
munis d'un marteau pefant environ trois livres,
caflent les minerais. Les morceaux en. font mis,
fuivant leur nature & leur richeffe | dans différens
paniers ou féaux placés contre h muraille. Comme
les falles de triage doivent être fpacieiffiss, -elles
fervent en même temps à plufieurs fins ; ainfi,
félon ,les convenances, on y place des cuves de
lavage, on y dépofe des provifions de minerais i
on y çonferve les cables, les bois 6c les autres
matériaux. Dans le milieu eft un poêle que Ton
chauffe en hiver.
Les minerais propres à être travaillés fur le banc
de triage font jetés fur le fol 5 là , on les caffe, fi
les morceaux font trop gros ; puis les trieurs vont
en prendre une petite provifion qu ils portent fui
le banc 5 enfuite ils fe mettent à l'ouvrage : ils
prennent un morceau de minerai, & s il eft de nature
a fiez, homogène pour pouvoir être placé dans
une des claffes/ils le jetteqt dans le panier qui lui
eft deftiné, finon ils le caffent 6c recaffent jufqu’à
ce que les morceaux puiffent en être convenablement
claffés. >
Toutes les fois que la gai guene renferme qu une
feule efpèce de minerai, 6c que celui-ci contient
des proportions confiantes de fes divers compofans,
comme plufieurs variétés de galène, les trieurs j
n’en font quetrois ch fies": i°. mirerai pur & gras 5. :
2?. minerai de bocard; 50. roche ou pierre ftérile. i
On donne le nom de minerai gras ou pur aux
fragmens qui ne contiennent, en apparence, aucune
portion de fubftance étrangère j fouvenc ces
minerais font traités dire&emsnt, foit par le grillage
, foit par la fufion, fans leur faire éprouver
aucune préparation préliminaire, quelquefois on
les pulvérife fous un bocard à fe ç, afin de les
griller plus facilement & plus commodément.
On donne le nom de mintrai de bocard aux fragmens
qui contiennent des mélanges de minerais &
de roche tellement difféminés l'un dans l’autre,
qu’ils préfentent une forte d’impoffitilité à les fé-
parer à la main : ces minerais font expofés à l’a&iori
du bocard à eau pour les réduire en pouiTière, &
la matière pulvérulente qui en provient, eft transportée
& lavée fur des tables plus ou moins inclinées
^ pour en féparer, par leur différence de di-
verfité, le minerai & la loche mélangés.
Souvent la gangue contient des minerais de di-
veriès efpèces: des mines d'argent maigre , de la
galène, des pyrites & des fulfures de cuivre, de
la blende, 6cc. > Couvent aufli elle contient des variétés
d'un même minerai : chacune de eesYubf-
tances exige des méthodes de traitement dif-
tinélcs.Comme il eft néceffaire de trier ces minerais
, ainfi que les diverfes variétés d’une même efpèce
, les trieurs doivent former autant de tas qu’il
exifte de différences dansjes minerais que l'on doit
féparer.
C'eft ici que les ouvriers doivent redoubler de
foin & d’ attention , & qu’il eft effentiel qu’ils fâchent
bien reconnoître, à la vue* le eara&ère diftin&
if de chaque efpèce de variété; car une mé-
prife de leur part peut' fou vent occafionner des
pertes confidérables pour l’exploitant, foit parce
quelle nuiroic au traitement, foit parce qu’elle di-
minueroit les valeurs.
En Allemagne, & dans un grand nombre de
pays à mines, on établit des fonderies centrales
où les exploitans font obligés d’aller porter leurs
minerais : on leur paie en raifon de la nature & de
la proportion des fubftances qu’elles contiennent,
& cela d’après des tarifs qui ont pour élémens:
i°. la quantité & la valeur des fubftances métalliques
que l’on peut retirer; i° . les dépenfes que
chaque efpèce de combinaifon exige pour en féparer
les métaux que l’on veut en retirer. Il eft donc
de l’intérêt de ^exploitant de porter à la fonderie
fes minéraux tellement divifés, que chaque variété
lui rapporte le plus grand produit. Si, par exemple,
le plomb n’étoit point payé, lorfque le minerai en
contient moins de feize livres par quintal, comme
cela a lieu dans un grand nombre de fonderies, il
feroit de l’intérêt de l’exploitant défaire uneclaffe
particulière des minerais très- riche s en plomb, afin
de pouvoir y ajouter ceux qui ne contiendroient
que dix à douze livres de ce métal-, 6ç cela juf-
qu’ à ce que le produit tût au-defius de feize livres.
