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rilfent de végétaux en ont beaucoup moins 5 elles |
font dépourvues d'acide urique & de phofphate* *
& prefque toujours elles contiennent de 1 acide
benzoïques & des carbonates alcalin ou terreux }
ce qui en exclut les ^propriétés acides qu on ob-
ferve contaminent dans Yurine d’homme en lame.
Afin de donner une idée précife de la compoii-
tion des urines d'animaux herbivores, ainli que
des procédés qu’on peut fuivre pour en déterminer
les parties conftituantes , je vais préfentet avec
quelques détails i’analyfe de 1 urine de cheval, que
j’ai faite avec Fourcroy.
Ar t ic l e p r e m ie r .
Analyse de Vurine de cheval.
£Propriétés phyfiques de £ urine de cheval récemment
rendue.
urine de cheval , à l ’inftant où l’animal vient I
de la rendre, a une odeur de foin, & principalement
de la plante connue fous le nom defiouve
( anthaxanthum odoratum') j on y diftingue aufli
celle quieft particulière à la tranfpiratîon du cheval,
furtout iorfqu’ il a chaud & qu’il eft renfermé
dans l’écurie. La couleur de ce liquide elt le plus
ordinairement d'un jaune de paille.
Quelquefois, & furtout dans l’é té , après un
exercice violent, elle eft gluante & file comme une
diffolution de gomme.
Sa faveur eft d’abord légèrement amère & falée,
mais elle iaiffe dans la bouche, au bout de quelque
temps, l’impreflion d’un extrait fucré. _
Tout le monde fait qu’à la fuite d’une courfe
rapide ou d’un travail pénible, le cheval rend de
l ‘urine trouble comme du lait ; elle eft claire au
contraire lorfque cet animal eft à l’herbe, ou lorsqu'il,
refte renfermé dans l’écurie fans exercice j
mais dans tous les cas cette liqueur ne tarde pas à
fe troubler & à dépofer une matière blanche, très-#
abondante lorfqu’elle eft expofée à l’air ou même
renfermée dans un vafe bouché. Dans cette dernière
circonftance, le dépôt n’a lieu qüe lorfqu’un
léger mouvement de fermentation peut s’y établir. !
On verra plus bas d’où dépend ce phénomène. |
La pefanteur fpécifique de Vurine de cheval varie
beaucoup} nous l’ avons trouvée depuis 1*030
jufqu’à i,oyo.
Examen de Vurine de cheval par les réaftifs.
i° . Elle verdit le firop de violettes.
20. Elle fait effervefcence avec les acides un peu
concentrés.
30. Elle précipite les diflblutîons de nitrate
d’argent & de muriate de barite.
4°, L’acide oxalique y forme un dépôt blanc,
très-abondant.
5*. L ’eau de chaux & les alcalis cauftiques
troublent aufli cette urine & y oecafionnent un
dépôt abondant.
L’effervefcence que Vurine de cheval fait avec
les acides, indique qu’elle contient un carbonate en
diffolution} câr cette effervefcence eft rapide &
accompagnée d’un grand nombre de petites bulles.
Le précipité qu’y fait naître le nitrate d’argent
annonce l’acide muriatique, mais il pourroit aufli
être formé par un carbonate 5 nous nous fommes
affurés qu’il étoit dû à l’un & à l’autre en même
temps} car il étoit en partie diflbiuble dans l’acide
nitrique. Le phénomène préfenté par le muriate
de barite pouvoit appartenir, ou à l’ acide fulfurique
libre ou engagé, ou bien à un carbonate } la
diffolution du précipité avec effervefcence dans
l’ acide muriatique fuflit pour faire attribuer fon
origine à une combinaifon terreufe de l’acide carbonique:
nous avons cependant trouvé quelques
urines de cheval qui formoient avec le muriate de
barite un dépôt en partie infoluble dans l’acide
muriatique , preuve de la préfence d’un fulfate..
L’acide oxalique démontre la chaux, & l’ammoniaque
parla matière terreufe effervelcente qu’elle
fépare de cette, urine, attefte que cette terre y eft
difîoute à l’aide de l’acide carbonique} enfin, la
teinture des violettes, par la couleur verte foncée
qu’elle prend avec Vurine , nous a fait foupçonner
une matière alcaline autre que le carbonate de
chaux.
On peut conclure de cette aétion comparée des
réaétifs , que Vurine de cheval contient, i° . du
carbonate de chaux} i° . un muriate de foude ou
de potaffe} 3°. quelquefois un fulfate} 4°. une
matière alcaline.
Nous verrons par les expériences fuivantes que
cette liqueur animale eft formée par plufieurs au-
: très matières dont les réattifs ne peuvent indiquer
la préfence par plufieurs raifons.
Expo fit ion de £ urine de cheval a V air libre*
Quelques heures après que cette liqueur eft:
expofée à l’air dans un vafe plat, elle fe recouvre
d’une pellicule blanche, folide, & qui s’é-
paiflit par les progrès de l ’évaporation fpontanée;
li l’on enlève cette pellicule, il s’en reforme bien
une nouvelle , de la même nature, & ainfi de
fuite jufqu'à ce que la liqueur foit entièrement
privée de la matière qui donne naiflance à cette
pellicule : cette fubftance nous a préfenté tous les
caractères du carbonate de chaux.
Elle varie fingulièrement parù quantité, même
dans les urines du même cheval} nous l’avons
trouvée dans la grande latitude de 2 à 0,0.11 de
poids de Vurine.
