
& enfuite on la mêle dans la première chaudière \ ,
avec du vinaigre qui a macéré fur le fer & la noix de
galle } on fait chauffer le mélange & on y ajoute
vingt livres de gomme , trois de réalgar , une de
muriate d'ammoniaque, une de muriate de foude,
unedenitratedepotaffe, une d’oxide d’arfenic, une.
de fublimé corrofif, vingt de-fulfate de fer, deux
d'écume de fucre candi, dix de caffonnade, quatre
de litharge, cinq d'antimoine pilé , deux d’orpiment
j on lai-ffe les matières fe refroidir pendant
douze heures, enfuite on met dans la fécondé
.chaudière le bois de campêche qui a déjà fervi,
& on le fait bouillir 5 on le retire de l'eau & on
.ajoute dans la liqueur deux livres de noix de galle,
quatre de fumac, quatre de cumin , cinq de nerprun
, fix d'écorces de grenade, une de coloquinte,
>deux d'agaric pilé, deux de coque du Levant, cinq
.de graine de lin ; on fait bouillir; on paffe le bain
dansla fecon :1e chaudière & on y ajoute auffnôt huit
onces de litharge, huit d'antimoine, huit d’oxide
d’arfenic , huit de nitrate de potaffe, huit de mu-
-riate de foude, huit de fenu-grec, huit de fublimé
corrofif, fix livres de fulfate de fer & vingt livres
de gomme ; on laiffe repofer le bain pendant trois
jours. Au bout de ce temps, on pile deux livres
-de vert-de-gris qu’on délaie dans fix pintes de
vinaigre; on y ajoute une once de crème ae tartre;
•on fait bouillir pendant une heure.Quandon veut
teindre, on mêle cette préparation au bain de
noir.
q.°. Opération de la teinture. Lorfque les foies
font prêtes à recevoir la teinture, on chauffe le
bain & on le remue ; on y ajoute de la gomme &
de la diffolution de fulfate de fer (1). Quand le
bain eft fur le point de bouillir * on le laiffe repofer
pendant une heure;,on y plonge les foies',
qu'on divife ordinairement en trois parties pour
les mettre fucceffivement dans le bain : chaque
partie eft légèrement torfe trois fois , & chaque
rois mife à éventer. Après que chaque partie de
la foie a été torfe trois fois, on remet de la gomme
& du fulfate de fer dans le bain, & on le rechauffe;
enfuite on y plonge la foie & on opère comme la
première fois. Deux opérations fufïïfent pour le
•noir léger : il en faut trois pour le noir pelant.
50. Disbrodage. Lorfque la foie eft teinte, on
la met dans une barque avec de l'eau froide, &
onda lave en retournant les mateaux du haut en
bas. C’ eft cette manière de laver qu’on appelle
disbroder. ,
6°. Adoudjfage. On çte à la foie l’âpreté qu'elle
a contra&ée dans l'opération de la teinture , en la
faifant macérer pendant un quart d'heure dans un
bain qui contient de quatre à cinq parties de favon j
pour cent de foie.
(1) L a gomme eft deftinée à empêcher les molécules noires
qui fe forment par la combinaifon de l’oxide de fer avec le
principe aftringent de fe dépofer trop promptement au fond
de la 'çuyç.
Teinture en noir fur fil 6* coton.
A Rouen on fuit un procédé qui a été publié
par Lepileur d’Apligny.
i°. On teint les fils de lin & de coton en bleu
de ciel fur la cuve ; on les tord & on les met
féche.r.
i°. On les engalle en les laiffant pendant vingt-
quatre heures dans un bain qui contient une partie
de noix de galle pour quatre de fil; on les tord &
on les fait fécher.
