
neuy , au moment même de Ton mélange avec le
chyle , eft confidéré comme un liquide nouveau
& different de fes deux compofans 5 cependant
je dois faire, obferver que plufieurs phyfiologiftes
croient que le chyle veifé dans les veines voifines
des poumons ne fe mêle pas fi promptement au
fang & ne fe confond avec lui qu'en traverfant les
organes de la refpirarion :ÿ & à l'aide du broiement
qu éprouvent les liquides par les mouvemens d'inf-
•pîration & d'expiration ; ils appuient cette opinion
fur ce qu'on a quelquefois vu dans des
hémorragies & dans des faignées, des goutres
de liquide blanc fortir féparées du fang, ou au
moins au lieu du fang. Mais je ne peux penfer que
ces obfervations rares, & peut-être peu exactes,
puifîciit^faire croire que le chyle refte fi long-
ttms qu'elles le fuppofent , fans fe mêler avec le
fang j fans cela le chyle pourroic parcourir une
partie des routes de la circulation fans mélange
avec le fang, & comme cours étranger 5 o r , cette
manière de penfer me paroît contraire à toutes
les notions exactes de la phyfique animale, &
j aime bien mieux croire que les prétendus faits de
chyle écoulé des^ faignées,. & c ., font mal vus &
meme controuvés, que d’admettre cette fépara-
tion de deux liquides qui ont circulé dans les
mêmes vaiffeaux. Après cette explication, je paffe
a 1 examen de ce qui fe paffe dans la fanguification
pulmonaire.
J ai dit que le fang veineux , mêlé au chyle ,
paffe par les cavités droites du coeur dans les vaif-
feaux pulmonaires ; là , vers les extrémités artérielles
& veineufes, foit qu'elles s'ouvrent en
partie dans les divifîons. bronchiques , foit que
ces extrémités vafculaires foient perforées latéralement
, foit que l'une & l'autre de ces difpo-
fitions aient lieu en même tems, il eft hors de
doute qu'il y a communication entre le liquide
qui y eft contenu Sc l'air qui diftend les cavités
des bronches, de forte qu’une portion du liquide
peut s'exhaler dans l'air, & une partie de celui-ci
peut être abforbée par le fang : il y à lieu de
croire que l’un & l'autre de ces effets fe paffent
en même tems; car l’air, examiné après l'expiration,
fe trouve avoir perdu une portion de fon
©xigène, & furchargé d'eau & d'acide carbonique
qu’il ne contenoit pas auparavant ; c'eft même
dans les deux phénomènes de T air qui a fervi à la
refpiration que fe trouve la folution eu problème
relatif aux changemens du fang par cette fonction
, & par conféquent à la fanguification.
L ’air qui fort des poumons eft furchargé d’eau :
on le, voit par la vapeur blanche qu’il forme -lorf-
qu'il eft frappé par l ’air exrérieur au-deftous de
o degrés ; on peut même eftimer cette quantité
d'eau , en le condenfant artificiellement avec de
la glace ou en le foumettant au contaCt des alcalis
cauftiques qui Tabforbent. C’eft ainfi qu'on a vérifie
que la tranfpiration pulmonaire équivaloir
à elle feule à la tranfpiration au refte du corps,
f°us ce rapport, les poumons établiffent
I équilibre de cette fonction ; mais on eft partagé
d'opinion fur l'eau contenue dans l'air de l’expiration.
La plupart des phyfiologiftes ont penfé
| que cette eau fortoit Amplement du fang, comme
dans le refte des furfaces cutanées. Quelques phy-
iïciens modernes ont cru , au contraire, que cette
eau étoit formée , pendant la refpiration , par
de l'hydrogène carboné forti du fang & uni à
l'oxigène atmofphérique ; de forte qu'ils ont
compté , comme l'un des principaux ufages de la
refpiration,l'évacuation de l'hydrogène carboné,
dont le fang veineux paroît en effet être furchargé.
Quoiqu'on n'ait pas pu déterminer par l’ expérience
la vérité de ce phénomène , une foule de
faits chimiques analogues autorife à l'admettre.