Quoiqu’elle foit le plus fouvent blanche &
quelquefois un peu jaune, elle contient cependant
une affez grande quantité de matière végétale
& animale, car elle noircit au feu 9 en ré?
pandant des vapeurs piquantes, analogues à celle
de l’acide pyromuqueux & de l’ammoniaque } elle
perd par cette opération 0,11 de fon poids. Il pa-
roît que la fubftance que contient ce carbonate de :
chaux eft une efpèce de mucilage, car il écume
coiifïdérablement lorfqu’on le diflout dans les
acides.
Tandis que Vurine de cheval, expofée à l ’air
libre, fe couvre de pellicules calcaires & forme
un dépôt de la même nature, elle fe colore &
devient brune en commençant par les couches fu-
périeures, & .en continuant fuccçflivement jufqu’à
la partie inférieure.
Nous fommes aflurés que cette altération de
Vurine eft produite par le contaét de l’air} car lorfqu’elle
eft renfermée dans un vafe , elle ne fe colore
pas aufli promptement, ni d’une manière aufli
marquée.
Evaporation de Vurine.
Mille parties à!urine de cheval ont été foumifes
à une évaporation ménagée dans une capfule de
porcelaine : à mefure que la maflè du liquide dimi-
nuoit, fa couleur prenoit de l’intenfité} elle*
exhaloit une odeur femblable à celle qui fe répand
dans les écuries j lorfqu’elle a été réduite
environ au quart de fon volume, il s’eft formé à
la furfàce des criftaux rougeâtres, de forme cubique
, dont la quantité a augmenté jufqu’à la fin de
l’évaporation} alors le tout s'eft réduit en une
malle brune & tenace.
Cette matière avoit une faveur falée , piquante }
elle attiroit l’humidité de l’air , vérdiffoit la teinture
de violettes , & faifoit effervefcence avec les
acides} elle pefoit 0,047 de Vurine d’où elle pro-
venoit, ou près de 0,05.
Aftion de l'alcool fur le ré f i du de Vurine évaporée ,*
examen de la portion non dijfoluble dans ce réactif.
On a fait bouillir le réfidu de cette urine évaporée
avec dix fois fon poids d’alcool rectifié } celui
ci a pris une couleur rouge-foncée} la plus
grande partie de la matière a été difîoute} cependant
il eft refté une fubftance jaunâtre, qui étoit
fous la forme de grains. Ce réfidu, lavé avec de
l’alcool jufqu’à ce que celui-ci ceifât de fe colore
r , avoit une faveur alcaline très-marquée, &
faifoit effervefcence avec les acides : fon poids
étoit de 0,009 , ou un peu moins du cinquième
de tout ce réfidu. Cette quantité de matière a été
divifée en deux parties égalés, dont l’une a été
faturée par l’acide acéteux, & l’autre difîoute
dans l’eau & loumife à l’évaporation fpontanée :
la première a fourni des criftaux auxquels on a
reconnu tous les caraéfères de 1 acétate de foude}
la fécondé a donné aufli un fel tranfparent, efflo-
refcent à l’ air, qui faifoit effervefcence avec les
acides , & qui a formé du fulfate de foude avec
l’acide fulfurique.
D’après ces expériences, il n’y a pas de doute
que Vurine de cheval qui a été foumife à notre
examen ne contienne du carbonate de foude libre ;
mais on verra par la fuite qu’il y a des circonl-
tances où cette leflive animale n’en contient pas,
ce qui eft dû à un changement que cette urine
éprouve par la fermentation.
Evaporation de la diffolution alcoolique précédente*
On a d’abord diftillé la diffolution alcoolique
de l’extrait de Vurine de cheval dans une cornue,
afin d’en retirer la plus grande partie de 1 alcool>
enfuiteonl’a tranfvafée dans une capfule de verre,
où elle a dépofé ,enrefroidiffant, des criftaux cubiques
d’une faveur amère & piquante, faifant,
avec l’acide fulfurique concentré, une effervefcence
due au g3z acide muriatique, & donnant
du fulfate de potaffe. Le fel féparé par le re-
froidïffernent de la diffolution alcoolique, concentré
par l’évaporation, étoit donc du muriate
de potaffe.
Cette liqueur, évaporée lentement, a encore
fourni de nouvelles quantités du même fe l, & le
tout s’eft élevé à la fomme de 0,009. Cette quantité
ne doit pas être regardée comme trop rigoureufe.,
parce qu’ il refte toujours dans la liqueur, même
très-épaiflie, quelques portions de fel qu’il eft im-
poflible d’extraire exactement} mais ces proportions
ne font pas très-importantés, car elles doivent
varier jufque dans Vurine du même cheval.
Examen ultérieur de la liqueur alcoolique, apres en
avoir féparé le muriate de potajfe ; précipitation de
l'acide benzoïque quelle contient.
Lorfque la liqueur a refufé de fournir du piuriate
de potaffe, il s’eff formé un autre fel au milieu de
la maffe, devenue épaiffe par l’évaporation : ce
fécond produit avoit une couleur brune, une forme
lamelleufe, peu de confiftance, & une faveur âcre
& comme cauftique. On la diffout dans une petite
quantité d’eau , & la diffolution ayant été mêlée
avec de l’acide muriatique, elle s’eft tout-a-coup
prife en maffe blanchâtre manifeftemenc criftaliine,
dans laquelle on diftinguoit très-fenfiblement des
aiguilles ou prifmes de la longueur de plufieurs centimètres.
Après avoir féparé cette matière par la
filtration, & l’avoir lavée avec de l’eau froide >
on l’a foumife à plufieurs effais} elle a préfenté.les
phénomènes fuivans :
i° . Sa faveur étoit âcre & légèrement acide.
20. Elle a rougi les couleurs bleues végétales ,
&r fait effervefcence avec les carbonates alcalins,
à l’aide de la chaleur.
30. Elle s’eft combinée aux alcalis cauftiques,
avec lefquels elle a formé des fels très-foluoles,