
les compofés végétaux-, fit connoître plufieurs '
produits qui préçïpitoient la gélatine à la manière
du tannin ; il les appela, à cause de Cette propriété
& de plufieurs autres, matières'tannante^ artificielles.
y. J'obfervai, dans J’année 180S, que Textraie
de Lrnambouc étoit converti par Fa ci de nitrique
en une fubftance amère, qui d’fféroit de l’amer de
Welther. Je crus devoir alors la regarder, comme
une combinaifon d’acide nitrique, d’amer St du
tannin artificiel.
6 . M. Braconnot, dans un Mémoire fur les
gommes-rélines-j parla d’un acide qu’ il avoit obtenu
avec l’aloès & 1 acide nitrique; il remarqua
que cet acide avoit de l’analogie avec l’ amer de
l ’indigo (ou de Welther) & avec une fubftance
jaune-orangée, que MM. Fourcroy & Vauquelin
avoient formée avec la chair mufculaire & l’acide
nitrique.
7. Dans le mois de janvier 1809, j’avois repris
mon travail fur l’amer du fernambouc , dans l’intention
de connoître les rapports qu’ il pouvoit
avoir avec l’acide aloérique de M. Braconnot,
lorfque M. Vauquelin me fit part d’une lettre dans
laquelle on lui marquoit que M. Moretti, pro-
feffeur de chimie à Udine , avoit obtenu , en
.diftillant de l’indigo avec de l’acide nitrique, un
acide qui devenoit détonant en fe combinant à
la potaffe, à la foude , aux oxides de fer, de
plomb & d’argent, &c. ; on ajoutoit que M. Mo-
retti regardoit cet acide comme nouveau, parce
qu’on ne pouvoit le confondre avec l’acide benzoïque,
que MM. Fourcroy & Vauquelin di-
foient avoir formé avec l’ indigo. M. Vauquelin
voulut bien me charger de reprendre ces expériences
, & il m’engagea en même temps à voir fi
ces produits acides & détonans ne devroient pas
ces propriétés à l’acide nitrique qu’ils pouvoient
retenir en combinaifon.
§. II. Indigo traité par l3 acide nitrique.
8. On a verfé dans une cornue quatre parties
d’acide nitrique à 32 deg. étendu de quatre parties
d’eau. Le vaiffeau, muni d’un récipient, a été placé
fur un bain de fable légèrement chaud, & peu à
peu on a ajouté deux parties d’indigo de Guatimala
groffièremerit concaffé ; le mélange s’eft échauffé j
il a dégagé beaucoup de.vapeurs nitreufes, de
J’acide catbonique, &c. ; pour éviter que l’aétion
ne devînt trop vive, j’ai placé l’appareil fur un bain
de fable froid, St les matières ont été abandonnées
à elles-mêmes pendant vingt-quatre heures.
9. Pendant ce temps, il paffa dans le ballon de
l ’acide nitrique, de l’acide pruftique, & une petite
quantité de matière jaune amère.
10. Le liquide refté dans la cornue étoit jaune-
rougeâtre; deux fubftances concrètes le furna-
geoient; la plus abondante avoit l’afpeêt d’une
ïéfine; la feçonde 'étoit jaune-orangée & fous
forme de grumeaux difféminés dans la maffe de la
première. On a féparé ces deux fubftances du liquide
; on les a lavées à l’eau froide, St enfuite on
les a fait bouillir dans l’eau : la matière réfineufe
s’eft figée en fe refroidiffant, & la matière orangée,
après avoir été diffoute , s’eft dépofée au fond du
vafe en petits grains qui n’avoient aucune adhérence
entr’eux.
11. L’eau qui avoit fervi à féparer la matière
réfineufe de la matière orangée a été réunie au
liquide (10) refté dans la cornue , St enfuite
diltiliée : il a pafle dans le récipient de l ’acide
nitriqu°, de l’acide pruftique, de l’amer St un peu
d’ammoniaque. La liqueur concentrée, a dépofé , en
fe refroidiffant, des criftaux formés d’amer de Welther
& de l’acide benzoïque de MM. Fourcroy Sc
Vauquelin. En les diffolvant dans l’ eau chaude,
on a obtenu par le refroidiffement l’acide criftallifé
retenant un peu d’amer , St par l’évaporation de la
liqueur, de belles lames jaunes d’amer.
