
& d’an liquide précipité de l’atmofphère par le
froid des nuits.
R osée de v it r io l . Lorfqu’on préparoit autrefois
l’acide fulfurique concentré par la diftillation
du vitriol de fe r , & lorfqu’on l’appeloit, àcaufe
de cette préparation , acide vitriolique ou huile de
vitriol3 on avoic remarqué que les premières portions
de liquide diftillé n’étoient que de l'eau enlevant
un peu d’acide, & n’ayant par cotiféquent
qu’une faveur & une aélion foible en comparaifon
de la portion qui s’ élève après ce premier produit.
On avoit nommé cette eau foiblement acide
rofêe de vitriol j on lui avoit attribué quelques
propriétés particulières, mais on ne favoit point
alors que ce n’étoit que de l’eau ayant enlevé
une petite partie de l ’acide lui-même. ( Voyei les
articles ACIDES & SULFATES. )
ROSICLAIRE.Nom donné par plufieurs miné-
ralogiftes à la mine d’argent rouge; ( Voyei les
articles A rgent 6’ Mines. )
ROTULE. Nom pharmaceutique donné pour
exprimer la forme qu’on fait prendre à des pâtes
médicamenteufes , fou vent douces & fucrées,
parce que cette forme ronde & plate imite de
petites roues, te s rotules fe font avec des emporte-
pièces de fer-blanc qu’ on enfonce dans des pâtes
' encore molles. On les étale enfuite fur des papiers
couverts d’un peu d’amidon, & on les fait fécher à l’étuve.
ROUGE A POLIR. On donne ce nom à plu-
fîeurs préparations d’oxide de fer , rouges ou
bruns, d’une fineffe &: d’une ténuité plus ou
moins grandes , qu’on emploie pour polir , par le
frottement, le fer, l’ acier, & furtout pour brunir
les furfaces d’or & d’argent, des bijoux &
uftenfiles faits avec ces métaux précieux. Comme
on a befoin de divers degrés de fineffe dans cette
poudre métallique, on a fuivi différentes méthodes
pour fa préparation.
Du fer en limaille , oxidépar la chaleur & l’air,
& enfuite lavé & broyé à l’eau dans des moulins
& fur des porphyres , a fouvent été le procédé
de cette préparation faire en grand.
Quelques fabricans ont calciné du fulfate de
fer au rouge, l’ont enfuite lavé à grande eau &
broyé avec foin.
Plufieurs ont pris des diffolutions de fel , les
ont précipitées par des carbonates alcalins, & ont
recueilli & fait fécher les précipités plus ou moins
bruns pour obtenir le rouge a polir.
Quelques autres ont employé l’ acide nitrique ,
l’acide muriatique , le vinaigre même pour atténuer
& oxider le fer. Ces divers procédés four-
niffent encore, dans les ateliers de l’Allemagne
&r de la France, différens rouges à polir plus ou
moins employés.
On affure que les Hollandais venoient prendre
fur les côtes de France des terres ochreufes ou
ferrugineufes, en chargeoient leurs vaiffeaux en
ieft, les chauffoient dans des fours avec le contait
de l’air, pour leur donner une couleur rouge
plus ou moins éclatante , les broyoient à l’eau, &
les apportoient, ainfi préparés, en France fous la
nom de rouge de Hollande.
M. Frédéric Cuvier a publié il a quelques années
, dans des journaux feientifiques, un procédé
peu coûteux & fort (impie pour préparer un
très-bon rouge a polir, Ilconfifte à mettre dans une
terrine très-évafée une couche de limaille de fe r ,
à la recouvrir d’une couche d’eau qui oxide bientôt
le métal, furtout à la faveur de l’air qui le touche}
à entretenir l’eau à la même hauteur jufqu’à
ce que le fer ait pris la forme d'oxide noir, & à
féparer celui-ci par des lavages à mefure qu’il s'eft
formé. On expofe enfuite cet oxide noir à la chaleur
& à l’air , en ayant foin de l’agiter beaucoup
pour favorifer fon oxidation au maximum. Lorsqu'il
eft parvenu à la couleur rouge-violette, on
peut l’ arrêter là pour avoir le rouge le plus propre
au poliffage de l’acier trempé. Si on le chauffe
au-delà de cette couleur, il abforbe plus d’oxi-
gène, devient plus rouge, fe divife davantage
par l’agitation , & devient propre à polir les fubf-
tances plus tendres que l ’acier, comme les inftru-
mens d’or & d'argent.
