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tité d’acide acéteux, très-reconnoîffable par Ton
odeur. L’acicie fulfurique concentré noircit le
fuint épaifli, & en dégage quelques vapeurs d’acide
muriatique.
i v. L’eau de chaux trouble & rend laiteufe la
folution du fuint 3 mais elle n’y forme point de
coagulant comme dans une difîolution de favon
ordinaire.
3°. Les alcalis caufliques , ni la chaux v iv e ,
ne démontrent la préfence de l’ammoniaque.
4°. Le nitrate d’argent y produit un précipité,
jaune qui s’attache aux parois du vafe, à la manière
d’une fubftance graffe j ce précipité fe dif-
fout en . grande partie dans l’acide nitrique.
La partie du fuint infoluble dans l ’alcool a
encore une faveur falée, mais moins prononcée
que la portion foluble dans ce réa&if. Après
avoir été ainfi traitée par l'alcool, elle ne fe re-
ciilfout' plus entièrement dans l ’eau j il relie une
matière gluante, de couleur grife, avec laquelle
les acides produifent une effervefcence allez
v iv e , ce qui annonce la préfence d’un carbonate
alcalin. La portion qui conferve là folubi-
lïté dans l’eau communique une couleur rougeâtre
&z une faveur falée à ce fluide ; fa difiolution
n’eft plus troublée par les acides, comme elle
l’étoit avant d’avoir été traitée par l’alcool. Les
alcalis caufliques n’en dégagent point d’ammoniaque
; le muriate de barite y forme un dépôt fort
abondant, dont la plus grande partie fe diflout
dans l’eau 5 le nitrate d’argent y occafionne aufli
un précipité qui fe diffout en partie.dans l’acide
nitrique. L’ alcool précipite cette matière fous la
forme d’un mucilage qui fe dépofe promptement. 1 Le nitrate de fer ayant été mêlé avec la folution
de cette fubftance, J forma un précipité brun,
& la liqueur fournit, au bout de quelques jours ,
une affez grande quantité de nitrate de potafle.
Le fuint décompofé par l ’acide falfurique affoi-
bli, & la liqueur filtrée, noircit par l'évaporation,
exhale des vapeurs d’acide fulfurique, & devient
charboneux à mefure que la concentration de
l ’aciie fulfurique a lieu. Le réfidu lavé enfuite
avec del’eau, & la difiolution évaporée convenablement
3 fournit des criftaux de fulfate de potalfe
neutre ; mais il en refte beaucoup en difîblution à
la faveur de l’acide furabondant qui le met à l’état
de fel acidulé: par une évaporation plus avancée,
cefel criftallife en aiguilles & en lames d'un blanc-
nacré.
Pendant le cours de ces évaporations fucceflü-
ves , une autre efpèce de fel fe' préfente fous la
forme d’aiguilles aplaties, d’un blarvc-fatiné, &
fans faveur fenftble.
Ce fel, examiné avec foin., m’a paru n’êcre que
du fulfate de chaux; cependant il en diffère à
quelques égards; par exemple, il fe fond beaucoup
plus promptement à la flamme du chalumeau,
en un globule tranfparent, lorfqu’il eft en
fufion, & qui devient opaque en fe figeant 5 il eft
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aufli beaucoup plus foluble dans l’eau., 8c néanmoins
ne contient pas d’acide en excès, ainfi que
je m’en fuis afîtiré. Sa difîblution dans l’eau précipite
abondamment le muriate <ie barite 6c l’oxa-
late d’ammoniaque 3 l’un de ces précipités eft du
fulfate de barite, & l’autre de i’oxalate de chaux.
L’eau de chaux ni l’ammoniaque ne troublent fa
difîblution. 11 paroît donc que ce fel eft une modification
du fulfate de chaux, laquelle eft probablement
produite par la proportion des élémenr.
11 feroit poflibie aufli que ce fel contint encore
quelques portions de matière graffe , qui, en dé-
compofant le fulfate de chaux“, & en formant un
peu de fulfure,faciliteroient la fufion. Je regrette
de ne pas avoir eu une quantité fuffifante de ce
fel pour en examiner les propriétés plus en détail.
Le fuint difious dans l’eau, filtré 8c épaifli,
ayant été diftillé avec de i’acidé fulfurique àffoi-
bli , a fourni une liqueur dans laquelle j’ai fa d e ment
reconnu la préfence de l’acide acétique ,
par fon odeur, fa faveur, 8c les propriétés des
Tels qu’il à formés avec differentes bafes, 8c
particuliérement avec la chaux 8c la potaffé.