12. Le liquide qui avoit fourni les criftaux (11)
d’amer St d’acide a dépofé, après avoir été rapproché,
une matière rouge liquide, reffemblant
à une huile graffe.
13. Le liquide furnageant cette matière (12) a
été évaporé à ficcité, St le réfidu a été repris par
l’eau chaude : il eft refté de l’ oxalate de chaux ;
l’eau a dépofé de la matière d'apparence huileufe,
& enfuite un fédiment jaune qui étoit affez mou,
St qui ne differoit de la matière huileufe que par
la proportion de fes principes.
14. Je vais examiner, i°. l'amer; 20. la fubftance
acide que l’on a comparée à l’ acide benzoïque;
30. la réfine. Les autres produits n’étant que des
combinaifons de ces trois fubftances, je n’en parlerai
pas dans des articles particuliers : cependant
je me propofe de revenir, dans un fécond Mémoire',
fur la matière d3apparence huileufe.
§ III. Examen des produits de la réaction de l3acide
nitrique fur l indigo.
I. De l*amer.
i j . Les lames d’amer dont j’ai parlé (1 1) rete-
noient un peu de réfine qui leur donnoit une couleur
jaune-foncée St une petite quantité de l’ acide
que Ton a appelé benzoïque, & que je défignerai
par le nom diacide volatil.
16. Lorfque l’amer eft bien pur, il a une couleur
d’un blanc tirant fur le jaune de paille; la difîolu-
tion dans l’eau ne devient pas rouge quand on y
mêle des Tels de fer au maximum. Celui qui a fervi
aux expériences que je vais rapporter, avoit bouilli
dans l’acide nitrique; il avoit été enfuite criftallifé
plufieurs fois , combiné à la potaffe & féparé de
celle-ci par l ’acide muriatique, St enfin criftallifé
jufqu’à ce que, rediffous dans l’eau, il ne précipitât
plus la diffolution d'argent.
Aéiiort
T A N
AU ion de la chaleur.
17. L'amer, chauffé doucement dans une fiole
à médecine, fe fubiime en petites aiguilles ou
écailles d’un blanc tirant au jaune ce paille : jeté
fur un fer rouge, il s’enflamme & lai if e un charbon
qui fufe. Si l’on fait cette opération dans une petite
cornue de verre , il fe dégage une odeur affez
forte d’acide pruftique St d'acide nitreux.
*.8. Pour examiner les produits de l’amer fournis
à l’aétion de la chaleur, j’ai imaginé un appareil
qui confiftoit dans une boule de verre furmontée
d’un tube qui alloic s’engager fous uneN cloche
remplie de mercure. J'ai introduit dans la boule deux
décigrammes d'amer ï une plus grande quantité la
feroit éclater) , & j’afiujettis le tube à la cloche
au moyen d’un fil.
Quand l'appareil fut ainfi difpofé, j ’ai chauffé
la boule avec un charbon rouge de feu : l’amer
s’eft fondu , a noirci St s’eft enflammé; fl eft refté
un charbon léger, & il a pafle dans la cloche de
l’eau en vapeur, du gaz St un peu de charbon : le
produit gazeux rougiffoit le papier de tournefol ;
il avoit une odeur d’acide nitreux mêlé d’acide
pruftique. Jel’aianalyfé de la manière fui vante: j'ai
fait paffer de l’eau fous la cloche qui le contenoit ;
il y a eu une légère abforption ; lorfque celle-ci
paru; terminée, j’ai tranivafé l’eau dans une cloche
pleine de mercure; ce liquide avoit diffous une
portion d’amer qui s’étoit volathifée fans décom-
pofition de l’acide carbonique , de l’acide pruf-
fique. Pour reconnoître ce dernier, il a fallu faturer
le liquide de carbonate de potaffe, le verfer dans
une petite cornue de verre adaptée à un ballon ;
plonger dans celui-ci une mèche de fil imprégnée
.de fulfate de fer vert, St trempée enfuite dans une
eau légère de potaffe; diftillé, il a paffé de l’eau &
de l'acide pruftique, & le fil, après avoir été Uvé
dans l’acide muriatique foible^ eft devenu bleu.
