
été diffoute par l’eau à la faveur de ce principe é
s’oppofoit à ce que celui-ci criftallifât en totalité.
34. Le réfidu qui n’avoit pas été diffous par
l’eau froide étoit orangé-brun ; il pefoit douze
décigr. ; il fut mis fur un filtre & lavé avec un
demi-litre d’ëau bouillante divifé en fix portions.
Première portion : couleur orangée-brune, fe troublant
légèrement parlerefroidiifement; faveur af-
tringente , fucréè & amère , précipitant fur-le-
champ la gélatine.
Deuxième portion : préfentant les mêmes propriétés
que la précéaente, mais dans un degré
moins marqué.
Troijième portion : plus brune que la fécondé ,
troublast la gélatine & ne la précipitant qu’au
bout de quelques minutes.
Ces trois lavages , réunis & mis fur un bain de
faf le chaud, s’éclaircirent, & , par l’évaporation,
fe couvrirent de pellicules ., & dépofèrent parle
refroidïffement une matière d’une couleur orangée
brune.
Quatrième portion : quoique contenant moins
de matière que la troifième, elle étoit plus foncee
en couleur 5 elle troubloit légèrement la gélatine»
Cinquième portion : la même propriété dans un
degré moins marqué, feulement la couleur un peu
plus brune.
Sixième portion : plus brune que la précédente, ;
ne troublant la gélatine que très-légèrement.
Ces lavages évaporés donnèrent une liqueur
qui ne différoit des trois premiers lavages évaporés
que par une couleur plus brune; elle préci-
pitoit très-bien la gélatine, & devenoit rofe par
l’acide fulfurique.
35. Le réfidu, infoiuble dans le demi-litre d’eau
précédent, fut bouilli avec deux litres d’eau di-
vifés en plufieurs portions. Ces lavages étoient un
peu rougeâtres ; le réfidu pefoit moins de cinq
centigr.: il'étoit couleur de terre d’ombre.L’ayant
fait bouillir avec un litre d’eau , il la colora très
légèrement} dans cet état, il m’a paru femblable
à la matière brune obtenue de la matière rouge-
marron (33).
3 6. La matière qui a voit été féparée de l’eau-
mère par l’eau froide (33) ne m’a paru différer
de la matière d’un rouge-marron, que par plus
de principe colorant foluble ( & peut - être par
moins de matière alcaline) (1). Les trois premières
portions du lavage (34) donnèrent un extrait
qui reffembloit beaucoup a celui que l’on avoit obtenu
de la matière d’un rouge-marron , au moyen
de l’éther.
Par Véther. 37. Trois grammes d’eau-mère évaporée
à iiccité , abfolument femblables à ceux
que l’on avoit traités par l’eau, furent mis en 1
(1) C ’eft ce que j’ai reconnu par l’expérience : cinq déci-
grammes de cette matière ne m’ont pas donné deux centigrammes
de cendre, au lieu de cinq que m’ a donnés la m atière
marron.
macération avec cent quinze grammes d’éther.
Après trente heures on filtra; on fit évaporer.
Sur la fin de l’évaporation , on ajouta un peu d’eau;
on obtint une liqueur qui donna moins de criftaux
que i’eau-mère traitée par l'eau ; on ne put féparer
ces criftaux de l’eau mère au moyen de l’alcool; on
fie évaporer alors à ficcité, & on obtint un extrait
pefant dix-neuf décigr. ; on le mit avec foixante-
dix - huit grammes d’éther. Après vingt-quatre
heures de macération, on décanta l’éther de deffus
un léger réfidu, qui n’étoit que de la matière brune
retenant de la matière colorante foluble. La liqueur
éthérée ayant refufé de donner des criftaux
, fut évaporée à ficcité; on ne put obtenir
de criftaux du réfidu qu’après l’avoir traité deux
fois par l ’eau; dans chaque traitement il fe fé-
para un peu de matière brune. La quantité d’eau
employée étoit à celle de l’extrait dans le rapport
de cinquante à un.
