
quelque nature qu'elles Toient , qu'on emploie
dans les expériences & dans les analyfes chinai*-
ques pour reconnoître la compolîtion des corps
dont on fait l'examen. Le mot de réaftifs lignifie
que ces matières, par leur aétion ou leur réaction
fur celles avec lefquelles on les mêlé., & par
les phénomènes qu'elles produifent, font propres
à indiquer leur nature ou leur compolîtion. C ’eft
donc d'après Tobfervation de leurs effets qu'on
s'élève à la connoilfance des caufes qui les font
naître j & par conl'équent des caractères des corps
entre lefquels ils fe palfent. Les réaftifs fo n tfo u s
ce rapport, des’êtres & des quantités connus, par
lelquels on arrive à déterminer les êtres & les quantités
inconnus avec lefquels on les met en contait.
Ainfi tbutes les matières chimiques capables
d'exercer fur les autres une puilfance d'aition
quelconque peuvent devenir des réaftifs, & rien
alors n'elt plus multiplié qu'eux en les confidérant
fous ce point de vue.
2 Les efrets d’après lefquejs on eftime l'aitiôn des
réactifs confident dans les changemens qu'ils font
naître lors de leur mélange avec les corps qu'on
examiné, & ces changemens font ceux qu'on ob-
ferve dans la couleur , la précipitation ou la non-
précipitation des liqueurs, l'état grenu, muqueux
ou gélatiniforme, caillé, épais ou vifqueux, long-
tems füfpendu ou promptement dépofé, des précipités
qui fe forment ordinairement, les variations
qu’ils éprouvent en quelques heures ; en un
mot, tout cequi fe pafle dans le mélange de deux
liquides otï de deux folides , ou d’un liquide &
d’un folide. Ce font en effet ces trois ge.nres, de
mélanges qui ont lieu pour les réaftifs & les corps
qu'ils font deftinés à faire reconnoître.
Quoique le nombre des réaftifs ne puilfe pas
être borné ? & quoique, pour un chimitte habile -3
tous les corps fimples. ou compofés de différens
ordres puilfent être des réactifs .utiles aux divers
objets dé recherches qu’il a en vue, on a cependant
Coutume de déterminer un certain ordre dé
corps qui fervent; plus fouvent & plus communément
de réaftifs dans les analyfes. C'eft furtout
pour l’examen des eaux minérales que ce travail a
été fait; & quoique depuis les premières années
du dix-huitième fiècle le nombre des réactifs appliqués
à ces analyfes ait été beaucoup augmenté.,
il eft encore alfez borné relativement à tous les
compofés chimiques; Connus aujourd'hui, §£ qui
tous peuvent être employés pç>ur confirmer réel-;
proquement leurs■ effets.
- Voici tes principaux réaftifs dont on fait le plus
ordinairement ufage dans l'examen des eaux minérales
& des autres liquides compofés , quels
qu’ilsfoient fparmi les acides, l’acide fulfurique,
le nitrique & le nitreux, le muriatique & le muriatique
oxigéné y-l'oxalique, le gallique, l'acéri-
que&Ie carbonique ; les alcalis, baryte , potaffe.,
foude, chaux & ammoniaque : djins l’ordre des
Tels, 1©i nitrates délbaryte, de p.otàlfé& dé chaux,
les muriates de barÿte & de chaux, le phofphac*
de foude, le borate do foude , les carBonates de
potalfe & d’ammoniaque, l’oxalate d’ammoniaque,
le fuccinate d’ammoniaque & le prufliate de
potaffe triplé; l’eau hydrofulfurée, quelques hy-
drofuifures alcalins : parmi les métaux, le zinc ,
le fe r , l’étain, le cuivre Bc l’argent ; les oxides
d’arfenic, de bifmutK &'de plomb : parmi les fels
métalliques, les nitrates de .mercure & d’argent,
l’acétate de plomb. Enfin, il y a quelques matières
végétales & animales qui font comptées parmi
les réaftifs les plus utiles : telles font la teinture
de tournefol , les fleurs de violette & de mauve ,
la racine de curcuma, le tannin, l’écorce de chêne
& la diffolution de colle.
Dilons un mot de chacun de ces réaftifs & de
fon emploi.