II eft certain que tous les compofés végétaux &
animaux , liquides ou Amplement mous & humides,
expofés à l’air, y exhalent fans ceffe de
l’hydrogène carboné, qui fe répand dans l'atmof-
! phère & qui en altère de plus en plus la pureté :
on le fait , furtout pour les fleurs & les fruits
hachés. On voit tous les jours avec quelle rapidité
ces corps infeCtent l’air, le chargent d’acide
carbonique à mefure qu'ils bruni fient , noir-
ciffent ou fe fanent. Il eft en même tems bien
prouvé que la plus grande quantité des principes
qui s'exhalent, confifte dans l'hydrogène de
ces compofés expofés à l’air, puifque la nuance
de brun qu'ils contractent y annonce la furabon-
dance de carbone & la formation du charbon
dans la partie découverte. Le fang lui-même , tiré
des veines ôc plongé dans l'air , éprouve le
même genre d'altération , après quelque rems
d'expofition, quoique fa furface aérée foit d’abord
plus vermeille que fes parties couvertes ou
abritées de l'air. Il eft donc bien difficile de ne
pas admettre cette ëxhalaifon d'hydrogène & de
carbone du fang -pendant la refpiration , & de ne
pas croire par conféquent que c'eft là une des
caufes.de la fanguification.
Mais cette caufe n'eft pas la feule qui ait lieu
pendant la circulation pulmonaire & la refpiration.
Si le fang y exhale de l ’hydrogène carburé, qui
forme de l'eau & de l’acide : carbonique avec
l'oxigène atmofphérique, comme cela fe fait en
général dans toute matière végétale ou animale
expofée à l’air, s'il verfe auffi de l'eau & du gaz
acide carbonique tout formé dans l'air, le fang
paroît abforber en même tems une portion de
l'oxigène atmofphérique : on s’en aflure, foit par
la diminution de ce principe dans l’air refpiré,'
foie par une expérience directe , qui confifte à ex-
pofer du fang veineux dans du gaz oxigéné. En
agitant ces deux corps pendant quelques minutes ,.
on voit le fang prendre une couleur rouge beaucoup
plus vive qu’ il n’avoitauparavant, & fe couvrir
d’une écume abondante , qui prouve l’ab-
forption du gaz : c'eft manifeftement à cette ab~
forption qu'eft dû l'éclat que contrarie le fang
battu avec le gaz oxigéné ; & fi le contaél n'eft
pas aufii multiplié dans le fang pulmonaire avec
l'air infpiré que dans l'expérience citée ic i, au
moins l’eft-il allez aux extrémités vafculaires pour
ne pas nier la pofiibiîité 'de l'abforption.
On voit maintenant combien de phénomènes
ou d’opérations fe compliquent dans la fabrication
du fang,., dans le changement qu’éprouve ce liquide
veineux pour devenir artériel, c'eft-à-àire,
pour reprendre les qualités que la circulation & la
vie lui ont fait perdre. Mélange avec le chyle,
modification des principes dépendant de ce mé- ;lange même, preffion exercée dans les vaiffeaux,
përte ou ëxhalaifon d’hydrogène & de carbone,
dégagement d'eau & d'acide carbonique , abforp-
tion d'oxigène & de calorique , tels font les fept
effets, prefque fimultanés, qui fe paffent & qui
fe réunifient, & d'où dépendent les altérations
qu'éprouve le liquide fanguin dans l'organe pulmonaire
, altérations dans lefquelles confifte la fanguification.
Quoiqu’il y ait encore plufieurs inconnus dans
ce problème , on voit cependant qu'on approche
bë'aucoup plus de fa folution aujourd'hui qu’il y a
vingt-cinq ans : on reconnoît que c’eft un véritable
problème chimique , puifqu’il tient à un
changement de nature intime ou de compofition
dans la liqueur dont il s'agit d'expliquer l’origine ,
& que fi l'on n'â pas encore une connoiffance fa-
tisfaifante, & furtout complète de cette fonction
importante , au moins on a de nouvelles données
pour arriver à cette connoiffance. ( V'oye% les articles
C ir cu l a t io n , Respiration & Sa n g ;
voye% auffi l'article C himie à i'hiftoire des découvertes
furie gaz, & furtout de celles de Lavoifier.)