38. On remit fur le réfidu infoiuble dans l’éther
cent quinze grammes de nouvel éther. Après vingt-
quatre heures de macération, on le décanta & on
le fit évaporer. On n’obtint que deux décigr. d’extrait
fec. Pendant l’évaporation, la liqueur fe cou*
vrit d’une pellicule d’apparence huileufe, fe troubla
beaucoup par le réfroidiffement, & dépofa une
matière rouge-orangée qui reffembloit à la partie
foluble dans l’éther de la matière d'un rouge-
marron.
39. La partie infoiuble dans l’éther fe comporta
comme une combinaifon de principe foluble
avec excès de matière brune.
40. Après avoir déterminé les élémens de l’extrait
de campêche, il me reftoit à voir auquel de
ces élémens les bafes falifiables que j’avois reconnues
précédemment s’étoient combinées lors de
la féparation de ces élémens au moyen de l’alcool.
■ 41. Vingt décigrammesde matière marron fe ré-
duifirerjt à deux décigrammes de cendre , laquelle
donna à l’eau, i° . de la potajfe carbonatée , 2°. du
fulfate de potajfe , 30. un petite quantité de chaux
càujiique,* à l’acide muriatique , i°. de la chaux*3
2°. du fulfate de chaux , 30. de Valumine, 40. de
l'oxide de fer, y°. de l'oxide de manganèfe. Il n’ y
eut qu’ un très-léger réfidu infoiuble dans l ’acide
muriatique. Je n’oferois affurer que ce fût de la
filice.
D’après cela, cent parties de matière marron
donnent 0,10 de cendre.
Vingt décigrammes d’eau-mère defféchée ont
donné une quantité de cendre que je n’ai pu apprécier
à caufe de fa petite quantité. Cette cendre
m’a paru contenir de la potajfe , de la chaux, du fer
& de l'alumine. '
Il fuit de-là que les bafes falifiables font unies
dans l’extrait au principe infoiuble, ou bien qu’elles
s’y unifient au moment où l’on vient à féparer
celui-ci du principe foluble.
Explication
Explication des procédés employés dans Canalyfe
précédente.
42. L’extrait coloré de campêche eft formé de
deux fubftances : l’ une foluble dans l’eau, fufeep-
tible de criftallifer; l’autre qui ne doit fa folubi-
lité qu'à la première, & dont on me peut jamais
féparer entièrement le principe foluble qu’elle
retient, tant que le premier principe domine dans
l’extrait de campé he; il lui impiime toutes les
propriétés qui dérivent delà couleur orangée: la
aiffolution de l’extrait donne alors des criftaux 3 elle
ne fe trouble point par le refroidiffement. Si, au
contraire, c’eft le principe infoiuble, alors la dif-
folution ne donne pas de criftaux ; elle fe trouble
en fe refroidiffant & elle fe rapproche beaucoup
des extraits afttingens. .
43. L’impuiffance où l’on eft d’enlever au
moyen de l’eau le principe foluble au principe in-
foluble ( 2 7 ) , prouve la grande affinité de ces
fubftances l’une pour l’autre. Cette affinité & la
difpofition dans laquelle fe trouve le principe colorant
pour former des combinaifons infolubles,
expliquent pourquoi ces fubftances fe combinent
fimultanément avec l’oxide de plomb, & probablement
avec les autres bafes, & pourquoi elles
flgiffent alors comme un feul corps : ces deux
caufes rendent l’analyfe de l’extrait de campêche
par voie de précipitation extrêmement difficile,
pour ne pas dire impoffible; car dans ce cas
Je principe infoiuble ne devant fa folubilité qu’au
principe foluble, doit néceffairement accompagner
celui-ci dans fes combinaifons. Quand, au
contraire, on traite l’extrait par les diffolvans,
les forces des élémens ne confpirent plus pour
produire un réfultat unique; le aiffolvant exerce
une affinité différente fur les deux principes 5
alors celui qui a le plus d’affinité pour le liquide fe
diffout ; mais la force du liquide n'étant pas fuf-
fifante pour détruire l’affinité des deux principes
l’un pour l’autre, il s’ établit deux combinaifons,
Tune qui fe diffout, qui eft avec excès de principe
foluble; l’autre qui ne fe diffout pas & qui contient
un excès de principe infoiuble. L'alcool,
l’éther & l’eau déterminent cette féparation ;
mais chacun ayant une affinité particulière pour
les élémens, la féparation n’eft pas abfolument la
même, fuivant qu’on opère avec tel ou tel diffol-
vant. Ce qui peut favorifer cette féparation, c’eft
la combinaifon de la plus grande partie des bafes
falifiables avec la partie infoiuble, & la préfence
d’une certaine quantité de matière animale qui
peut s’unir avec celle-ci.