Des réactifs acides.
i°. Parmi les réaftifs acides, l’acide fulfurique
fert à reconnoître les fels calcaires folubles, auxquels
il enlève la chaux, avec laquelle il fait un fel
peu foluble qui fe précipite ordinairement ; il fert
auffi pour extraire & reconnoître la magnéfie, qui
fait partie des réfidus falino-terreux des eaux minérales,
des cendres, &c. & plus fouvent encore
pour décompofer les Tels de baryte & de plomb,
en formant avec leur bafe des Tels infolubles dans
l'eau & les acides , & par cela même faciles à reconnoître
, & propres à déterminer les quantités
de ces deux bafes.
2°. L'acide nitrique eft un des plus utiles & des
plus employés parmi les réaftifs. Non-feulement il
indique fouvent* la préfence du foufre dans les
eaux, & fert à le ralfembler en petits globules 3
mais il eft furtout très-avantageux pour traiter les
matières végétales & animales, les convertir en
acides oxalique, malique, acéteux, en graiflej en
matière jaune amère, en fubftançe criftalline;rougeâtre
& détonante, & en dernière analyfe à faire
ellimer la nature & la proportion des principes
primitifs qui conftituent leur Compolîtion plus ou
moins complexe.
L'acide nitreux remplit mieux encore que
le nitrique plufieurs des effets que je viens d’indiquer,
furtout celui de précipiter le foufre des
eaux fulfureufes & des décodions où les lues des
matières végétales anrifeorbutiques, ainfi que Tac-?
tion à exercer fur les .compofés végétaux & animaux.
Il faut joindre à ;çette énergie décompo-
fante celle qu'exerce cet acide fur les métaux très-
çombuftibles, & la facilité qu'on a pour en extraire
le gaz nitreux ou oxide d'azote, le gaz oxi-
dule d'azote, & de fervir à prouver la proportion
des principes de cet acide.
4°. L'acide muriatique n'eft pas un réactif e m-
ployé pour reconnoître la; nature des eaux, mais
il Teft pour analyfer. les réfidus de. oes eaux ou
pour analyfer des minéraux folidesij foftiles, & en,
réparer les diverfes terres qui entrent dans leur
compolîtion ; il diffout dans ce cas julqu à la uhee 1
lorfque les pierres ou les foflïles qui la contîen-
pent, font extrêmement divifés, comme ils le font
par leur fufion avec la potalfe; il a furtout le grand
avantage de dilfoudre les oxides de fer, qui réfiftent
à tout autre acide lorfqu'ils font oxidés en rouge.
C'eft ainfi que, dans les laboratoires de chimie,
on fe fert d'acide-muriatique pour nétoyer les
vailfeaux de verre encroûtés d’oxide de fer, qu'aucun
autre agent mécanique ou chimique ne peut
enlever.
j° . L'acide muriatique oxigéné eft un réaftifs
nouvellement conquis par les chimiftes, & qui, \
pour n'être encore que très-peu fréquemment employé,
n’en peut pas moins remplir des ulages.fo.rt
împortans. On peut l'employer comme décolorant
& comme pouvant faire eftimer la proportion &
l ’énergie de la matière colorante : c'eft ainfi qu'il
a été propofé pour mefurer la force teignante de
l'indigo. Il peut fervir à brûler le foufre & le
phofphore combinés dans des compofés végétaux
& animaux, dont il fait partie conltituante ; il fe-
roit très-utile pour oxider les métaux , pour fur-
oxider les dilfolutions métalliques, pour fournir
du gaz azote en décompoiant l'ammoniaque ; il
peut encore être employé pour produire fur les
matières végétales ou animales, des altérations &
des changemens qui peuvent éclairer le chimifte
fur leur nature. ,
6°, L'acide oxalique , foit celui qu’on extrait du
fel d’ofeille, foit celui qu’on prépare avec le fucre
& l’acidp nitrique, eft employé fréquemment &
avec fuccès pour reconnorre la préfence, & même
pour déterminer la proportion de la chaux contenue
à l’état falin dans les eaux minérales, dans de«> '
liqueurs quelconques, & en général dans des di.fi-
folunions acides provenantes des traitera,ens des
jéfidus quelconques ou des minéraux; dont on fait
une analyfe exaéte. C ’eft en raifon de Ta grande affinité
avec la chaux qu'il enlève à tous les autres
acides, qu'il eft employé avec avantage ; il forme
avec la chaux un fel infoluble , pulvéruient, qui
fe dépofe en pouflière allez lourde , & facile à
féparer de l’eau & des liqueurs acides. Çent parties
de ce Tel Téchées contiennent quarante parties
de chaux, & Ton détermine ainfi , <par Ton
poids, la quantité de cette terre contenue dans
les matières qu'on examine.