( Si on mêloitdire&ement du fuifate de fer avec le
liquide faturé de potaffe, on n’obtiendroit pas de
bleu de Pruffe. )
Le réfidu de la diftillation étoit rougeâtre ; il
s’eft pris en gelée : l’acide fulfurique en a dégagé
une odeur d’acide pruftique mêlé d’acide
nitreux.
ÎL’eau avoit donc diffous, outre l’amer qui
n’avoit pas été décompofé, de l ’acide carbonique,
de l’acide pruftique & de l’acide nitrique. J’ai tout
lieu de croire qu’elle contenoit un peu d’ammoniaque.
Le réfidu gazeux, infoluble dans l’eau, a été mis
en contaêt avec de l’eau de potaffe pendant vingt-
quatre heures, afin d’enlever l’acide carbonique
& pruftique qu’il pouvoit retenir : il a été enluite
foigneufement lavé.. Dans cet état, il ne rougiffoit
pas la teinture de toui'nefol ; mais dès qu’il avoit le
contaêt de l’air, il la rougiffoit & il fe produifoit
une odeur d’acide nitreux très- forte ; il contenoit
«donc du gaz nitreux : il brûlait à la manière d'un
Ch im ie . Tome V I .
T A N ' 241
hydrogène huileux. J’ai obfervé plufieurs fois que
ce réfidu éteignoic les corps en igiition, parce
qu alors il contenoit beaucoup de gaz azote ;
d’autres fois, qu’il brûloit à la manière du gaz
oxide de carbone. Il paroît que la rapidité plus ou
moins grande avec laquelle l’amer fe décompofé,
eft la caufe de ces différences. Le réfidu gazeux,
infoluble dans l’eau St la potaffe, étoit donc formé
de gaz nitreux , de gaz inflammable St de gaz
azote : comme je n’ai pu faire une analyfe exaéte
de ce réfidu, je ne puis affirmer fi la totalité du
gaz azote provenoit de l’air du vaiffeau , dont
l’oxigèneauroit été converti en acide nitrique par
le gaz nitreux, ou bien s’il y avoit une portion
de cet azote qui provenoit de la décompofitîon de
l’amer.
19. II me paroît fuivre de ces faits, que l’amer
eft une combinaifon d’acide nitrique St d’une matière
végétale , probablement de nature huileufe
ou réfineufe. Peut-être objectera-1-on que le gaz
nitreux que l’on obtient, peut fe former pendant
l’opération par la compreflion que les gaz éprouvent
, ainfi que cela arrive quand on fait détoner
dans l’eudiomètre de Volta, ou dans le ballon à
la recompofition de l’eau , des gaz hydrogène Sz
oxigène contenant de l’azote; mais la compreflion
des gaz dans ces derniers appareils me paroit être
bien plus confidérable que celle qu’ils éprouvent
dans la détonation de l’amer. Au refte, les faits qui
fuivent & ceux que je me propofe d’expofer , feront
voir qu’il eft plus naturel de regarder l’amer;
comme une combinaifon d’acide nitrique , que
comme une fubftance immédiatement formée d’oxi-
gène, d’hydrogène, de carbone, d’azote.
Amer & potaffe.
20. L’amer eft beaucoup plus foluble dans l’eau
chaude que dans l’eau froide. La diffolution en eft
acide, trèsramère St même un peu aftringente. Si
on la mêle avec une diffolution de potaffe concentrée
, on .obtient de petites aiguilles jaune d’or
qui font une combinaifon d’amer St de potaffe, Sz
qui ont été-décritès par M. Welther St MM. Four-
çroy St Vauquelin. Ces criftaux détonent fortement
par la chaleur ; on ne peut les chauffer dans
la bpule de verre fans que celle-ci ne fe brife en
éclàis. Quand on en chauffe quinze centigrammes
dans un petit matras d’efîai, il fe produit une forte
détonation , le vaiffeau fe remplit de noir de
fumée , & répand l’odeur de l ’acide pruftique. En
bouchant le matras dès que la détonation eft
opérée, & en y verfant, quand il eft refroidi, de
la potaffe & enfuite du fulfate de fer vert, on
obtient du bleu de Pruffe.
Cent décigrammes d’eau bouillante ont diffous
feptdécigrammes de matière détonante : parle refroidiffement,
une grande partie de cette dernière
s’ en eft féparée fous la forme de petites aiguilles.
Hh