44. Si l’on fait évaporer la liqueur dans laquelle
on a fait macérer l’extrait de campêche, la force
de cohéfiort détermine une portion du principe
criftallifable à fe féparer ; mais il arrive un terme
où l’autre portion ne peur obéir à cette force, par ;
la raifon quelle refte combinée avec un peu de
matière infoiuble , & que cette çombipaifon eft
Ch im iz . Tome VI.
» telle, que l’affinité réciproque des élémens fur-
monte l’infolubilité de l'un <k la force de criftal-
lifation de l ’autre. •
45. Il femble au premier coup d’oeil que la cora-
binaifon, dont on ne peut plus féparer de principe
criftallifable, devroit être dans le même cas
que l'extrait de campêche; que par conléquent
elle devroit fe comporter comme celui-ci avec le
diffolvant; mais l’expérience fait voir que l’alcool
n’en peut plus féparer de matière infoiuble. Il faut
néceffairement que, dans le premier traitement,
il fe foit féparé proportionnellement plus de matière
infoiuble que de principe foluble, de manière
que l’eau-mère doit contenir une plus
grande quantité de ce dernier que 1 extrait aqueux.
D’après cette confidération, on fent que le principe
infoiuble y étant en moins grande quantité,
doit y être plus fortement combiné; donc , pour
le féparer, il faut employer le réadtif qui ait l’action
la plus différente poffible fur les deux éié-
mens; que par conféquent l’alcool qui diffout
le principe infoiuble & le principe ioluble eft
-beaucoup.moins propre que l’eau, qui ne diffout
pas le premier, pour opérer cette féparation (1).
46. Püifque l’alcbcl diffout la combinaifon in-
criftallifable de principe foluble & de principe
infoiuble, & qu’il la diffout en plus grande proportion
que le principe criftallifable , on voit
comment on parvient à féparer par Ion intermède
ce dernier de la première combinaifon ( 19 a)
(24) , & comment l’eau ne pourroit fervir à opérer
cette féparation, parce qu’alors il fe précipi-
teroit avec le principe criftallifable beaucoup de
principe infoiuble, & que fi l’on mettoit beaucoup
d’eau pour rediffoudre le premier, on redif-
foudroit beaucoup du fécond.
47. Je crois en avoir dit affez fur l’adUon des
diffolvans, pour faire voir que l’analyfe d’un com-
pofé ne dépend pas tant du nombre des réaétifs
que l’on peut employer, que de l’ufage qu’on
peut en faire, & que fi jufqu’ici on n’a pu ana-
iÿfer plufieurs fubftances végétales, il faut s'en
prendre plutôt à la manière d’.opérer qu’ à la nature
des réaêtîfs dont on s*eft ferVi.
48. Les faits précédens bien établis, je me fuis
affuré par l’ expérience que je vais rapporter, que
les deux fubftances qui conftituent l’extrait de
campêche .me fubiffent pas de changement de
compofition en fe combinant avec l’oxide de
plomb & probablement avec les autres bafes. J'ai
pris la combinaifon de litharge 8k de matière colorante
, formée dans l’expérience décrite plus
haut ( 16) ; je l’ai mife avec de l’acide fulfurique
très-étendu d’eau; il a fallu quatre mois pour
faire difparoître tout l’excès d’acide ; après ce
temps j’ai décanté le liquide, & j’ai vu qu’il s’é-
(1) Ce qui contribue à rendre cette féparation moins £a-
■ cilê ,-c’ eix peut-être l’abfcncç des bafes falifiables.
ftf ru.