C ’eft toujours letarif des valeurs des minerais, relativement
à la nature, à la proportion & à la di-
verfité des combinaifons, qui doit déterminer le
mélange le plus favorable aux intérêts de l’exploitant,
& ce mélange ne peut être bien fait qu’autant
(jue le premier triage a été plus exaél 6c mieux
foigné.
Il exifte quelques gangues qui préfentent de
grandes difficultés au triage, foit par la reffem-
blance qui exifte dans les couleurs du minerai de
de la roche, foit par la dureté de la roche; dans
ces circonftances on peut faire ufage de deux méthodes,
qui dépendentchacune delà nature du minerai
6c de celle de la roche, le grillage ou la fufion.
Dans un grand nombre de minerais de fer fpa-
thique, il eft fouvent très- difficile de diftinguer,
à la couleur, la roche du minerai; mais en fou-
mettant la gangue au grillage, le minerai y prend
une couleur rougé-brune, par fois noirâtre, qui
le fait aufptôt diftinguer de la couleur grife de la
gangue : alors on peut facilement en faire la réparation
& trier ces deux fubftances.
Affez ordinairement l’aétion du feu amollit la
gangue 6c facilite le biifement; le grillage peut
donc être employé avec fuccès lorfque la gang-ue
ou le minerai eft trop dur, & que la dépenfe du
combuftible eft moins grande que la valeur de l’excès
de travail qu’il falloit employer avant d’avoir fournis
la gangue à l’ aétion du feu.
Enfin, lorfque le minerai eft homogène, qu’il
préfente peu de différence dans la proportion & la
nature de fes compofans, & qu’il eft, par fa nature,
très-fufible, on trouve fouvent qu’il eft plus-
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avantageux de le fondre que de le trier, de le bo- 1
carder 6c de le laver, particulièrement lorfque la
roche eft très-pefante 6c fe fépare difficilement
par le lavage ; c’eft auffi un des moyens que l'on
emploie avec quelque fuccès pour féparer la roche
des fulfures d’antimoine 6c de quelques fulfures de
cuivre.
TRïGLYPHE. Un criftal fe nomme triglyphe
lorfque les ftries qui le fi donnent, confidérées fur
trois faces réunies autour d'un même angle folide,
font dans trois dire étions perpendiculaires. (Haüy*.)
TRIHEXAÈDRE , TETR AHEXAÈDRE ,
PENTAHEXAÈDRE, EPTAHEXAËDRE.Ces
mots s’appliquent à un criftal dont la furface eft !
compofée de trois, quatre, cinq, fept rangées de
facettes difpofées fix à fix les unes au-deffus des
autres. (Haüy.)
TR 1PHANE. M. Haüy a donné ce nom au fpo-
dumen de Dandrada. Le triphane forme des maffes
lamelleufes d’un blanc légèrement verdâtre, divi-
fibles en priftne rhomboïdal d’environ ioo° & 8o°,
lequel fe fous-divife dans le fens des petites diagonales
de fes bafes. Le triphane raie le verre ; il a
une pefanteur de 3,1913 ; il fe délite quand on le
chauffe dans un creufet. J’en ai retiré par l’analyfe :
Silice..............................— . ......... ■ 56,y
Alumine. . . . . . . . . . . . . ......................... 24
Chaux......................................................... 5
Oxide de fer............... ................ ............ y
Perte........ ................................................. 9,y
Le minéral que M. Haüy a décrit fous le nom
de triphane avoir été apporté de la mine de fer
d’Uton en Sudermanië.
TRIPOLI. C’eft un minéral qui a l’afpeét argileux
, qui eft jaune ou rougeâtre, qui donne une
pouflière aride qu’on emploie avec fuccès pour nettoyer
& polir certains métaux. Autrefois cette
fubftance nous étoit appoitée de T ripoli, mais on
en a trouvé depuis en Europe.