Ainfi, le fuint contient de l’acide acétique, qui
fans doute y eft combiné à une partie de la potaffr.-
11 contient aufli un peu de muriate de potalfe;
car il forme, avec la difîblution d’argent, un
précipité abondant, qui n’eft pas entièrement foluble
dans l’acide nitrique, 8c il donne par la dift:l-
lation avec l’acide fulfurique, des traces fenfibfes
d’acide muriatique qui fe trouvent mêlées avec
l’acide acétique.
Le fuint évaporé à ficcité, 8c chauffé fortement
dans un creufet d’argent, fe bourfoufte ,
fe charbonne 8c exhale quelques vapeurs ammoniacales
fétides ; il s’en élève enfuite des fumées
huileufes qui s’enflamment, & lorfque la plus
grande partie de l’huile eft diflipée, il rougit 8c
prend une fonte tranquille. S i, dans ce moment,
on le coule fur un marbre, on a une matière qui
fe fige en refroidiffant, qui a une couleur griiatre
8c une faveur alcaline très-cauftique; fi enfuite on
diffout cette fubftance dans l’eau, il pe refte qu’une
infiniment petite quantité de matière charboneufe ;
8c la liqueur donne, par l’évaporation, unevéri*
table potafle légèrement carbonatée.
Il réfulce de ces expériences', que l’huile ou
graiffe dont la préfence a été démontrée dans le
fuint y au moy n des acides, y eft combinée avec
la potafle, à l’état d’ un véritable favon animal ;
que , de plus , il y à une portion de carbonate de
potafle en excès, puifque les acides produifent,
dans la folution du fuint rapprochée, une effervefcence
écumeufe afiez vive. Outre les fabftances
do_nt je viens de parler, le fuint contient une certaine
quantité de matière animale; car ii donne â
la diftillation des traces très-fenfibles d’ammonia-
q-ue, 8c une" huile dont 1 odeur fétide reffemble
affez à celles que fourniffent les matières animales.
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Le fuint eft don c formé, 1 °. d un favon à bafe de
potafle qui en fait la plus grande partie ; i°. d’une
petite quantité de carbonate de potafle ; 30. d’une
quantité notable d’acétate de potafle ; 40. de chaux
dont je ne connois pas l’état de combinaifon;
50. d’un atome de muriate de potafle ; 6 °. enfin,
d’une matière animale à laquelle j’ attribue l’odeur
particulière du fuint.
Je penfe que toutes ces matières fonteffen-
tielles à la nature du fuint, 8c ne s’ y trouvent
point par accident ; car je les ai conftamment retrouvées
dans un affez grand nombre de laines,
tant d’Efpagne que de France.
Je ne parle pas ici des autres matières info-
lubles dans l’eau, qui fe rencontrent aufli dans :
les laines, telles que le carbonate de chaux, le fable
8c les ordures de roqtes efpèces, celles-ci
y étant évidemment accidentelles,
11 s’agiroit maintenant de favoir fi toutes les
matières qui exiftent dans le fuint font le produit
de la tranïpiration cutanée, accumulée 8c
épaîflie dans la laine, ou fi elles ont été puifées
dans les bergeries ou autres lieux ou les moutons
fe font couchés. Il eft bien certain que l’on
trouve dans les excrémens de ces animaux, 8c
dans les végétaux qui leur fervent de litière, cous
les élémens propres à la formai ion des matières
contenues dans le fuint. Néanmoins je ne faurois
croire que tout foit l’effet des fumiers : je penfe,
au contraire, que l’humeur de la tranfpiration en
eft la principale fource.
L’annlyfe des fumiers n’app.rendroit rien de
certain à cet égard, parce que les matières qu’on
y trouverait, pourraient bien y avoir été dé-
pofées par les moutons eux-mêmes.
Mais en fuppofant, ce qui paroît très-vraifem^
blable , que les principes du fuint proviennent de
l'humeur de la tranfpirà-tion, ces matières fortent-
elles ainfi du corps de l’animal, 8c ne fubiifent-
eilei aucun changement, pendant leur féjour dans
la laine ? G’eft une queflion fur laquelle il eft difficile
de prononcêr-d’ uae manière affirmative:
l’on peut’feulement préfumer que, comme dans
toutes les fubftances .très, complexes , privées du
mouvement,, il s’y opère des changemens dont,
dans le cas préfent, nous ne conuoifibns ni la
caufe, ni le mode.