ROUGE D’ANDRINOPLE. C ’eft la belle &
durable couleur rouge qu’on donne au coton avec
la garance , & qui a été d’abord fabriquée dans
la: ville de ce nom : on en fabrique aujourd’hui à
Rouen, dans quelques contrées du midi de laFrance
& dans plufieurs villes d’Èurqpe , d’aufii beau &
d’aufli folide que le coton d’Andrinople. L’art pa-
roîc confifter à fixer la garance dans le coton ,
comme dans un tiffu animal, & pour cela adonner
au fi! de coton des apprêts qui le rapprochent de
la nature des compofés animaux. 11 paroît que les
huiles employées parla décompofition du favon
dont on l’imprègne, un grand nombre de fo is , &
mêlées à une matière animale contenue dans la
noix de galle, font le véritable fecret ou tour de
main de ce procédé , au moins fuivant les recherches
de M. Chaptal, qui a établi il y a près de vingt
ans, dans le midi de la France , des fabriques de
teinture de coton très-belle.
IU publié en l'an 6 ( juin 1798) 4ans les Annales
de chimie y des confidérations fur l’effet des
mordans dans la teinture en rouge du coton. Il
eft connu , fuivant lu i, que le coton ne prend le
rouge de la garance, d’une manière folide, que
lorfqu’il, a été convenablement imprégné d’huile.
On donne au coton cette préparation préliminaire
avec une liqueur favonneufe faite à froid par la
combinaifon de l’huile & d’une foible diffolution
de foude : celle-ci délaie, divife l'huile, & permet
au teinturier de la porter également &c facilement
fur
fur tous les points du coton. La potaffe produit
le même effet que la foude. L une ou 1 autre
doit être rendue cauftique, non par la chaux ,
mais par la chaleur. Le mélange trop abondant
de muriate de foude l’empêche de s unir intimement
à l’huile, qui de fon côté doit s unir facilement
& refter dans cette union avec la foude.
L'huile mêlée de beaucoup d’extrait eft préférable
, fait une combinaifon plus épaiffe & plus durable
avec une leflive de foude très-foible. Le
grand point eft que l’huile foit également attachée
fur toutes les parties du coton, pour que ta couleur
en foit bien uniforme} il faut aufli que l’huile
foit en excès.
Le coton, une fois imprégné d’huile, eft paffe a
la noix de galle, dont l’acide décompofe le favon
& fixe l'huile, dont 1a matière animale le difpofe
à prendre 1a couleur, ainfi que le fait l ’union du
principe aftringent avec l’huile, comme on le
prouve en mêlant une diffolution de favon avec une
diffolution de noix de galle. Pour réuffir, 1a galle
doit être-bien choifie, paffée fur le coton, ta plus
chaude poflible} celui-ci doit être féché promptement,
& 1a proportion des matières exactes entre
ta galle & le favon.
M. Chaptal paffe à l’examen du troifième mordant
ou du fulfate d’alumine pour ta préparation
du rouge. Ce fel avive le rouge de garance : fa
bafe terreufë , féparée, fert à fixer & à rendre
folide la couleur. En mêlant une décoétion de
noix de galle avec une diffolution d'alun, le mélange
offre un précipité gris infoluble dans l'eau
& dans les alcalis lorfqu’il eft deffèché. Le coton
engallé, plongé dans une diffolution d'alun, prend
ta même couleur gvife que ce précipité, parce
que celui-ci a lieu fur fon propre tiffu, à moins
qu’il ne s'en détache une partie à caufe de la température
trop forte du bain. Ainfi le mordant fe
eompofe de trois principes, l’huile,l’aftringent &
l'alumine, & ces trois principes contribuent en-
femble à la fixité & à l'éclat de la couleur 5 c’eft ,
fuivant l’auteur, un des plus compliqués de ta
teinture. Le fuccès de fon emploi dépend cependant
, d’après la dernière remarque de M. Chaptal,
de l’intelligence & des foins du teinturier.