30. Pour teindre le fil, on fait ufage d'une diffolution
de fer qui eft contenue dans un tonneau
qu’on appelle tonne au noir. Cette diffolution doit
avoir été préparée plufieurs mois d’avance ; elle
fe compofe de vinaigre ou d’une liqueur fpiri-
tueufe aigrie & de ferrailles : on ajoute quelquefois
de l’écorce d’aune à cette diffolution. Lorf-
qu'on veut en faire ufage, on verfe dans un
baquet dix pintes de diffolution pour chaque livre
de fil ; on y paffe le fil & on le travaille à la main
pendant un quart d’heure ; on le tord & on le fait
éventer; on répète cette opération déux autres
fo is , &: à chaque fois on ajoute une nouvelle
dofe du bain noir ; on fait éventer le fil, on le
tord, on le lave & on le fait fécher.
4°. On fait bouillir dans une chaudière un
poids d’écorce d’aune égal à celui du fil avec
une fuffifante quantité d’eau ; on y ajoute la moitié
du bain qui a fervi à l’engallage, une quantité de
fumac égale à la moitié du poids de l’écorce
d’aune ; on fait bouillir le tout pendant deux
heures ; on paffe le bain au tamis, & , lorfqu’ il eft
froid, on y plonge le fil qui doit être placé fur
des bâtons ; on l’y travaille parties par parties ;
on l'évente de temps en temps, puis on le tient
plongé dans le bain pendant vingt-quatre heures;
on le tord & on lev fait fécher.
50. Pour adoucir le fil, on le paffe dans un bain
de gaude qui a fervi déjà à d'autres couleurs, &
auquel on a mêlé un peu de bois de campêche ;
on l'en retire, on tord, on le paffe dans un baquet
d’eau tiède qui contient un feizième du poids du
fil d’huile d'olive; on tord le fil & on le fait
fécher.
Au lieu d'acétate de fer, on peut-employer
celui qui eft fabriqué avec l'acide provenant de
la diftillation du bois.
La teinture grife n'eft, à proprement parler,
qu'une teinture noire extrêmement foible; On
donne le pied de bleu aux étoffes qui doivent être
d’un gris-foncé.
§. V. Teinture en rouge de garance.
Rouge fur laine. i°. On met dans une chaudière
qui contient de l'eau, quatre parties d’alun & une
partie de tartre, feize parties d’étoffe de laine ; on
fait chauffer le tout à une température voifîne de
l’ébullition pendant deux ou trois heures ; on
laiffe égoutter l ’étoffe ; on l’exprime légèrement
& on l'enferme dans un fac de toile qu’on abandonne
quelque part dans un lieu frais.
2e*. On met de l’eau dans une chaudière ; on
fait chauffer à foixante-dix degrés environ ; on y
jette huit parties.de garance grappe ; on agite la
matière ; ôn y met l’étoffe & on l’y tient pendant
une heure fans faire bouillir le bain. Au bout de
ce temps , on peut le faire bouillir pendant cinq
minutes.
Le rouge de garance fur laine n’eft employé
que pour les étoffes communes ; pour les rouges
nns , on fait ufage du kermès & de la cochenille.
La garance ne peut pas fervir à teindre la foie ;
elle lui donne une couleur qui a peu d’éclat; elle
eft au contraire employée avec le plus grand
fuccès dans la teinture du coton. Pour la teinture
ordinaire, on imprègne le fil de coton de noix
de galle | d’alun ; on le paffe dans une leflive de
foude ; on le tord, on le fait fécher, puis on le
paffe dans un bain de garance chaud , mais qui
n’eft pas bouillant. Après trois quarts d’heure ,
on le retire du bain ; on ajoute un peu de foude à
ce dernier ; on y replonge le coton & on fait
bouillir pendantjin quart d’heure ; on le relève,
on le laiffe égoutter, on le tord, on le lave à la
rivière & on le tord de nouveau à la cheville.
Enfin, on donne un fécond garançage au coton;
on fe fert d’eau de puits pour faire le bain, & on
n'ajoute pas d’alcali fur la fin de l'opération.
Quand on veut appliquer le rouge de garance
fur la toile de coton, on fe fert d’acétate d’alumine
pour mordant.
C ’eft avec la garance qu'on fait la teinture qui
eft connue fous le nom de rouge <£Andrinople.
( Veyeç, à ce mot, la defeription des procédés
fuivis pour exécuter cette teinture. )
§. VI. Teinture en écarlate.