SANGUIN : nom par lequel on défigne qusine
fois, en minéralogie, la couleur de fang,. qui
iftingue plufieurs minéraux : c'eft ainfi qu'on dit
marbre fanguin. Le plus fouvent on entend par-là
des taches d’un rouge de fang, difféminées iur un
fond d’une couleur oppofée & tranchante : c'eft
dans ce fens qu’on nomme jafpe fanguin l'efpèce
de jafpe vert-foncé,. marqué &: comme nué de petites
taches rouge de fang.
SANGUINE. La fanguine eft une efpèced'ochre
ou de terre ochreufe rouge, qui, comme toutes
les argiles, happe à la langue ,fe divife dans l'eau ,
répand l'odeur argileufe quand on-la mouille , fe
fond au grand feu en un verre coloré- Cette ef-
pèce d'ochre a une couleur qui imite celle du fang,
& lui a fait donner fon nom 5. elle s'ufe facilement
par la plus légère friction fur le bois, les pierres
& même le carton & le papier; elle y laiffe une
trace rouge bien marquée, qui eft ondueufe &
douce fous le doigt: c’eft pour cela qu'on l'emploie
pour deffiner & tracer des lignes.
Elle fe trouve en petites couches ou en amas
dans les fehiftes argileux. A Thalletoren Heffe ,
on L’exploite en grand, & on, en tire fort abondamment.
En France, à Tonel, département de
la Sarre, elle eft auffi exploitée, ainfi qu'à Blanken-
bourg bi à Koenitz en Thuringe. On taille cette
terre compacte en prifmes carrés qu'on amincit par
un des bouts, comme des pyramides irrégulières.
Ces prifmes forment les crayons pour deffiner. On
les taille auffi en petites pierres plates, plus minces
vers un1 de leurs bords & qu’on vend aux
menuifiers, aux tailleurs de pierres, pour marquer
les traits qu’ils doivent atteindre. M. le général
Lomet a imaginé , pour faire des crayons
|
plus doux & plus homogènes que ceux de fanguine
natureUe s qui font fouvent granuleux, de
broyer cette terre , de la délayer dans beaucoup
d’eau, de laiffer dépôfer la partie la plus fine , cfe
mêler ce dépôt avec une diffolution de gomme
arabique, d'évaporer le mélange à un feu doux
pour lui faire prendre.la confiftance d’une pâte,
de le mouler en baguettes par une filière en prtffe,
& de les fécher lentement. Pour s’en fervir, on
racle leur furface couverte d’une pellicule qui ne
marque point. Quelquefois, &r pour les rendre
plus moelleux , on ajoute un peu de favon blanc
à la pâte. M. Lomet a fait ainfi fur la fanguine ce
que Conté avoir fa it, quelques années auparavant,
fur le crayon de mine de plomb.
SANTAL rbois compacte, fouvent odorant ^
qui fert quelquefois en médecine & dans la teinture
: on en diftingue trois fortes, le gris, le jaune
& le rouge.
Le fantal gris eft pefant, folide, difficile à fendre
, d’un gris fouvent veiné & mêlé : il reçoit .
un affez beau poli ; il répand une odeur douce
& agréable quand on le frotte. On en fait des
petits outils, & furtout des étuis, & c ., qu’on
nomme de bois de fandal, & qui font fort à la*
mode en France depuis 1780. On dit qu’il vient
des îles de Timor & de Solor.
Le fantal citron, le plus employé autrefois en-
médecine, pour les teintures, les élixirs, eft
plus odorant, moins compacte que le blanc ou le
gris : il fe fend plus facilement en petites planches
; il eft d’un roux-pâle, d’une faveur aromatique
, un peu amer & affez agréable : fon odeur fe.
rapproche d'un mélange de rofe , de citron & de
mufe. On l’apporte de la Chine &■ de Siam. Les-
morceaux les plus pâles font auffi employés comme-
bois de fandal dans la confection des étuis, des
boîtes à cure-dents , &'c.
Le fantal rouge eft un bois compacte ,. pefant,
inodore , à fibres droites ou ondées; il aune faveur
aftringente ; & ne paroît pas fe rapprocher desdeux
efpèces précédentes. 11 vient des Indes orientales,
en-deçà du Gange. Il fert à la teinture, à
caufe de fa couleur plus marquée que dans le gris.
& le jaune.
' SAPA : mot qu’on croit arabe , & que les chi-
miftes ont employé pendant quelque tems pou*