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celui de foude , avoit trouvé le moyen de le dé- j
compofer par le muriate de plomb. On retrouve 1
encore ici 1 influence que les recherches relatives j
à rexcraétion du phofphore ont eue conftammènt I
fur l’analyle de l'urine 3 8c combien elles ont contribué
à en faire déterminer les matériaux falins.
C ’eft dans le même ordre d’expérience fur les
fels urinaires & fur la nature des j holphates, qu’ il
faut ranger la belle Dijfertation de Pou fur le fel
fufible de Vurine ou fel microcofmique, publiée en
17575 les Differtations de Haupt, de SchloffeiT,
de Schockwitz, de Prouft, de Bergman , fur les
diverfes fubftances qu’il renferme 5 les tentatives
de Chaulne fur la purification de ce fel 5 enfin , le
travail beaucoup plus complet & beaucoup plus
important fur l’analyfe de l‘urine par Rouelle le
cadet. Cet habile analyfte, dont j’ai eu déjàl’oc-
cafion de parler tant de fois, donna, en novembre
1773 , dans 1 q Journal de Médecine , des Obferva-
tionsprécieufes fur l’analyfe des urines de l’hômme,
de vache, de cheval, comparées; il annonça le
premier une matière favonneufe, criftaliifable, défi
quefcente, diffoluble dans l’alcool, donnant plus
de moitié de fon poids d’alcali volatil par la. dif-
tillationjil indiqua la grande différence chimique
exiftante entre l 'urine de la boifibn & celle de la
digeftion, celle qui diftingue Y urine putréfiée de
Y urine fraîche; il découvrit que les urines de vache
& de cheval, fans fels phofphoriques, contenoient
une matière favonneufe, comme celle del’homme ,
de la craie qui s’en répare parje. repos & le re-
froidiffement, & de l’acide benzoïque ; il a de
plus énoncé les fels divers & différens qui exiftent
dans chacune de ces urines, 8c l’ art de les féparer
les uns des autres ; il a trouvé le fulfate de foude
dans l'urine humaine , 8c le fulfate de chaux dans
celle de cheval.
En juillet 1776, il a cor.figné dans le même
Journal des expériences très-bien faites fur les
phofphates d’ammoniaque 8c de foude, qu’il nom-
moit, le premier, felfufible a bafe d’alcali volatil ;
le fécond, fel fufible à bafe de foude y 8c il a décrit
les moyens de les féparer & de les reconnoître,
ainfi que plufîeurs phénomènes remarquables de
leur purification, 8c leurs propriétés fpécifiques.
Enfin, en avril 1777.» il a inféré au Journal de
Médecine, des Obfervations fur Y urine de chameau,
dans laquelle il n’a pas trouvé le fel ammoniac
dont on a tant parlé, & qu’ on a dit être extrait en
Égypte par l’aétion du feu. Ces trois Dilfertations
font précieufes par leur clarté 8c par les procédés
qu'elles contiennent, elles ont beaucoup contribué
affaire connaître la nature 8c la compofition
des différentes u r i n e s , comparées les unes aux
autres.
Schéele, dans fon travail fur le calcul de la vcflle
humaine, en 1776, a publié fur l'urine quatre découvertes
qui doivent être regardées comme formant
une des époques les plus notables, de fon
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analyfe. La première , c'eft !a prélence du phosphate
de chaux j pue jufqu’ à lui on avoit regarde
comme une terre; la fécondé eft relative à létat
acidulé de ce fel, qu’il a prouvé être tenu en dif—
folution dans Yurine pat l’acide phofphorique ; la
troifième eft celle d’un acide particulier peu dif-
foluble , çonftamment contenu dans ce liquide
excrémentitiel, & qui eft la matière la plus fréquente
des calculs urinaires, quoiqu'elle ne foit
pas la feule, comme cet habile cnimifte le croyoit.