Le fuint étant, comme noirs l’avons vu plus
haut, -un véritable favon, foluble dans l ’eau &
dans 1 alcool, il femble-qu’ il n’y a rien de mieux
à faire, pour dégraiffer les laines, que de les laver
à l’eau courante. Mais jè dois obferver qu’il y a
dans les laines une petite quantité de matjère
graffe qui n’ eft point en combinaifon avec l’alcali,
8c q.ui, reftant attachée à la laine, lui conferve
quelque chofe de poiffeux , malgré les lavages les
mieux foignés. Mais fi l’on met les lunes dans des
baquets, qu’on ne verfe deflus que h quantité
d’eau néceffairè pour les humeéter, 8c qu’on les
lai (Te féjourner dans ce bain pendant quelque
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tem$, en les foulant fouvent, elles fe dégraiffent
beaucoup mieux 8c deviennent plus blanches ei>
fuite par le lavage à l’eau courante.
Les dégraifleurs ont coutume de faire macérer
leurs laines dans l ’urine putréfiée, 8c l’on croit
communément que c’eft l’ammoniaque qui sV
développe, qui opère le dégraiffage; mais j’ai quelques
raifons de penfer que cet alcali n’y eft pour
rien. Cet effet eft plutôt dû au fuint lui-même
ou à quelqu’autre principe de l’urine, à l’urée,
par exemple, 8c voici fur quoi je fonde mon
opinion à cet egard. J’ai mis des laines lavées à
l’eau courante dans un méiange de fel ammoniac
8c de potafle ordinaire ; ce mélange avoir une
forte odeur d’ammoniaque, 8c cependant les
laines n’ont nullement été dégraiffees, parce que
cet alcc 1 i ne forme point, ou du moins très-difficilement,
de combinaifon favonéufe avec la matière
graflè des laines. Je crois donc, d’après ces
obfervations, que l’urine pourrie eft à peu près
inutile au dégraiffage des laines, au moins quant
a fou ammoniaque.
Si Futilité de l’urine putréfiée eft au moins
douteufe, il eft, au contraire, très-certain eue
l ’urine fraîche feroit tvès-nuifible au but qu'on fe
propofe ; car le favon contenu dans le fuint éprouverait
inconteftablëment une 'aéeqmpofition par'
l’acide de l’ urine qui précipiter oit 1-a graiffe iur
la laine.
Je foupçonne que le même effet auroit lieu en
lavant les laines dans les eaux contenant des Tels
terreux, qui décompofent, comme on fait, les
favons alcalins. C ’eft pourquoi il eft Toujours prudent
d'employer, pour cet ufage, l’eau la plus
pure qu’il eft poflibie de fe procurer. Il n’en eft
pas de même de l’eau de favon ; elle achève de
dégraiffer parfaitement les laines, en leur doi
: nant en même tems plus de blancheur. Si donc,
après avoir lavé les laines à l’eau courante jufquà
ce qu’elles ne perdent plus rien, on les biffe macérer
pendant-quelques heures dans un vingtième feulement
de leur poids de favon diff ius par une foffi-
fante quantité d’eau tiède , 6c en les foulant fou-
vent, "elles- fe purgent entièrement de h petite
portion de graille qui ÿ adhéroit encore , & pré-
fentent enfuneHine douceur & un degré de blanc
qu’elles n’ auroient pas eu fans cette opération.
Le fuint hii-mêrne '} un peu concentré, ainfi
que je l’ai déjà annoncé, a une aèlion efficace fur
la portion de graiffe qui n’eft pas à l ’état favo-
| neux ; car je me fuis apperçti qu’ en ne mettant fur
' les 1 unes que h quantité d’eau néceflaire pour 1 js
fatre fubmergei | clles'Te dégra fl=nt mieux , for-
tout à une - ch '.lsur 1 "gère , que quand on les Lve
; à l’eam courante. Mats je me luis apperçu aufli que
les laines qui avoienr féjourné trop long-tems dans
leur.propre fuint fe gonfioient, fe fendoient 8r
perdoient de leur force ; effets qui ont également
lieu dans une eau de favon trop forte.
Si l ’eau de fuint fait ainfi gonfler 6c fendre L:s