M. Hauffmann, chimifte éclairé & fabricant
habile de Colmar, a publié depuis, & d’après
l’invitation de M. Chaptal, une très-bonne Differ-
tation fur le garançage & fur un procédé fimple
& confiant pour obtenir très-belle & très-folide
la couleur rouge du Levant. L’auteur commence
par faire obferver que l’addition de 1a craie, au
cinquième, à ta garance, en rend 1a couleur belle
& folide } qu’une trop haute température en fait
précipiter ta partie fauve qui obfcurcit & ternit
fes nuances j que le bain ne doit pas être plus chaud
que ta main ne peut le fupporter 3 que l’expofition
longue à l’air ternit & jaunit le rouge de garance ,
même fur ta racine entière ; que la noix de galle
1k le fumach fervent à épuifer fa couleur , mais
Chimie. Tome r i .
la rendent moins vive & moins folide} que h craie
fert.à faturer l’acide galliaue , qui fans elle em-
porteroit l’alumine & l'oxide de fer colorés. Ayant
trouvé que l’acide muriatique oxigéné enlève la
partie colorante de 1a garance , & que les acides,
plus forts, enlèvent enfuite l’alumine & l’oxide de
fer, M. Hauffmann ne peut fe prêter à l’idée d’une
combinaifon chimique entre les parties colorantes,
l’alumine & l’oxide de fer, qui ne font, fuivant lui,
que des Agrégats. Il paffe, après ces généralités,
à 1a defeription d’un procédé qui lui a donné un
rouge plus beau & plus folide que celui du Levant,
& qui confiffe à fixer l’alumine fur te fil végétal
à l’aide d’une diffolution alcaline de cette terre
mêlée avec l’huile de lin.
On fait une leffive cauftique d’une partie de
potaffe diffoute dans quatre parties d’ eau bouillante,
& d’une demi-partie de chaux vive qu’on
y éteint. On diffout une partie d’alun en poudre
dans deux parties d'eau bouillante5 on verfe dans
cette diffolution chaude 1a leflive qu’on remue
jufqu’à ce que l'alumine précipitée foit rediffoute}
on la laiffe refroidir, & on y mêle un trente-troi-
fième d’huile de lin qui prend un blanc de tait. On
agite le mélange pour prévenir ta féparation de
l’huile en crème : on y trempe les échevaux de
coton ou de lin, on les exprime, on les fait fécher
fur une perche, en obfervant l’ordre de leur fortie
du bain 3 on les laiffe au féchage pendant vingt-
quatre heures , à l'abri de la pluie en été , & dans
une étuve l’hiver. On les lave enfuite dans l’eau
courante} on les fait fécher de nouveau , on les
retrempe dans une leffive alcaline huileufe & alu-
min eu fe nouvelle, pour qu’elle ne foit pas dé-
compofée par l’acide carbonique atmofphérique,
en commençant l’immerfion par les écheveaux les
derniers fortis de ta première leffive. Deux immer-
fions fuffifent pour obtenir un beau rouge : on peut
le rendre plus brillant par deux autres fucceflives.
La propprtion de garance qu’on emploie pour la
teinture, détermine ta richeffe de ta couleur. Un
poids df cette plante, égal à celui du coton ou du
lin, donne un rouge rofé par l’avivage. On a un carmin
vif avec deux ou trois parties de garance, à la-
; quelle il faut toujours ajouter de ta craie : quatre
! parties produifent un rouge fi intenfe & fi beau ,
que le commerce ne le pourroit payer. On doit fe
fervir d’un aréomètre pour avoir la leflive alcaline,
alumineufe, huileufe, également concentrée 3 il fiu-
droit concentrer par l’évaporation ta leflive cauftique
fi elle étoit trop foible.
Le fil de lin doit être bien blanchi, & imprégné,
quatre fois au moins, de ta folution alcaline , alumineufe
& huileufe, parce qu’il adhère moins
à l’alumine & à ta couleur, que le coton. L’huile
de lin eft celle qui a le mieux réufii à M. Hauffmann.
Pour teindre le coton & le fil, ce chimifte preferit
d’abord de les bien dégager de tous les Tels & de
l’huile fuperflue par un rinçage fréquent dans l’eau
bien courante de bien propre : on les difpofe de
H