Je rapporte enfin la quatrième découverte de
Schéele à la préfence très-fréquente de l'acide
benzoïque dans Yurine humaine, furtoutdans celle
des enfans. >
M. Bertnollet, après avoir vérifié 1 exiftence du
phofphate de chaux acidulé dans l’urine del’h omme ,
a fait une obfervation très-precieufe fut ce fel ;
c'eft qu’il n’exifte pas ou prefque pas, & que i*a-
rine n’eft pas acide immédiatement avant l’évafton
d’un accès de goutte & pendant qu’il a lieu ,
tandis qu'il reparoît avec l’acidité naturelle de ce
liquide à la fin de cet accès. |
Parmi les derniers travaux qui ont été faits fur
Y urine, il faut diftinguer ceux qui font dus à
M. Cruick.hanck, 8c qu’on trouve énoncés dans
le Traité fur le diabètes fucré, publié en 1797 > en
Angleterre , par M. Rollo. M. Cruickshanck ,
dans uneexpofition rapide de la nature £c des caractères
chimiques de Y urine, a plus infifté que
tous les auteurs précédens fut la matière particulière
qui caraétérife ce liquide, & que Rouelle
avoit connu fous le nom de matière favonneufe. Le
chimifte anglais a découvert une des propriétés
les plus fingulières de cette fubllance, celle de fe
précipiter en criftaux de Y urine concentrée par le
moyen de l’acide nitrique. Dans la fuite a (fez con-
fidérable de réfultats nouveaux que nous .ont pré-
fentés, à M. Vauquelin 8c à moi, les nombreufes
recherches fur Yurine entreprifes depuis plufieurs
années, nous avons reconnu, bien avant le chimifte
anglais cité, cette propriété extrêmement
caraétériftique de cette fubltance ; nous l’avons
d’ailleurs examiné par un grand nombre de moyens
chimiques. Soumife à beaucoup d’expérrences 8c
de combinaifons, elle eft devenue pour nous le
fujet de découvertes remarquables fur les propriétés
de Yurine, 8c d’applications allez importantes
à la phyfique animale. On va voir encore
que ces mêmes recherches fur Yurine humaine
nous ont permis d’y découvrir quelques fubftances
falincs qui n’y étoient pas connues avant nous, 8c
futtout de déterminer les changemens extraordinaires
qu’éprouvent plufieurs des matériaux de
Yurine pendant l’altération fermentaiive dont elle
eft fi promptement Se fi facilement iufceptible. Ces
changemens bien appréciés nous ont auflfi conduits
à connoître ce qui a lieu dans la formation de
j quelques-uns des calculs urinaires, comme à nous,
j éclairer fur la nature de ces calculs & fur les,
i moyens de les attaquer dans la veflïe^
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§. IV. Analyfe de l’urine d’homme.
"Vurine humaine eft formée, i° . d’ acide urique 5
i ° d’urée5 30. d’un principe colorant; 40. de mucus;
50. d’un acide libre, fur la nature duquel les
chimiftes font partagés d’opinion ; nous l’avons regardé,
Fourcroy 8c moi, avec Schéele & M. Ber-
thollet, comme étant de l’acide phofphorique5
M. Thénard a prétendu qu’il avoit toutes les propriétés
de l’ acide acétique, 8c M. Berzelius celle
de l’acide du lait ou la&ique ; 6°. de phofplute de
chaux; 70. de phofphate de magnéfie; 8°. de
phofphate de foude 5 90. de phofphate d’ammoniaque;
io°. de fulfate de potaffe; n ° . de fulfate
de foude; iz°. de muriate de foude; i3°.;de muriate
d’ammoniaque ; 140. d’eau; 150. de filice.
Schéele a trouvé de l’acide benzoïque bans IV
( ine des adultes; M. Prouft a annoncé que Yurine
contenoit du foufre, de l’acide carbonique, du
carbonate & du fulfate de chaux, & dans quelques
circonftances, un acide rouge qu’il a appelé rofa-
tique. ( Voye% la fin de l’article A c i d e u r i q u e . )
A. Lorfqu’on veut faire l’analyfede l’urine 3 on
la filtre pour en féparer des flocons de mucus de
la veflie, qui s’y trouvent en fufpenfîon ; enfuite
on la foumet à l’évaporation; il fe dégage un peu
de carbonate d’ammoniaque qui provient de la dé-
compofition de l’urée, & un principe odorant qui
paroit avoir la même origine.
B. Lorfque Yurine eft évaporée en confiftance de
firop épais, on la traite par l’alcool abfolu, 8c on
lave le réfiduavec ce liquide, jufqu’à ce qu’il foit
épuifé de matière foluble.
G. On réunit toutes les liqueurs alcooliques &
on les fait concentrer dans une cornue. On obtient
un extrait alcoolique orangé-brun, qui eft acide
au papier de tournefol, 8c qui dégage de l’ammoniaque
quand on ie mêle avec les alcalis fixes ; il con-
tiènt la plus grande partie du principe colorant, de
l’urée de l'acide libre, & de plus des mariâtes de
foude & d’ammoniaque. Pour reconnoître chacun
de ces corps, il faut divifer l’extrait en plufieurs
portions.