70. L'acide gallique, extrait de la noix de gajle
par l’eau , & fous la forme de petits criftaux jaunâtres,
fert comme réaftif pour reconnoître la
préfence du fer ; il eft prélérable à la limple infu-
iion dans l ’eau ou à la teinture alcoolique de la
poix de galle , qui donnent des précipités ferrugineux
impurs & mélangés,, tandis que l'acide gai-
lique en criftaux ne donne qu'une couleur bfeue--
noire fans précipité. LèsTnfufions aqueufe & alcoolique
de cet acide, loriquelles font pures, ne
donnent point non plqç de préeipiîé noir dan$ fes
dilîolu tiens de fer, mais une couleur bleu enfoncée
tirant fur le noir. Il ne fe forme de précipité noir
que lorfque çes infulions contiennent du tannin.
On emploie auffi, pour reconnoître le fec
dans les diftblutions, le. gallate d ammoniaque,
qui a l’avantage de faturér l’excès d’acide qui peut
s'y trouver, & qui s'oppoferoit à Talion de Ta-
cide gallique.
L'acide gallique, fous quelque forme qu'oa
l’emploie, indique l'état du.fer dans les diffolu-
tions avec lefquelles on le mêle : il lie les cplore
qqe légèrement & peu à peu fi ce métal y eft: au
minimum d'oxidation ; il leur donne fur-le-champ
une couleur bleue-noire fi elles contiennent l'oxide
de far au maximum.
8°. L'acide acétique, dans l’état de vinaigre
diftjllé, fert fpécialement à dilfoudre les terres
calcaire & magnéfienne combinées avec l'acide
carbonique ; il en dégage ce dernier acide aveç
effervefcence, H il forme, avec la chaux & la
magnéfie, des fels folubles qu’on obtient criftallifés
par une évaporation & un refroidiflement bien
ménagés. On expofe ces deux fels ainfi confondus
à.Tair humide : l'acétate de magnéfie en attire l’humidité,
tandis que l'acétate de chaux y refte fec.
Ainfi l'expolition à l’air ftifïit pour féparer ces deux
fels, & par conféquent pour déterminer la proportion
de la magnéfie & de la chaux contenues
dans des réfidus terreux. On fubftirue avec avantage
à cet acide l'acide fulfurique, qui forme,
avec la chaux.,, un Tel prefqu’infoluble avec l ’eau
froide , & avec la magnéfie un fel trè.s-foluble &
très-criftallifable.
90. L'acide carbonique n’eft pas d'un ufage très-
fréquent dans les anajyfes .comme réaftif, à caufe
de Ion action foible fur une foule, de corps ; cep
pendant on l’emploie quelquefois pour reconnoître
la préfence de la chaux & de la baryte pures
dans des liquides, pour rediffoudre le précipité de
carbonate calcaire dans l’eau ,. pour faturer les
alcalis, & fpécialement l ’ammoniaque , "qui acquièrent
ainfi la propriété de retenir en diflojution
là magnéfie, tandis, qu'ils lailfent précipiter les
autres terres.
Des réaftifs. alcalins..
*3 II yl a cinq matières alcalines qui font employées
ou peuvent l'être avec avantage pour reconnoître
plufieurs fubftances, par les réactions qu’elles
exercent fur elles.
- ,i°. La baryte, terre pefante des premiers chi-
roiftes qui l’ont diftinguée. C'eft dans ma méthode,
non-feulement un alcali, mais encore le premier
des alcalis;, parce qu'avec une Colubilité beaucoup
plus grande qu'ot? ne Tavoit cru, la propriété de
eriftailifer, la faveur âcre & brûlante, elle a la
propriété d’ attirer plus fortement les acides que
tous les autres alcalis, & de les déplacer de leurs
combinaifens. On peut employer cet alcali, non».
D t