autrefois fpiri-
tueufes.ou efprir, que cette opération s’applique.
Ainfi d’on reaifie , dans les. laboratoires ae chimie,
les alcools trop foibl^s ou.trop aqueux, les
étffers mêlés de quelqaes fubftançes étrangères ,
fpécialement d’acides & d’huiles plus lourdes
qu’eux, les huileréthéré,es, effentieîles ou très-
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