D. Pour reconnoître Purée, on mêle une portion
de l’extrait dilfous dans Peau avec de l’acide
nitrique; l’urée fe combine à cet acide 8c fe dé-
pofe fous la forme de petits criftaux brillans 8c
nacrés : la liqueur retient toujours une portion
d’urée. '
E. Pour reconnoître les muriates, on fait évaporer
une autre portion de l’extrait à ficcité : on
peut même commencer à le charbonner ; enfuite
on introduit le réfidu dans une cornue,.qui communique
à un ballon par le moyen d’unealonge : on
obtient beaucoup de carbonate d’ammoniaque provenant
de la décompofition dé Purée , de l’huile fétide
provenant de celle de l’acide 8c du principe colorant,
du muriate d’ammoniaque, des gaz & du
charbon. On lave l’alonge & le ballon avec de
J’eAu diftillée ; on filtre pour féparer les huiles 5
oft fattîre le carbonate d’ammoniaque par 1 acide
nitrique, & enfuite ori mêle du nitrate d’argent à
J a liqueur; Pacide muriatique s’unit à l’oxide métallique
8c fe précipite fous la forme de gros flocons.
Quant au muriate de foude/on le trouve
dans le charbon ; on l’en répare au moyen de Peau.
F. Il n’ eft guère poflible d’ifoler le principe
colorant & Pacide libre de l’extrait alcoolique
d’urine. M. Prouft a obfervé que l’acide fuifuriqùe
foible pouvoir en précipiter le premier : il eft
très-vraifemblable que le principe colorant eft de
nature huileufe,- 8c qu’ il eft un des réfuitats de la
décompofition de Purée.
G. Le réfidu de. l’ extrait d’ urine qui n’a point
été diffous par l’alcool B doit être épuifé par 1 eau
froide : une matière blanche, d’apparence terre
ufe, ne fe difibut pas. On filtre la liqueur 8c on
la fait concentrer; l’on obtient un extrait coloré
en brun , Sc qui contient un peu d’acide libre, de
principe colorant & (Jurée, du fulfate de potajfe, du
fulfate de foude, du phofphate de foude , du phofphate
d‘ammoniaque, 8c quelquefois une portion de muriate
de foude qui a échappé à Pa&ion de l’alcool.
H. Pour obtenir Y acide, on prend une portion
de l’extrait aqueux G , on en fature l’excès d’acide
par l’ammoniaque , puis on traite par l’alcool ; celui
ci difibut la combinaifon de Pacide avec l’ammoniaque;
on filtre, on fait évaporer l ’alcool, 8c
on reprend le réfidu par l’eau ; on met dans la dif-
folution affez de chaux pour en dégager l’ammoniaque
; on filtre 8c on précipite la chaux qui s eft
unie à l’acide au moyen de Pacide oxalique. C ’eft
en fuivant ce procédé que M. Berzelius dit avoit
obtenu de Pacide laétique de Yurine; mais on doit
obferver qu’il doit retenir de Purée 8c du principe
colorant.
I. On peut déterminer la quantité d’acide fui-
furique 8e celle de l’acide phofphorique de la manière
fuivante : on ajoute un excès d’acide muriatique
à une portion de l’extrait aqueux G , & on
y verfe du muriate de barite; on recueille le ful-
Tate de barite qui fe précipite; l’on met enfuite
• de l’ammoniaque dans la liqueur d’où le fulfate a
été féparé; on précipite tout Pacide phofphorique
à l’état de phofphate de barite. Les poids du fulfate
8c du phofphate de barite donnent la quantité d’acide
fulfuriqùe & phofphorique qui fe trouvoit
dans l’extrait aqueux.
K. On détermine les proportions de l’ammoniaque,
de la potaffe 8c de la foude , en prenant
une quantité déterminée d extrait aqueux G , 8c
en le mêlant avec du muriate de barite : par ce
moyen, tous les fu'.fates 8c phofphates alcalins
font décompofés ; il fe produit du fulfate 8c du
phofphate de barite qui fe précipitent, 8c des muriates
de potaffe, de foude 8c d’ammoniaque ref-
tent en diffolution. On fait évaporer la liqueur à
ficcité ; on introduit le réfidu dans une cornue, Sc
l’on opère comme dans 1 operationE.^La quantité
de muriate d’ammoniaque fait connoître celle de'