^ La teinture en écarlate fe fait en deux opérations,
le bouillon & la rougie.
Bouillon. Lorfqu'on veut teindre cent parties
de drap de laine, on met de l’eau dans une chaudière
d’étain, & fix parties de crème de tartre;
on agite la liqueur ; lorfqu’elle eft à foixante ou
foixante-quinze degrés , on y jette une demi-
partie de cochenille en poudre ; enfuite on y verfe
cinq parties de diffolution d'étain ( faite avec
l’eau régale ) ; on agite le bain, & quand il commence
à bouillir, on y met le drap, que l’on fait
circuler rapidement pendant deux ou trois tours ,
enfuite on ralentit le mouvement; après deux
heures d’ébullition, on le lève , on l’évente & on
le lave à la rivière.
Rougie. Après qu’on a nettoyé la chaudière où
l’ on a fait l’opération précédente, on y met de
l’eau & on la fait chauffer; quand elle eft près de-
bouillir, on y met cinq parties & demie de cochenille
pulvérifée; on agite le bain, & enfuite on y
ajoute quatorze parties de diffolution d’étain.
Quand les matières font, bien mêlées, on porte le
drap dans la chaudière comme la première fois;
on le fait circuler rapidement pendant deux ou
trois tours ; on le tient pendant une heure plongé
dans le bain, qui doit être porté à l’ébullition ; on
le lève, enfuite on l’évente, on le lave à la rivière
& on le fait fécher.
Les proportions que nous avons indiquées ne
font pas fuivies dans tous les ateliers; elles varient
au contraire beaucoup, fuivant que l’on veut
obtenir un écarlate tirant plus ou moins fur le
jaune. C'eft dans cette vue que l’on mêle du fuir
tet au bain de bouillon, ou du mercure à la co chenille.
MM. Thénard & Roard ont fait voir que la
couleur écarlate étoit une combinaifon d’acide
tartareux, d'acide muriatique , d’oxide d'étain
au maximum, de matière colorante & de laine.
Ils fe font affurés que l’acidité du bain avoit une
influence très-grande fur la couleur; car les laines'
imprégnées de muriate d’étain au maximum &
d’acide tartareux, paffées dans des bains de cochenille,
n’y prennent point la couleur écarlate.
II paroît que l’acidité du bain eft néceffaire pour
faire tourner au jaune la couleur de la cochenille.
MM. Thénard & Roard ont prouvé que l’acide
nitrique de la diffolution d’étain ne coloroit point
la laine en jaune, ainfi qu’on l’avoit penfé. L’eau
bouillante finit par diffoudre la prefque totalité de
la couleur écarlate qui eft fixée à la laine.
Avant qu’on connût la cochénille, on faifoit
ufagedu kermès;'la couleur qu’on en obtenoit
n avoit pas l’éclat de l’écarlate de cochenille, mais
elle étoit plus folide.
On fait avec le bain de rougie la couleur de gre-*
nade, celle de capucine, le langoufte, l’orangé,
le cafljs, le jaune d’o r, &c. On ajoute alors une
quantité de fuftet plus ou moins grande, fuivanç
que la couleur doit tirer davantage fur le jaune.
Le bain de bouillon peut même être employé,
furtout pour les dernières couleurs.
La couleur de chair fe fait dans un bain de rou-r
gie qui a^ fervi, & qu’on a enfuite un peu affoibli
avec de l'eau froide.
On n’a pu jufqu’ici appliquer la teinture écai>
late fur les foies.
§. VII. Teinture en cramoifi ayec la cochenille.
Cramoififur laine. On peut donner cette couleur
au drap qui a reçu l’écarlate, en le faifant bouillir
dans une diffolution d’alun. Une macération de
vingt-quatre heures dans une eau qui contient
parties égales de muriate d’ammoniaque & de potaffe
du commerce produit le même effet.
Pour teindre immédiatement en cramoifi, on
fe fert, pour mille parties de drap, d’une diffo-
lution de cent cinquante-trois parties d’alun, de
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