TRISULES : nom donné aux fels formés d’un
acide 6c de deux bafes.
TRITURATION. C'eft l’opération par laquelle
en réduit un corps en poudre : on peut l’opérer
dans des mortiers au moyen de la percutfion d'un
pilon, ou fur une table de porphyre au moyen d’une
molette.
TROMPE. (Métallu rgie.) Machine foufflante
dans laquelle l’eau , qui entraîne de l ’air, tombe
par un long tuyau vertical dans une grande eaiffe,
où elle laiffe dégager l’air qu’elle c on te n oit; le liquide
qui fe réunit au fond de la eaiffe fort par une
ou plufieurs ouvertures tellement placées, quei’eau
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de la eaiffe, dont le niveau eft plus élevé, les bouche
entièrement & empêche que l’ air ne forte par
,ces mêmes orifices. L’air dégagé de l’eau, 6c qui
s’élève dans la partie fupërieure , fort par une ouverture
que l’on y a pratiquée.
On croit que les trompes ont été imaginées en
Italie : la première defeription inexacte que l’on
en ait donnée eft contenue dans une lettre qui a été
publiée dans les Tranfattions philosophiques de La
Société royale de Londres, & qui a été traduite 6c
publiée dans le Journal des Savons, le y avr il 1666.
Cependant le P. Schotr, jéfuite, avoit déjà fait
connoître , en 16^7, dans les Machina hydraulica-
pneumaiica , plu fieu 1 s machines fouilla mes à eau ,
pour fournir aux jeux d’orgue le vent qui leur étoit
néceffaire.
Ces fortes de machines fe.font propagées depuis
dans les montagnes des Alp.es 6c des Py rénées ; elles
ont été décrites avec beaucoup de foin; on les a
publiées dans un grand nombre d’ouvrages; mais
ce q.u’il y a de; remarquable, c’eft que, quelque
fimples qu’ elles foient, & quelques facilités qu'il
y ait à les conftruire partout où il exifte des chutes
d’eau, les trompes foient reftées ftationnaires dans
les Alpes 6c dans les Pyrénées, & qu'elles n'aient
point été adoptées dans les autres pays.
Deux cau(es paroifient a voir contribué à leur peu
de propagation : h première, qu’elles exigent
beaucoup plus d’eau que les autres machines fouf-
âantes pour produire la même maffe d’air; la fécondé,
que l’air qu’elles fourniffent contient une
grande quantité d’eau qui fait confirmer un volume
confidérable de charbon inutilement. On peut, pour
avoir quelques données fur les réfultatsque ces machines
préfentent, confulter dans la Sidérotechnie 3
tome 11, page 12y, l’article qui a pour objet Xexamen
des avantages & des inconvéniens de chaque ma chine
J'oufflante, dans lequel on a difeuté avec beaucoup
de détails les raifons qui doivent les faire
préférer ou les faire rejeter.
Les trompes établies dans les Alpes & dans les
Pyrénées préfentent quelques différences affez remarquables.
Dans les Alpes, ces machines fouffiantes font
formées d’un ou de plufieurs tuyaux circulaires de
quinze à vingt-cinq pieds de haut, qui communiquent
dans une ou plusieurs cuves de bois : dans
la partie fupérieure de ces tuyaux eft fixé un large
entonnoi. ; l’ouverture par laquelle l’eau en fort eft
■ moins grande que le diamètre du tuyau dans lequel
l’entonnoir eft placé : ce jet entrant ne remplit
donc pas le tuyau qui le reçoit. De petites ouvertures,
appelées trompillonst^ pheées près de cette
jonétion, donnent entrée à de l'air que l’eau en-
traînedans fonmouvement & qu’elle dépofe en’ ar-
■ rivant dans la cuve. Un banc un peu élevé eft placé*
au milieu de la cuve : l’eau , en tombant fur cette
i élévation, s’éparpille/laiffe dégager font air, ainfi
que de petits globules d’eau qu’il entraîne avec
. lui.